Magazine Challenges | 21.06.2007
AU MAROC, la ville autrefois marginalisée renaît grâce à son nouveau port.
Ala terrasse du café Dawliz, Hassan sirote son « nuss nuss », le cappuccino marocain. Ce vieux Tangérois ne reconnaît plus sa ville. La corniche prend des allures de Croisette, les rues ont été assainies, immeubles et hôtels poussent comme des champignons. Et les people, lassés de Marrakech, débarquent. Même le port, engorgé par les ferries venus d'Espagne, disparaîtra bientôt pour laisser place à une marina flambant neuve. Marginalisée et oubliée par Hassan II, qui la jugeait frondeuse, Tanger est en train de renaître avec Mohamed VI.
Le coeur de ce changement se trouve à une quarantaine de kilomètres plus à l'est. En quatre ans, un port géant est sorti de nulle part. Le plus grand d'Afrique. Son nom ? Tanger Med. Sa construction a coûté près de 1 milliard d'euros, déboursés par l'Etat marocain et par des opérateurs privés. La digue principale, ouvrage du groupe Bouygues, s'enfonce sur plus de 2 kilomètres dans la mer. « Nous sommes ici au carrefour des deux plus grandes routes maritimes du monde, entre le nord et le sud et entre l'est et l'ouest , expose fièrement Saïd el-Hadi, président de TMSA, la société anonyme chargée de superviser le projet . Nous voulons exploiter cette position stratégique pour développer l'ensemble de la région . »
Les ports méditerranéens sont saturés et le trafic des conteneurs explose. Plus grand que son voisin espagnol d'Algésiras, Tanger Med a très vite suscité l'intérêt des plus gros opérateurs portuaires. Et cela continue. Eurogate, Maersk et CMA CGM luttent déjà pour se faire attribuer des concessions à Tanger Med 2, un second port collé au grand frère, dont les travaux commenceront dans quelques années. Car Tanger Med 1 est déjà victime de son succès : avant même son inauguration, cet été, on prévoit déjà sa saturation en 2012.
Cadeaux fiscaux
Toute la région est en plein boom. Deux petits villages voisins vont se transformer en villes nouvelles de 80 000 habitants. Des routes, une voie de chemin de fer et des lignes à haute tension recouvrent peu à peu le paysage. Sans oublier les zones franches, prévues sur plusieurs centaines d'hectares autour du port. Cadeaux fi scaux, facilités douanières, main-d'oeuvre à bas coûts : voilà le cocktail préparé par le Maroc pour les investisseurs étrangers.
Le temps où l'activité économique se focalisait sur Casablanca est bientôt révolu. « Depuis un an et demi, nos clients sont de plus en plus nombreux à vouloir s'installer à Tanger », constate Kamal Nasrollah, avocat d'affaires au cabinet August et Debouzy. Après trente ans de léthargie, Tanger rêve aujourd'hui d'un nouvel âge d'or.
par Julien Félix
AU MAROC, la ville autrefois marginalisée renaît grâce à son nouveau port.
Ala terrasse du café Dawliz, Hassan sirote son « nuss nuss », le cappuccino marocain. Ce vieux Tangérois ne reconnaît plus sa ville. La corniche prend des allures de Croisette, les rues ont été assainies, immeubles et hôtels poussent comme des champignons. Et les people, lassés de Marrakech, débarquent. Même le port, engorgé par les ferries venus d'Espagne, disparaîtra bientôt pour laisser place à une marina flambant neuve. Marginalisée et oubliée par Hassan II, qui la jugeait frondeuse, Tanger est en train de renaître avec Mohamed VI.
Le coeur de ce changement se trouve à une quarantaine de kilomètres plus à l'est. En quatre ans, un port géant est sorti de nulle part. Le plus grand d'Afrique. Son nom ? Tanger Med. Sa construction a coûté près de 1 milliard d'euros, déboursés par l'Etat marocain et par des opérateurs privés. La digue principale, ouvrage du groupe Bouygues, s'enfonce sur plus de 2 kilomètres dans la mer. « Nous sommes ici au carrefour des deux plus grandes routes maritimes du monde, entre le nord et le sud et entre l'est et l'ouest , expose fièrement Saïd el-Hadi, président de TMSA, la société anonyme chargée de superviser le projet . Nous voulons exploiter cette position stratégique pour développer l'ensemble de la région . »
Les ports méditerranéens sont saturés et le trafic des conteneurs explose. Plus grand que son voisin espagnol d'Algésiras, Tanger Med a très vite suscité l'intérêt des plus gros opérateurs portuaires. Et cela continue. Eurogate, Maersk et CMA CGM luttent déjà pour se faire attribuer des concessions à Tanger Med 2, un second port collé au grand frère, dont les travaux commenceront dans quelques années. Car Tanger Med 1 est déjà victime de son succès : avant même son inauguration, cet été, on prévoit déjà sa saturation en 2012.
Cadeaux fiscaux
Toute la région est en plein boom. Deux petits villages voisins vont se transformer en villes nouvelles de 80 000 habitants. Des routes, une voie de chemin de fer et des lignes à haute tension recouvrent peu à peu le paysage. Sans oublier les zones franches, prévues sur plusieurs centaines d'hectares autour du port. Cadeaux fi scaux, facilités douanières, main-d'oeuvre à bas coûts : voilà le cocktail préparé par le Maroc pour les investisseurs étrangers.
Le temps où l'activité économique se focalisait sur Casablanca est bientôt révolu. « Depuis un an et demi, nos clients sont de plus en plus nombreux à vouloir s'installer à Tanger », constate Kamal Nasrollah, avocat d'affaires au cabinet August et Debouzy. Après trente ans de léthargie, Tanger rêve aujourd'hui d'un nouvel âge d'or.
par Julien Félix
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