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Maroc: Un parti pour les retraités????

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  • Maroc: Un parti pour les retraités????

    Ex-cacique de l’Union Constitutionnelle, Abdelaziz Lemsioui sort de sa retraite pour lancer un parti politique de… retraités. Une auberge espagnole aux contours bizarres et au programme plutôt flou. Original !


    D’où vous est venue l’idée d’un parti des retraités ?
    Étant moi-même à la retraite, j’ai eu le temps de méditer sur cette vague humaine de plus d’un million de personnes, à laquelle personne ne s’intéresse, à l’exception des syndicats et des associations. Cherchant les moyens d’organiser cette force, je naviguais sur Internet quand je suis tombé sur l’exemple du GIL, le parti des retraités israéliens.

    Et le futur GIL marocain servirait à quoi ?
    Ce parti défendra les retraités à l’image des syndicats et des associations déjà existants, mais il dépassera leur rôle pour s’impliquer dans la vie politique. C’est ainsi que nous projetons de créer une école nationale des cadres, où d’anciens élus dispenseront des cours pour préparer les jeunes du parti comme candidats aux élections communales de 2009 et aux législatives de 2012. J’ai fait d’ailleurs appel à un bureau d’études pour établir le contenu de cet enseignement. Nous ne serons donc pas un parti de vieux, mais une formation qui mettra à la disposition des jeunes le savoir accumulé par leurs aînés.

    De jeunes parlementaires défendant les droits des vieux. N’y a-t-il pas comme une erreur de casting ?
    Non. Le Parti des retraités est un nom qui ne rend pas compte de la variété des futurs adhérents. Nous n’exigerons pas des membres d’avoir une carte de pensionné avant d’accepter leur adhésion. Notre formation sera ouverte aux Marocains de tout âge. Même les retraités des autres partis peuvent y adhérer s’ils le souhaitent.

    Vous avez déjà des noms en tête ?
    Ahmed Osman (RNI) et Abdelkrim Khatib (PJD), qui se sont déjà retirés de la politique, ou encore Mohamed Elyazghi (USFP), qui devrait prendre sa retraite bientôt. Leurs expériences accumulées nous intéressent, nous sommes prêts à les écouter et à intégrer leurs idées les plus pertinentes. Il est par exemple dommage de voir qu’un Youssoufi n’a transmis son savoir à personne. S’il ne tenait qu’à moi, je l’enfermerais dans un endroit agréable où il dormirait bien, mangerait bien et pourrait profiter de bons massages. En échange, il n’aurait qu’à parler aux jeunes qui transcriraient son témoignage pour les générations futures. Pareil pour M’hammed Boucetta (Istiqlal). Comment occupe-t-il ses journées depuis qu’il a quitté la vie publique ? Des parties de golf, sans doute. Pourtant, il a beaucoup de choses à nous apprendre.

    Au moment où l’on se plaint de la survivance des dinosaures dans les partis, vous leur ouvrez grandes les portes d’un nouveau Jurassic Park ?
    Pas du tout. Ces cadres formeront les jeunes du parti, mais sans avoir le droit de briguer un mandat électoral. Le Parti des retraités ne sera pas un tremplin pour effectuer un come-back dans l’arène politique ou redevenir ministre. Bien au contraire, nous voulons accompagner les jeunes qui désirent s’engager dans la vie politique. Et, pourquoi pas, qu’ils deviennent ministres un jour à leur tour.

    Ministres pour défendre quel programme politique ?
    Une commission de réflexion d’une quinzaine de personnes planche sur un document de travail qui sera étudié lors du congrès constitutif du parti, qui doit se tenir en décembre 2007. Notre programme sera issu des débats du congrès. J’ignore encore quelle en sera la teneur exacte, mais ce sera à coup sûr un outil d’exécution du dessein royal. Nous voulons fournir à Sa Majesté Mohammed VI des élus bien formés, utiles à sa politique actuelle.

    À défaut de programme autre que royal, comptez-vous au moins déjà des adhérents ?
    La loi impose un nombre de 500 adhérents pour pouvoir tenir un congrès constitutif. Nous les aurons et leurs compétences surprendront beaucoup de monde. Je suis en contact poussé avec des anciens cadres de haut niveau du secteur privé, des ex-ambassadeurs, des ex-walis, des anciens colonels de l’armée, des officiers de police à la retraite et des ex-ministres.

    Ces encadrants issus directement du Makhzen ne risquent-ils pas plutôt de faire fuir les jeunes ?
    Les échanges entre ces encadrants et les jeunes adhérents du Parti des retraités seront justement le moyen de dissiper les malentendus et les idées reçues. Pourquoi ces jeunes auraient-ils peur de policiers ou de militaires ? Ces derniers ne sont pas des “bouôou” (monstres) tout de même ! À mon avis, l’antagonisme entre les autorités et les jeunes générations a été dopé par l’enseignement de professeurs de gauche.

    Vous ne pensez pas que des baffes et des séances de torture de militaires et d’officiers de police y sont aussi pour beaucoup ?
    Ne pas avoir eu l’audace de confesser à ces jeunes la raison de ces actes, perpétrés à une certaine période, a été une erreur. Il aurait fallu leur expliquer le contexte politique de l’époque où prévalait bien souvent la raison d’Etat.

    Votre statut de retraité de l’UC, parti où le responsable de la section jeunesse a 60 ans, ne risque-t-il pas d’être un sérieux handicap dans la chasse aux jeunes ?
    Je ne dirai aucun mal de l’Union constitutionnelle, car c’est dans ce parti que j’ai appris la politique. Cependant, la mission que nous avait confiée le Makhzen à l’époque, en créant le parti, est aujourd’hui achevée. Il faut passer à autre chose. Nous ne serons donc pas un parti cocotte-minute, mais plutôt un parti tajine, qui cuira à feu doux.

    Au charbon de bois ou au gaz ?
    Au charbon de bois ? Pourquoi pas !

    Nous manquons sans doute d’imagination, mais nous voyons mal des policiers et des militaires jouer aux agents recruteurs au Boulevard des jeunes musiciens…
    Ces jeunes chantent, dansent, ont leur propre manière de s’exprimer politiquement. Mais ils ne représentent pas toute la jeunesse marocaine. Je côtoie des jeunes vivant en montagne, coupés de tout, et je peux vous assurer que leurs aspirations sont différentes. Pour eux, ce qui compte, c’est d’abord le travail, au point qu’ils sont obsédés par l’idée de partir à l’étranger. Ils sont tellement désoeuvrés qu’ils écoutent le ronronnement des moteurs au loin pour essayer de deviner quel marque de camion est en train d’arriver sur la route.


    Source: Telquel
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