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Une justice à deux vitesses en Algérie

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  • Une justice à deux vitesses en Algérie

    En l’espace d’une semaine, plusieurs affaires judiciaires seront traitées par la justice algérienne. L’affaire Frik arrive en appel devant la cour d’Alger. Le 26 juin viendra le tour du séisme de Boumerdès.

    Dans une salle de l’Institut national des hydrocarbures (INH). Cela dénote le nombre de témoins et d’accusés cités à la barre. Pendant ce temps, des procès dans lesquels sont impliqués des réseaux terroristes sont presque quotidiennement traités par les juges. Quant au détournement qui a touché la Banque nationale d’Algérie, il est également sur les rails.

    Cela veut dire que les juges ne chôment pas. Si certains procès, qui touchent des affaires de droit commun, passent inaperçus, il n’en est pas de même de certains procès retentissants, comme les scandales financiers dans lesquels sont impliqués de grosses légumes

    Et néanmoins, les citoyens sont sceptiques et continuent à se méfier d’une justice à deux vitesses, dans laquelle ce sont presque toujours les lampistes qui paient à la place des gros bonnets. On a tous à l’esprit la parodie du procès Khalifa, qui n’a pas révélé tous ses tenants et aboutissants, et qui cachent beaucoup de zones d’ombre.

    Le gros problème, bien sûr, reste l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire, par un pouvoir politique, portant atteinte à un principe sacro-saint de la démocratie: la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire, et bien sûr aussi l’indépendance du juge. N’est-ce pas qu’au cours de ces derniers jours, les avocats sont montés au créneau pour dénoncer une justice expéditive, dans laquelle les débats contradictoires sont évacués, sans compter que les droits de la défense ne sont pas toujours garantis.
    Les magistrats qui sont en première ligne, sont eux-mêmes confrontés aux conditions dans lesquelles est rendue la justice: manque de moyens, pressions diverses et trop pesantes, ingérence des politiques, opacité et tutti quanti.

    Comment dans ces conditions parler de l’Etat de droit?

    Comment redonner confiance à une population qui en a vu d’autres. Chat échaudé craignant l’eau froide, les Algériens voudraient voir redorer le blason de leur appareil judiciaire, mais les procès de ces derniers temps n’invitent pas à l’optimisme.

    Pour preuve, la plupart des responsables étrangers qui visitent l’Algérie émettent un jugement très sévère sur l’état de corruption régnant en Algérie. Ce qui explique la faiblesse des IDE dans notre pays. Un tel degré de corruption ne pourrait pas être atteint si la justice avait réellement les moyens de jouer son rôle et de lutter contre ces pratiques qui gangrènent le fonctionnement de nos institutions.

    Blanchiment d’argent, hégémonie du secteur informel, surfacturation ds projets, détournement de deniers publics, abus de biens sociaux, les chefs d’inculpation ne manquent pas, mais ce sont généralement les lampistes qui passent à la casserole. Les filets de la justice n’attrapent que le menu fretin. Les requins eux, ne sont jamais inquiétés.

    Dans le cas du procès de Boumerdès, on attend de voir si les gros seront dans le collimateur de la justice, ceux qui ont construit les bâtiments non conformes, ceux qui ont importé des matériaux de construction ne répondant pas aux normes, depuis le ciment jusqu’au rond à béton. Dans l’affaire Frik, les choses sont pourtant claires; on a un wali qui a reconnu ses fautes et avoué ses responsabilités, tout en affirmant avoir obéi à des injonctions: des ministres et autres hauts responsables viendront-ils répondre de leurs actes? Ou bien un commis de l’Etat, nonobstant sa part de responsabilité, continuera-t-il à payer pour les autres.

    C’est en fait l’Etat de droit lui-même qui est au centre des débats. On ne peut pas prétendre construire une démocratie, mettre sur les rails une économie de marché ouverte, concurrentielle, compétitive, en l’absence d’une justice sereine, indépendante, jouissant de toutes ses prérogatives, et dotée de moyens modernes et performants pour mener à bien ses missions au service des citoyens et de la république. Le rétablissement de la confiance entre les citoyens et les gouvernants passe par une justice égale pour tous. La fin d’une justice à deux vitesses est devenue une exigence de la société moderne. L’Etat de droit aussi.

    Quant à la réforme de la justice, maintes fois annoncée et toujours reportée, malgré une commission ad hoc qui avait présenté ses recommandations au premier magistrat du pays, elle n’est peut-être pas, à première vue, une priorité pour des citoyens, qui sont confrontés aux difficultés de la vie quotidienne, notamment ceux de la baisse du pouvoir d ’achat, mais si vous faites un tour aux tribunaux, vous verrez les conditions dans lesquelles est rendue la justice: très déplorable. Les citoyens ont la nette impression de ne pas être protégés.

    Quant aux droits de la défense, ils sont si peu garantis, quand ils ne passent pas à la trappe. N’oublions pas que la justice est rendue au nom du peuple. Il est normal que ce dernier demande aux juges de s’assumer.

    Par L'Expression
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