dsl c'est long mais interressant
A cause d’un don de deux mécènes saoudiens, Douar Sekouila et Douar Thomas à Sidi Moumen, ont vécu une semaine sous haute tension. Tout le monde a voulu bénéficier de ce geste de bienfaisance. Résultat : désordre total, colère profonde et accusations partagées.
Mercredi 13 juin, sous un soleil de plomb, des dizaines de manifestants, hommes et femmes, jeunes et vieillards, étaient attroupés devant le siège de la «Bachaouiya» d’Ahl Loghlam au quartier Sidi Moumen à Casablanca. Ils étaient là depuis le vendredi 8 juin. Devant une poignée de policiers de circulation, à peine visibles d’ailleurs, certains de ces manifestants, venus de Douar Sekouila, portaient le drapeau marocain, d’autres le portrait du Souverain, et d’autres encore brandissaient leur carte nationale. Une ambiance de colère régnait sur les lieux. Les handicapés étaient nombreux.
La cible des protestataires, n’était autre que le Pacha d’Ahl Loghlam, dont dépend Douar Sekouila : Abdelkarim Zine.
Explications. Tout a commencé il y a quelques semaines, lorsque deux mécènes saoudiens ont voulu aider financièrement des démunis de Douar Sekouila et de Douar Thomas, deux bidonvilles tristement célèbres à Casablanca. En fait, ces bienfaiteurs saoudiens ont voulu remettre des dons à 70 familles pauvres, de chacun des deux bidonvilles. Selon les manifestants en colère, il s’agirait d’un montant colossal: Cinq milliards de centimes. Ce chiffre, sur lequel nous reviendrons, n’a pas été vérifié. Mais revenons aux faits.
«Les Saoudiens ont contacté les autorités et ces dernières les ont conduits vers nous», a déclaré Abdelkarim Zine, Pacha d’Ahl Loghlam à Sidi Moumen, dans un entretien accordé à La Gazette du Maroc. C’est ainsi qu’une liste de 140 personnes a été dressée à cet effet. «Lundi 11 juin, au matin, les deux mécènes saoudiens se sont rendus à la pachalik d’Ahl Loghlam à Sidi Moumen afin de procéder à la distribution des dons», explique Abdelkarim Zine. Sur proposition des autorités marocaines (C’est-à-dire le ministère de l’Intérieur et la wilaya du Grand Casablanca), les Saoudiens ont été invités à superviser, eux-mêmes, l’opération de distribution des dons. Ceci, dans un souci évident de transparence. Ils ont donc commencé à recevoir, une à une, les 70 familles bénéficiaires de Douar Sekouila. «Les choses ont très bien commencé et les bienfaiteurs étaient clairement contents du déroulement de cette opération humanitaire». Seulement 42 familles entre les 70 choisies à Douar Sekouila, ont pu toucher leurs enveloppes dans lesquelles se trouvait une somme d’argent en liquide, dont le montant n’a pas été précisé. Car rapidement, les choses ont commencé à dégénérer. L’information s’est propagée dans les bidonvilles comme une traînée de poudre : «On distribue de l’argent à la Bachaouiya !», criaient certains dans le bidonville de Douar Sekouila. Quelques minutes ont suffit pour que des centaines de personnes se ruent sur les lieux. Chacun voulant sa «part du gâteau». Les Saoudiens, submergés par cette horde humaine, ont vite compris qu’il était temps de prendre la poudre d’escampette. Surtout que certains bidonvillois n’ont pas hésité, à en croire le témoignage du Pacha d’Ahl Loghlam lui-même, à insulter ces mécènes venus du Golfe, et à les traiter de tous les noms. Et c’est sans hésiter une seconde qu’ils prirent leurs clics et leur clacs, et quittèrent rapidement les lieux, laissant derrière eux des centaines de bidonvillois en colère et frustrés de n’avoir rien touché. Dans l’après-midi, le même scénario s’est reproduit à Douar Thomas où les 70 familles bénéficiaires, n’ont pas toutes reçu leurs enveloppes. Les centaines de protestataires ont contraint les Saoudiens à mettre un terme à la distribution des enveloppes. Finalement, les Saoudiens ont voulu faire un geste humanitaire en faveur des familles de bidonvillois nécessiteuses. Mais cette opération s’est transformée en cauchemar pour tout le monde, à commencer par les bienfaiteurs qui n’ont plus redonné signe de vie. Après ce préalable nécessaire, il est légitime de se demander qu’est-ce qui, au juste, a provoqué la colère des habitants de Douar Sekouila. En fait, lorsque nous avons rencontré ces bidonvillois, la première chose qui sortait de leur bouche est que les agents d’autorité «ont détourné les dons». De quelle manière ? «Les Moqadems ont inscrit sur la liste des bénéficiaires, des noms de personnes qui ne sont nullement des démunis. C’est de l’argent qui nous était destiné et qui a clairement été détourné», crient les mécontents. D’autres ajoutent : «Nous voulons que SM le Roi sache comment les responsables locaux appliquent ses instructions. Figurez-vous que certains Moqadems vont jusqu’à exiger une partie du don, avant d’inscrire les noms des bénéficiaires».
Colère des bidonvillois
Des accusations multiples qui fusent de partout. Dans le feu de la colère, les bidonvillois n’épargnent personne. Tous les responsables essuient des tirs à boulets rouges. A commencer par le président de l’arrondissement de Sidi Moumen, Ahmed Brija. Celui-ci, à en croire les allégations de quelques bidonvillois en colère, aurait demandé aux gens de voter pour lui, afin d’inscrire leur nom sur la liste des démunis qui vont bénéficier des dons saoudiens. Mais en enquêtant de plus près, on découvre qu’Ahmed Brija n’a aucun lien avec toute cette opération. Joint par La Gazette du Maroc, le président de l’arrondissement de Sidi Moumen a assuré qu’il n’a «aucune idée de cette opération de distribution de dons par des Saoudiens en faveur des familles démunies de Douar Sekouila et Douar Thomas». Et d’ajouter : «Je n’ai jamais parlé de cette affaire, ni avec le Pacha, ni avec les habitants des bidonvilles. Et si mon nom est prononcé c’est une simple volonté de nuire à mon image, à quelques semaines des élections». La position d’Ahmed Brija semble tenir la route, pour la simple raison que le président de l’arrondissement n’a pas du tout été impliqué dans cette opération de donation controversée. Pour sa part, Youssef Rjafallah, président de l’association «Rissalat Attanmiya», présent sur les lieux et très actif dans le Douar Sekouila, a expliqué qu’aucune information officielle n’a été divulguée par les autorités locales. «Les Moqadems ont refusé de nous expliquer les tenants et les aboutissants de toute cette affaire. Quant au Pacha, nous n’avons pas pu le rencontrer», a affirmé Youssef Rjafallah dans un entretien accordé à La Gazette du Maroc. «En tout cas, plusieurs associations locales ont convenu de se réunir samedi 16 juin 2007 à la Maison des Jeunes d’Ahl Loghlam, afin d’examiner cette affaire et entamer les démarches nécessaires pour tirer toute cette affaire au clair», a conclut Youssef Rjafallah. Affaire à suivre donc.
A cause d’un don de deux mécènes saoudiens, Douar Sekouila et Douar Thomas à Sidi Moumen, ont vécu une semaine sous haute tension. Tout le monde a voulu bénéficier de ce geste de bienfaisance. Résultat : désordre total, colère profonde et accusations partagées.
Mercredi 13 juin, sous un soleil de plomb, des dizaines de manifestants, hommes et femmes, jeunes et vieillards, étaient attroupés devant le siège de la «Bachaouiya» d’Ahl Loghlam au quartier Sidi Moumen à Casablanca. Ils étaient là depuis le vendredi 8 juin. Devant une poignée de policiers de circulation, à peine visibles d’ailleurs, certains de ces manifestants, venus de Douar Sekouila, portaient le drapeau marocain, d’autres le portrait du Souverain, et d’autres encore brandissaient leur carte nationale. Une ambiance de colère régnait sur les lieux. Les handicapés étaient nombreux.
La cible des protestataires, n’était autre que le Pacha d’Ahl Loghlam, dont dépend Douar Sekouila : Abdelkarim Zine.
Explications. Tout a commencé il y a quelques semaines, lorsque deux mécènes saoudiens ont voulu aider financièrement des démunis de Douar Sekouila et de Douar Thomas, deux bidonvilles tristement célèbres à Casablanca. En fait, ces bienfaiteurs saoudiens ont voulu remettre des dons à 70 familles pauvres, de chacun des deux bidonvilles. Selon les manifestants en colère, il s’agirait d’un montant colossal: Cinq milliards de centimes. Ce chiffre, sur lequel nous reviendrons, n’a pas été vérifié. Mais revenons aux faits.
«Les Saoudiens ont contacté les autorités et ces dernières les ont conduits vers nous», a déclaré Abdelkarim Zine, Pacha d’Ahl Loghlam à Sidi Moumen, dans un entretien accordé à La Gazette du Maroc. C’est ainsi qu’une liste de 140 personnes a été dressée à cet effet. «Lundi 11 juin, au matin, les deux mécènes saoudiens se sont rendus à la pachalik d’Ahl Loghlam à Sidi Moumen afin de procéder à la distribution des dons», explique Abdelkarim Zine. Sur proposition des autorités marocaines (C’est-à-dire le ministère de l’Intérieur et la wilaya du Grand Casablanca), les Saoudiens ont été invités à superviser, eux-mêmes, l’opération de distribution des dons. Ceci, dans un souci évident de transparence. Ils ont donc commencé à recevoir, une à une, les 70 familles bénéficiaires de Douar Sekouila. «Les choses ont très bien commencé et les bienfaiteurs étaient clairement contents du déroulement de cette opération humanitaire». Seulement 42 familles entre les 70 choisies à Douar Sekouila, ont pu toucher leurs enveloppes dans lesquelles se trouvait une somme d’argent en liquide, dont le montant n’a pas été précisé. Car rapidement, les choses ont commencé à dégénérer. L’information s’est propagée dans les bidonvilles comme une traînée de poudre : «On distribue de l’argent à la Bachaouiya !», criaient certains dans le bidonville de Douar Sekouila. Quelques minutes ont suffit pour que des centaines de personnes se ruent sur les lieux. Chacun voulant sa «part du gâteau». Les Saoudiens, submergés par cette horde humaine, ont vite compris qu’il était temps de prendre la poudre d’escampette. Surtout que certains bidonvillois n’ont pas hésité, à en croire le témoignage du Pacha d’Ahl Loghlam lui-même, à insulter ces mécènes venus du Golfe, et à les traiter de tous les noms. Et c’est sans hésiter une seconde qu’ils prirent leurs clics et leur clacs, et quittèrent rapidement les lieux, laissant derrière eux des centaines de bidonvillois en colère et frustrés de n’avoir rien touché. Dans l’après-midi, le même scénario s’est reproduit à Douar Thomas où les 70 familles bénéficiaires, n’ont pas toutes reçu leurs enveloppes. Les centaines de protestataires ont contraint les Saoudiens à mettre un terme à la distribution des enveloppes. Finalement, les Saoudiens ont voulu faire un geste humanitaire en faveur des familles de bidonvillois nécessiteuses. Mais cette opération s’est transformée en cauchemar pour tout le monde, à commencer par les bienfaiteurs qui n’ont plus redonné signe de vie. Après ce préalable nécessaire, il est légitime de se demander qu’est-ce qui, au juste, a provoqué la colère des habitants de Douar Sekouila. En fait, lorsque nous avons rencontré ces bidonvillois, la première chose qui sortait de leur bouche est que les agents d’autorité «ont détourné les dons». De quelle manière ? «Les Moqadems ont inscrit sur la liste des bénéficiaires, des noms de personnes qui ne sont nullement des démunis. C’est de l’argent qui nous était destiné et qui a clairement été détourné», crient les mécontents. D’autres ajoutent : «Nous voulons que SM le Roi sache comment les responsables locaux appliquent ses instructions. Figurez-vous que certains Moqadems vont jusqu’à exiger une partie du don, avant d’inscrire les noms des bénéficiaires».
Colère des bidonvillois
Des accusations multiples qui fusent de partout. Dans le feu de la colère, les bidonvillois n’épargnent personne. Tous les responsables essuient des tirs à boulets rouges. A commencer par le président de l’arrondissement de Sidi Moumen, Ahmed Brija. Celui-ci, à en croire les allégations de quelques bidonvillois en colère, aurait demandé aux gens de voter pour lui, afin d’inscrire leur nom sur la liste des démunis qui vont bénéficier des dons saoudiens. Mais en enquêtant de plus près, on découvre qu’Ahmed Brija n’a aucun lien avec toute cette opération. Joint par La Gazette du Maroc, le président de l’arrondissement de Sidi Moumen a assuré qu’il n’a «aucune idée de cette opération de distribution de dons par des Saoudiens en faveur des familles démunies de Douar Sekouila et Douar Thomas». Et d’ajouter : «Je n’ai jamais parlé de cette affaire, ni avec le Pacha, ni avec les habitants des bidonvilles. Et si mon nom est prononcé c’est une simple volonté de nuire à mon image, à quelques semaines des élections». La position d’Ahmed Brija semble tenir la route, pour la simple raison que le président de l’arrondissement n’a pas du tout été impliqué dans cette opération de donation controversée. Pour sa part, Youssef Rjafallah, président de l’association «Rissalat Attanmiya», présent sur les lieux et très actif dans le Douar Sekouila, a expliqué qu’aucune information officielle n’a été divulguée par les autorités locales. «Les Moqadems ont refusé de nous expliquer les tenants et les aboutissants de toute cette affaire. Quant au Pacha, nous n’avons pas pu le rencontrer», a affirmé Youssef Rjafallah dans un entretien accordé à La Gazette du Maroc. «En tout cas, plusieurs associations locales ont convenu de se réunir samedi 16 juin 2007 à la Maison des Jeunes d’Ahl Loghlam, afin d’examiner cette affaire et entamer les démarches nécessaires pour tirer toute cette affaire au clair», a conclut Youssef Rjafallah. Affaire à suivre donc.
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