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Commerce intérieur: Le gouvernement s’engage sur «Rawaj»

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  • Commerce intérieur: Le gouvernement s’engage sur «Rawaj»

    LE gouvernement a enfin décidé de prendre le taureau par les cornes et d’ouvrir le dossier complexe du commerce intérieur (cf. L’Economiste des 6 et 19 juin 2007). Le défi est de taille: réintégrer le secteur dans l’économie marocaine. Et pour cause, le plus gros de ses activités passe par le circuit informel occasionnant de grosses pertes à l’Etat en termes d’impôts et de valeur ajoutée. Pour cela, le ministère de l’Industrie lance le vaste programme de mise à niveau présenté hier aux professionnels.

    «Rawaj», c’est le nom donné au programme, est un terme populaire qui a une référence culturelle très répandue parmi les commerçants, surtout dans les marchés traditionnels peu organisés. Il signifie une bonne «dynamique du marché», une manière de dire que le commerce prospère et la modernisation vont aujourd’hui de pair.

    Le commerce est parmi les secteurs qui n’avaient aucune vision stratégique jusque- là. Le programme du ministère apporte ainsi une projection sur 13 années. En 2020, le gouvernement veut créer 450.000 emplois, tripler le PIB actuel du commerce, porter sa contribution au PIB national à 15 au lieu de 11% et relever la croissance du secteur à 8%. Tout cela moyennant un programme de restructuration qui commence par l’approvisionnement et va jusqu’au service après vente et recyclage.

    Le ministère de l’Industrie a commencé par un diagnostic du marché, qui a révélé d’importants disfonctionnements dans le secteur. D’abord, un grand nombre d’intervenants institutionnels: sept ministères en plus des collectivités locales, du Haut commissariat au plan, des associations professionnelles et des chambres de commerce. Cela rend le cadre réglementaire et de contrôle inefficace et les données sur le secteur incohérentes.
    L’étude a également révélé l’absence de main-d’œuvre qualifiée surtout pour les grandes et moyennes surfaces (chef de rayons, responsable dépôt, chef de produit…): les grandes surfaces sont obligées de former elle-même leurs employés.

    Mais l’un des constats les plus alarmants reste la part importante du marché parallèle. Celui-ci a un volume supérieur à celui du commerce organisé. Un exemple, l’activité d’abattage qui passe par les abattoirs est de 3 millions de tonnes par an sur 7 millions de volume global. Aussi, 4 millions de tonnes de viandes échappent à tout contrôle et atterrissent en vente libre sur nos marchés.
    Ce sont des dysfonctionnements qui touchent autant l’approvisionnement que la distribution.

    Une autre grande difformité, les réseaux incontrôlables d’intermédiaires qui faussent le marché. La multiplicité des intervenants impacte le prix des produits et désarçonne le marché qui ne peut pas afficher des tarifs stables. Et pour cause, la valeur de la marchandise dépend du nombre d’intermédiaires dans chaque transaction. Dans un tel contexte, aucune forme de concurrence n’est possible, puisque le marché repose sur une logique d’opportunité et non de planification.

    En se penchant sur le volet de la distribution, le gouvernement veut remettre de l’ordre dans les circuits de vente. Mezouar insiste sur la création de sociétés spécialisées. Aujourd’hui, les grandes firmes ont leurs propres réseaux, les petits commerces se débrouillent tant bien que mal.

    «Rawaj» donne ainsi les grandes orientations, le calendrier d’action sera pour sa part confectionné au niveau des intervenants dans chaque secteur. Des réunions ont déjà commencé hier entre les professionnels des différents segments: grandes et moyennes surfaces, marchés de gros et petits commerçants, afin de décider du prochain pas à faire.

    Le ministère a toutefois décidé d’un modèle à suivre, sélectionné parmi 3 scenarii :
    - Le premier est de laisser le marché dicter ses lois et l’on aurait débouché sur un développement égal des commerces de proximité et des grandes surfaces. Cela aurait un mauvais impact sur l’emploi et concentrera la valeur ajoutée chez un petit nombre de commerçants.
    - Le deuxième est le modèle régulé qui prône l’encadrement des segments en besoins, soit les petits commerçants. Ce qui aurait engendré un développement démesuré du commerce de proximité aux dépens des nouvelles formes de vente très appréciées par le consommateur.
    - Le scénario retenu est celui du «développement harmonieux». C’est aussi le plus difficile, car il repose sur une logique volontariste où les acteurs doivent s’engager de leur propre gré dans la réforme. Les petits commerçants, qui ont le plus besoin de mise à niveau, vont y adhérer facilement, selon le ministère. C’est une question de survie pour eux après l’arrivée en force des grandes surfaces et des réseaux de franchise. Le programme profitera également à ces derniers, puisque le ministère propose son soutien pour l’acquisition d’immobilier adapté, par exemple.

    Au bout du compte, le commerce de proximité occupera 70% du marché contre 30% pour les grandes et moyennes surfaces, ce qui portera, selon les pronostics du ministère, le PIB du commerce à 180 milliards de DH, soit une augmentation de 15%.

    Ichrak Moubsit

    Source: L'Economiste
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