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Nombre de sans papiers algériens en France : retour sur une fausse polémique

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  • Nombre de sans papiers algériens en France : retour sur une fausse polémique

    Le chiffre des 350 000 sans papier repris par El Watan que M. Bajolet à lancé devant la presse algérienne, colle t-il à la réalité, ? N'est-il pas exagéré ? Enquête.
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    En 2004, 4,9 millions d'immigrés résidaient en France métropolitaine, selon des statistiques officielles. Les Algériens en constituaient la 1ere composante nationale avec près de 700 000 ressortissants.

    Le nombre des sans papier est dans une fourchette allant de 200 000 à 400 000 personnes Si on applique une méthode -certes non scientifique- d'un ratio d'1/5 ème (supérieur proportionnellement au nombre total d'immigrés algériens), on déduirait que les Algériens sans papiers entrés clandestinement en France pèsent, au doigt mouillé dans le pire des cas, entre 40 000 et 80 000 individus.

    Même en doublant ce chiffre, on arrive difficilement aux déclarations récentes de Bernard Bajolet, l'ambassadeur de France à Alger qui annonce très imprudemment devant la presse algérienne, « 350 000 sans-papiers algériens en France ».

    Quelques chiffres à cette démonstration.

    L'INED (Institut national d'études démographiques) recense avec sérieux les flux et stocks migratoires : combien d'immigrés en France ? Combien en rentrent-ils chaque année ? D'où viennent-ils. Pour ce qui concerne le nombre total d'immigrés vivant en France, François Héran, son directeur a contesté quelques idées reçues dans son bulletin « Population et sociétés » de janvier 2004, rédigé par le directeur de l'Ined (Institut national d'études démographiques), François Héran, tord le cou à «cinq idées reçues sur l'immigration».

    La France ne constitue pas un «pays d'immigration massive».

    L'image d'un pays en plein déclin démographique, «pris d'assaut par une vague montante de l'immigration» persiste. Elle est fausse. L'Hexagone est devenu le pays d'Europe où la croissance démographique dépend le moins de l'immigration : 20 % en France contre 47 % aux Pays-Bas, 82 % en Espagne (en 2001). «Rien à voir avec les migrations massives que l'Allemagne a accueillies en provenance de l'ex-Union soviétique et de l'ex-Yougoslavie.»

    Le taux de fécondité de la France n'est pas massivement dû aux familles immigrées.

    «L'écart entre la fécondité des immigrées et celle des Françaises natives est très inférieur aux chiffres qui circulent.» Les immigrées ne représentent que le douzième des femmes en âge d'avoir des enfants, et sont trop peu nombreuses pour pouvoir relever le taux de fécondité générale. «Les jeunes issus de l'immigration, et désormais visibles dans l'espace public, sont nés il y a quinze ou vingt ans. Ils sont le fruit d'un régime de fécondité largement révolu.»

    L'immigration irrégulière n'est pas «innombrable».

    Selon François Héran, «on surestime toujours le nombre de sans-papiers». La France a régularisé, en 1982,132 000 immigrés et satisfait en 1997-1998, 90 000 demandes sur 130 000 (une fois décomptées les demandes déposées en double). «On est loin des opérations de régularisation de très grande envergure qu'ont dû mener l'Espagne, l'Italie et la Grèce ces cinq dernières années, avec des effectifs de demandeurs qui ont parfois excédé le demi-million.» (Libération 21 janvier 2004)

    Pour ce qui concerne les entrées annuelles : le dernier recensement réalisé en 2004 comptait 210 000 immigrés entrés par des canaux officiels. L'Afrique représente à elle seule 100 000 entrées. Dans ce chiffre global on décompte un sous-ensemble de 65 000 personnes provenant du Maghreb dont 31 000 Algériens. À la mi-2004, 4,9 millions d'immigrés résidaient en France métropolitaine (dont près de 700 000 algériens); l'ensemble de l'immigration représente 8,1 % de la population sur le territoire français.

    Les immigrés originaires d'Afrique, et d'Asie sont plus nombreux sur le territoire qu'en 1999 ; c'est l'inverse pour ceux issus des anciens courants migratoires, d'Espagne et d'Italie. Dans la population immigrée, hommes et femmes sont désormais aussi nombreux : l'immigration à dominante féminine liée au regroupement familial a succédé après 1974 à l'immigration de main-d'œuvre à majorité masculine. Grâce aux nouveaux arrivants, la population immigrée n'a pas vieilli entre 1999 et 2004-2005, contrairement aux non-immigrés.

    Le niveau de formation s'est élevé nettement pour les immigrés, tout comme pour l'ensemble de la population. En particulier, par rapport à 1982, quatre fois plus d'immigrés détiennent un diplôme de l'enseignement supérieur. Quatre immigrés sur dix résident en Île-de-France, un sur dix en Rhône-Alpes et un sur dix en Provence - Alpes - Côte d'Azur. Les immigrés venus du Portugal sont aussi nombreux à la mi-2004 qu'en 1999.

    La présence des immigrés d'Europe orientale, hors Union européenne, s'est fortement accrue (+ 37 %) : ils sont 250 000 en 2004-2005. Au total, la part des immigrés d'Europe baisse depuis 1975 (57 % en 1975, 49 % en 1999, 40 % mi-2004). Les immigrés natifs du Maghreb sont au nombre de 1,5 million en 2004-2005, soit 220 000 de plus qu'en 1999 (+ 17 %). Ce sont les personnes originaires d'Algérie ou du Maroc qui sont à l'origine de cette croissance (+ 100 000 pour chaque pays).

    Pour ce qui concerne les entrées annuelles : le dernier recensement réalisé en 2004 comptait 210 000 immigrés entrés par des canaux officiels. L'Afrique représente à elle seule 100 000 entrées. Dans ce chiffre global on décompte un sous-ensemble de 65 000 personnes provenant du Maghreb dont 31 000 Algériens. Enfin, 150 000 immigrés environ sont naturalisés chaque année.

    Par Lola Bouarar
    15/06/2007. Tout sur L'Algérie.

    La suite...
    Dernière modification par zek, 28 juin 2007, 08h54.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Les sans-papiers algériens contestent les chiffres de l'ambassadeur de France.

    Un des porte-parole des collectifs de sans-papiers d'Ile de France, Sadok Guitoun, de nationalité algérienne, conteste le chiffre de 350 000 sans-papiers algériens en France annoncé par Bernard Bajolet, l'ambassadeur de France à Alger. Ce dernier a en effet récemment déclaré à la presse algérienne qu'il existait « 350 000 algériens en situation irrégulière vivant en France ». Polémique sur une réalité, les travailleurs clandestins, par définition précisément mesurable. Interview

    Sadok Guitoun, vous n'êtes pas d'accord avec le chiffre annoncé par Bernard Bajolet….
    Je ne sais pas d'où ce représentant de l'Etat français sort ce chiffre. Il n'y a pas 350 000 algériens en France. Nous, mouvement de sans-papiers, estimons que l'on trouve en France 450 000 sans-papiers toutes nationalités confondues : Chinois, Maghrébins, Moyen-orientaux, Africains, Européens de l'est. Alors on ne peut pas croire que sur 450 000 sans-papiers, il y aurait 350 000 algériens. Je crois que l'ambassadeur devrait revoir ses chiffres. Avant 2002, il est vrai qu'il y'avait à peu près 240 000 sans-papiers algériens sur le sol français parce qu'ils étaient victimes d'une discrimination par rapport à la loi Réséda de 1998, dite loi Chevènement. Mais, depuis 2002, à ce jour, plus de 150 000 algériens ont été régularisés.

    Vous contestez le chiffre de l'ambassadeur, d'où tenez-vous les vôtres ?
    Nous les tenons de la « source ». Nous sommes un mouvement de sans-papiers reconnu par la loi. Tous les collectifs de sans-papiers de France passent une bonne partie de leur temps à recenser les personnes en situation irrégulière. Ils nous communiquent les chiffres, on sait aussi quelles sont les nationalités qui adhèrent au mouvement. IL y'a peut-être 1 ou 2% de sans-papiers qui ne viennent pas nous voir, mais 80% des autres nous sollicitent régulièrement. Je le disais précédemment, les Algériens avant 2002 étaient victimes d'une discrimination. Les Algériens devaient pour obtenir un premier titre de séjour, au titre de l'article 12bis-3 de la loi réséda de 1998, avoir 15 ans de présence en France alors que les autres communautés, on exigeait 10 ans. EN 2001, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a décidé de ratifier l'accord franco-algérien, en 2002, le président français Jacques Chirac fait de même.
    Par conséquent, les Algériens étaient revenus au même stade que les autres, c'est-à-dire 10 ans de présence pour obtenir un premier titre de séjour. C'était la fin d'une certaine discrimination.

    Vous avez été sans-papiers, racontez-nous votre parcours ?
    J'étais pendant 10 ans sans-papiers. J'ai eu mes diplômes en France en 1969. J'étais dans la marine commerciale française. Je suis parti en Algérie pour faire ma vie, parce que le travail manquait dans les ports. Dés que je suis revenu en France pour reprendre ma carte de résidence, on m'avait dit que je n'avais pas le droit, parce que je ne suis pas manifesté au niveau des consulats français en Algérie, je n'avais pas payé mes impôts, donc je n'avais pas droit à un titre de séjour. Il fallait que je reparte à zéro, donner des preuves de ma présence en France.
    J'ai mené un combat très dur durant 10 ans. Finalement en 2002, j'ai obtenu ma régularisation ainsi que celle de ma femme et enfants.

    Qu'avez-vous retenu de cette période difficile ?
    J'ai découvert une autre France, qui n'était pas celle que j'avais rêvé, aimé, la France qui protège, qui garantit. Ce n'était pas celle la que j'ai découvert. J'ai trouvé une France qui exploite. Mon quotidien, c'était de me battre pour exister car je faisais partie de cette population du sous-sol, qui n'existait pas. Je devais raser les murs, regarder à droite à gauche, de peur d'un contrôle. C'était la peur permanente. Les sans-papiers enterrent leur vie passée, leurs souvenirs et entrent dans une espèce de trou noir. C'était très, très dur.

    Djamel Nour
    15/06/2007 Tout sur l'Algérie
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