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D'étranges épidémies de malaise seraient d'origine psychogène

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  • D'étranges épidémies de malaise seraient d'origine psychogène

    « Plus d'un siècle après que Charcot a démontré que les hystériques n'étaient pas des simulateurs et que Freud a découvert l'inconscient, il nous est toujours aussi difficile d'accepter que nos souffrances puissent à la fois être réelles et sans cause matérielle », analyse le Dr Georges Salines, le responsable du département santé environnement de l'InVS (Institut de veille sanitaire) en ouverture d'un dossier passionnant et original. Il est consacré aux épidémies de malaises d'origine non expliquée survenant dans des petites communautés.

    Un phénomène mal connu et sous-estimé en France alors qu'il a un coût économique majeur et suscite souvent des réactions disproportionnées des services d'urgence et des autorités sanitaires. Publié hier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, ce numéro revient sur les malaises survenus au bloc opératoire central de l'hôpital Nord de Marseille en août 2005, ou parmi le personnel de la mairie de Villejuif deux années de suite en 2004 et 2005, ou dans un collège des Ardennes en octobre 2004. Nausées, voire vomissements, démangeaisons, irritations du nez, de la bouche ou des yeux, maux de tête, étourdissements, vertiges, les symptômes relatés sont très variés.

    Dans le cas de l'hôpital Nord de Marseille, où des travaux de rénovation et de mise aux normes incendie venaient d'avoir lieu dans les 12 salles d'intervention du bloc, 67 % des personnes s'étaient plaintes de symptômes irritatifs et digestifs. Les enquêteurs de la cellule interrégionale d'épidémiologie Sud à Marseille ont bien reconnu la réalité d'une ventilation insuffisante au bloc durant cette période de travaux, problèmes accentués en période de mistral. Tout en ajoutant que les recherches de polluants ou de gaz anesthésiques n'ont rien révélé de probant. « Mais quoi qu'il en soit, tout ceci ne peut expliquer l'extension des symptômes aux trois quarts du personnel », soulignent les enquêteurs qui soulèvent « l'hypothèse de phénomènes suggestifs communautaires avec autoamplification des malaises. » Même s'il a existé un facteur déclenchant.

    Par simple suggestion

    Dans les Ardennes au collège de Carignan, où 12 élèves de sixième (presque tous de la même classe) s'étaient plaints de nausées, de maux de tête et de douleurs abdominales ayant disparu dans les quarante-huit heures, les enquêteurs ont certes retrouvé la présence de formaldéhyde à des niveaux un peu élevés. Mais les analyses biologiques des élèves hospitalisés n'en ont pas retrouvé la trace.

    « Il est très fréquent de retrouver des défauts de ventilation ou des taux un peu excessifs de formaldéhyde dans certains locaux, reconnaît le Dr Salines. Mais ceci ne suffit pas à provoquer de tels phénomènes. » En revanche, les symptômes précités sans cause organique peuvent s'étendre à d'autres personnes par simple suggestion.

    « Il faut savoir penser à une origine psychogène devant un ensemble de traits caractéristiques, soutiennent Stéphanie Vandentorren et d'autres chercheuses de l'InVS après avoir procédé à une analyse des données internationales. Événements habituellement de courte durée (de deux à quatre jours) survenant dans des petites communautés en proie à des conflits ou à de mauvaises conditions de travail, symptômes sans gravité et peu évocateurs d'une cause particulière, qui se diffusent par la vue ou par une personne ayant une forte influence sur le groupe. »

    À quand des psychologues et des sociologues au côté des urgentistes pour savoir décoder et prendre en charge ces malaises collectifs ?

    Par Le Figaro
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