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L´Algérie tourne le dos à la marche du monde

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  • L´Algérie tourne le dos à la marche du monde

    Il est bien connu que la mondialisation a des effets pervers, désastreux pour les pays qui s´installent dans la léthargie du neurone se contentant de "consommer" des produits conçus et réalisés par les gens du Nord avec, on l´aura compris, les richesses du sol et du sous-sol des pays du Sud. Ces richesses bradées à des coûts dérisoires nous reviennent sous forme de téléphones portables, d´ordinateurs, de 4x4 rutilants, créant de ce fait un besoin irrépressible chez les habitants du Sud qui pensent ainsi, avoir rejoint le peloton des pays avancés. Si on sait par exemple qu´un baril de pétrole (159 litres) et qui peut donner jusqu´à 60 litres d´essence, des produits pétrochimiques de qualité, est équivalent du point de vue du coût à un parfum de 50 ml (Yves Saint Laurent, Chanel n°5..). Chavez avait raison de dire qu´il n´est pas normal qu´un baril de Coca Cola (99% d´eau et 1% d´ingrédients) coûte deux fois plus cher qu´un baril de pétrole d´autant qu´il n´apporte aucune valeur ajoutée si ce n´est le diabète pour le sucre qu´il contient.

    En bref. Le nouvel engouement vient de l´informatique et de la téléphonie mobile et, là encore, le déficit des pays du Sud notamment les pays arabes, est énorme. Il n´est que de se référer au rapport sans concession du Pnud sur les pays arabes en 2005.La nouveauté vient de l´intérêt porté par les multinationales de l´informatique. Une stratégie "qui ne relève pas de la seule bonne volonté mais aussi basée sur les affaires", selon Roger Kay, analyste chez IDC. En effet, le marché de l´informatique, essoufflé dans les pays développés, profite de la montée en puissance de l´Inde, de la Chine, du Brésil...De 660 millions d´utilisateurs de PC en 2005, on passerait à 1 milliard en 2010, grâce à l´équipement de ces pays. Les économistes croient plus dans le rôle de la téléphonie mobile, utilisable facilement, partout, ne nécessitant pas de savoir lire ou écrire, pour accélérer le développement dans le Sud. Ainsi, la London School of Economics a calculé que, quand le nombre de téléphones pour 100 habitants augmente de 10, la croissance du PIB s´accroît de 0,6 point.

    Fracture numérique

    Les difficultés techniques sont également moindres, alors que la technologie du GSM est éprouvée et que les téléphones mobiles ne nécessitent pas un accès permanent à l´électricité. "Le désir de posséder un téléphone mobile est puissant, mais la question du prix est cruciale", estime Laurent Viviez, directeur chez Booz Allen Hamilton. Pour faciliter l´accès des plus modestes à la téléphonie mobile, la GSM Association a lancé un appel d´offres pour un combiné à moins de 40 dollars (en sortie d´usine) remporté en février par l´américain Motorola. Ce téléphone lancé au printemps 2006, prévoit d´en vendre 6 millions d´unités entre avril et septembre.

    Philips développe un ensemble de logiciels et composants à 5 dollars, permettant de produire des mobiles à 20 dollars. A l´heure actuelle, c´est cependant Nokia qui domine dans les nouveaux marchés comme la Chine, l´Inde, l´Indonésie, les Philippines, le Mexique grâce à sa maîtrise des coûts et sa puissance logistique. Ses premiers prix démarrent à 60 dollars. Là encore, le but est moins philanthropique que financier: le cap des 3 milliards pourrait être atteint dès 2009, grâce aux croissances très fortes des pays émergents, alors que les marchés traditionnels sont saturés.

    Si on regarde maintenant de plus près comment se présente le numérique dans les PVD, on constate que La fracture numérique est une réalité. Elle a fait l´objet de nombreuses études. En cinq ans, l´écart d´équipement et d´usage des technologies de l´information entre les pays du Nord et du Sud s´est peu réduit. 10%. Un foyer sur 10, dans le monde, dispose d´un ordinateur (près d´un sur deux dans les pays développés), selon le cabinet américain IDC. 75%, trois quarts des internautes vivent dans la partie du monde qui compte moins de 15% des habitants de la planète, selon la Banque mondiale. 25% sur les trois quarts de la population mondiale ayant accès à un réseau de téléphonie mobile, seul un quart est client à un service de téléphonie mobile, selon la GSM Association. Moins de 5 euros, c´est la dépense moyenne mensuelle en communications mobiles pour un utilisateur du tiers-monde, contre 40 euros dans les pays développés. (Le rapport est presque de 1 à 10.

    En clair, l´utilisateur du Nord a dix fois plus de chances d´être opérationnel, de s´en sortir que son équivalent du Sud. Ceci étant dit, des initiatives sont faites par des pays émergents pour sortir de ce cercle infernal de la pauvreté intellectuelle et scientifique. Souvenons-nous, dans ce même journal, j´avais rapporté la mise en chantier d´un ordinateur à 100$ conçu pour les enfants des pays en développement. "Le portable à 100 dollars suscite un engouement à la mesure de son ambition: devenir un compagnon pour chaque enfant du tiers-monde Doté d´une manivelle capable de recharger la batterie (une minute d´effort pour dix minutes d´autonomie), ce portable va cependant encore demander beaucoup d´énergie et de temps avant d´exister pour de bon. L´Olpc (One Laptop Per Child, soit "un ordinateur par enfant"), organisation à but non lucratif issue du Media Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, qui chapeaute le projet, déclare qu´elle vient d´achever la structure "hardware" de l´ordinateur. La production par le Taïwanais Quanta Computer, premier fabriquant mondial de PC portables, ne devrait pas commencer avant la fin 2006, les premiers exemplaires devant être livrés début 2007.(1).

    Près de 25 pays seraient intéressés. Cinq fabricants ont répondu à l´appel d´offres. La présentation de son ordinateur à 100 dollars dans le cadre du Smsi. Près de vingt-cinq pays auraient montré leur intérêt pour cette machine, la Thaïlande et le Brésil figurant parmi les plus intéressés. 5 à 15 millions de machines seraient construites, selon la demande, dès 2006. Au final, son concepteur envisage la fabrication de 100 à 150 millions de machines, jusqu´en 2007. Une organisation sans but lucratif, One Laptop Per Child (Olpc), a été créée pour accompagner le projet. Plusieurs partenaires industriels supportent cette organisation, dont AMD, Google, News Corp et Red Hat. Pour l´instant, sept grands pays ont passé commande: la Chine, l´Inde, la Thaïlande, l´Égypte, le Nigeria, le Brésil et l´Argentine. L´État américain du Massachusetts en a également commandé 500.000 exemplaires. Le Brésil va acheter un million de PC à 100$.

  • #2
    Pour le professeur Nicholas Negroponte, Directeur de Media Lab-MIT, celui pour qui, "La plus précieuse ressource naturelle d´un pays, ce sont ses enfants", les ordinateurs portables sont à la fois une fenêtre et un outil: une fenêtre sur le monde et un outil avec lequel penser.

    Un ordinateur portable et personnel est pour chaque enfant une opportunité extraordinaire pour explorer la science et le monde, pour développer une nouvelle culture numérique, pour partager et discuter en ligne. Mais, faire en sorte que cette initiative aide effectivement chaque enfant à apprendre selon ses besoins, ses propres intérêts et dans le respect de son identité culturelle, et est aussi une très grande responsabilité. La nouvelle culture numérique n´est pas livrée toute prête avec l´ordinateur, mais elle se développe grâce à toutes sortes de soutiens: amis, enseignants, parents, ou bien autres organisations sociales. Nous sommes au début d´une quête pour comprendre et développer de meilleures conditions d´apprentissage, en nous demandant comment inventer et déployer des technologies pour cela.

    Mieux encore, la plus grande démocratie au monde, je veux parler de l´Inde, va plus loin. Ainsi, les enfants indiens pourraient bientôt être équipés de l´ordinateur (PC) le moins cher du monde. Le ministère local du développement et des ressources humaines se donne deux ans pour assembler un PC à 10 dollars. "Nous avons déjà conçu un ordinateur à 47 dollars. S´il est produit à au moins un million d´unités, nous pensons pouvoir atteindre notre objectif", explique un haut fonctionnaire.

    Les caractéristiques détaillées de la machine ne sont pas encore connues. Car sa conception n´en est qu´à ses débuts et pour une raison évidente de protection du secret industriel, explique-t-on au ministère. Six instituts scientifiques vont être chargés de mobiliser les efforts de recherche à travers le pays. Aucun acteur privé n´a encore pris part au projet, même si le gouvernement envisage de confier la fabrication de l´ordinateur à des entreprises indiennes.(2)

    Celui-ci serait constitué d´un seul bloc pour diminuer les coûts d´assemblage et de maintenance. Ses composants seraient réunis sur la carte mère. Il permettrait d´accéder à Internet. Le gouvernement compte, en effet, ouvrir un accès à haut débit dans chaque école publique du pays. Ce service serait gratuit pour les enfants pauvres, payant pour les autres. S´il est fabriqué, l´ordinateur à 10 dollars pourrait compromettre les chances de réussite du programme "Un ordinateur portable par enfant", initié par Nicholas Negroponte, fondateur du Media Lab au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston.

    Le centre de recherche américain est, en effet, sur le point de distribuer des ordinateurs portables à 100 dollars dans les pays en voie de développement. "En réalité, le prix approche plutôt les 200 dollars du fait des coûts supplémentaires liés à l´utilisation de l´ordinateur", explique Akshaya Mukul, journaliste au quotidien Times of India. Assemblé en Inde pour 10 dollars, l´ordinateur apparaît déjà moins "fantaisiste". D´autant plus que Novatium, une firme basée à Madras, dans le sud du pays, a déjà commercialisé un PC à 80 dollars. Là, les puces classiques ont été remplacées par des puces utilisées dans les téléphones portables, moins puissantes et beaucoup moins chères. Toutefois, la réussite du PC à 10 dollars en Inde ne relève pas seulement d´une prouesse industrielle ou technologique. Pour que les enfants puissent utiliser l´ordinateur, comme le gouvernement local le souhaite, encore faut-il qu´ils sachent lire et écrire. Or, 25% ne fréquentent pas l´école primaire. En Inde, 40% des habitants sont illettrés.

    A Pékin, en avril dernier, Bill Gates, président de Microsoft, a annoncé qu´il allait vendre un lot de logiciels, pour trois dollars, aux gouvernements qui subventionneront l´achat d´ordinateurs pour les étudiants. Baptisée "Microsoft Student Innovation Suite", cette offre, destinée, en premier lieu, aux pays en voie de développement, comprendra une version allégée de Windows et d´autres programmes. Microsoft veut doubler le nombre d´utilisateurs de PC dans le monde d´ici à 2015 à deux milliards, espère endiguer le piratage de ses logiciels et ralentir la percée des programmes libres.

    Qu´en est-il des pays les plus pauvres? Un accord a été passé avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) pour encadrer la distribution des portables dans les pays intéressés. "Nous allons distribuer les portables, explique Raul Zambrano, spécialiste des technologies de l´information au Pnud. Il est plus important de se concentrer sur la fracture éducationnelle que sur la fracture numérique. Et l´ordinateur à 100 dollars peut changer le développement de l´éducation à long terme."(3)

    Que peut faire l´Algérie?

    S´agissant de notre pays, à notre connaissance, il n´y a aucun signe avant coureur d´un quelconque réveil. Aucune ambition affichée aucun contact avec des pays comme l´Inde, la Chine ou le Brésil qui nous permettraient de profiter de leur compétence et commencer enfin à créer de la richesse en important des composants électroniques à la place de 4X4, des produits chimiques de base à la place de meubles de Malaisie; bref comment créer de la richesse et garder à demeure nos diplômés qui fuient par cohortes le pays. Ce n´est pas, encore une fois, un problème de ressources, mais un problème d´imagination. Le programme du gouvernement n´apporte rien qui appartienne à l´imagination. Ce sont toujours les mêmes recettes. L´Etat providence qui construit des logements, qui construit des routes, qui importe de la pomme de terre, en clair, qui distribue la rente comme nous le faisons depuis des décennies, exception faite de la période du regretté président Houari Boumediene, époque pendant laquelle l´essentiel du tissu industriel actuel - ou ce qu´il en reste après les coups de boutoirs des partisans d´une libéralisation sauvage- a été édifié. Nous devons changer de fusil d´épaule et mettre l´imagination en avant. Il n´y a que Dieu qui ne se trompe pas. Le programme du président n´est pas figé, il doit être constamment adaptable à la réalité du monde. Créer de la richesse est la seule façon pour le pays de survivre quand la rente sera passée. De ce fait et pour l´exemple, il est possible pour notre pays de s´inscrire dans cette course pour prendre le train des technologies numériques. En admettant seulement 1 ordinateur pour 50 élèves dans un premier temps, c´est près de 160.000 micros à acquérir, soit un coût de 16 millions de dollars. Cela représente environ 10% de la rente journalière du pays! De plus, rappelons que les sociétés pétrolières dans le cadre de leur mécénat pour leur image de marque vont à dépenser jusqu´à 1% de leurs bénéfices. Sur les 10 milliards de dollars engrangés par les multinationales du pétrole en 2005, est-il possible de leur demander dans le cadre de l´éducation à hauteur de 0,2%? Enfin, à l´instar de ce que fait le Brésil avec une compagnie informatique chinoise, elle installe à demeure des ateliers de fabrication. Ce qui nous permettra d´offrir des opportunités de travail aux milliers d´informaticiens qui chôment ou versent dans l´informel. C´est tout le sens de l´intelligence dans la gestion de la cité, ce qui permettra de rompre avec ce signe indien de la mentalité de rentier.

    1.C.E.Chitour Un ordinateur à 100 dollars ou une vision nouvelle d´éducation. Journal L´Expression mars 2006
    2.Julien Bouissou: L´Inde se donne deux ans pour fabriquer un ordinateur à 10 dollars. Le Monde 19/05/2007
    3.Stéphane Dreyfus Le Journal La Croix du 26/03/2006

    Par C.E.Chitour, L'Expression

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