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Ces sept illusions qui bercent les Arabes

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  • Ces sept illusions qui bercent les Arabes

    Ceux qui ont choisi la couleur du sang pour peindre la "Mosquée rouge" d'Islamabad ont sans doute décidé de son destin : offrir un sanglant épilogue à des fanatiques, produits des viviers que le pouvoir pakistanais a laissés proliférer. La "Mosquée rouge", c'est d'abord un projet politique d'inspiration taliban que le Pakistan se refuse toujours à combattre. Les Pakistanais sont un peu comme nous : ils laissent des "mosquées rouges" pousser comme des champignons et attendent de voir.

    A Islamabad, les autorités contemplaient avec attendrissement les préparatifs guerriers de ces jeunes talibans. Elles rêvaient du jour où les milices intégristes et la bombe atomique feraient cause commune pour la plus grande gloire du pays. Trop impatientes ces milices ! Non contentes de soumettre à leur loi d'airain les bons musulmans du voisinage, qui n'attendaient que ça, elles ont voulu étendre leur influence.

    Le mois dernier, ces talibans ont enlevé une dizaine de Chinoises qui travaillaient dans un salon de massage et d'acupuncture. Un métier sujet à suspicion et à phantasmes : un musulman respectable ne peut tolérer que des mains féminines lui malaxent les chairs. Il peut en rêver, savourer l'idée qu'il en bénéficiera pour l'éternité, mais ici bas jamais! L'abstinence contre des promesses de félicités sans cesse renouvelées. Les intégristes ne se posent pas trop de questions : il faut supprimer l'objet de la tentation à défaut de lui résister. "Cachez ce sein que je ne saurais voir", disait Tartuffe, l'apôtre des voyeurs.

    Les talibans d'Islamabad voulaient partir au "Djihad" empiétant ainsi sur le domaine réservé du pouvoir. Après avoir déclenché les hostilités, ils veulent obtenir des saufconduits, c'est-à-dire la garantie d'une impunité totale.

    Aujourd'hui, le président Musharaf veut en finir avec cette communauté paramilitaire et politico- religieuse qui le défie. Ce faisant, il court le risque de provoquer un massacre : ces "moines soldats" sont, en effet, retranchés avec femmes et enfants dans la forteresse "Lal Masdjid". Cela dit, la "Mosquée rouge" est-elle une fatalité purement pakistanaise ?

    Autrement dit, courons-nous le risque de voir éclore des "mosquées rouges" dans les quartiers populaires d'Alger ? Aucun risque, répondent en chœur les députés de la majorité présidentielle. De mémoire d'Algérois, on n'a jamais vu une mosquée peinte en rouge, comme celle d'Islamabad.
    On ne peut en dire autant de la couleur religieuse. De ce point de vue, les "mosquées rouges" prospèrent dans nos cités. Pour faciliter leur implantation, on organise le tapage autour de l'évangélisation de la Kabylie et des inscriptions offensantes.

    Question : quel est le plus grand danger qui menace actuellement l'Islam et les musulmans ? L'extrémisme et le terrorisme ou bien deux ou trois quidams qui se convertissent au folklore adventiste ?

    La réponse nous est proposée indirectement par l'écrivain saoudien Mansour Al-Naqiedane qui s'intéresse aux invocations traditionnelles de la prière du vendredi. Dans un article publié par le quotidien de Bahreïn Al-Waqt, il relève la tonalité violente qui accompagne ces invocations. "C'est comme si les imams qui en appellent à la colère de Dieu, voulaient impliquer la divine providence dans des desseins qui leur sont personnels; dit-il. On ne recherche pas la manifestation des pouvoirs extraordinaires de Dieu dans l'amélioration et le progrès qualitatif de la société. On préfère l'impliquer dans des actions sanglantes qui écrasent tous ceux qui ne pensent pas comme nous ou qui s'opposent à nos intérêts."

    Mansour Al-Naqiedane cite à cet égard l'exemple du cheikh koweïtien Ahmed Al-Kettanee qui vitupérait dans les années quatre-vingt contre les artistes, les laïcs et les juifs. Il "condamnait " tout ce monde à errer sur les routes, pris de folie et objets de moquerie des enfants. Ou encore l'invocation publiée par Abdallah Ghollam lorsque les "Scud" irakiens visaient les villes saoudiennes. Cet imam a édité un pamphlet de 4 pages dans lequel il réclamait 192 châtiments divins immédiats et simultanés pour Saddam, sachant qu'un seul de ces châtiments suffisait à le dispenser de autres. Parmi ces châtiments, une dizaine étaient invoqués contre les parties génitales de Saddam, comme l'impuissance, la stérilité, etc.

    On entend aussi des invocations contre un écrivain, un penseur ou un artiste qui ont suscité la colère des bien pensants. Dans ce cas, l'alternative est simple: ou Dieu le ramène sur le droit chemin ou bien il lui brise l'échine.
    Là où les solutions sont multiples, l'imam préfère en choisir deux seulement et il entend que la main de Dieu agisse conformément à ses désirs.

    Que reste-t-il aux Arabes une fois qu'ils auront proscrit définitivement la raison et la logique? Pas grand-chose, répond l'écrivain égyptien Mourad Wahba dans l'hebdomadaire Rose-Al- Youssef.Mais il restera un certain nombre de choses négatives que l'on peut résumer par les "sept illusions" dont se bercent les Arabes.

    Première illusion : c'est la conviction que les mots peuvent changer la réalité, que les mots, plus que l'action, ont un pouvoir magique susceptible d'agir sur le réel.
    Deuxième illusion : notre patrimoine est seul susceptible de nous faire évoluer. Il suffit de le solliciter pour qu'il réponde à nos besoins en matière de progrès. Troisième illusion : l'Etat a une religion déterminée. Cette illusion est d'essence pharaonique et c'est en son nom que l'Etat exerce la tutelle sur le peuple. Si un défaut apparaît dans la société, c'est que l'Etat n'a pas joué son rôle de tuteur. Les intellectuels se lancent alors dans une critique en règle de l'Etat et du pouvoir qu'ils finissent par renverser. Combien de coups d'Etat avons-nous enregistrés sans que les défauts aient été corrigés ?
    Quatrième illusion : le pouvoir religieux est le seul qui détienne la vérité absolue. Ses "fetwas" sont donc une vérité absolue. Par conséquent, l'assassinat de la raison est un passage obligé pour asseoir la domination du pouvoir religieux.
    Cinquième illusion : le temps chez les Arabes évolue en sens opposé. C'est-à-dire de l'avenir vers le passé.
    Sixième illusion : la prédominance de la règle de l'unanimité dans la charte de la Ligue arabe. La procédure du vote énonce que les décisions prises à l'unanimité sont donc une obligation pour tous et qu'il n'y a pas d'obligation en l'absence d'unanimité. D'où le drame d’Anwar Sadate lorsqu'il est sorti de l'unanimité pour conclure une paix séparée avec Israël.
    Septième illusion : la démocratie signifie l'alternance au pouvoir et le vote alors que la question est beaucoup plus profonde. L'alternance et les urnes n'interviennent qu'en fin de parcours.

    Au début, cela tient à un quatuor de la démocratie : la laïcité, le contrat social, le Siècle des lumières (XVIIIe) et le libéralisme. Ce quatuor a mis quatre siècles pour se former et s'imposer. Et c'est le temps qu'il faut au monde arabe pour qu'il accède à la démocratie comme l'Europe.

    Nul besoin, pour cela, d'invoquer nos spécificités comme nous le faisons à tout bout de champ face à l'Occident, ce qui nous isole encore davantage. "Ce sont ces sept illusions qui feront forcément le lit du fondamentalisme religieux, à moins que la laïcité ne s'impose comme elle l'a fait en Europe ", souligne Mourad Wahba qui note en conclusion que les évènements de Palestine et du Liban ne sont pas encourageants à cet égard.

    Par Le Soir

  • #2
    Autre illusion:

    Mon bonheur réside dans le malheur de mon frère, même si nous pourissons tous les deux dans la misère.

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    • #3
      Excellent article du Soir. Ces intellos algériens, qu'est-ce qu'ils sont bons !!!

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      • #4
        J'ai particulièrement apprécié ce passage :
        La réponse nous est proposée indirectement par l'écrivain saoudien Mansour Al-Naqiedane qui s'intéresse aux invocations traditionnelles de la prière du vendredi. Dans un article publié par le quotidien de Bahreïn Al-Waqt, il relève la tonalité violente qui accompagne ces invocations. "C'est comme si les imams qui en appellent à la colère de Dieu, voulaient impliquer la divine providence dans des desseins qui leur sont personnels; dit-il. On ne recherche pas la manifestation des pouvoirs extraordinaires de Dieu dans l'amélioration et le progrès qualitatif de la société. On préfère l'impliquer dans des actions sanglantes qui écrasent tous ceux qui ne pensent pas comme nous ou qui s'opposent à nos intérêts."

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        • #5
          ...............Question : quel est le plus grand danger qui menace actuellement l'Islam et les musulmans ? L'extrémisme et le terrorisme ou bien deux ou trois quidams qui se convertissent au folklore adventiste ?.........................................
          J’ai lu deux fois l’article… et je suis déçu.
          Déçu parce que, comme d’habitude l’auteur comme tant d’autres, pose une question, et au lieu de suggérer une ou des réponses… il se lance dans une dialectique sans fin… et nous fait oublier la question posée!

          Alors, je vous propose des réponses :

          Quel est ou quels sont ces dangers :
          Les gens qui se convertissent ?Non puisque les musulmans emploient des tactiques et des pressions psychologiques sinon politiques et administratives pour justement empêcher que des conversions se fassent dans leurs pays.
          Ils font cela car l’expérience a montré que dans le passé, les musulmans qui vivaient dans les pays autres que musulmans finissaient pas ne plus accorder d’importance à l’islam dans leur vécu quotidien
          Il y a eu beaucoup de changements dans les 20 dernières années … et avec les nombres de militants musulmans surtout dans les pays à composante chrétienne … l’apostasie est moindre.

          Extrémisme ?L’extrémisme, selon moi et à mon regret n’est guère une menace, et je parle du contexte algérien.
          Le citoyen en général à peur de se manifester contre les extrémistes musulmans.. et c'est cette peur qui fait justement la force, la puissance de ces mouvement extrémistes. Du temps du FIS ils ont employé la manace et meme la force contre des femmes pour les obliger à se voiler par exemple.
          Il y avait les actes d’une barbarie sans nom qui ont été commis pour justement maintenir les musulmans bien tranquilles …. et ne pas se manifester contre ceux qui agissent pour arriver à leurs fins.

          Terrorisme ? Le terrorisme est une suite logique à l’extrémisme. Si l'un peut être assimiler à la Théorie (extrémisme) le Terrorisme est l’Action.
          Et cette action… le peuple en subit les conséquences.
          Et malheureusement encore ici, le peuple fait le mouton de l’aïd : il se terre… et là encore… comme dit plus tôt, c’est de là que naît la force de cette mouvance islamiste.

          Et enfin je dirais
          : Il semble plutôt qu’au 20è 21è siècle les Musulmans ont peur des changement sociaux qui bouleversent leurs sociétés … et c’est pour cela qu'ils réagissent, rejetant tout ce qui n’est pas conforme à leur idée de la vie d’un musulman, il faut alors protéger la société contre ce qui parait relever de l'anathème… qui à aller à l’extrémisme et même s’il le faut au terrorisme.

          Et je conclus que les musulmans risque de ne pas voir l’extrémisme et le terrorisme comme ennemi… mais plus comme un allé pour faire avancer leur cause.

          Ainsi certains musulmans s'inventent des dangers!
          C’est ici mon humble opinion.
          L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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          • #6
            Envoyé par avucic
            Il semble plutôt qu’au 20è 21è siècle les Musulmans ont peur des changement sociaux qui bouleversent leurs sociétés … et c’est pour cela qu'ils réagissent, rejetant tout ce qui n’est pas conforme à leur idée de la vie d’un musulman, il faut alors protéger la société contre ce qui parait relever de l'anathème… qui à aller à l’extrémisme et même s’il le faut au terrorisme.
            Quand on s'informe de l'évolution des choses dans ces pays lointains (merci Internet) on ressent comme un goût pour l'archaïsme dans les populations, un rejet de la progression et même un besoin de régression, de situation fusionnelle, situation sans conflit de fond, sans choix : on se moule dans l'existant. L'individu n'a plus besoin de se définir. S'épargnant se faisant l'inévitable DECHIREMENT d'un lien. On s'épargne aussi la prise de conscience de l'angoisse de la solitude existentielle (rien à voir avec la solitude classique). Ces sociétés sont fusionnelles, les liens ne s'y déchirent pas, c'est vécu comme impossible.

            La démocratie a été précédée en Europe d'une représentation de l'individu libre à l'opposé de cet individu fusionnel. Un individu libre ne peut donc par définition rester dans le giron de "la mère l'Eglise". C'est pourquoi celle-ci n'a plus d'importance et qu'elle a continuellement combattu cette évolution.

            Dans les pays musulmans, ce n'est pas tant que les démocrates y soient empêchés par les puissants qui y voient un danger pour eux, mais c'est qu'ils n'ont pas de soutien de la population. En Algérie comme au Pakistan la démocratie est un OVNI, c'est un mot sans relai dans les mœurs. Pour comprendre le projet de société démocratique, il faudrait les 4 siècles de soubassement philosophique qu'à connu l'Europe sur ce sujet. Les gens la confondent souvent avec une sorte de chaos, de luxure, d'abandon des valeurs morales ! Bien sûr ce ne sont pas les islamistes qui vont les contredire ! Mais ce que je veux dire, et je vais dans le sens d'Avucic, c'est que ce n'est pas les islamistes qui manipulent les foules dans ce sens. Il est logique qu'elles se tournent vers eux.

            Oui les gens ont "peur", même si c'est un mot passe partout. Peur car la démocratie est indissociable de la dé-fusion, de la cassure de certains liens au profit d'autres rapports qu'exige la démocratie, rapports abstraits, rapports rationnels. Le lien personnel et même les SENTIMENTS sont secondaires dans ces rapports politiques.

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            • #7
              Alain, je te rejoins pleinement, mais dans les sociétés musulmanes les cadres de la socialisation de l'individus sont stricts et immuables depuis la fondation de l'Islam. Comme pour toutes les religions monothéistes, on a un ordre figé basé sur un seul Dieu, un seul raïs, un seul père, et tout le reste est esclave; doit adorer et se soumettre, avec forte récompense au Paradis pour ceux qui ont aveuglément obéi à l'un ou à l'autre.

              Celui qui a ébranlé la croyance aveugle est Ibn Rosh (héritier des platoniciens grecs). La révolution de l'individualisme a suivi avec la renaissance.

              Le fondement de la Démocratie est la pyramide inversée de l'ordre traditionnel : la source du pouvoir est l'individu qui délègue son pouvoir par contrat. Dieu est intelligence pure donc il est démocrate,parce qu'il a créé l'homme à son image c'est à dire infiniment libre pour être encore meilleur. C'est le libéralisme orthodoxe.

              La vraie bataille c'est celle de la femme, car c'est elle qui fait pousser d'un côté ou de l'autre la plante qu'elle a engendrée.

              Encore une fois l'Occident doit clairement dire ce que doit-être la religion sur ses terres et quelles en sont les limites, sinon nous hériterons du syndrome algérien.

              Une parenthèse : l'intellectuel algérien basique a deux prophètes : Trotski et le Prophète.

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