Niger : L'armée prête à affronter les Touaregs.
Niger : L’armée prête à affronter les Touaregs
Le 14/07/2007 à 0 h 00 - par Laurent Reyes - Marianne
Entrés en résistance contre les autorités du Niger depuis les massacres du printemps 1990, les Touaregs s’étaient satisfaits des accords de paix signés en 1995… Jusqu’aux récents affrontements avec l’Armée nigérienne et l’enlèvement d’un travailleur d’une société d’exploitation minière chinoise revendiqué par un nouveau mouvement de rébellion.
Le 22 juin dernier, le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), des rebelles touaregs, avait attaqué un poste militaire à Tazarzatt (nord du Niger). Bilan : 13 morts et une quarantaine de prisonniers. Dix jours plus tard, les mêmes menaient l’assaut contre une base de la Satom – société française spécialisée dans les infrastructures routières – enlevant cette fois-ci seulement des véhicules. Face à ce nouveau cycle de violence dans la région d’Agadez, l’entreprise chinoise CNEC, qui y prospecte et exploite de l’uranium a décidé de suspendre ses activités. Contrairement à Areva qui avait choisi de mener des actions sociales et de rentrer en contact avec les rebelles pour éviter les affrontements, les entreprises chinoises avaient misé sur le développement de leurs relations avec l’autorité centrale – entendez la vente d’armes – pour faciliter leur expansion.
Malgré les accords de paix de 1995, les Touaregs restent mal perçus et subissent de nombreuses discriminations. Leur mode de vie nomade, leur culture et leur langue propres (le Tamasheq) ne facilitent pas leur intégration face à l’ethnie majoritaire haoussa. Depuis le début de l’année, le MNJ réclame une meilleure insertion des Touareg dans l’armée et une meilleure répartition des bénéfices de l’exploitation minière, reprenant les revendications d’avant 1995 ; Agaly Alambo, le dirigeant du MNJ justifiant l’enlèvement d’un travailleur chinois le 6 juin par le fait que « les populations locales n’ont pas pu profiter » des activités des entreprises étrangères au Niger. Pour Philippe Hugon, professeur émérite et spécialiste des questions africaines, il est difficile de dire aujourd’hui si le MNJ agit par opportunisme économique ou possède une véritable structure politique, avec des revendications faisant écho à celles d’il y a 15 ans.
Selon le président Mamadou Tandja, il ne s’agit que de « bandits », des « trafiquants d’armes et de stupéfiants ». Dans la capitale, Niamey, certains les soupçonnent d’entretenir des liens avec Al Qaida. Pourtant les 36 autres partis politiques du pays reconnaissent le MNJ comme un mouvement politique légitime. Les deux parties renfermées sur elles-mêmes, c’est la logique de l’affrontement qui risque de primer, notamment depuis que l’armée s’est massivement déployée dans la zone d'Agadez.
Le 14/07/2007 à 0 h 00 - par Laurent Reyes - Marianne
Entrés en résistance contre les autorités du Niger depuis les massacres du printemps 1990, les Touaregs s’étaient satisfaits des accords de paix signés en 1995… Jusqu’aux récents affrontements avec l’Armée nigérienne et l’enlèvement d’un travailleur d’une société d’exploitation minière chinoise revendiqué par un nouveau mouvement de rébellion.
Le 22 juin dernier, le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), des rebelles touaregs, avait attaqué un poste militaire à Tazarzatt (nord du Niger). Bilan : 13 morts et une quarantaine de prisonniers. Dix jours plus tard, les mêmes menaient l’assaut contre une base de la Satom – société française spécialisée dans les infrastructures routières – enlevant cette fois-ci seulement des véhicules. Face à ce nouveau cycle de violence dans la région d’Agadez, l’entreprise chinoise CNEC, qui y prospecte et exploite de l’uranium a décidé de suspendre ses activités. Contrairement à Areva qui avait choisi de mener des actions sociales et de rentrer en contact avec les rebelles pour éviter les affrontements, les entreprises chinoises avaient misé sur le développement de leurs relations avec l’autorité centrale – entendez la vente d’armes – pour faciliter leur expansion.
Malgré les accords de paix de 1995, les Touaregs restent mal perçus et subissent de nombreuses discriminations. Leur mode de vie nomade, leur culture et leur langue propres (le Tamasheq) ne facilitent pas leur intégration face à l’ethnie majoritaire haoussa. Depuis le début de l’année, le MNJ réclame une meilleure insertion des Touareg dans l’armée et une meilleure répartition des bénéfices de l’exploitation minière, reprenant les revendications d’avant 1995 ; Agaly Alambo, le dirigeant du MNJ justifiant l’enlèvement d’un travailleur chinois le 6 juin par le fait que « les populations locales n’ont pas pu profiter » des activités des entreprises étrangères au Niger. Pour Philippe Hugon, professeur émérite et spécialiste des questions africaines, il est difficile de dire aujourd’hui si le MNJ agit par opportunisme économique ou possède une véritable structure politique, avec des revendications faisant écho à celles d’il y a 15 ans.
Selon le président Mamadou Tandja, il ne s’agit que de « bandits », des « trafiquants d’armes et de stupéfiants ». Dans la capitale, Niamey, certains les soupçonnent d’entretenir des liens avec Al Qaida. Pourtant les 36 autres partis politiques du pays reconnaissent le MNJ comme un mouvement politique légitime. Les deux parties renfermées sur elles-mêmes, c’est la logique de l’affrontement qui risque de primer, notamment depuis que l’armée s’est massivement déployée dans la zone d'Agadez.
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