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Le travail d'été des enfants pauvres en Algérie

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  • Le travail d'été des enfants pauvres en Algérie

    En période des vacances scolaires et surtout en été, les rues les plus fréquentées de la ville de Annaba, sont occupées quotidiennement, par des enfants en âge d’aller à l’école, proposant aux passants différentes marchandises, chewing-gum, chocolat, mouchoirs en papier, et graines de tournesol, connus dans le milieu des jeunes sous l’appellation de «tachghil chabeb», parce qu’elles sont consommées par les chômeurs qui passent leur temps à les grignoter, ou d’autres produits, qui leur permettent de constituer un petit budget scolaire.

    Beaucoup de ces enfants issus de familles pauvres prennent goût à ces activités de saison. Ces activités commerciales d’adultes, exigent de la maturité et un sens précoce de la responsabilité, et cela les rend fiers de gagner par eux-mêmes un peu d’argent, et subvenir quelque peu à leurs futurs besoins scolaires.

    Il arrive que des novices se lancent dans le commerce de produits tentants tels que les cacahuètes, se rendent compte au bout de quelques jours, que la tentation leur a fait perdre le capital, par le grignotage, et qu’en fin de compte, ce métier exige à la fois de la sobriété et de la patience.

    Les vendeurs les plus ou moins âgés, sont plus mûrs. Ils ont constamment le souci de récupérer, rapidement, un capital emprunté non sans difficulté et qui doit être remboursé au plus vite, en vendant des paillassons, ou de la vaisselle que les ménagères sont contentes d’acquérir à bon marché au bord des trottoirs de la rue Gambetta, ou à proximité du marché d’El Hattab, en y allant faire leur marché; d’autres jeunes préfèrent se déplacer de quartier en quartier, en vendant des fruits de saison, et légumes sur une charrette, flanquée d’une balance qu’ils louent à la semaine à raison de 1000DA.
    Ils sont des centaines, voire des milliers à vivre cette situation. Lahmadi en est un. A 17 ans, il est un futur candidat au bac 2007/2008. Pour lui, la panade qu’il vit n’est pas une tare. L’encombrant selon Lahmadi, c’est de ne pas y faire face. Pour lui, ce genre de commerce, ou autres activités c’est une panacée qui va lui permettre de ramasser un peu d’argent pendant ses vacances, ce qui lui permettra de faire face aux dépenses scolaires, surtout pour payer ses cours de soutien, s’il y a lieu d’en recourir. La motivation de Lahmadi n’est autre que le revenu modeste de son père qui a quelquefois du mal à joindre les deux bouts.

    Autres lieux, autres exemples: Hichem, un jeune de 16 ans, au sourire permanent. Qui ne connaît pas Hichem le porteur au marché couvert du centre-ville de Annaba. Il est la mascotte de la clientèle huppée de ce marché. D’ailleurs, Lamine, ne communique que par mobile. Il a quitté les bancs de l’école très jeune, mais il a vite compris que courir les rues sans rien est un suicide, d’où il reprend le parcours des études, en formation à distance; c’est-à-dire par correspondance. Il est en 2eme année moyenne, l’année d’avant dernière, il a passé son «BEF» avec brio. «Cela fait 4 années que je n’ai pas vu la mer», dira Lamine, en rétorquant: «Je ne le regrette pas pour autant».

    L’ambition du jeune Lamine, va au-delà de l’argent qu’il gagne. Influencé par le trafic commercial du marché, Lamine veut décrocher le bac, pour faire «gestion-finances», et côtoyer le monde des «bourges» intellectuels, et céder sa place de mascotte à un autre, qui sera, comme il le dit si bien, sa mascotte à lui.

    Lamine, Lahmadi ne sont pas les seuls à ne pas connaître l’air des vacances. Ils sont nombreux ces petits adultes, filles et garçons, à travailler l’été pour assurer l’hiver. C’est, en quelque sorte, l’histoire de «la cigale et la fourmi»; cette dernière qui assure son avenir au labeur d’un passé alors que certains jugent le travail des enfants comme une atteinte à la dignité, voire même une pratique d’un autre temps.

    Et le travail saisonnier est devenu de plus en plus caduc! Il n’y a pas que les enfants qui font des petits métiers durant les vacances d’été, il existe aussi d’autres vendeurs; ce sont des adultes qui ont parfois un travail et qui trouvent dans le travail saisonnier, un moyen d’arrondir leurs fins de mois difficiles, et pour prévenir les dépenses de la rentrée scolaire, du Ramadhan ou de l’Aïd. Certains jeunes qui s’adonnent précocement aux petits commerces dans la rue, ne sont pas forcément dans le besoin, ce serait plutôt une vocation et parmi eux, il y aurait, dit-on, peut-être, de futurs grands commerçants qui auront à se permettre des vacances de rêve.

    Par L'Expression
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