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Le désarroi des tribus arabes au Darfour

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  • Le désarroi des tribus arabes au Darfour

    C'est une vaste plaine beige, plantée d'arbres trop secs pour porter des feuilles. Le vent chaud balaye le sable, au ciel de gros nuages noirs annoncent la saison des pluies. Bientôt le Darfour va reverdir. Mais pour l'heure, Abderamane Yacoub désigne de la main deux collines pierreuses qui se dressent au loin. « Entre les deux c'est la plaine de Zeila, la terre des Arabes, notre pays », se satisfait-il.

    Le oumda, le chef traditionnel de la tribu des Mahariyas, est en son royaume. Dans les feriks, les villages disséminés sur ces dizaines de kilomètres carrés passés el-Geneina, la capitale du Darfour occidental, l'arrivée de son vieux pick-up Toyota est un événement. Le oumda Yacoub distribue, ici un sac de mil, là un litre d'huile. « La vie est dure mais c'est la vie des Arabes », insiste-t-il fièrement. L'homme fait mine de croire à l'avenir, à l'arrêt des malheurs et de la guerre, au retour des temps anciens, ceux du bonheur nomade. Le oumda ne peut accepter la fin de son monde.

    Déjà les feriks ne sont plus peuplés que de vieillards, de femmes, et d'enfants. Les jeunes hommes sont rares. « Ils sont partis avec les troupeaux de chameaux et de vaches », assure le cheik Abdel Aziz Jaba.

    Sur un coin de carte, il désigne vaguement une vaste zone du Sud-Darfour. « Les jeunes et les bêtes sont tous là », promet-il. Il ne tient pas à en dire plus. Remonteront-ils vers le nord ? Les chefs se font moins précis encore. « C'est devenu dangereux de faire la migration. Il y a des attaques. On perd du bétail », concède le oumda, en caressant d'une main distraite la crosse de sa kalachnikov.

    « Nous sommes des victimes »

    Empruntées pendant des siècles, les routes traditionnelles ont été abandonnées depuis plus de vingt ans. Les vastes prairies du nord à la frontière libyenne, et les marais du Tchad ne sont plus que des souvenirs. La faute, d'abord, à un emballement démographique qui a rendu le partage des terres et de l'eau entre paysans, souvent noirs, et pasteurs nomades arabes, de plus en plus âpres.

    Pour survivre, les Arabes ont, dans les années 1970, à leur tour construit des villages. « Les migrations étaient devenues difficiles pour les vieux et les enfants », justifie Abderamane Yacoub. Comme toute l'Afrique, les Arabes du Darfour rêvent d'éducation, de sortir du sous-développement. Le gouvernement de Khartoum, qui voit là un moyen de contrôler cette province rebelle, encourage ce mouvement, promettant puits, dispensaires et écoles. Mais les promesses restent des promesses. « Nous n'avons jamais rien eu. Le gouvernement n'a rien fait. Ici, il n'y aucune salle de classe et nos enfants sont toujours analphabètes », s'agace le oumda.

    La famine de 1984 a un peu plus ancré la misère, aiguisé les rivalités claniques et le racisme latent. Les raids ont succédé aux rezzous qui précédaient des expéditions punitives. Le gouvernement central a laissé venir la catastrophe.

    Le conflit éclate en février 2003. Une rébellion, massivement soutenue par les ethnies noires, attaque l'armée gouvernementale. Khartoum réagit vite, mobilisant et armant contre les insurgés « africains » leurs voisins « arabes ». Les quatre années de guerre feront près de 200 000 morts et 2 millions de déplacés, en majorités des « Africains ».

    A priori consensuelle, cette analyse a pourtant le don d'agacer le oumda : « Ce sont des mensonges propagés par les médias occidentaux. Les rebelles noirs ne s'en sont pas pris au gouvernement mais aux Arabes pour voler leur terre. Nous nous sommes défendus contre leurs attaques. » Les mots du vieux chef soulèvent l'approbation. Distillée par Khartoum, la théorie du complot anti-arabe ourdi par les États-Unis est partagée par l'immense majorité des deux millions d'Arabes du Darfour. Et à la nuit tombée, les langues se délient.

    « Nous sommes des victimes. Deux de mes fils sont morts à la guerre, tués par les»Zurgas* (»Africains noirs* dans un sens péjoratif) », glisse Issa Terab Kur, le cheik d'un village voisin. Utilisés en première ligne pour contenir les rebelles, les Arabes ont, de fait, payé un lourd tribu à la guerre. Nul ne connaît vraiment leur pertes.

    A Zeila, comme dans toutes les communautés arabes, les dessous de la guerre restent cachés, comme un secret honteux. « Mais nous ne sommes pas des janjawids, précise aussitôt le cheik. Juste des combattants. »

    L'arrivée, silencieuse, d'un groupe de cavaliers, kalachnikovs accrochées aux selles, avive le trouble. Ces hommes portent un uniforme beige avec un faucon en blason. C'est la tenue d'une milice paramilitaire, comme le gouvernement en a monté des dizaines ces derniers mois au Darfour, en puisant parmi les janjawids. « Ces jeunes sont là pour nous protéger des attaques des Noirs », dit le oumda.

    Sentiment d'abandon

    Le danger n'est pourtant pas évident. Dans la plaine de Zeila, on ne distingue plus aucun village massalit, l'ethnie africaine de la région. Les autres groupes sont également invisibles. « Ils vivent un plus loin. Mais ils peuvent venir s'installer à nos côtés s'ils veulent », affirme Abderamane Yacoub. Et de proclamer, contre toute évidence, que « la paix règne ».

    La zone est considérée comme l'une des plus dangereuses du Darfour occidental. Les ONG, lassées de se faire piller leurs véhicules et leurs téléphones satellitaires, se contentent de la survoler en hélicoptère. Malgré tout le oumda se refuse à incriminer ou critiquer le gouvernement pour ces interminables successions de violences. Il préfère, une fois encore, jeter l'opprobre sur la communauté internationale. « Ici nous n'avons aucune aide. Les ONG ne viennent pas nous voir et donnent tout aux Noirs. »

    Un sentiment d'abandon, pas totalement injustifié. « Les tribus arabes ont elles aussi beaucoup perdu dans cette guerre, souligne un spécialiste basé à Khartoum. Mais pour l'instant, dans les négociations, elles ne sont pas consultées. C'est sans doute une erreur, car la paix ne se fera pas sans les Arabes. »

    Par Le Figaro

  • #2
    C'est cette politique de division

    Qui tue,
    Que font les Arabes entre temps?
    Il roupillent
    Sous leurs tentes en soie
    Dernière modification par absente, 18 juillet 2007, 18h22.

    Commentaire


    • #3
      Pourquoi c'est des arabes qui tuent ? ils sont autant arabe que les somaliens ,faut etre serieux . Des noirs tuent des noirs ,en tant qu'arabe je ne me sens pas coupable .

      Commentaire

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