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Libye : les dessous du voyage de Nicolas Sarkozy

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  • Libye : les dessous du voyage de Nicolas Sarkozy

    L'Élysée a renoué, dans le plus grand secret, les fils du dialogue avec le colonel Kadhafi.


    À TRIPOLI, un Sarkozy peut en cacher un autre. En moins d'une semaine, la France vient de se replacer au centre d'une complexe négociation internationale visant à faire libérer des infirmières bulgares et un médecin palestinien accusés par les autorités libyennes d'avoir inoculé le sida à 438 enfants. Après son épouse Cécilia, le chef de l'État va se rendre, à son tour, mardi prochain à Tripoli, pour rencontrer Mouammar Kadhafi. Un voyage que l'Élysée prépare activement avec la ferme intention de revenir avec un succès diplomatique : la libération des infirmières.


    Cela fait plusieurs semaines que le président de la République et sa garde rapprochée travaillent en grand secret sur ce dossier. Le soir de son élection, Nicolas Sarkozy avait évoqué dans son premier discours de président la situation des infirmières bulgares (en même temps que celle d'Ingrid Betancourt). De ce passage, les observateurs n'ont retenu que son lapsus puisqu'il a parlé « des infirmières libyennes ».


    Provocation et électrochoc


    Qu'importe ! Le symbole est là : le 6 mai 2007, jour de son élection, le chef de l'État français n'oublie pas le 6 mai 2004, date de la condamnation à mort des infirmières bulgares par un tribunal libyen. À Tripoli, la petite phrase déclenche une réaction outragée dans la presse libyenne qui fustige « l'extrémisme de Sarkozy » accusé en retour de sionisme.


    Mais comme souvent avec Sarkozy, la provocation va servir d'électrochoc. Des discussions informelles vont s'ouvrir entre l'Élysée et le pouvoir libyen. Ces deux univers se connaissent bien. Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, s'est rendu en Libye en octobre 2005 pour parler immigration. Kadhafi l'a reçu sous sa tente. Assis dans les fauteuils en cuir blanc, le futur candidat à la présidentielle découvre le guide de la révolution. L'un est aussi direct que l'autre est oriental et compliqué. Mais le courant est, selon l'entourage de Sarkozy, « plutôt bien passé ».


    Pendant deux ans, Claude Guéant, bras droit de Sarkozy, reste en contact régulier avec Moussa Koussa, chef des services secrets libyens. Ce personnage clé du système Kadhafi sera reçu place Beauvau. Les deux hommes ont une préoccupation commune : le terrorisme islamique. « Sur ce dossier, le pouvoir libyen se révèle un allié efficace », estime un conseiller de l'Élysée.


    Le 29 juin dernier, Kadhafi et Sarkozy ont une première conversation téléphonique consacrée aux infirmières bulgares. Le président suggère une possible visite à Tripoli et réclame un « geste significatif ». Dans les jours suivants, Guéant et Koussa multiplient les contacts. Décision est alors prise d'un déplacement le 12 juillet du secrétaire général de l'Élysée. Le 11 au soir, Cécilia Sarkozy se joint à ce voyage. « Nous avons pris la décision ensemble. Mon cabinet n'était même pas au courant », confie Sarkozy, le 14 juillet, aux journalistes.


    Cécilia Sarkozy en émissaire


    Sur place, la première dame de France est d'abord reçue une heure sous la tente de Kadhafi. Dans la foulée, elle rend visite aux infirmières emprisonnées puis aux enfants. Ce qui n'était pas, semble-t-il, prévu au départ. Le soir, nouvelle faveur, elle est invitée pour un second entretien en tête-à-tête. À Tripoli, Cécilia étrenne ses galons d'émissaire de son mari pour les questions diplomatiques et humanitaires. Elle, qui ne voulait pas jouer les potiches à Paris, accède à un rôle inédit et spectaculaire pour la première dame de France. Elle fait les unes de la presse internationale. Depuis, Cécilia continue de prendre le dossier « très à coeur » et attend avec impatience l'extradition des infirmières. Un autre déplacement, dans les tout prochains jours, ne serait d'ailleurs « pas à exclure », laisse-t-on entendre à l'Élysée.


    Mais ce joli coup médiatique n'est pas du tout du goût de la Commission de Bruxelles, qui proteste. Alors que la transaction financière est sur le point d'être finalisée, les diplomates ont le sentiment que le président français vient faire main basse sur un succès diplomatique négocié par d'autres. « Les Européens disent que tout est fait ! Eh bien, si tout était fait, les infirmières seraient déjà libérées ! », réplique un proche du chef de l'État. À l'Élysée, on estime que Kadhafi veut « traiter » avec une puissance, pas avec une Commission qui ne représente pas grand-chose à ses yeux. C'est pourquoi Sarkozy s'est engouffré dans cette partie de poker risqué mais qui peut rapporter gros. À lui et à sa femme.
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