C'est très grave, est-ce une raison de la baisse du dollar ? Je comprends pourquoi certains pays préfèrent vendre leur pétrole en Euros ou diversifier leurs réserves de change.
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Pour l’organisation internationale de police Interpol, l’affaire est hautement prioritaire. Depuis près de 20 ans et dans des quantités considérables, circulent de faux billets de 100 dollars d’une qualité parfaite. Interpol recherche l’origine des billets, mais n’a pas réussi à l’identifier jusqu’ici.
En mars 2005, Interpol a publié ce qui s’appelle une « notice orange ». Avec une « notice orange », les pays membres d’Interpol sont avertis de l’existence d’une menace spécifique. A la fin du mois de juillet 2006, Interpol a organisé une réunion de crise avec des banques centrales, des enquêteurs de police et des membres du secteur de l’impression de haute sécurité au sujet des superbillets.
Les Américains croient connaître les auteurs du crime : la dictature communiste de Corée du Nord, ennemi numéro un des Etats-Unis. Mais à l’issue de cette conférence d’une seule journée, cette accusation a commencé à être mise en doute. Pire encore : une rumeur est apparue selon laquelle les Américains eux-mêmes pourraient être derrière les contrefaçons.
Diplomates avec des masses d’argent dans leurs bagages
Depuis que le premier faux billet de 100 dollars de la Réserve fédérale a été découvert dans une banque de Manille, aux Philippines en 1989, on s’est beaucoup ému de cette affaire. Même les experts de la frappe monétaire sont dans l’incapacité de différencier les faux billets de 100 dollars des billets authentiques, que ce soit par une inspection visuelle ou par le toucher, les tests d’authenticité les plus importants chez les citoyens moyens. En vertu de quoi, les enquêteurs ont alors donné aux faux billets le nom de superbillets.
A cette époque (1989), plusieurs pays étaient soupçonnés, dont les mollahs iraniens, la Syrie, le Hezbollah libanais, et aussi l’ancienne Allemagne de l’Est. Washington n’aime pas s’en souvenir, car il est aujourd’hui convaincu que ça doit être la Corée du Nord.
Une possible preuve en est l’interception au fil des ans de plusieurs diplomates nord-coréens et hommes d’affaire munis de passeports diplomatiques avec d’énormes liasses de superbillets dans leurs bagages. Par ailleurs, des transfuges nord-coréens ont évoqué une opération de contrefaçon de monnaie dirigée par l’Etat. Mais la fiabilité de ces déclarations est sujette à caution.
Autocensure dans les médias américains
Le principal témoin dans cette histoire est un ancien attaché économique nord-coréen à Moscou, arrêté en 1998 avec 30 000 dollars en superbillets dans la ville russe de Vladivostok. En 2003 il a fait défection à l’Ouest et rapporté que l’opération de contrefaçon était menée au seul bénéfice du dictateur Kim Jong-il, qu’il était personnellement impliqué et chargé de la fabrication des superbillets.
Depuis, les gens de Washington pensent non seulement que Kim Jong-il finance son Cognac français et ses programmes balistique et nucléaire militaire à l’aide de superbillets, mais que les contrefaçons sont ce qui empêche tout son système économique en faillite de s’écrouler. L’Amérique prétend savoir que 250 millions de dollars en superbillets sont imprimés en Corée du Nord et mis en circulation chaque année. Il n’est pas permis d’en douter ; tout le paysage médiatique américain pratique l’autocensure sur ce sujet explosif.
Fabriqué avec du coton du sud des Etats-Unis
L’impression de billets de banque est une entreprise d’une complexité technique extrême. Il est difficile pour le non-initié d’imaginer l’habileté requise pour fabriquer de la fausse monnaie de la qualité des superbillets. Le papier à billets utilisé pour les superbillets est fabriqué sur une machine à papier dite « Fourdrinier » et comporte 75% de coton et 25% de lin. Seuls les Américains fabriquent leur monnaie de cette façon.
Sur les superbillets, ne manquent ni le film de sécurité en polyester extra-fin avec la micro-impression « USA 100 » ni le filigrane en dégradé. Pour ce faire, les faux-monnayeurs auraient besoin d’au moins une machine à papier. En outre, une analyse chimique et physique du papier révèle que le coton utilisé dans les superbillets provient des Etats américains du sud. Bien sûr, on peut se procurer ce coton librement sur le marché.
Premières contrefaçons avec méthode d’impression Intaglio (en creux)
A part l’opération de contrefaçon de la livre britannique par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la longue histoire de la fausse monnaie le superbillet est le premier à être fabriqué selon la méthode d’impression Intaglio. Les superbillets sont de manière parfaitement perceptible imprimés en creux par Intaglio. Ainsi, pour imprimer de tels superbillets, une machine à impression Intaglio est requise, laquelle est seulement fabriquée par KBA Giori (anciennement DLR Giori) à Wuerzburg, en Allemagne, et est utilisée depuis des années aux Etats-Unis par la Réserve fédérale et par le Bureau des gravures et impressions pour imprimer le dollar.
On ne se procure pas librement sur le marché ces machines d’imprimerie spéciales. Même la revente d’une telle machine est habituellement signalée à Interpol. Dans les années 70, la Corée du Nord possédait une presse d’imprimerie standard du siècle passé, qui avait effectivement été fabriquée par KBA à Wuerzburg, en Allemagne. Mais les experts disent qu’une telle machine serait incapable d’imprimer un superbillet sans équipement supplémentaire. Et en raison du manque de pièces de rechange, la machine de la Corée du Nord est hors service depuis un certain temps. Aujourd’hui, la Chine imprime probablement de la monnaie pour son voisin.
Encres de sécurité venant d’usines sous haute protection
Les accusations selon lesquelles la Corée du Nord s’est procurée en secret une presse d’imprimerie moderne auprès de KBA Giori au cours des années 90 sont une invention. Pyongyang a bien essayé d’acquérir de nouvelles presses d’imprimerie en Europe, mais sans succès jusqu’ici, ne serait-ce que parce qu’elle n’a jamais payé en totalité sa vieille presse standard.
L’analyse légale menée par un laboratoire criminel montre que les encres de sécurité utilisées pour les superbillets sont identiques à celles utilisées pour les billets authentiques. C’est même le cas de la coûteuse encre OVI à couleur changeante, dont l’apparence est modifiée en fonction de l’angle d’inclinaison par rapport à la lumière ; le dollar passe du vert-bronze au noir.
La top secrète encre OVI est exclusivement fabriquée par Sicpa à Lausanne, en Suisse. Les encres exclusivement utilisées par la Réserve fédérale sont mélangées aux Etats-Unis par le titulaire américain de la licence dans des usines placées sous haute protection. Cela s’applique à toutes les encres de sécurité utilisées pour les dollars américains.
Il n’est toutefois pas à exclure que, malgré des contrôles stricts au cours du processus de production, de petites quantités de ces encres spéciales aient pu être dérobées. Mais il est intéressant de demander comment les quantités qu’exige une fabrication en série ont pu passer inaperçues et comment le matériel a pu traverser clandestinement les frontières étroitement surveillées du pays. Il est cependant exact que la Corée du Nord était autrefois cliente de Sicpa.
Le fait que les superbillets sont imprimés avec des encres authentiques est bien confirmé par Sicpa. Un système de marquage secret permet de retrouver la date exacte de fabrication de l’encre de sécurité. Sicpa s’est refusé à tout commentaire parce que l’Amérique est son plus gros client.
La suite...
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Pour l’organisation internationale de police Interpol, l’affaire est hautement prioritaire. Depuis près de 20 ans et dans des quantités considérables, circulent de faux billets de 100 dollars d’une qualité parfaite. Interpol recherche l’origine des billets, mais n’a pas réussi à l’identifier jusqu’ici.
En mars 2005, Interpol a publié ce qui s’appelle une « notice orange ». Avec une « notice orange », les pays membres d’Interpol sont avertis de l’existence d’une menace spécifique. A la fin du mois de juillet 2006, Interpol a organisé une réunion de crise avec des banques centrales, des enquêteurs de police et des membres du secteur de l’impression de haute sécurité au sujet des superbillets.
Les Américains croient connaître les auteurs du crime : la dictature communiste de Corée du Nord, ennemi numéro un des Etats-Unis. Mais à l’issue de cette conférence d’une seule journée, cette accusation a commencé à être mise en doute. Pire encore : une rumeur est apparue selon laquelle les Américains eux-mêmes pourraient être derrière les contrefaçons.
Diplomates avec des masses d’argent dans leurs bagages
Depuis que le premier faux billet de 100 dollars de la Réserve fédérale a été découvert dans une banque de Manille, aux Philippines en 1989, on s’est beaucoup ému de cette affaire. Même les experts de la frappe monétaire sont dans l’incapacité de différencier les faux billets de 100 dollars des billets authentiques, que ce soit par une inspection visuelle ou par le toucher, les tests d’authenticité les plus importants chez les citoyens moyens. En vertu de quoi, les enquêteurs ont alors donné aux faux billets le nom de superbillets.
A cette époque (1989), plusieurs pays étaient soupçonnés, dont les mollahs iraniens, la Syrie, le Hezbollah libanais, et aussi l’ancienne Allemagne de l’Est. Washington n’aime pas s’en souvenir, car il est aujourd’hui convaincu que ça doit être la Corée du Nord.
Une possible preuve en est l’interception au fil des ans de plusieurs diplomates nord-coréens et hommes d’affaire munis de passeports diplomatiques avec d’énormes liasses de superbillets dans leurs bagages. Par ailleurs, des transfuges nord-coréens ont évoqué une opération de contrefaçon de monnaie dirigée par l’Etat. Mais la fiabilité de ces déclarations est sujette à caution.
Autocensure dans les médias américains
Le principal témoin dans cette histoire est un ancien attaché économique nord-coréen à Moscou, arrêté en 1998 avec 30 000 dollars en superbillets dans la ville russe de Vladivostok. En 2003 il a fait défection à l’Ouest et rapporté que l’opération de contrefaçon était menée au seul bénéfice du dictateur Kim Jong-il, qu’il était personnellement impliqué et chargé de la fabrication des superbillets.
Depuis, les gens de Washington pensent non seulement que Kim Jong-il finance son Cognac français et ses programmes balistique et nucléaire militaire à l’aide de superbillets, mais que les contrefaçons sont ce qui empêche tout son système économique en faillite de s’écrouler. L’Amérique prétend savoir que 250 millions de dollars en superbillets sont imprimés en Corée du Nord et mis en circulation chaque année. Il n’est pas permis d’en douter ; tout le paysage médiatique américain pratique l’autocensure sur ce sujet explosif.
Fabriqué avec du coton du sud des Etats-Unis
L’impression de billets de banque est une entreprise d’une complexité technique extrême. Il est difficile pour le non-initié d’imaginer l’habileté requise pour fabriquer de la fausse monnaie de la qualité des superbillets. Le papier à billets utilisé pour les superbillets est fabriqué sur une machine à papier dite « Fourdrinier » et comporte 75% de coton et 25% de lin. Seuls les Américains fabriquent leur monnaie de cette façon.
Sur les superbillets, ne manquent ni le film de sécurité en polyester extra-fin avec la micro-impression « USA 100 » ni le filigrane en dégradé. Pour ce faire, les faux-monnayeurs auraient besoin d’au moins une machine à papier. En outre, une analyse chimique et physique du papier révèle que le coton utilisé dans les superbillets provient des Etats américains du sud. Bien sûr, on peut se procurer ce coton librement sur le marché.
Premières contrefaçons avec méthode d’impression Intaglio (en creux)
A part l’opération de contrefaçon de la livre britannique par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la longue histoire de la fausse monnaie le superbillet est le premier à être fabriqué selon la méthode d’impression Intaglio. Les superbillets sont de manière parfaitement perceptible imprimés en creux par Intaglio. Ainsi, pour imprimer de tels superbillets, une machine à impression Intaglio est requise, laquelle est seulement fabriquée par KBA Giori (anciennement DLR Giori) à Wuerzburg, en Allemagne, et est utilisée depuis des années aux Etats-Unis par la Réserve fédérale et par le Bureau des gravures et impressions pour imprimer le dollar.
On ne se procure pas librement sur le marché ces machines d’imprimerie spéciales. Même la revente d’une telle machine est habituellement signalée à Interpol. Dans les années 70, la Corée du Nord possédait une presse d’imprimerie standard du siècle passé, qui avait effectivement été fabriquée par KBA à Wuerzburg, en Allemagne. Mais les experts disent qu’une telle machine serait incapable d’imprimer un superbillet sans équipement supplémentaire. Et en raison du manque de pièces de rechange, la machine de la Corée du Nord est hors service depuis un certain temps. Aujourd’hui, la Chine imprime probablement de la monnaie pour son voisin.
Encres de sécurité venant d’usines sous haute protection
Les accusations selon lesquelles la Corée du Nord s’est procurée en secret une presse d’imprimerie moderne auprès de KBA Giori au cours des années 90 sont une invention. Pyongyang a bien essayé d’acquérir de nouvelles presses d’imprimerie en Europe, mais sans succès jusqu’ici, ne serait-ce que parce qu’elle n’a jamais payé en totalité sa vieille presse standard.
L’analyse légale menée par un laboratoire criminel montre que les encres de sécurité utilisées pour les superbillets sont identiques à celles utilisées pour les billets authentiques. C’est même le cas de la coûteuse encre OVI à couleur changeante, dont l’apparence est modifiée en fonction de l’angle d’inclinaison par rapport à la lumière ; le dollar passe du vert-bronze au noir.
La top secrète encre OVI est exclusivement fabriquée par Sicpa à Lausanne, en Suisse. Les encres exclusivement utilisées par la Réserve fédérale sont mélangées aux Etats-Unis par le titulaire américain de la licence dans des usines placées sous haute protection. Cela s’applique à toutes les encres de sécurité utilisées pour les dollars américains.
Il n’est toutefois pas à exclure que, malgré des contrôles stricts au cours du processus de production, de petites quantités de ces encres spéciales aient pu être dérobées. Mais il est intéressant de demander comment les quantités qu’exige une fabrication en série ont pu passer inaperçues et comment le matériel a pu traverser clandestinement les frontières étroitement surveillées du pays. Il est cependant exact que la Corée du Nord était autrefois cliente de Sicpa.
Le fait que les superbillets sont imprimés avec des encres authentiques est bien confirmé par Sicpa. Un système de marquage secret permet de retrouver la date exacte de fabrication de l’encre de sécurité. Sicpa s’est refusé à tout commentaire parce que l’Amérique est son plus gros client.
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