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Temoignage de temoins de massacre

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  • Temoignage de temoins de massacre

    LAHMALIT, un hameau de montagne, un village semblable à Sidi Youcef, habité par des gens de condition modeste, a été investi par un groupe de trente et cinquante terroristes. Douze enfants, quatre hommes et onze femmes ont été liquidés à coups de hache et au couteau. Le village se trouve à deux kilomètres de Blida, mais deux kilomètres en montagne, à vol d’oiseau bien sûr, dans une région au relief boisé, accidenté, très escarpé, surnommée « l’Emirat » du GIA.

    C’est dans la nuit de samedi à dimanche, vers minuit, que le hameau a été pris d’assaut. La dizaine de « patriotes » (groupe d’autodéfense) qui défendaient ce hameau ont très vite été submergés par les membres du GIA. « Ils ne pouvaient rien faire devant le nombre important des assaillants », raconte un rescapé au journal « le Matin ». Ces « patriotes » disposaient de peu de munitions, a ajouté la même source. Premières victimes de la tuerie : leurs familles.

    Avant l’attaque, le groupe terroriste a coupé l’électricité, miné le seul accès menant au village, la route de Douiret Haoudj. Huit membres d’une même famille ont été massacrés. Les terroristes, pourvus de torches, cherchaient s’il n’y avait pas de survivants, indique un rescapé. Un autre affirme qu’ils bénéficiaient de complicités : « Notre hameau est infesté de réseaux de soutien à ces criminels. » Et le même d’indiquer en guise d’avertissement : « Si les autorités ne prennent pas réellement en considération cette région de Chréa, un jour c’est toute la ville de Blida qui sombrera dans le chaos. »


    Bentalha, par exemple (1). Nous nous y sommes rendus pour enquêter sans protection policière, à nos risques, au péril de nos vies, comme d’ailleurs tous les journalistes algériens qui travaillent sur le terrorisme. Le village de Bentalha a été investi par plus de deux cents hommes du GIA scindés en trois groupes. Le premier a attaqué le quartier de Haï Djillali, défendu en partie par un groupe de vingt « patriotes ». Pendant qu’un groupe massacrait, un autre tentait de déloger les « patriotes ». Le troisième groupe, de loin le plus nombreux, doté de FMPK (fusils-mitrailleurs de fabrication russe) et de RPG (lance-roquettes), des armes redoutables, s’est placé face, non pas à une caserne, mais à la Maison de la vieillesse, une maison de retraités, occupée par une centaine d’hommes des unités d’élite de l’armée algérienne, distante d’environ un kilomètre.

    Contrairement à ce qu’affirment certains médias, les militaires sont intervenus dans les premières minutes qui ont suivi l’attaque du GIA. Une Land Rover de l’armée a sauté sur une mine en tentant de porter secours aux villageois assiégés. Les militaires qui tentaient de sortir ont été pris sous le feu nourri des FMPK et des RPG. Ils se sont battus près de trois heures pour franchir la ligne de feu et de mines dressée par les hommes du GIA. Plusieurs d’entre eux sont tombés les armes à la main. Omar, le chef des patriotes, chômeur, sans salaire depuis quatre mois, Aïssa, considéré comme un héros par les habitants de Bentalha pour avoir permis de sauver du massacre plus de deux cents personnes venues se mettre sous leur protection, témoignent qu’ils n’en avaient plus pour longtemps parce que les munitions commençaient à manquer. « Notre tour allait arriver », raconte Omar. « Heureusement que les soldats ont fini par percer le barrage dressé par Laazrouni, le chef du GIA local, et ses hommes. Cela a été dur, très dur. » Six membres du GIA ont été tués et douze autres blessés par les patriotes. L’un d’eux, natif du village, a été lynché par la population et brûlé.

    Ceux qui commandaient les groupes du GIA sont connus de tout le village : ils ont pour nom Rabah Begas, Mohammed Laazrouni, anciens militants du FIS de Bentalha. Laazrouni, chacun ici connaît son itinéraire de terroriste. Il a commencé par assassiner un policier et son fils à la sortie de la mosquée de Bentalha par un matin de décembre 1994. « Je l’ai bercé tout petit », raconte une vieille femme rescapée qui ne comprend pas comment Laazrouni s’est transformé en un « ouahch » (animal, en arabe). Quant à la maison appartenant à un terroriste que des « patriotes » auraient fait sauter par représailles, l’histoire relève de l’imaginaire. Aucune maison n’a été détruite à l’explosif à Bentalha, y compris par le GIA. Les seuls lieux détruits sont les entreprises du village comme l’usine de produits plastiques…

    Labbaziz, fief d’Abdelkader Chebouti, et Ouled Allel, truffés de galeries souterraines, de casemates en béton, de moyens de transmission sophistiqués.

    HASSANE ZERROUKY
    Voici un premier temoignage

  • #2
    De notre envoyé spécial.

    BENTALHA est à 3 kilomètres environ de Baraki, dans la banlieue est d’Alger. Nous sommes dans la Mitidja, ses vergers et ses champs d’agrumes. Ici, la mort rôde. Elle est présente à l’entrée de Baraki. Sur le côté droit de la route, le cimetière de Rzine. Au milieu de celui-ci, des tombes blanches fleuries. Celles de personnes décédées de mort naturelle. A gauche de ce carré, des tombes fraîches alignées. Il y en a 252. Ce sont celles des femmes, des hommes et des enfants massacrés à Bentalha le 23 septembre dernier. A droite, un autre carré : celui des habitants de Raïs.

    Entre Baraki et Bentalha, la « Maison de la vieillesse », un dispensaire. Ici, 3 jeunes femmes de ménage ont été enlevées, violées puis égorgées par un groupe du GIA. Les forces spéciales de l’armée algérienne ont installé un poste de commandement. Sur la route, les paras commandos veillent. Autour, quelques habitations que le GIA avait transformées en refuges ont été détruites par l’armée après de durs accrochages. Les traces des combats sont visibles. Beaucoup de vergers sont à l’abandon. Ils sont minés, tout comme les orangeraies. De vraies forêts qui permettaient aux groupes du GIA de se déplacer la nuit sans être aperçus. Sur la route, des bulldozers débroussaillent. Et, parfois, déterrent des engins explosifs. Depuis que l’armée a repris la situation en main, les paysans reviennent sur des terres appartenant au domaine public et qu’ils exploitent collectivement. Ils sont armés de fusils de chasse. Pour l’heure, ils aident les militaires à déterrer les mines. La plupart des habitants avaient fui cette région depuis presque une année.

    Nike, casquette et

    kalachnikovs

    Bentalha est un village de 4.000 habitants qui s’étale sur plusieurs kilomètres. La rue principale est longue de près de 2 kilomètres. Les quartiers du village sont séparés par des champs, des jardins. La rue est animée. Des enfants ont repris le chemin de l’école. Des jeunes en jeans chaussés de Nike et coiffés de casquettes à visière portent en bandoulière des kalachnikovs ou des fusils de chasse que l’armée leur a distribués. Depuis le massacre du 23 septembre, ils assurent la sécurité du village.

    On se rend dans le quartier de Haï Djillali, là où les hordes du GIA ont massacré femmes et enfants. Omar, un patriote, âgé d’une quarantaine d’années, nous accompagne. Il est vêtu d’un treillis et coiffé d’un chapeau de brousse. Omar a vécu le drame de Haï Djillali. Lui et ses hommes, à peine une douzaine, ont fait face pendant des heures à plusieurs dizaines d’hommes du GIA. Six terroristes ont été tués, 12 ont été blessés. Grâce à leur résistance, ils ont pu sauver plus de 200 personnes de leur quartier et tous ceux qui se sont enfuis. « On était encerclés, raconte Omar. On est montés sur les terrasses et de là on s’est défendus en économisant nos munitions. Dieu merci, aucun d’entre nous n’a été touché. » L’un de ces terroristes a été lynché par la population le lendemain du massacre. Omar nous montre l’endroit : « Je ne pouvais rien faire, mais ça a calmé les gens. »

    Il nous accompagne dans les habitations où se sont produits les massacres. Première habitation, un trou béant dans le mur. « Ils sont entrés par là en faisant sauter le mur. » A l’intérieur, c’est la désolation. Matelas éventrés, chambres calcinées. Les 36 personnes ont été toutes massacrées. Elles croyaient s’être mises à l’abri sur la terrasse. Omar nous montre les flaques de sang. Les terroristes les égorgeaient et balançaient les cadavres de la terrasse. Là encore, des traces de ce qui a été des vies : des chaussures d’enfants, de femmes, d’hommes, des vêtements. La vaisselle détruite, les cuisines entièrement imbibées de mazout avec lequel ils ont mis le feu aux habitations en brûlant leurs victimes.

    Soutenu par des béquilles, le pied gauche dans le plâtre, Djamal témoigne : « J’habite ici. Pour leur échapper, je me suis jeté du deuxième étage et je me suis cassé une jambe. Nous étions 5 dans la famille. Seuls mon fils et moi ont survécu. Lui aussi a sauté sans réfléchir. Sa chute a été amortie par les cadavres des personnes égorgées. Mais il a été blessé au pied par une balle. Moi, j’ai eu plus de chance. J’ai profité du tir des patriotes pour leur échapper en me traînant dans la nuit. »

    Partout,l’insoutenable

    Dans une autre maison, la porte a été arrachée par l’explosion d’une bombe. Huit membres d’une famille assassinés. Sur la terrasse, au milieu d’un tas de briques, une femme s’était cachée avec son enfant enveloppé dans une couverture. Sa barrette pour les cheveux s’est collée dans le sang séché. Dans les pièces calcinées, je ramasse des cahiers d’écoliers. Sur un carnet scolaire d’une collégienne, une note trimestrielle : 17,40. Et, en rouge, les encouragements du conseil des classes. Cette jeune collégienne n’est plus… En sortant, Omar désigne un taudis où vivait une famille de 8 personnes entassées dans un deux-pièces en parpaings et en tôle. Sur un fil, pendait une petite robe d’une enfant de cinq ans. Le journaliste du « Matin » qui m’accompagne la décroche et l’emporte : « Je l’emmène au journal. Je veux la montrer aux journalistes étrangers, ainsi que ces petites chaussures. » Dans les toilettes, les terroristes ont jeté les vêtements de la famille. Dans ce qui servait de cuisine, de la vaisselle non lavée. Assiettes et couverts portent encore les traces du dîner pris la veille de leur assassinat…

    Omar insiste. Il m’emmène vers un champ par où les terroristes du GIA sont partis. Là, un blouson dans le dos duquel est imprimé « University Parkway ». Il appartient à un égorgeur. « Il a dû le jeter parce qu’il était entièrement taché du sang de ses victimes. » Et dans un coin, près de deux parpaings, il me montre l’endroit où il a égorgé une mère et ses trois enfants. « Le bébé était couché sur le ventre de sa mère. La gorge tranché, il souriait encore. Peut-être à son bourreau », me dit Omar. « On ne sait jamais. Après tout, c’était un bébé… »

    Il pleut. Nous nous abritons à l’intérieur d’une jolie maisonnette. Le jardin bien tenu, avec des fleurs. Dans la courette, une vigne grimpante, une table sur laquelle des assiettes et des couverts que la famille n’avait pas encore débarrassés. Seuls survivants, un vieillard et un adolescent, qui s’étaient réfugiés dans un coin du jardin. Ils ont tout vu, tout entendu. « Ils ne sont pas près d’oublier. Un psychiatre s’occupe d’eux », précise Omar. Dans la cuisine, par terre, des bonbonnes de gaz noircies. « Ils les ont mises sur le réchaud à gaz mais elles n’ont pas explosé. Autrement, cette maison serait aujourd’hui un tas de ruines. »

    Omar connaissaient toutes les familles. Elles avaient refusé de s’armer. En face, une autre maison dont le propriétaire a pu sauver une partie des siens. « Quand ils ont défoncé sa porte, il a abattu un des terroristes avec un fusil harpon. Lui s’en est tiré. Mais 3 membres de sa famille ont été tués… Un autre s’est défendu en défonçant la poitrine d’un terroriste avec ce qui lui tombait sous la main. Les rescapés ont vu le terroriste sortir en hurlant avec une pioche en pleine poitrine. De la terrasse où je me trouvais, avec Kader, le jeune qui est à côté de moi, nous l’avons achevé d’une rafale. »

    « Ces femmes

    sauveront le pays »

    Les terroristes, selon Omar, étaient plus d’une centaine. Ils ont d’abord encerclé ce quartier, puis miné les accès menant à Bentalha. Un camion de militaires accouru au secours des villageois a sauté sur une mine avant de subir un feu nourri. « Il a fallu emmener des bulldozers pour qu’ils se frayent un passage et nous secourir parce que nous étions assiégés. Et puis les munitions commençaient à manquer », précise Omar. « Soyons sérieux, me dit-il, sans l’intervention de l’armée, je ne serais pas là pour discuter avec vous. »

    La vie a repris à Bentalha. Omar est chômeur. La mairie lui a fourni une aide financière. L’usine de plastique de Bentalha qui employait 200 personnes a été détruite. L’entreprise de fabrication des matelas Président a fermé ses portes après un sabotage : 150 chômeurs. La petite entreprise de serrurerie a été incendiée également : une centaine de chômeurs. Les femmes du RAFD (Rassemblement algérien des femmes démocrates) sont venues aider les rescapés. Accompagnées de psychologues, elles ont amené des médicaments, des couvertures, du matériel scolaire pour les enfants. Avant de nous quitter, Omar me dit : « Je ne les connaissais pas avant. Des femmes comme elles sauveront ce pays. »
    Ps: Je posterais encore d'autres temoignages

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    • #3
      Jango

      Sujet déjà abordé. on pourrait aussi parler du livre de l'un des rescapés Nor qui est accusé par les habitants de Benthala d'être complice des terroristes mais c'est aussi un sujet déjà abordé. D'ailleurs cette affaire a été débattue en conseil par Amnesty avec des survivants du massacre qui ont témoigné de ce qu'ils ont vécut pendant cette nuit terrible. C'est le rapport suite aux témoignages que tu devrais poster.
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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      • #4
        C'est le rapport suite aux témoignages que tu devrais poster.
        Tu l'aurais ???
        Mais sinon je confirme l'histoire que tu viens de dire sur le fait que l'auteur est complice des terroristes des que j'ai le temps je rechercherais l'article

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        • #5
          jango

          Si tu tapes dans recherche sur ce forum : Benthala, tu trouveras tout ce dont tu as besoin
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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