Hormis la tentative d’attaque avortée du GSPC version “Qaïda- Maghreb” à Yakouren, il serait vain de chercher dans la semaine écoulée des faits marquants.
L’on pourrait me rétorquer que la loi électorale amendée a été votée, ou que les chasseurs d’outardes algériennes des Emirats arabes étaient en visite les 17 et 18 juillet. Ou encore qu’un important mouvement dans le corps de la magistrature aura lieu avant le 23 juillet ( Soir d’Algérie du 19 juillet).
Peut-on véritablement qualifier ces faits d’événements marquants ?
Absolument pas, puisqu’il était dit, il était prévu, il était écrit que la loi serait votée dans le sens voulu par Abdelaziz Bouteflika, nonobstant les quelques remous par-ci, par-là ou les protestations des partis minoritaires à l’Assemblée. Quant aux Emiratis, leurs déplacements au nom de leurs “investissements”, de leurs “capitaux”, de leur “amitié” sont devenus banals tant ils se sont multipliés sous le règne de leur ami et frère islamiste comme eux, Abdelaziz Bouteflika. Ils vont, ils repartent, ils reviennent, et après ?
N’est-ce pas juste alors de dire que Yakouren demeure le seul fait marquant dont il faille se féliciter.
Se féliciter et redire cent fois, mille fois que l’attaque terroriste n’a pas été repoussée grâce au pardon et à la réconciliation bouteflikiens. Les terroristes-islamistes ont échoué grâce à la rapidité et à l’expérience, désormais avérée, dans le domaine antiterroriste des forces de sécurité. Celles-ci n’ont plus rien à prouver ou “jurer” que les GIA, l’AIS n’ont pas été des mythes, pas plus que le GSPC aujourd’hui, le “qui-tue-qui ?” Ô combien est-ce risible ! Ô combien est-ce désuet ! Ô combien est-ce rance !
Bien entendu, des citoyens dubitatifs, amers, venimeux même continueront à affirmer que “l’arrêt du processus électoral en 1992 a été le déclencheur du terrorisme- islamiste”, d’autres diront que le GSPC n’est pas tout à fait le GSPC… Les sites Internet sont inondés de ces fadaises et les uns comme les autres sont libres de penser ceci ou cela. Il sont libres, car lorsqu’on ne se retrouve pas face à cinquante terroristes qui auraient pu s’emparer de la brigade de gendarmerie, et au poste de la garde communale, à Yakouren n’était la contre-attaque de l’Armée — contre-attaque salutaire ! — on a le “droit” de faire de l’assassin un agneau et du protecteur un animal prédateur. Imaginons, l’espace d’une seconde, que les terroristes aient réussi…
Mieux vaut ne pas y penser, n’est-ce pas ? La bonne nouvelle est qu’ils aient échoué, mais il y en a une meilleure : parmi le groupe “d’Al-Qaïda-Maghreb” encerclé à Yakouren se trouve le fils d’un des commanditaires du terrorisme- islamiste : Ali Benhadj. Désormais, il ne faudra plus dire : “Bon sang ne saurait mentir”, mais plutôt : “Sang de tueur ne saurait mentir.” Tel père tel fils, n’est-ce pas, mesdames et messieurs, les réconciliateurs ?
Il en est où votre pardon, votre amnistie ? Au Palais du gouvernement, à Bab- Ezzouar le 11 avril ? à Lakhdaria le 11 juillet ? à Yakouren ? Cessez donc de dire que votre mariage contre-nature est une réussite ! Une union qui encourage les criminels et fait dire à leurs commanditaires qu’ils sont fiers d’avoir été assassins ! En votre âme et conscience !
Bonnes nouvelles du front donc à Yakouren, pourtant force est de constater qu’il faut aux Algériens que nous sommes une sacrée dose de courage au quotidien pour nous accommoder de la morosité ambiante. Qu’on en juge.
Il suffit à chacun de nous de lire la presse pour savoir que des hauts responsables de la police ainsi que le fils d’un de nos ambassadeurs en poste (et pas n’importe lequel !) seraient impliqués dans l’affaire dite “Achour Abderrahmane/BNA”. Que le pouvoir d’achat des Algériens s’érode de plus en plus. Ce qui ne constitue pas en soi une nouveauté. Nous ne le savons que trop ! Ou encore que “le foot est pourri par l’argent” (El Watan, 19 juillet). L’auteur de ce constat n’est pas n’importe qui. Il sait de quoi il parle et il le fait avec sagesse. M. Mohamed Maouche — puisque c’est de lui qu’il s’agit — a résumé en une phrase ce que d’autres pensent tout bas : “Aujourd’hui, le football chez nous est devenu sans âme. Gangrené par l’argent et investi par les trabendistes, il ne pourra relever la tête…” Dont acte. Continuons : l’ex-P-dg de la Générale des concessions agricoles a été placé sous mandat de dépôt… Un facteur écroué à Blida pour avoir brûlé du courrier… Des émeutes… Des mécontents… Il en faut du courage pour supporter les voleurs, les terroristesislamistes, les “trabendistes du foot”, les routes cabossées, les odeurs nauséabondes et la saleté répugnante de la capitale dite “de la culture arabe” ! Encore un attrape-nigaud que cette manifestation sauf qu’il engloutit des milliards.
Pour quoi ? pour qui ? Oui, il en faut du courage pour supporter tout cela et le reste : un président qui apparaît, qui disparaît, qu’on dit gravement malade, mais qui entend contre vents et marées réviser sa Constitution et, cette fois-ci, sans l’avis du peuple, selon ce que révèle la presse. La Constitution, bien évidemment, l’autorise à se passer de cet avis, mais c’est surtout le 17 mai 2007 et le fort taux d’abstention qui ont dû amener le chef de l’Etat à choisir cette option. Il sait, après l’échec de participation du 17 mai, qu’il ne pourra plus bourrer les urnes et déclarer un score fabriqué de 98 %. D’ailleurs, c’est mieux ainsi. Qui donc a été consulté pour cette révision ? Personne.
Pas plus les formations politiques que les citoyens. Abdelaziz Bouteflika veut plus de pouvoirs ? Il les a déjà et ce ne sont pas les députés et les sénateurs qui le contrediront s’il entend les renforcer. Alors révision constitutionnelle ou pas, en quoi sommes-nous concernés ? Reste à savoir si oui ou non il parviendra à imposer son successeur ? C’est-à-dire celui que lui choisira. Ceci est une autre histoire à laquelle, en tout état de cause, nous ne sommes pas associés puisque l’on considérera comme en 1962 que nous ne sommes pas concernés.
Oui, il faut une sacrée dose de courage, pourtant comment céder à la déprime, au désespoir, à l’amertume lorsque des hommes de la trempe de Mohamed Maouche ou de Mohamed Ras El Aïn ne perdent rien de leur énergie, de leurs convictions et pourquoi pas de leurs idéaux ?
Mohamed Ras El Aïn est — pour ceux qui l’auraient déjà oublié — ce magistrat révoqué, exprésident du syndicat de la magistrature pour avoir exprimé son opposition à la décision de la chambre administrative en 2003 rendue en audience nocturne, dans l’affaire “du 8e congrès du FLN”. (1) Mohamed Ras El Aïn est aujourd’hui avocat et à travers l’interview qu’il a accordée à El Watan, le 17 juillet 2004, l’on constate avec bonheur que s’il ne croit plus en l’indépendance de la justice, si tant est qu’il y ait cru un jour, il n’est pas abîmé, amer ou revanchard. Son constat est serein : “pas plus la justice que le Conseil de la magistrature ne sont indépendants.” Qui oserait le contredire ? La réforme de la justice ? “Vidé de son sens”, répond l’homme.
Discordante et salutaire, la voix de Me Raïs el Aïn vient battre en brèche les discours officiels de son ancienne hiérarchie sur la bonne santé de la justice ainsi que les excellents résultats au baccalauréat des détenus. Bientôt, on n’enverra plus les jeunes lycéens dans les établissements scolaires, mais dans les centres pénitentiaires puisqu’apparemment on en sort non pas candidat à la récidive, voire à la multi-récidive mais savant !
On pourra même rattacher l’éducation nationale à la justice ! Il y a longtemps que le citoyen algérien ne croit plus en Dame Justice, mais tant qu’existeront des hommes comme Mohamed Ras El Aïn, Mohamed Menasra, Ahmed Belil, des femmes comme Fatima Chenaïf, alors oui, il faut croire en l’Algérie car de patrie de rechange il n’en existe point. Tant qu’il y aura des hommes qui se battent sur le terrain contre l’islamisme terroriste et non pas dans des salons climatisés alors oui, il faut croire en l’Algérie. Tant que des hommes et des femmes défendront leurs idées et leurs convictions alors oui, il faut croire en l’Algérie. Il faut y croire car les dirigeants ne font que passer... Voilà pourquoi il faut s’armer de courage pour supporter tout ce que nous subissons au quotidien ! Courage ! voilà le maître-mot.
Leila Aslaoui
L’on pourrait me rétorquer que la loi électorale amendée a été votée, ou que les chasseurs d’outardes algériennes des Emirats arabes étaient en visite les 17 et 18 juillet. Ou encore qu’un important mouvement dans le corps de la magistrature aura lieu avant le 23 juillet ( Soir d’Algérie du 19 juillet).
Peut-on véritablement qualifier ces faits d’événements marquants ?
Absolument pas, puisqu’il était dit, il était prévu, il était écrit que la loi serait votée dans le sens voulu par Abdelaziz Bouteflika, nonobstant les quelques remous par-ci, par-là ou les protestations des partis minoritaires à l’Assemblée. Quant aux Emiratis, leurs déplacements au nom de leurs “investissements”, de leurs “capitaux”, de leur “amitié” sont devenus banals tant ils se sont multipliés sous le règne de leur ami et frère islamiste comme eux, Abdelaziz Bouteflika. Ils vont, ils repartent, ils reviennent, et après ?
N’est-ce pas juste alors de dire que Yakouren demeure le seul fait marquant dont il faille se féliciter.
Se féliciter et redire cent fois, mille fois que l’attaque terroriste n’a pas été repoussée grâce au pardon et à la réconciliation bouteflikiens. Les terroristes-islamistes ont échoué grâce à la rapidité et à l’expérience, désormais avérée, dans le domaine antiterroriste des forces de sécurité. Celles-ci n’ont plus rien à prouver ou “jurer” que les GIA, l’AIS n’ont pas été des mythes, pas plus que le GSPC aujourd’hui, le “qui-tue-qui ?” Ô combien est-ce risible ! Ô combien est-ce désuet ! Ô combien est-ce rance !
Bien entendu, des citoyens dubitatifs, amers, venimeux même continueront à affirmer que “l’arrêt du processus électoral en 1992 a été le déclencheur du terrorisme- islamiste”, d’autres diront que le GSPC n’est pas tout à fait le GSPC… Les sites Internet sont inondés de ces fadaises et les uns comme les autres sont libres de penser ceci ou cela. Il sont libres, car lorsqu’on ne se retrouve pas face à cinquante terroristes qui auraient pu s’emparer de la brigade de gendarmerie, et au poste de la garde communale, à Yakouren n’était la contre-attaque de l’Armée — contre-attaque salutaire ! — on a le “droit” de faire de l’assassin un agneau et du protecteur un animal prédateur. Imaginons, l’espace d’une seconde, que les terroristes aient réussi…
Mieux vaut ne pas y penser, n’est-ce pas ? La bonne nouvelle est qu’ils aient échoué, mais il y en a une meilleure : parmi le groupe “d’Al-Qaïda-Maghreb” encerclé à Yakouren se trouve le fils d’un des commanditaires du terrorisme- islamiste : Ali Benhadj. Désormais, il ne faudra plus dire : “Bon sang ne saurait mentir”, mais plutôt : “Sang de tueur ne saurait mentir.” Tel père tel fils, n’est-ce pas, mesdames et messieurs, les réconciliateurs ?
Il en est où votre pardon, votre amnistie ? Au Palais du gouvernement, à Bab- Ezzouar le 11 avril ? à Lakhdaria le 11 juillet ? à Yakouren ? Cessez donc de dire que votre mariage contre-nature est une réussite ! Une union qui encourage les criminels et fait dire à leurs commanditaires qu’ils sont fiers d’avoir été assassins ! En votre âme et conscience !
Bonnes nouvelles du front donc à Yakouren, pourtant force est de constater qu’il faut aux Algériens que nous sommes une sacrée dose de courage au quotidien pour nous accommoder de la morosité ambiante. Qu’on en juge.
Il suffit à chacun de nous de lire la presse pour savoir que des hauts responsables de la police ainsi que le fils d’un de nos ambassadeurs en poste (et pas n’importe lequel !) seraient impliqués dans l’affaire dite “Achour Abderrahmane/BNA”. Que le pouvoir d’achat des Algériens s’érode de plus en plus. Ce qui ne constitue pas en soi une nouveauté. Nous ne le savons que trop ! Ou encore que “le foot est pourri par l’argent” (El Watan, 19 juillet). L’auteur de ce constat n’est pas n’importe qui. Il sait de quoi il parle et il le fait avec sagesse. M. Mohamed Maouche — puisque c’est de lui qu’il s’agit — a résumé en une phrase ce que d’autres pensent tout bas : “Aujourd’hui, le football chez nous est devenu sans âme. Gangrené par l’argent et investi par les trabendistes, il ne pourra relever la tête…” Dont acte. Continuons : l’ex-P-dg de la Générale des concessions agricoles a été placé sous mandat de dépôt… Un facteur écroué à Blida pour avoir brûlé du courrier… Des émeutes… Des mécontents… Il en faut du courage pour supporter les voleurs, les terroristesislamistes, les “trabendistes du foot”, les routes cabossées, les odeurs nauséabondes et la saleté répugnante de la capitale dite “de la culture arabe” ! Encore un attrape-nigaud que cette manifestation sauf qu’il engloutit des milliards.
Pour quoi ? pour qui ? Oui, il en faut du courage pour supporter tout cela et le reste : un président qui apparaît, qui disparaît, qu’on dit gravement malade, mais qui entend contre vents et marées réviser sa Constitution et, cette fois-ci, sans l’avis du peuple, selon ce que révèle la presse. La Constitution, bien évidemment, l’autorise à se passer de cet avis, mais c’est surtout le 17 mai 2007 et le fort taux d’abstention qui ont dû amener le chef de l’Etat à choisir cette option. Il sait, après l’échec de participation du 17 mai, qu’il ne pourra plus bourrer les urnes et déclarer un score fabriqué de 98 %. D’ailleurs, c’est mieux ainsi. Qui donc a été consulté pour cette révision ? Personne.
Pas plus les formations politiques que les citoyens. Abdelaziz Bouteflika veut plus de pouvoirs ? Il les a déjà et ce ne sont pas les députés et les sénateurs qui le contrediront s’il entend les renforcer. Alors révision constitutionnelle ou pas, en quoi sommes-nous concernés ? Reste à savoir si oui ou non il parviendra à imposer son successeur ? C’est-à-dire celui que lui choisira. Ceci est une autre histoire à laquelle, en tout état de cause, nous ne sommes pas associés puisque l’on considérera comme en 1962 que nous ne sommes pas concernés.
Oui, il faut une sacrée dose de courage, pourtant comment céder à la déprime, au désespoir, à l’amertume lorsque des hommes de la trempe de Mohamed Maouche ou de Mohamed Ras El Aïn ne perdent rien de leur énergie, de leurs convictions et pourquoi pas de leurs idéaux ?
Mohamed Ras El Aïn est — pour ceux qui l’auraient déjà oublié — ce magistrat révoqué, exprésident du syndicat de la magistrature pour avoir exprimé son opposition à la décision de la chambre administrative en 2003 rendue en audience nocturne, dans l’affaire “du 8e congrès du FLN”. (1) Mohamed Ras El Aïn est aujourd’hui avocat et à travers l’interview qu’il a accordée à El Watan, le 17 juillet 2004, l’on constate avec bonheur que s’il ne croit plus en l’indépendance de la justice, si tant est qu’il y ait cru un jour, il n’est pas abîmé, amer ou revanchard. Son constat est serein : “pas plus la justice que le Conseil de la magistrature ne sont indépendants.” Qui oserait le contredire ? La réforme de la justice ? “Vidé de son sens”, répond l’homme.
Discordante et salutaire, la voix de Me Raïs el Aïn vient battre en brèche les discours officiels de son ancienne hiérarchie sur la bonne santé de la justice ainsi que les excellents résultats au baccalauréat des détenus. Bientôt, on n’enverra plus les jeunes lycéens dans les établissements scolaires, mais dans les centres pénitentiaires puisqu’apparemment on en sort non pas candidat à la récidive, voire à la multi-récidive mais savant !
On pourra même rattacher l’éducation nationale à la justice ! Il y a longtemps que le citoyen algérien ne croit plus en Dame Justice, mais tant qu’existeront des hommes comme Mohamed Ras El Aïn, Mohamed Menasra, Ahmed Belil, des femmes comme Fatima Chenaïf, alors oui, il faut croire en l’Algérie car de patrie de rechange il n’en existe point. Tant qu’il y aura des hommes qui se battent sur le terrain contre l’islamisme terroriste et non pas dans des salons climatisés alors oui, il faut croire en l’Algérie. Tant que des hommes et des femmes défendront leurs idées et leurs convictions alors oui, il faut croire en l’Algérie. Il faut y croire car les dirigeants ne font que passer... Voilà pourquoi il faut s’armer de courage pour supporter tout ce que nous subissons au quotidien ! Courage ! voilà le maître-mot.
Leila Aslaoui
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