L’avion avait atterrit a Houari Boumediene a 14h55 au lieu de 14h15. Cela ne faisait aucune différence pour moi, je n’étais ni pressé de partir, ni pressé d’arriver. J’étais souvent parti en Algérie pour les vacances d’été, je n’étais déjà pas excité d’y aller, mais la, c’était partir pour ne plus jamais revenir. En même temps que j’avais du mal à y croire, je m’attendais quelque part à un miracle. Un peu comme une plaisanterie de mauvais goût. Je venais de passer dix ans dans un pays avec un statut d’étudiant sans le savoir. Pourtant, je vivais avec mon père et j’étais devenu presque un petit Français. D’ailleurs, j’avais oublié le Kabyle et j’avais du mal à communiquer avec ma mère quand j’allais en vacances. Enfin, la France avait décidé que j’avais cassé le vase de Soisson et que je devais quitter « leur » pays. Il me semblait que ma vie venait de s’arrêter comme une horloge et que je ne savais quand elle allait recommencer. Je venais d’avoir 19 ans, et j’allais certainement célébrer mes vingt ans en Algérie.
Avant de partir, mon père m’avait décrit tous les « porteurs de bagages » a l’aéroport comme des hyènes, et que moi je serais une proie facile pour eux. Il avait oublié que j’avais grandi près de Barbes et que je passais mes week-ends à Nanterre. Sa solution était de ne pas le quitter pour une seconde pendant il transportait les valises. Il m’avait aussi averti que les douaniers volaient souvent des affaires pendant qu’ils cherchaient les valises. L’Algérie était soudain devenu un pays de voleurs, alors que quatre jours auparavant elle était le paradis sur terre.
J’attendais la sortie de mes bagages quand un porteur avec une blouse bleue et un seul œil vint vers moi. Il était mal rasé, et dans mon imagination d’adolescent, il ressemblait plus à un pirate qu’un porteur. Je m’attendais a tout moment qu’un perroquet vienne se poser sur son épaule. Je me disais que celui-la n’allait pas seulement voler mes bagages, mais il allait même me voler ce que je n’avais pas. Il poussait un chariot qui n’avait que deux roues au lieu de trois. C'est-à-dire qu’il le soulevait d’un coté pour pouvoir le pousser et tourner a gauche. Je venais de quitter Orly sud où les chariots avaient même des publicités dessus. La seule publicité pour celui-ci était « A quoi sert il de se faciliter la vie ? » Il s’approcha de moi en criant :
- « Aya bagage ! Aya bagage ! »
Avant que j’aille le temps de dire « Non merci ! » Il me répondit « Wa rahoum ? Wa rahoum ? » Avec un mélange de fatigue et de timidité, j’avais réussi a balbutier : « Ils sont là-bas » Il commença a charger les bagages l’un après l’autre et se retourna vers moi et me donna l’ordre de le suivre avec un accent Algérois : « Aya arouah ! Amchi ! » Et sur tout le chemin, il criait « balek khouya ! Balek khouya ! ». En arrivant devant les douaniers, il passa sans s’arrêter. Avec un : « Saha Kamilou. » Je m’étais retrouvé dehors et devant mon grand frère.
A ce moment précis, je voudrais m’arrêter pour souligner en gras que l’être humain est plein de préjudice sur « l’aspect physique » d’une personne comme une de nos topiques. Non seulement cet homme était bon et débrouillard, mais quand j’avais sorti 20 dinars pour lui donner, il me répondit : « Bezef khouya… » Et repartit avec un « Lah Issahel ! »
Je veux le remercier aujourd’hui et lui faire mes excuses.
A demain mes amis…je dois partir
Avant de partir, mon père m’avait décrit tous les « porteurs de bagages » a l’aéroport comme des hyènes, et que moi je serais une proie facile pour eux. Il avait oublié que j’avais grandi près de Barbes et que je passais mes week-ends à Nanterre. Sa solution était de ne pas le quitter pour une seconde pendant il transportait les valises. Il m’avait aussi averti que les douaniers volaient souvent des affaires pendant qu’ils cherchaient les valises. L’Algérie était soudain devenu un pays de voleurs, alors que quatre jours auparavant elle était le paradis sur terre.
J’attendais la sortie de mes bagages quand un porteur avec une blouse bleue et un seul œil vint vers moi. Il était mal rasé, et dans mon imagination d’adolescent, il ressemblait plus à un pirate qu’un porteur. Je m’attendais a tout moment qu’un perroquet vienne se poser sur son épaule. Je me disais que celui-la n’allait pas seulement voler mes bagages, mais il allait même me voler ce que je n’avais pas. Il poussait un chariot qui n’avait que deux roues au lieu de trois. C'est-à-dire qu’il le soulevait d’un coté pour pouvoir le pousser et tourner a gauche. Je venais de quitter Orly sud où les chariots avaient même des publicités dessus. La seule publicité pour celui-ci était « A quoi sert il de se faciliter la vie ? » Il s’approcha de moi en criant :
- « Aya bagage ! Aya bagage ! »
Avant que j’aille le temps de dire « Non merci ! » Il me répondit « Wa rahoum ? Wa rahoum ? » Avec un mélange de fatigue et de timidité, j’avais réussi a balbutier : « Ils sont là-bas » Il commença a charger les bagages l’un après l’autre et se retourna vers moi et me donna l’ordre de le suivre avec un accent Algérois : « Aya arouah ! Amchi ! » Et sur tout le chemin, il criait « balek khouya ! Balek khouya ! ». En arrivant devant les douaniers, il passa sans s’arrêter. Avec un : « Saha Kamilou. » Je m’étais retrouvé dehors et devant mon grand frère.
A ce moment précis, je voudrais m’arrêter pour souligner en gras que l’être humain est plein de préjudice sur « l’aspect physique » d’une personne comme une de nos topiques. Non seulement cet homme était bon et débrouillard, mais quand j’avais sorti 20 dinars pour lui donner, il me répondit : « Bezef khouya… » Et repartit avec un « Lah Issahel ! »
Je veux le remercier aujourd’hui et lui faire mes excuses.
A demain mes amis…je dois partir
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