Mon frère avait loué une 404 bâchée qui appartenait a un voisin pour m’attendre a l’aéroport. On avait seulement deux voitures dans tout le village et les deux étaient des 404, une bâchée et l’autre ne l’était pas. Quand j’avais vu mon frère, il avait ce grand sourire dont la moustache dissimulait la lèvre supérieure. Ses yeux souriaient au sac en plastique des produits hors taxe que je portais séparément. Pour tout le monde. Marlborough était symbolisé par un cow-boy, pour mon frère par mes venues. A peine que nous avions déposé les valises dans la bâchée, qu’il saisit la cartouche de cigarettes du sac. Il avait toujours l’habitude de sentir les cigarettes avant de les fumer.
Omar, notre voisin et le propriétaire de la 404 et mon frère avaient décidé de me caler au milieu sur le siège avant et à trois places. L’un conduisait et l’autre chiquait, ils avaient tous les deux la priorité pour l’accès a la fenêtre. Le problème avec les 404 bâchée, cela ne fait aucune différence que vous soyez à l’avant ou à l’arrière. Le bruit que fait la bâche sous le vent est transmis en différé à l’avant et en direct à l’arrière. Mon frère avait maladroitement poussé une cassette dans le poste radio de la voiture. La cassette mit un certain temps pour jouer. Omar saisit un tournevis et éjecta la cassette pour la retourner. Après quelques craquements, un son étouffé laissa place a un son de mandoline pénétrant et nostalgique. C’était Matoub Lounes et le titre : « A yidurar an Djerdjer » (les montagnes du Djurdjura). Le bruit de la bâche s’accentuait avec la vitesse sur une route déserte. Mon frère et mon voisin discutaient de tout et de rien, de toute manière, je n’écoutais pas. Mon esprit était resté à Nanterre, et avec la fille que je n’allais peut être jamais revoir. Même ses scènes de ménage me manquaient maintenant. Je rêvassais quand un coup d’épaule de mon frère me réveilla. Il avait toujours une manière brusque d’attirer votre attention. Avec un regard a la Charles Bronson, il me demanda pourquoi je ne disais rien. Je lui répondis que j’étais fatigué, et immédiatement Omar nous proposa de s’arrêter pour un café et me réveiller. Le problème était que je ne voulais pas me réveiller pour ne pas sentir ma douleur. Le bruit que faisaient les camions quand on les croisait ressemblaient à des soupirs et le bruit du clignotant quand on les doublait a des « Qu’est ce que tu crois ? Qu’est ce que tu crois ? » C’était a ce moment que je savais que la folie n’était pas très loin, peut être quelques mois, au plus tard une année. On venait de passer une plaque mal éclairée qui indiquait Tizi Ouzou avec le nombre de kilomètres, encore un indice qui me renvoya a Nanterre. Malika, ma copine, était de Tizi Ouzou. On s’arrêta a Palestro pour le café, le va et vient des camions avait généré une boue incroyable comme pour éloigner tous ceux qui portaient des mocassins propres. En posant mes pieds par terre, j’entendis mes chaussures me maudire. De la piste de danse de l’Etoile Foch a la boue d’un café a Palestro, elles ont du prendre un choc. En rentrant dans le café, j’entendis Dahmane El Harrachi « Zoudj Hmamat fi qser » et je savais que « Ya rayah wine trouh taaya wa atwali » n’était pas loin. Et qu’a ce moment précis, je verrais mon frère me regarder et hocher de la tête, comme si c’était lui qui avait composé la chanson spécialement pour moi. Mon frère posa son paquet de Marlborough sur le comptoir et nous demanda des cafés. Apres une dizaine d’allumettes, il alluma une cigarette et semblait la savourer comme un condamné a mort. Mon regard fit le tour du Café. Il se posa d’abord sur le garçon de café qui me regardait, sur une vieille enseigne de Selecto et il finit sur un « taxieur » Setifien qui demandait à ses passagers de se dépêcher de finir leurs consommations. Omar ne quittait pas la voiture des yeux avec un verre de Café à la main, mon frère écrasa sa cigarette d’une manière, comme si il reprochait à l’usine Marlborough de ne pas les faire plus longue. Je refermais mon blouson quand un cheveu attira mon attention. C’était un cheveu à Malika. De tout un être que j’aimais, il ne me resta qu’un cheveu. La cruauté du destin n’avait décidément aucune compassion. Je remis le cheveu du bout des doigts et en relevant le col de ma moumoute. La torture allait commencer et je ne savais pas combien elle allait durer…en plus de cela je n’avais rien a avouer.
Omar, notre voisin et le propriétaire de la 404 et mon frère avaient décidé de me caler au milieu sur le siège avant et à trois places. L’un conduisait et l’autre chiquait, ils avaient tous les deux la priorité pour l’accès a la fenêtre. Le problème avec les 404 bâchée, cela ne fait aucune différence que vous soyez à l’avant ou à l’arrière. Le bruit que fait la bâche sous le vent est transmis en différé à l’avant et en direct à l’arrière. Mon frère avait maladroitement poussé une cassette dans le poste radio de la voiture. La cassette mit un certain temps pour jouer. Omar saisit un tournevis et éjecta la cassette pour la retourner. Après quelques craquements, un son étouffé laissa place a un son de mandoline pénétrant et nostalgique. C’était Matoub Lounes et le titre : « A yidurar an Djerdjer » (les montagnes du Djurdjura). Le bruit de la bâche s’accentuait avec la vitesse sur une route déserte. Mon frère et mon voisin discutaient de tout et de rien, de toute manière, je n’écoutais pas. Mon esprit était resté à Nanterre, et avec la fille que je n’allais peut être jamais revoir. Même ses scènes de ménage me manquaient maintenant. Je rêvassais quand un coup d’épaule de mon frère me réveilla. Il avait toujours une manière brusque d’attirer votre attention. Avec un regard a la Charles Bronson, il me demanda pourquoi je ne disais rien. Je lui répondis que j’étais fatigué, et immédiatement Omar nous proposa de s’arrêter pour un café et me réveiller. Le problème était que je ne voulais pas me réveiller pour ne pas sentir ma douleur. Le bruit que faisaient les camions quand on les croisait ressemblaient à des soupirs et le bruit du clignotant quand on les doublait a des « Qu’est ce que tu crois ? Qu’est ce que tu crois ? » C’était a ce moment que je savais que la folie n’était pas très loin, peut être quelques mois, au plus tard une année. On venait de passer une plaque mal éclairée qui indiquait Tizi Ouzou avec le nombre de kilomètres, encore un indice qui me renvoya a Nanterre. Malika, ma copine, était de Tizi Ouzou. On s’arrêta a Palestro pour le café, le va et vient des camions avait généré une boue incroyable comme pour éloigner tous ceux qui portaient des mocassins propres. En posant mes pieds par terre, j’entendis mes chaussures me maudire. De la piste de danse de l’Etoile Foch a la boue d’un café a Palestro, elles ont du prendre un choc. En rentrant dans le café, j’entendis Dahmane El Harrachi « Zoudj Hmamat fi qser » et je savais que « Ya rayah wine trouh taaya wa atwali » n’était pas loin. Et qu’a ce moment précis, je verrais mon frère me regarder et hocher de la tête, comme si c’était lui qui avait composé la chanson spécialement pour moi. Mon frère posa son paquet de Marlborough sur le comptoir et nous demanda des cafés. Apres une dizaine d’allumettes, il alluma une cigarette et semblait la savourer comme un condamné a mort. Mon regard fit le tour du Café. Il se posa d’abord sur le garçon de café qui me regardait, sur une vieille enseigne de Selecto et il finit sur un « taxieur » Setifien qui demandait à ses passagers de se dépêcher de finir leurs consommations. Omar ne quittait pas la voiture des yeux avec un verre de Café à la main, mon frère écrasa sa cigarette d’une manière, comme si il reprochait à l’usine Marlborough de ne pas les faire plus longue. Je refermais mon blouson quand un cheveu attira mon attention. C’était un cheveu à Malika. De tout un être que j’aimais, il ne me resta qu’un cheveu. La cruauté du destin n’avait décidément aucune compassion. Je remis le cheveu du bout des doigts et en relevant le col de ma moumoute. La torture allait commencer et je ne savais pas combien elle allait durer…en plus de cela je n’avais rien a avouer.
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