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Les défis que doit relever Erdogan en Turquie

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  • Les défis que doit relever Erdogan en Turquie

    Au lendemain de la large victoire de l'AKP, il est aussi souvent question d'Adnan Menderes, le seul premier ministre avant Recep Tayyip Erdogan à avoir été réélu en améliorant le score de son mouvement, le Parti démocratique. Son souvenir douche les enthousiasmes.

    Grisé par son succès acquis en 1954, Menderes tenta de desserrer l'étau kémaliste en brimant ses opposants. Il fut renversé par un coup d'État en 1960 et finit l'année suivante au bout d'une corde sur l'île d'Imrali dans la mer de Marmara. Son successeur garde la tête froide. « C'est la première fois depuis 1954 qu'un parti augmente ses suffrages pour remporter un second mandat... mais notre porte est ouverte à tous », a déclaré dimanche soir le premier ministre devant ses supporteurs avec à ses côtés sa femme Ermine, voilée d'un turban blanc.

    Plus que jamais pondéré dans ses propos, Erdogan va devoir gérer sa victoire avec prudence. Il est attendu sur quatre dossiers clés.

    La présidence de la République.
    Le nouveau Parlement dispose d'un mois à partir de sa première réunion le 3 août pour élire un successeur au président Ahmed Necdet Sezer. S'il n'y parvient pas, la chambre sera dissoute et de nouvelles élections convoquées. Elles seront sans doute couplées avec le référendum du 21 octobre sur l'élection par le peuple du président de la République. Ce scénario du pire ne peut être totalement exclu. L'AKP dispose d'une confortable majorité mais les électeurs ne lui ont pas donné la majorité des deux tiers qui aurait permis au parti au pouvoir d'imposer la personnalité de son choix. Fort de son succès aux allures de plébiscite, il peut estimer qu'un électeur sur deux a soutenu sa démarche.

    En cas de tentative de passage en force, le pays risque de s'enfoncer dans une longue crise de régime, à l'issue incertaine, dans laquelle l'AKP pourrait perdre les dividendes du 22 juillet. L'hypothèse la plus probable est la recherche d'un consensus sur une candidature avec les partis représentés au Parlement et en filigrane avec les généraux de l'État major. « Le principal défi d'Erdogan va être de maîtriser sa victoire pour en tirer un profit maximal. Un art dans lequel il excelle », note un diplomate turc. Voici quelques jours, le premier ministre a indiqué que son parti va à nouveau se prononcer sur les candidatures. Abdullah Gül, le compagnon de route de toujours, marqué au fer rouge par les militaires car sa femme porte le voile, serait alors sacrifié par réalisme. Il pourrait être remplacé par une personnalité de l'AKP au profil moins polémique. L'armée serait obligée d'accepter sauf à aggraver son image d'institution antidémocratique. Un sage sans appartenance pourrait également être désigné en cas de litige.

    La laïcité. L'attitude de l'AKP vis-à-vis de la laïcité va être en grande partie dictée par le dénouement de la crise présidentielle. Car le président de la République est le gardien des règles et de l'esprit laïques. Il a un droit de veto sur les nominations aux hauts postes administratifs en particulier dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la justice, deux secteurs dominés par les élites kémalistes. Si un président de consensus est élu, le statu quo sur la laïcité devrait se prolonger. Erdogan a affirmé durant la campagne qu'il abandonnait l'idée d'imposer par une loi l'entrée libre des universités aux jeunes filles portant le voile. Il renonce ainsi à une réforme phare. Père de famille, Erdogan a deux filles qui mènent des études supérieures aux États-Unis pour pouvoir aller à la faculté en portant le foulard.

    La question kurde. Des représentants kurdes sont de retour au Parlement pour la première fois depuis 1991. « On a supprimé notre immunité voici quatorze ans pour nous exclure du Parlement et nous jeter en prison. Nous avons notre revanche », s'est félicité Ahmed Türk, le président du parti pour une société démocratique (DTP) élu avec 23 de ses camarades en présentant des candidatures indépendantes. La future présence du DTP à Ankara est saluée par les partisans d'un dialogue entre l'Etat et la minorité kurde. Il vaut mieux, selon eux, voir les Kurdes « faire de la politique dans la plaine » plutôt que de les savoir « dans la montagne ». Erdogan demande, sans succès, au DTP de condamner le PKK en tant que groupe terroriste. Le premier ministre a engagé de timides réformes qu'il a mis en veilleuse lorsque les accrochages ont repris en 2004 entre l'armée et les groupes insurgés. Il va devoir juguler la violence des séparatistes. Les militaires souhaitent intervenir contre les bases du PKK en Irak du Nord alors que l'AKP y est réticent. Des négociations vont se dérouler prochainement avec Bagdad. Si elles échouent, l'armée soutenue par les nationalistes sera en embuscade.

    Les réformes.
    Elles sont quasiment interrompues depuis deux ans. Les programmes de protection du statut des minorités religieuses dont les droits sont précaires et des biens souvent spoliés sont au point mort. Erdogan promet de relancer les chantiers mais l'Europe a été absente de sa campagne électorale.

    Par Le Figaro
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