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Algérie: Rente et corruption

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    La Tribune (Algiers)

    ÉDITORIAL
    25 Juillet 2007
    Publié sur le web le 25 Juillet 2007

    Azzedine Chabane

    A en juger par le flux actuel de l'information et le rôle grandissant des technologies nouvelles dont le pays acquiert, bon an mal an, la maîtrise, l'Algérie est en train de se forger une expérience quant au fonctionnement du système de concurrence et de prédation mondiale qui est un effet concomitant de la globalisation.

    Or, cette expérience renvoie à la problématique interne de la prédation kleptocrate dont les récentes affaires instruites par une justice elle-même en phase de réforme ont de quoi faire frémir l'observateur le plus blasé, compte tenu des sommes énormes en devises détournées dans un contexte de responsabilité on ne peut plus fluctuant.

    Maladie infantile de la corruption, la prédation est devenue un sport national qui donne aux adeptes le sentiment vertigineux de la réussite à bon compte, assortie d'une admirable et réconfortante impunité. Qui ne connaît pas, en effet, l'histoire du paysan lourdement condamné pour le vol d'une botte de foin alors que son compagnon de cellule, dirigeant vénal d'une banque étatique, bénéficiait d'une clémence appropriée ? Au pauvre bougre qui s'étonnait de la disproportion des crimes et des peines afférentes, le banquier répondit que les hommes, c'est bien connu, ne mangent pas de foin.

    L'annonce, cette semaine, d'une accumulation de près de 3 600 milliards de dinars par les banques devrait avoir mis l'eau à la bouche à de nombreux prédateurs qui n'ont pas désarmé, loin s'en faut, après avoir suivi les péripéties du premier procès Khalifa dont la morale serait qu'il vaut mieux comparaître en témoin qui a pris beaucoup qu'en prévenu qui a reçu un peu !

    Dans une économie de rente alimentée à plus de 99% par les hydrocarbures, le chiffre des exportations de produits industriels, insignifiant, n'atteint même pas 1% du volume des exportations globales. En clair, cela signifie que les incantations demeurent qui ne changent rien à la gestion habituelle du pays et des hommes. Face à un système éducatif déjanté, celui de la formation professionnelle a fini comme une peau de chagrin. De plus, au lieu des capitaines d'industrie que la réforme était censée apporter, voici l'avènement de bourgeois compradores appâtés par la privatisation à peu de frais du parc industriel national.

    Cette situation d'ensemble crée les conditions favorables à la généralisation de la corruption que l'administration, notamment fiscale, tributaire de lourdeurs bureaucratiques et de réflexes tentaculaires, ne peut combattre, quelle que puisse être sa bonne volonté. Car c'est la corruption qui, en définitive, contribue le mieux à la distribution des richesses, balayant toute prétention à l'équité et engendrant une dépréciation alarmante de l'effort des entreprises et des collectivités.

    En somme, tant que les conditions objectives ne seront pas réunies pour que le pays dispose d'une justice transparente, d'une formation moderne et en adéquation avec le marché de l'emploi ainsi que d'une économie entreprenante et réellement productive, il sera difficile de réfréner l'élan de prédateurs qui croient, non sans raison, qu'ils ont encore de beaux jours devant eux. D'où l'importance et l'urgence des réformes dont le succès ou l'échec pèseront lourd sur le destin de la nation.

  • #2
    Or, cette expérience renvoie à la problématique interne de la prédation kleptocrate dont les récentes affaires instruites par une justice elle-même
    Et quand le mot n'existe pas eh ben facile!!! ils l'inventent!!!
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

    Commentaire


    • #3
      Très bonne analyse. Les 2 plus grands maux de l’Algérie : la rente et la prédation.
      Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

      Commentaire

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