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Affaire Al Watan

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    La publication par l’hebdomadaire Al Watan Al Ane d’un dossier divulguant des documents classés «Secrets» en rapport avec le contexte d’alerte rouge anti-terroriste décrétée dans le Royaume, continue de susciter des réactions controversées avec une genèse des développements d’une affaire aux circonstances aggravantes. En effet, Fouad Ali Al-Himma a évoqué des «documents volés» dont une autre série a été retrouvée lors des perquisitions effectuées. «Il s’agit d’une affaire très grave qui met en cause la sécurité au plus haut niveau dans le Royaume. Elle met en danger la sécurité intérieure et extérieure du Maroc et celle d’autres pays», a expliqué le ministre délégué à l’Intérieur. Pour sa part, le ministre de la Communication Nabil Benabdellah a annoncé l’arrestation d’un Officier accusé dans l’affaire et le relâchement d’autres après leur interrogatoire. Ariri et Hormatollah seraient toujours en garde à vue prolongée pendant que l’enquête suit son cours. «Il n’y a plus de black-out dans nos rapports avec les médias et vous saurez tout après l’enquête judiciaire», a tenu à rassurer Al-Himma aux yeux duquel le vol de rapports secrets dans un contexte d’alerte maximum est considéré comme une atteinte grave à la sécurité du Royaume. Même si le devoir de solidarité nous dicte d’espérer un dénouement heureux pour nos confrères journalistes d’Al Watan Al Ane, l’intérêt supérieur et, surtout, la sécurité nationale de notre pays doivent être placés au-dessus de toute autre considération. Mais persuadés des valeurs affirmées de patriotisme et de fidélité à la Monarchie du Directeur d’Al Watan Al Ane, que nous connaissons très bien à La Gazette du Maroc, nous considérons qu’Abderrahim Ariri a commis, dans la précipitation, une erreur de jeunesse. C’est pourquoi nous appelons à la clémence en cette veille de Fête du Trône tout en précisant que nous aurions été les premiers, si le doute existait sur l’amour de son pays et de son Roi, à ne jamais demander de clémence. Clémence pour le patriote Ariri, notre espoir en la mansuétude des hautes Autorités de l’Etat nous en dicte l’intime conviction.

    La gazette du Maroc


    Inquietant tout ça!

  • #2
    Interview. Abderrahim Ariri : “Tout éditeur aurait fait la même chose”

    Article du magazine Telquel
    L’homme n’a rien perdu de sa verve. À peine relaxé par le Parquet, Abderrahim Ariri a rejoint son bureau, dans les locaux d’Al Watan. Entre un bouclage difficile et des réunions-marathon avec son comité de soutien et ses avocats, il a accepté de répondre à nos questions. Récit exhaustif de huit jours de détention.


    Après huit jours de garde-à-vue, le Parquet a décidé de vous poursuivre en état de liberté provisoire pour “recel de documents secrets”. Pourquoi a-t-il décidé d’incarcérer le journaliste Mustapha Hormatallah,

    alors que vous êtes tous les deux poursuivis dans le cadre de la même affaire ?
    Nous n’avons pas d’explications à cela. De bout en bout, cette affaire nous a déroutés. Dernier exemple en date : alors que nous étions devant le bureau du procureur du roi à Casablanca, le bâtonnier Abderrahim Jamaï a reçu un appel qui disait que la MAP (ndlr : l’agence Maghreb arabe presse) avait diffusé une dépêche faisant état de ma relaxe et de l’incarcération de Hormatallah. Malgré ses demandes d’explication, Maître Jamaï n’a pu obtenir que cette réponse laconique de la part du procureur : “Je ne suis au courant de rien. Et comme vous avez pu le constater, je n’ai pas quitté cette salle de la matinée”. Pire, même après la diffusion de ladite dépêche, le procureur a insisté pour que les discussions et les interventions des avocats se poursuivent. Finalement, et après délibérations, il est revenu nous débiter, presque à la lettre, le texte diffusé plus tôt par la MAP. Nous ne disposons donc que d’hypothèses pour expliquer l’incarcération de Hormatallah. Peut-être le considère-t-on comme premier responsable concernant la détention de documents secrets. Je suis responsable de les avoir publiés, mais n’importe quel éditeur aurait fait la même chose.

    Aujourd’hui, le Parquet vous poursuit pour “recel de documents” et non pour “publication de documents” touchant à la défense nationale. C’est une astuce pour clore le dossier ?
    Au départ, nous étions accusés d’atteinte à la sécurité de l’Etat et toutes les questions des enquêteurs allaient dans ce sens. C’est une accusation grave, qui peut mener à la peine capitale selon la loi marocaine. Mais grâce à la mobilisation de toutes les forces vives de cette nation, l’Etat a été obligé de trouver une sortie honorable dans cette affaire. Je ne sais pas qui est le génie qui a conseillé l’usage de l’article 571 du Code pénal, comme si nous étions de vulgaires voleurs de bétail. Jusque dans le chef d’inculpation, ils n’ont pas respecté notre dignité.

    Et maintenant, que comptez-vous faire ?
    Entamer la deuxième partie du combat, pour obtenir la relaxe de Mustapha Hormatallah. Quant à moi, je poursuis mon travail, et je ne regrette rien. Et si demain j’arrive à obtenir de nouveaux documents de la BNPJ, de la DGSN ou de l’OCP, je les publierai. Ma responsabilité de journaliste et d’éditeur s’arrête à la vérification de l’authenticité de ces documents. J’ai dit aux enquêteurs qu’au lieu de me poursuivre en justice, l’Etat aurait dû m’offrir quelques séances de massage thaï. Notre journal a quand même modestement contribué à mettre à nu toute la fragilité de notre système sécuritaire. Il y a des fuites à tous les niveaux : les FAR, la Marine royale, la Gendarmerie, la Sécurité royale, etc.

    Quelle est la nature de ces “documents secrets” retrouvés chez vous ou chez Mustapha Hormatallah ?
    Ce sont des documents qui ont une grande valeur journalistique. Certains ont même déjà été publiés dans Al Bidaoui ou Al Watan Al An. D’autres attendent leur tour et portent la signature personnelle de Mohammed VI. L’un des enquêteurs m’a dit que peu de hauts responsables peuvent se targuer de disposer d’autant de documents. Pour un journaliste, c’est un motif de fierté. Al Watan Al An est devenu une sorte de tableau syndical des différentes casernes du royaume.

    En tout, huit militaires ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire. Les connaissez-vous tous et avez-vous donné leurs noms ?
    Je connais certaines parmi les personnes arrêtées, mais je n’ai donné aucun nom. Les enquêteurs ont fouillé dans mes archives et ont retrouvé des notes parfois vieilles de quelques années. J’y retranscris les détails de toutes mes rencontres journalistiques, mais jamais je n’aurai cru qu’elles allaient servir à cela.

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    • #3
      suite

      suite de l'article
      Où avez-vous passé les huit jours de garde-à-vue et qu’est- ce qui a motivé une durée de détention (et d’interrogatoire) aussi longue ?
      J’ai passé les huit jours au siège de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) au quartier Maârif à Casablanca. Je ne suis sorti que deux fois. La première à l’occasion de la fouille de mon bureau, la seconde pour la fouille de ma voiture. Pendant les trois premiers jours, les interrogatoires portaient essentiellement sur notre dossier publié le 17 juillet 2007. Les questions des quatre derniers jours concernaient, quant à elles, la ligne éditoriale du journal. Relations avec les ambassades de pays étrangers, financement, relations avec Moulay Hicham… toutes les questions tournaient autour de ce genre de thématiques.

      Et avec le recul, avez-vous trouvé une explication à la manière dont vous avez été arrêté chez vous, le mardi 17 juillet à sept heures du matin ?
      Non. Ce jour-là, à 7 h 15 précisément, un commando d’une quinzaine de personnes a investi mon domicile. Pour l’anecdote, je venais de finaliser un dossier sur le nouveau règlement des casernes militaires. Ils frappaient bruyamment à la porte et sont rentrés, dès que j’ai ouvert, en criant : “Silence, c’est la police !”. Ils ont commencé à confisquer les DVD de mes enfants, leur ordinateur et tous les documents qu’ils ont trouvés dans l’appartement. Heureusement, mes enfants étaient partis en vacances. Sinon, le choc aurait été terrible pour eux. Ils m’ont demandé de les suivre, je n’avais pas le choix. En bas de l’immeuble, j’ai demandé à mon concierge de dire à ma femme que la police m’avait arrêté. À ce moment, un homme a menacé le concierge “des pires châtiments s’il ouvrait sa gueule”. Cela m’a intrigué. La police ne se cache normalement pas pour arrêter un journaliste. Dehors, on a voulu m’embarquer dans une voiture banalisée. J’ai alors décidé de fuir le commando venu m’arrêter pour me réfugier dans un commissariat à quelques mètres de mon immeuble. Et là, un policier de permanence est sorti et m’a lancé, sur un ton on ne peut plus vulgaire : “Ce sont des flics espèce de… Ils vont t’emmener là où on s’occupera très bien de toi”. À ce moment, j’ai su que ce sont les services de renseignement qui ont procédé à mon arrestation. Et c’est seulement une fois au siège de la BNPJ que je me suis senti rassuré.

      Qui vous interrogeait tout au long de cette semaine de garde-à-vue, et avec quelle fréquence ?
      Les enquêteurs étaient pressés par le temps. J’ai donc eu droit à un tsunami d’interrogatoires. Les trois premiers jours, les séances d’interrogatoire commençaient à 9 h et se prolongeaient jusqu’à 3 h du matin suivant. Je dormais dans la même salle où avaient lieu les interrogatoires. Des personnes en tenue civile assistaient également aux interrogatoires. J’ai su plus tard qu’elles représentaient les différents corps d’armées concernés par les dossiers réalisés par Al Watan Al An. En tout, près de 150 enquêteurs ont été mobilisés pour suivre ce dossier. La crème de la crème. Même le patron de la BNPJ et de la police judiciaire m’ont interrogé.

      Que cherchaient-ils à savoir exactement ?
      J’étais enfin tombé entre leurs mains. L’occasion était trop belle. Notre journal les dérangeait depuis quelques années déjà. Les quatre derniers jours, j’ai même eu droit à des interrogatoires thématiques. Les équipes se relayaient et les questions sur les FAR étaient suivies par d’autres concernant la Marine, la Gendarmerie ou la police. On me demandait si j’étais en relation avec un Etat étranger qui voulait nuire aux intérêts du Maroc, si je recevais mes instructions de la part d’une organisation internationale, etc. Je me suis rendu compte que nos enquêteurs n’avaient que de vagues notions concernant la pratique journalistique. Ils croient que nous n’écrivons que sur commande d’un ambassadeur ou d’un militaire. C’est comme s’ils méprisaient la capacité intellectuelle du journaliste marocain.

      Vous a-t-on menacé au cours de l’interrogatoire ?
      En tout cas, leur message était très clair : il ne faut pas s’attaquer aux institutions militaires qui protègent le pays. C’est quelque part le plafond de liberté qu’ils veulent nous fixer. On me l’a dit explicitement d’ailleurs : “Vous en faites trop, M. Ariri. Pourquoi faites-vous une fixation sur les services de sécurité ? On a l’impression que, de bonne ou de mauvaise foi, vous voulez détruire ces institutions pour le compte des ennemis du pays”.

      Selon vous, cette affaire risque-t-elle de changer quelque chose dans la relation du journaliste et du responsable sécuritaire ?
      Je crois qu’il y a des leçons à tirer pour tout le monde. Pour nous, en tant que journal indépendant. Et pour l’Etat, qui découvre que ses services ne sont pas aussi verrouillés qu’il le croit. Si avec nos moyens très limités, nous sommes arrivés à nous procurer des documents secrets, que peut faire une puissante organisation qui veut nuire au pays. J’espère que l’Etat a bien retenu la leçon et qu’il s’occupera de colmater ses brèches, au lieu de nous poursuivre en justice.

      Des informations faisaient état de l’arrestation de vos familles et de leur détention pendant de longues heures. Info ou intox ?
      C’est vrai, mais nos familles ne souhaitent pas être mêlées à cette affaire. Ce qui m’a profondément choqué et attristé, c’est qu’un jour, les policiers ont ramené l’épouse de Mustapha Hormatallah, ainsi que son bébé de neuf mois. Initialement prévu pour quelques heures, l’interrogatoire de Mme Hormatallah a finalement duré 24 heures. Pendant plus de quatre heures, j’entendais un bébé crier et pleurer de manière ininterrompue. Ce n’est qu’après que j’ai su qu’il s’agissait du fils de Mustapha.
      Dernière modification par orion, 30 juillet 2007, 11h08.

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      • #4
        Journalistes à la barre. Encore une fois !

        Jeudi 26 juillet, au Tribunal de première instance de Casablanca. La première audience du procès de Abderrahim Ariri et Mustapha Hormatallah démarre à 13 h. Comme prévu, une foule d’avocats, de journalistes et de militants associatifs occupe le hall du tribunal. Parmi les caméras présentes, celles de la TVM et de 2M, qui se sont contentées jusque-là de diffuser les communiqués, souvent incendiaires, du procureur du roi à Casablanca. Mustapha Hormatallah apparaît, quant à lui, peu avant l’entrée des juges. Il a plutôt bonne mine. Rasé de près, habillé élégamment, il répond aux salutations des membres de sa famille venus en nombre. La salle se remplit petit à petit. Les robes noires sont également venues en nombre. Plus d’une trentaine d’avocats, représentant plus de six barreaux, soutiennent les deux journalistes. Mustapha Ramid y côtoie Abderrahim Jamaï, Khalid Sefiani ou Tarik Sbaï. Dans l’assistance, on reconnaît également des militants de partis d’extrême gauche, d’Al Adl Wal Ihsane ou du PJD. Les plaidoiries ont toutes versé dans le même sens : obtenir la relaxe de Mustapha Hormatallah. “Le procureur général a commis de graves fautes professionnelles en acceptant de prolonger la garde-à-vue d’Ariri et de Hormatallah. Il a également péché lorsqu’il n’a pas relevé que la première garde-à-vue a duré 72 heures, au lieu des 48 heures réglementaires. Rien que pour cela, nous pouvons aller jusqu’à l’attaquer en justice”, a notamment déclaré le bâtonnier Abderrahim Jamaï. Plusieurs avocats se sont ensuite relayés pour démontrer le caractère arbitraire et abusif de la détention de Hormatallah. “Le procureur a estimé que M. Hormatallah ne présentait pas suffisamment de garanties pour bénéficier de la liberté provisoire. Ce n’est quand même pas un criminel. C’est un journaliste connu sur la place et qui, comme son collègue Abderrahim Ariri, aura le courage et l’audace de se présenter devant le tribunal pour défendre ses droits”, a ajouté un avocat. La séance durera finalement deux heures et demie. Après une séance de délibérations, le juge décide le report de la séance au 31 juillet. Mustapha Hormatallah a, quant à lui, dû patienter jusqu’en début de soirée pour entendre son verdict : le juge refuse de lui accorder la liberté provisoire. Il reste donc en détention jusqu’à la prochaine séance.
        source : http://telquel-online.com/284/maroc2_284.shtml

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