Tripoli, le 25 juillet 2007, Nicolas Sarkozy, signe avec le «guide» libyen plusieurs accords et accepte de livrer à la Libye un réacteur nucléaire pour produire de l’eau douce. Dans la foulée, le président français a signalé qu’´´un deuxième projet´´ était actuellement en cours, ´´la recherche avec les Libyens pour savoir s’il y a des ressources en uranium en Libye´´. ´´On en a trouvé au Niger. Le contexte géologique est le même. Areva a besoin d’uranium´´, a-t-il ajouté, estimant les stocks d’uranium libyens actuels à plus de 1600 tonnes. Considérer que le monde arabe ´´n’est pas assez raisonnable pour utiliser le nucléaire civil´´ risque d’entraîner à terme ´´une guerre des civilisations´´. Enfin, Nicolas Sarkozy pense que «le nucléaire c’est l’énergie du futur». Si on ne donne pas l’énergie du futur aux pays du sud de la Méditerranée, comment ils vont se développer? Et s’ils ne se développent pas, comment on va lutter contre le terrorisme et le fanatisme? En clair, le nucléaire «soft» est donné par les gens du Nord.
Pour comprendre comment on en est arrivé à cet accord entre la France et la Libye, accord qui, il faut le savoir, n’a pas jailli du néant, projetons-nous en arrière. Tout a commencé il y a quelques années après la «reddition sans condition» du colonel Moua’mar El Gueddafi, qui non seulement reconnaît son rôle dans les attentats de Lokerbie et de l’UTA, dédommage les 400 plaignants à 10 millions de dollars pièce -ce qui ne s’est jamais vu- puis déclare renoncer au nucléaire et au soutien du terrorisme.
Rattraper le temps perdu
Impressionné par le renversement de Saddam Hussein en avril 2003, écrit Gilles Paris, le colonel El Gueddafi annonce en décembre de la même année qu’il renonce à ses projets d’armement interdits, notamment dans le nucléaire. Les sanctions tombent définitivement, et les Britanniques, mis dans la confidence, font leur retour en Libye en mars 2004. C’est l’époque où la Libye rentre effectivement ´´dans le concert des nations´´. M.El Gueddafi est reçu en avril à Bruxelles. Jacques Chirac arrive en Libye, en novembre 2004, à la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires. Après Gerhard Schröder, José Maria Aznar, Silvio Berlusconi, Tony Blair et le secrétaire d’Etat adjoint américain, Bill Burns. La France, dépendante de grands contrats, avait accumulé les retards, mais elle conservait un atout: une coopération nucléaire historique qui aurait pu déboucher sur la construction d’une centrale dès les années 1970 et qui a été relancée discrètement en 2006 par le CEA. M.El Gueddafi avait exprimé en mars sa déception devant le peu d’empressement des Etats-Unis à lui permettre d’accéder à cette technologie de prestige. Avec M.Sarkozy, et parce qu’ils excellent en la matière, les Français devraient en partie rattraper le temps perdu. La situation intérieure d’un pays qui n’est pas à proprement parler un modèle de démocratie, n’est pas d’actualité. Nicolas Sarkozy a déjà montré cet aspect de son “pragmatisme” en Tunisie, au début du mois de juillet, glissant ses pas dans ceux de Jacques Chirac. La visite en Libye relève donc d’une politique d’opportunités plus que de principes. «Dans cette diplomatie très classique du contrat, le client est roi.»(1)
Paris va «donner une suite favorable à la demande de Tripoli» concernant un accord de «coopération dans le domaine des applications pacifiques de l’énergie nucléaire (...) dont le contenu reste à définir», a déclaré à l’époque, le porte-parole du Quai d’Orsay, Jean-Baptiste Mattei. Cette politique de réconciliation a amené les Européens à lever leurs sanctions commerciales et leur embargo sur les armes, en octobre dernier. Une levée suivie des visites de Tony Blair, Jacques Chirac ou Silvio Berlusconi, tous trois intéressés par les trésors d’hydrocarbures du sous-sol libyen.(2)
C’est donc, l’invasion anglo-américaine de l’Irak, accusé de posséder des ADM, qui avait poussé la Libye à entamer ces négociations pour échapper à la menace pesant sur elle et mettre un terme à son isolement. L’accord conclu en août 2003 sur les compensations à verser par la Libye aux familles des 270 victimes de l’attentat de Lockerbie (Ecosse), avait ouvert la voie à la levée des sanctions. Les Etats-Unis ont dans l’ensemble, épargné le kaid de la révolution libyenne, exception faite du bombardement du palais présidentiel que El Gueddafi ne perd pas l’occasion de présenter à ses illustres invités. Souvenons-nous: nous sommes en 2003, l’Irak était envahi pour le motif d’armes de destruction massive, Saddam fut arrêté et présenté sciemment dans une apparence loin de l’apparence qu’on lui connaissait La prise de Baghdad puis la mort de Saddam a fait comprendre au potentat de Tripoli que s’il veut garder à la fois le pouvoir avec ses presque 38 ans de partage - dépassé que par Castro - et la vie, il faut qu’il compose avec les Etats-Unis, non pas à la façon cubaine qui souffre toujours de l’embargo imposé par Kennedy suite à l’échec de l’attaque de la baie des Cochons, mais par une reddition sans gloire qui a débuté en fait depuis longtemps à telle enseigne qu’on a l’impression qu’il joue constamment le jeu de l’Occident.
Rapidement, les Américains et les Anglais se chargèrent de dénucléariser la Libye. Plus de 500 tonnes ont été transférées aux Etats-Unis à Oak Ridge, naturellement sans l’accord de l’Aiea Le processus de destruction d’environ 3000 bombes chimiques et ogives libyennes devait s’achever début mars 2004. Dans l’ensemble, les révélations libyennes ont fourni aux inspecteurs des Nations unies un aperçu précieux du mécanisme de prolifération des armes.(3) On s’aperçut alors que la Libye avait des centrifugeuses qu’elle trafiquait pour avoir les technologies sensibles grâce notamment à l’apport de Abdel Quadeer Khan, le père de la bombe pakistanaise, et à des sociétés occidentales qui contournèrent l’embargo. Depuis, El Gueddafi n’a cessé de demander des compensations sans trop y croire, ne mettant pas tous ses oeufs dans le même panier, il demanda à la France de Jacques Chirac une aide pour la mise en place de réacteur pour le dessalement de l’eau de mer.
Dans l’affaire des enfants libyens, la France semble faire cavalier seul. Pourtant le 23 juillet était signé le Mémorandum avec la Lybie sur les relations euro-libyennes en présence de Benita Ferrero-Waldner, Commissaire aux affaires extérieures et à la politique de voisinage, et Abdelati al Obeidi, secrétaire aux affaires européennes. Ce mémorandum parle du traitement des enfants en Europe. De l’aide à l’archéologie et à son financement, notamment dans la restauration, de la formation des étudiants libyens, de l’exportation des produits agricoles et de la pêche, l’aide pour la surveillance des frontières, délivrance de visa de classe A en contrepartie de la suppression des visas pour les pays membres de l’Union européenne. On dit qu’elle a un déficit en eau malgré la fameuse mer intérieure qui n’aurait pas tenu ses promesses et elle compte sur le nucléaire dont elle ne maîtrise ni la technologie ni la possession de l’uranium pour avoir de l’eau douce autrement que par les centrales classiques de dessalement de l’eau de mer fonctionnant au gaz naturel.
Pour en revenir à l’accord, il a fait grincer des dents outre-Rhin. Siemens qui dispose de 35% du capital d’Areva n’a pas été consulté. D’après le ministre allemand des Affaires européennes, le nationalisme français est déplacé et l’Allemagne aurait du être consulté pour le réacteur. L’indignation persistait en Allemagne. L’accord est ´´une pilule amère pour l’UE´´, a réagi le président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag, le conservateur Ruprecht Polenz (CDU/CSU), dans le journal berlinois Tagesspiegel am Sonntag. Selon lui, ce mémorandum affaiblit la capacité d’action de l’UE en politique étrangère. De plus, le numéro un libyen, Mouamar El Gueddafi, qui règne en ´´dictateur doté de pouvoirs illimités´´, ´´reste un facteur d’insécurité pour tous ceux qui ont à faire avec son pays´´, souligne-t-il. ´´On ne peut pas montrer plus notoirement que l’on se fiche de la morale´´, a lancé de son côté le secrétaire d’Etat parlementaire au ministère de l’Environnement, le social-démocrate Michael Müller dans le Frankfurter Rundschau de samedi 28 juillet. Le ministre délégué aux Affaires étrangères allemand, Gernot Erler, a mis en garde contre le risque de prolifération, dans un entretien au quotidien Handelsblatt, du vendredi 27 juillet. ´´Politiquement, cette affaire est problématique´´. Il a aussi reproché au gouvernement français d’agir contre les intérêts allemands, dans la mesure où ´´l’Allemagne avait déjà fait des propositions´´ à la Libye pour y développer le secteur des énergies renouvelables, des propositions ´´auxquelles elle n’a pas réagi´´.
Pour leur part et pour d’autres raisons, les militants antinucléaires jugent que l’objectif de désalinisation de l’eau de mer ´´n’est qu’un subterfuge´´ et un ´´faux prétexte´´, selon eux, pour cela, ´´il est bien plus efficace, bien moins cher et bien plus écologique d’utiliser l’énergie solaire, pour laquelle la Libye a des atouts exceptionnels. (...) M.El Gueddafi n’a que faire de désaliniser l’eau, son objectif est d’obtenir des technologies nucléaires, dans le but d’accéder tôt ou tard à l’arme atomique, dénonce le réseau. Nucléaires civil et militaire sont indissociables. (...) Ce n’est pas pour rien si les grandes puissances ne croient pas l’Iran, qui, pourtant, annonce avoir un programme nucléaire purement civil.´´ (4)
Pour comprendre comment on en est arrivé à cet accord entre la France et la Libye, accord qui, il faut le savoir, n’a pas jailli du néant, projetons-nous en arrière. Tout a commencé il y a quelques années après la «reddition sans condition» du colonel Moua’mar El Gueddafi, qui non seulement reconnaît son rôle dans les attentats de Lokerbie et de l’UTA, dédommage les 400 plaignants à 10 millions de dollars pièce -ce qui ne s’est jamais vu- puis déclare renoncer au nucléaire et au soutien du terrorisme.
Rattraper le temps perdu
Impressionné par le renversement de Saddam Hussein en avril 2003, écrit Gilles Paris, le colonel El Gueddafi annonce en décembre de la même année qu’il renonce à ses projets d’armement interdits, notamment dans le nucléaire. Les sanctions tombent définitivement, et les Britanniques, mis dans la confidence, font leur retour en Libye en mars 2004. C’est l’époque où la Libye rentre effectivement ´´dans le concert des nations´´. M.El Gueddafi est reçu en avril à Bruxelles. Jacques Chirac arrive en Libye, en novembre 2004, à la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires. Après Gerhard Schröder, José Maria Aznar, Silvio Berlusconi, Tony Blair et le secrétaire d’Etat adjoint américain, Bill Burns. La France, dépendante de grands contrats, avait accumulé les retards, mais elle conservait un atout: une coopération nucléaire historique qui aurait pu déboucher sur la construction d’une centrale dès les années 1970 et qui a été relancée discrètement en 2006 par le CEA. M.El Gueddafi avait exprimé en mars sa déception devant le peu d’empressement des Etats-Unis à lui permettre d’accéder à cette technologie de prestige. Avec M.Sarkozy, et parce qu’ils excellent en la matière, les Français devraient en partie rattraper le temps perdu. La situation intérieure d’un pays qui n’est pas à proprement parler un modèle de démocratie, n’est pas d’actualité. Nicolas Sarkozy a déjà montré cet aspect de son “pragmatisme” en Tunisie, au début du mois de juillet, glissant ses pas dans ceux de Jacques Chirac. La visite en Libye relève donc d’une politique d’opportunités plus que de principes. «Dans cette diplomatie très classique du contrat, le client est roi.»(1)
Paris va «donner une suite favorable à la demande de Tripoli» concernant un accord de «coopération dans le domaine des applications pacifiques de l’énergie nucléaire (...) dont le contenu reste à définir», a déclaré à l’époque, le porte-parole du Quai d’Orsay, Jean-Baptiste Mattei. Cette politique de réconciliation a amené les Européens à lever leurs sanctions commerciales et leur embargo sur les armes, en octobre dernier. Une levée suivie des visites de Tony Blair, Jacques Chirac ou Silvio Berlusconi, tous trois intéressés par les trésors d’hydrocarbures du sous-sol libyen.(2)
C’est donc, l’invasion anglo-américaine de l’Irak, accusé de posséder des ADM, qui avait poussé la Libye à entamer ces négociations pour échapper à la menace pesant sur elle et mettre un terme à son isolement. L’accord conclu en août 2003 sur les compensations à verser par la Libye aux familles des 270 victimes de l’attentat de Lockerbie (Ecosse), avait ouvert la voie à la levée des sanctions. Les Etats-Unis ont dans l’ensemble, épargné le kaid de la révolution libyenne, exception faite du bombardement du palais présidentiel que El Gueddafi ne perd pas l’occasion de présenter à ses illustres invités. Souvenons-nous: nous sommes en 2003, l’Irak était envahi pour le motif d’armes de destruction massive, Saddam fut arrêté et présenté sciemment dans une apparence loin de l’apparence qu’on lui connaissait La prise de Baghdad puis la mort de Saddam a fait comprendre au potentat de Tripoli que s’il veut garder à la fois le pouvoir avec ses presque 38 ans de partage - dépassé que par Castro - et la vie, il faut qu’il compose avec les Etats-Unis, non pas à la façon cubaine qui souffre toujours de l’embargo imposé par Kennedy suite à l’échec de l’attaque de la baie des Cochons, mais par une reddition sans gloire qui a débuté en fait depuis longtemps à telle enseigne qu’on a l’impression qu’il joue constamment le jeu de l’Occident.
Rapidement, les Américains et les Anglais se chargèrent de dénucléariser la Libye. Plus de 500 tonnes ont été transférées aux Etats-Unis à Oak Ridge, naturellement sans l’accord de l’Aiea Le processus de destruction d’environ 3000 bombes chimiques et ogives libyennes devait s’achever début mars 2004. Dans l’ensemble, les révélations libyennes ont fourni aux inspecteurs des Nations unies un aperçu précieux du mécanisme de prolifération des armes.(3) On s’aperçut alors que la Libye avait des centrifugeuses qu’elle trafiquait pour avoir les technologies sensibles grâce notamment à l’apport de Abdel Quadeer Khan, le père de la bombe pakistanaise, et à des sociétés occidentales qui contournèrent l’embargo. Depuis, El Gueddafi n’a cessé de demander des compensations sans trop y croire, ne mettant pas tous ses oeufs dans le même panier, il demanda à la France de Jacques Chirac une aide pour la mise en place de réacteur pour le dessalement de l’eau de mer.
Dans l’affaire des enfants libyens, la France semble faire cavalier seul. Pourtant le 23 juillet était signé le Mémorandum avec la Lybie sur les relations euro-libyennes en présence de Benita Ferrero-Waldner, Commissaire aux affaires extérieures et à la politique de voisinage, et Abdelati al Obeidi, secrétaire aux affaires européennes. Ce mémorandum parle du traitement des enfants en Europe. De l’aide à l’archéologie et à son financement, notamment dans la restauration, de la formation des étudiants libyens, de l’exportation des produits agricoles et de la pêche, l’aide pour la surveillance des frontières, délivrance de visa de classe A en contrepartie de la suppression des visas pour les pays membres de l’Union européenne. On dit qu’elle a un déficit en eau malgré la fameuse mer intérieure qui n’aurait pas tenu ses promesses et elle compte sur le nucléaire dont elle ne maîtrise ni la technologie ni la possession de l’uranium pour avoir de l’eau douce autrement que par les centrales classiques de dessalement de l’eau de mer fonctionnant au gaz naturel.
Pour en revenir à l’accord, il a fait grincer des dents outre-Rhin. Siemens qui dispose de 35% du capital d’Areva n’a pas été consulté. D’après le ministre allemand des Affaires européennes, le nationalisme français est déplacé et l’Allemagne aurait du être consulté pour le réacteur. L’indignation persistait en Allemagne. L’accord est ´´une pilule amère pour l’UE´´, a réagi le président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag, le conservateur Ruprecht Polenz (CDU/CSU), dans le journal berlinois Tagesspiegel am Sonntag. Selon lui, ce mémorandum affaiblit la capacité d’action de l’UE en politique étrangère. De plus, le numéro un libyen, Mouamar El Gueddafi, qui règne en ´´dictateur doté de pouvoirs illimités´´, ´´reste un facteur d’insécurité pour tous ceux qui ont à faire avec son pays´´, souligne-t-il. ´´On ne peut pas montrer plus notoirement que l’on se fiche de la morale´´, a lancé de son côté le secrétaire d’Etat parlementaire au ministère de l’Environnement, le social-démocrate Michael Müller dans le Frankfurter Rundschau de samedi 28 juillet. Le ministre délégué aux Affaires étrangères allemand, Gernot Erler, a mis en garde contre le risque de prolifération, dans un entretien au quotidien Handelsblatt, du vendredi 27 juillet. ´´Politiquement, cette affaire est problématique´´. Il a aussi reproché au gouvernement français d’agir contre les intérêts allemands, dans la mesure où ´´l’Allemagne avait déjà fait des propositions´´ à la Libye pour y développer le secteur des énergies renouvelables, des propositions ´´auxquelles elle n’a pas réagi´´.
Pour leur part et pour d’autres raisons, les militants antinucléaires jugent que l’objectif de désalinisation de l’eau de mer ´´n’est qu’un subterfuge´´ et un ´´faux prétexte´´, selon eux, pour cela, ´´il est bien plus efficace, bien moins cher et bien plus écologique d’utiliser l’énergie solaire, pour laquelle la Libye a des atouts exceptionnels. (...) M.El Gueddafi n’a que faire de désaliniser l’eau, son objectif est d’obtenir des technologies nucléaires, dans le but d’accéder tôt ou tard à l’arme atomique, dénonce le réseau. Nucléaires civil et militaire sont indissociables. (...) Ce n’est pas pour rien si les grandes puissances ne croient pas l’Iran, qui, pourtant, annonce avoir un programme nucléaire purement civil.´´ (4)
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