Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le torchon brûle entre Washington et Riyad

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le torchon brûle entre Washington et Riyad

    Quel est le jeu de l'Arabie en Irak ? Et si le torchon brule pourquoi avoir acheté pour 20 milliards de dollars d'armement ?
    ----------------------------------------------------------------------

    Après avoir longtemps incriminé l'Iran et la Syrie, les autorités américaines s'en prennent de plus en plus ouvertement à l'Arabie Saoudite, tenue pour responsable du chaos irakien.

    En janvier dernier, lors d'une réunion en haut lieu à Riyad, des responsables saoudiens ont présenté à l'envoyé spécial américain des documents mettant en doute la fiabilité du Premier ministre irakien. Il s'agissait, entre autres, d'un message envoyé par le Premier ministre, Nouri Al-Maliki, à l'imam chiite Moqtada Al-Sadr, lui conseillant de faire profil bas pendant l'arrivée des renforts américains. Un autre document semblait démontrer que Maliki était un agent de l'Iran.

    L'envoyé spécial américain, Zalmay Khalilzad, a immédiatement contesté la validité de ces documents auprès du roi Abdallah. Et, désormais, les responsables américains se plaignent de plus en plus ouvertement du rôle contre-productif joué par l'Arabie Saoudite dans la guerre en Irak. Selon eux, non seulement les Saoudiens considèrent Maliki comme un agent de l'Iran, mais en plus ils soutiennent financièrement des groupes sunnites en Irak. Sur les 60 à 80 combattants étrangers qui entrent chaque mois en Irak, les responsables militaires américains estiment que près de la moitié viennent d'Arabie Saoudite et que le gouvernement saoudien se montre trop laxiste.

    Un haut responsable américain affirme même avoir eu la preuve du soutien financier apporté par l'Arabie Saoudite aux adversaires de Maliki. Nul doute que tous ces griefs seront exposés aux Saoudiens cette semaine, lors de la visite conjointe de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et du ministre de la Défense Robert Gates à Djeddah, en Arabie Saoudite.

    Washington a longtemps résisté à la tentation de mettre le chaos et les querelles sectaires en Irak sur le compte de l'Arabie Saoudite, préférant épingler l'Iran et la Syrie. Aujourd'hui encore, les responsables militaires se montrent très discrets sur le rôle que jouent les combattants saoudiens dans l'insurrection en Irak.

    Ces craintes du côté américain ont transpiré au cours d'entretiens avec plusieurs hauts responsables gouvernementaux, qui préfèrent garder l'anonymat car ils pensent qu'une critique ouverte de l'Arabie Saoudite ne pourrait qu'isoler davantage la famille royale alors que les Etats-Unis s'efforcent de plaider auprès des Saoudiens la cause de Maliki et du gouvernement irakien, et tentent de faire avancer d'autres dossiers politiques brûlants au Moyen-Orient, notamment un plan de paix arabo-israélien.

    En acceptant cependant d'accorder des entretiens à quelques jours de la visite des ministres américains en Arabie Saoudite, ces responsables ont néanmoins montré leur volonté d'envoyer un signal fort à ce grand allié de Washington. L'agacement du gouvernement Bush vis-à-vis de Riyad s'est accru au cours des derniers mois, l'Arabie Saoudite suivant manifestement en Irak une stratégie différente de celle définie par les Américains et intensifiant ses efforts en vue de saper le gouvernement Maliki.

    Certes, les autorités saoudiennes n'ont guère cherché à masquer leur volonté de soutenir les groupes sunnites irakiens et défendent ouvertement depuis maintenant deux ans la nécessité de faire contrepoids à l'influence iranienne dans le pays. A l'automne dernier, le roi Abdallah avait même averti le vice-président Dick Cheney que son pays pourrait apporter son soutien financier aux sunnites irakiens en cas de guerre contre leurs compatriotes chiites, si les Etats-Unis retiraient leurs troupes d'Irak.

    Mais, à en croire plusieurs responsables interrogés, le soutien direct des Saoudiens aux sunnites d'Irak s'est accru cette année, Riyad perdant confiance dans le gouvernement Maliki et estimant devoir consolider les sunnites dans la perspective d'une guerre civile généralisée.
    De plus, selon les représentants américains en Irak, la majorité des kamikazes agissant en Irak viendraient d'Arabie Saoudite, tout comme 40 % des combattants étrangers. Si la plupart des combattants étrangers vont en Irak dans le but de commettre des attentats suicides, d'autres sont là en tant que fabricants de bombes, snipers, logisticiens ou financiers pour le compte des insurgés, soulignent les responsables américains.

    Militaires et représentants des services secrets américains expriment leurs doutes sur les efforts faits par l'Arabie Saoudite pour tarir le flot de combattants partant pour l'Irak, soulignant toutefois que Riyad ne cautionne pas le départ de Saoudiens, loin s'en faut : les autorités saoudiennes craignent en effet que ces jeunes hommes ne reviennent ensuite dans leur pays forts de leur expérience insurrectionnelle pour y organiser des attentats – comme l'avaient fait les Saoudiens partis combattre en Afghanistan dans les années 1980.

    Les rapports du gouvernement de George Bush avec l'Arabie Saoudite n'ont cessé de se détériorer depuis l'invasion américaine de l'Irak. Ce refroidissement a culminé en avril dernier lorsque le roi Abdallah, s'exprimant devant des chefs d'Etat arabes réunis à Riyad, a qualifié la présence des Etats-Unis en Irak d'"occupation étrangère illégale".

    A Washington, "on estime que les Saoudiens ne jouent plus leur rôle de bon vassal", affirme Steve Clemons, chercheur associé à la New America Foundation. De leur côté, les Saoudiens "voient en Irak de la faiblesse, du vide, et entendent combler ce vide en prenant les choses en main".

    Helene Cooper
    The New York Times
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    L'Arabie Saoudite n'a pas tort. L'émergence d'un bloc shiite dominé par l'Iran est une menace pour tous les autres.

    Stratégiquement, Saddam Hussein était plus utile à l'Occident que Malicki. C'est vrai que devenu apparemment parano, il apparaissait imprévisible et dangereux.

    Disons que pour ne vexer personne le monde musulman est bien compliqué, et que les querelles suite à la succession du prophète restent toujours aussi vivaces.

    Commentaire

    Chargement...
    X