La libération le 24 juillet dernier des infirmières bulgares condamnées pour avoir délibérément introduit le virus du Sida dans un hôpital libyen de Benghazi et causé l'infection de 426 enfants par le virus, n’a pas fini de livrer tous ses secrets. En France, où le parti socialiste demande la création d'une commission d'enquête parlementaire pour «faire le clair» sur les négociations entre Paris et Tripoli, cette «libération» prend les allures d’une affaire d’Etat. S’estimant les «dindons d’une farce» d’une bataille entre «marchands d’armes», les infirmières veulent poursuivre en justice la Libye. Nicolas Sarkozy qui a promis aux Français une «République irréprochable» et Bernard Kouchner, la figure de proue de l'ouverture à gauche du successeur de Jacques Chirac, ont beau dire et répéter que cette libération n’a donné lieu à aucune «contrepartie» ou «rémunération» de Tripoli, personne ne semble prêt à les croire après la confirmation de la signature d’un contrat d'armement par Seif el Islam Kadhafi jeudi avec EADS pour des missiles anti- char Milan, une arme exportée dans 41 pays, pour 168 millions d'euros et un système Tetra de communication radio sécurisé pour 128 millions d'euros. Négocié par la filiale MBDA du groupe européen, ce contrat a été «finalisé» après «18 mois » de négociations. Selon le fils du leader libyen, Paris n’a pas signé que ces deux contrats et donné son accord pour la livraison d'un réacteur nucléaire pour le dessalement de l'eau. Elle a signé aussi des accords avec son pays sur une coopération militaire qui porte sur des exercices militaires conjoints, un projet de manufacture d'armes et le retour prochainement à Tripoli de l’ancien agent Abdel Basset Ali Al Megrahi, emprisonné en Grande-Bretagne pour l'attentat de Lockerbie (270 morts) en 1988. Après ces révélations, deux questions s’imposent. Primo, cette «libération» qui ne finit pas d'occuper le terrain médiatique, réussira-t-elle à déstabiliser Sarkozy ? Après ses ”aucun accord d'armement ou de compensation financière”, les Français comme le reste du monde ont appris par le biais du fils du leader libyen que 452 millions d'euros ont été versés par l'Union européenne via le Qatar qui aurait servi de banquier. Secundo, cette libération présentée par les médias français comme un succès diplomatique de la première dame de l’Hexagone, -elle s’était rendue par deux fois en une semaine à Tripoli escortée par le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, ne serait-elle pas l’œuvre, in fine, des marchands de canon français ? Déjà l’étude sur «la recherche avec les Libyens pour savoir s’il y a des ressources en uranium en Libye» et Dassault Aviation, le fleuron de la technologie militaire française serait en passe d’écouler plusieurs exemplaires de son Rafale.
Horizon DZ
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