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Ouandadja, en dépit la vie dure fait naitre la gaité

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  • Ouandadja, en dépit la vie dure fait naitre la gaité

    Située 15 km à l’ouest du chef-lieu communal Barbacha la localité de Ouandadja, avec ses 1 500 âmes cherche désespérément à rompre avec la monotonie et à fuir l’ambiance maussade qui y règne en cette période de vacances, comme partout ailleurs dans ces montagnes de la Kabylie profonde.

    Il est presque midi, nous nous dirigeâmes en ce jour de juillet vers cette bourgade réputée pour son hospitalité et surtout pour ses gens humbles. Sur une route complètement dégradée en plusieurs endroits et très étroite qui serpente à travers le mont des Aït Ifssar, nous observâmes le village de notre destination écrasé par un soleil torride. Mais il suffit de pénétrer sur le “territoire” de Ouandadja, après avoir traversé péniblement les ruelles de Khellil pour que l’air suffocant semble devenir plus respirable par des bouffées de fraîcheur. Nous entrâmes dans une zone humide ressemblant à un ruisseau débordant sur la chaussée. Les petits jardins situés de part et d’autre de la route sont synonymes d’une richesse d’eau souterraine. Le village qui apparaît très proche est cerné de champs bien entretenus. Notre visite qui coincide avec la cérémonie de remise de cadeaux aux lauréats des trois examens, 6eme, BEM et bac nous mène directement à l’école primaire où se déroule la fête. Enfants, jeunes, adultes et vieux, hormis les femmes, - tradition oblige - sont tous venus partager la joie des meilleurs élèves et remercier les enseignants.

    “Les élèves sont notre fierté, car ils nous font oublier un tant soit peu notre quotidien ô combien pénible après leur réussite”, nous dira Amar président de l’association du village et organisateur de cette réception. Il ne cesse de déplorer d’ailleurs l’absence de tous moyens de loisirs au profit des jeunes guettés par l’oisiveté. Ici, comme à l’instar de plusieurs autres villages, il n’y a aucune activité ni de terrain où l’on pratique le sport-roi, le foot, et pouvoir organiser des tournois.

    Grâce à cette association locale, dira notre interlocuteur les jeunes de Ouandadja pourront profiter de la mer par des sorties organisées sur les plages durant les week-ends, sinon, il faut attendre aux célébrations des fêtes de mariage, heureusement fréquentes, pour que le village s’anime. Pour beaucoup de ces jeunes, la corvée de l’eau reste leur seul loisir, le manque d’eau que connait ce village depuis la polution du captage principal par des eaux usées. Les habitants sont contrains de faire toute une gymnastique pour ce liquide vital. Le plus grand fardeau est supporté par les enfants qui passent la majorité de leur temps à transporter de l’eau, certains à dos d’ânes, ou dans des brouettes à partir des puits de certains particuliers.

    Dans ce village construit en amphithéâtre au-dessus de l’oued Oumassine et au piémont d’une montagne, l’agriculture est florissante avec des centaines de plantations de légumes, ses arbres fruitiers mais aussi ses cultures céréalières constituées de blé, d’orge et de pois-chiche ? Des apiculteurs, des éleveurs d’ovins, de bovins et de caprins se comptent par dizaines, plusieurs ménages de Ouandadja vivent de leurs propres cultures. Les terrains fertiles sont arrosés par les eaux des sources très répandues dans ce village pittoresque. Le seul handicap reste la mauvaise exploitation de ces richesses hydrides dont la plus grande partie va vers l’oued.

    Smaïl Bourim est l’un de ces paysans attaché au travail de la terre et qui lutte tant bien que mal pour entretenir ses champs et a faire son bilan agricole en ces temps de grande disette, “j’ai récolté environ 30 quintaux de blé et si les moyens d’arrosage sont disponibles la récolte serait double” Hocine Abid lui aussi agriculteur soutient que dans le village, les moyens rustiques ont encore de beaux jours à Oundadja. “La bête de somme reste le seul moyen pour transporter nos récolte du moment qu’il n’y a pas de pistes agricoles pour nous rendre sur nos terrains, on attend avec impatience la suite des travaux de prolongement du réseau des eaux ayant contaminé la source dite Bouabdellah qui alimentait le village de manière satisfaisante”. Si aujourd’hui les autorités locales ont mis les moyens nécessaires pour sauver ce captage, c’est suite à la grande lutte des citoyens du village qui n’ont pas baissé les bras afin de récupérer leur source.

    Ils s’apprêtent aujourd’hui à tenter d’arracher des moyens de loisirs pour leurs jeunes délaissés Layache Bouhedoun président de l’Association des parents d’élèves nous confirme que la mise à la disposition de la jeunesse d’un terrain de football reste son cheval de bataille. En dépit du manque au pluriel, la sérénité est de mise et la solidarité entre habitants est monnaie courante “depuis la nuit des temps, les affaires du village sont gérées par les habitants eux-mêmes”, dira Amar, et de joindre le geste à la parole, il appelle ses concitoyens à intervenir pour réparer la fuite d’eau causée par un engin en action au niveau de captage. Il nous dira qu’avec la réhabilitation des institutions locales du village, à l’instar de tajmâat, tous les dépassements seront rapidement bannis. Des réunions pour discuter des moyens à mettre en place pour assurer le développement des villages sont presque les seules sources d’animation. Un avis d’appel d’offres est lancé par l’APC pour l’aménagement de l’axe routier principal dans un état de délabrement avant ce qui fait que la bourgade est fortement isolée et enclavée, poussant beaucoup de familles à s’exiler vers des zones urbaines. Mais celles qui y sont restées vivent dans l’inquiétude en misent sur la scolarité de leur progéniture, qui à vrai dire ne manque pas d’honorer par leurs réussites aux différents examens.

    C’est ainsi que les 32 élèves ayant passé l’examen de 6e ont décroché le billet d’entrée au palier supérieur, sur les 13 élèves présents à l’examen du Bac, 11 d’entre eux ont décroché le sésame ainsi que six candidats au BEM, ajoutés aux 49 lauréats et des deux étudiants en fin d’études universitaires, trois ont été primés lundi dernier et fortement applaudis par l’assistance.

    Tout le monde a eu droit à une petite collation suivie d’un gala musical. Ce jour-là Ouandadja était heureuse, un bonheur plus que nécessaire pour oublier le dure vie de ces non-vacances. Les montagnes n’ont pas droit à la joie mais ils la font.

    Par la Dépêche de Kabylie
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