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La cérémonie de mariage d'hier à aujourd'hui en Algérie

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  • La cérémonie de mariage d'hier à aujourd'hui en Algérie

    L'union par le mariage existe depuis que la société humaine a adopté des règles de conduite, une morale. On se marie pour éviter le qu’en dira-t-on, perpétuer son nom, avoir une vie normale et équilibrée, préparer la progéniture aux défis du siècle, travailler pour ses années de vieillesse. Ce qui explique pourquoi le mariage a toujours été un événement heureux que l’on partage dans la ferveur générale avec les siens, proches, amis, voisins, et ce quelles que soient les conditions matérielles.

    Le mariage et ses rites de passage, du temps de nos aïeux

    Dans sa conception ancienne, le mariage est marqué par des rites de passage puisqu’il met fin à la vie de célibataire mal vue en société traditionnelle. Et de tout temps, l’union à vie a nécessité un travail de prospection long et difficile pour le choix d’un bon partenaire. La plupart des divorces provenaient généralement d’une méconnaissance de l’autre, d’une incompatibilité d’humeur ou d’une mésentente entre les parents de l’un et de l’autre.

    Le mot mariage (azzaouadj) chez les Arabesse est dérivé du nombre «deux», signifiant un homme et une femme qui s’ unissent - à moins d’un accident de parcours - à vie pour le meilleur et pour le pire. Cela laisse supposer un partage des responsabilités pour la protection et l’entretien du foyer, l’éducation des enfants et les perspectives d’avenir.

    Pour un homme et une femme unis par les liens du mariage réussir une union à vie et préparer la progéniture aux défis du siècle relève de records exceptionnels. Ceci est vrai de nos jours mais ça l’était davantage chez nos aînés car dans l’ancien temps il était plus facile de se marier et de divorcer, la femme ayant été des origines à nos jours un être mineur. L’émancipation est une affaire individuelle : elle dépend aujourd’hui de l’instruction, de l’indépendance financière, d’une force de caractère libératrice dans presque tous les cas de figure.

    Jadis, la femme qui n’avait aucun droit devait, si elle voulait rester au domicile conjugal, accepter toutes les tâches ingrates qui lui étaient destinées, être capable de procréer sans limitation. Mais ce qui faisait le charme des mariages traditionnels, c’étaient les rites qui ponctuaient chaque cérémonie. Ces pratiques relevaient pour la plupart des croyances superstitieuses. Par exemple, au moment de quitter le domicile paternel, la mariée devait boire une eau rapportée d’un lieu sacralisé par le bec d’une bouilloire que le père ou le tuteur lui tendait.

    Un témoin nous a rapporté que dans une région, les familles ont toujours adhéré à la pratique d’un rite extravagant et qui consiste à demander à la mariée de manger avec un cheval dans un même récipient.

    Il y avait aussi une tradition commune à presque toutes les régions : c’était celle de la cérémonie du henné que «la sage femme» d’antan avait seule l’honneur de présider aussi bien chez la femme que chez l’homme. L’application se faisait sur le dos et la plante des pieds dans une ambiance musicale. Le transfert de la mariée se faisait aussi dans le respect de règles strictes n’admettant aucune forme de transgression.

    Par exemple, en vertu de quelques croyances, la mariée devait sortir sur le dos d’un homme, le plus fort de la famille, qui avait aussi la charge de l’installer sur la bête, un cheval ou un mulet, apprêtée pour assurer son transfert jusqu’au domicile conjugal. Pour que rien ne lui arrive, elle voyageait sur la même selle avec un jeune garçon très dynamique chargé de la maintenir en équilibre. Arrivée à destination, un autre jeune très habile était chargé de la faire descendre de l’animal pour la porter sur son dos jusqu’à la chambre nuptiale. Cependant, avant de franchir le seuil de la porte elle devait lancer une poignée de sel et un œuf cru contre la façade de l’entrée.

    Tous ces rites avaient pour les anciens une signification qui relève d’un langage ésotérique.

    Il faut rappeler que la jeune mariée devait porter un burnous, un poignard en bandoulière et son visage était couvert d’un voile blanc attaché autour de la tête lors de son voyage. Accoutrement bizarre ! Lorsque tout s’était bien passé, les parents de la mariée venaient dès le lendemain du mariage pour un grand cérémonial, puis le 7e jour pour un rite symbolique : celui de la ceinture qu’un jeune enfant était chargé d’enrouler autour de la taille de la fille nouvellement mariée. Tout se passait dans une ambiance musicale marquée par de nombreux youyous.

  • #2

    Le mariage d’aujourd’hui


    Les parents n’ont plus le monopole du choix de la fille à marier à leur fils. Celui-ci prend celle qui lui convient, une fille collègue de travail, camarade de lycée ou tout simplement celle qu’il a connue au hasard d’une rencontre. Les parents disent alors que leur fils s’est mariée lui-même et dans la rue.
    «Tu te chargeras de toute la suite», s’acharnent-ils à lui répéter. De leur côté, les parents qui arrivent à caser leur fille de cette façon disent «tant mieux», surtout quand ils ont beaucoup de filles.

    En dépit de ces changement il existe des familles restées attachées aux valeurs ancestrales et qui boudent leur fils ou leur fille au point même de les renier lorsqu’ils se marient en toute liberté ou, comme ils ont coutume de le dire, « dans la rue !»

    Ceci va dans le même sens que l’invention des salles qui ont fait disparaître bien des tabous, cérémonies et rites. Plus de tam-tam, bombarde, tambour, plus de cérémonial et plus de henné. Même la fatiha a lieu devant un public restreint. La séparation avec les parents a lieu là : le nouveau couple s’en va de la salle vers un lieu qu’ils se sont choisi, dans l’indifférence générale.Puis, dès le lendemain la vie reprend son cours normal. Tout le cérémonial a lieu dans la salle. Tous les invités du côté de la fille et du côté du garçon y sont concentrés. Le repas de midi ou du soir, la distribution des boîtes de gâteaux et les boissons ont lieu entre quatre murs et au son d’une musique assourdissante provenant d’un disque-jockey. Tout ceux ayant vu arriver la mariée, puis dansé, mangé, bu et pris une boîte de gâteaux secs s’en va le soir anonymement, ainsi que les parents des mariés qui regagnent leur domicile pour continuer à vivre dans la froideur habituelle. De cette journée, normalement mémorable, il n’en restera que les souvenirs par les photos ou la caméra.

    Ce qui a changé depuis nos ancêtres


    Les fêtes traditionnelles font partie aujourd’hui des plus vieux souvenirs. Aussi, les aînés s’associent aux fêtes des jeunes, leur sujet de prédilection reste les mariages d’antan à une époque où il y avait beaucoup de couscous, viande, beignets, «m’semmène».

    Les invités se mettaient à huit, dix, autour d’un même plat de couscous ; ils mangeaient en tenant d’une main la cuiller, de l’autre le morceau de viande. Assis à même le sol, chacun creusait avec sa cuiller dans le couscous et lorsqu’un groupe avait fini de manger, on ramassait le plat pour en apporter un autre.

    L’évolution, qui a tué les traditions et mis fin au charme d’antan, a entraîné une prolifération indescriptible de salles des fêtes.
    On en a dénombré une douzaine dans une même rue. Lorsqu’ils ont la chance de se trouver en ville, d’avoir quelques centaines de millions pour aménager des rez-de-chaussée ou des caves de villas, les heureux propriétaires font louer plusieurs mois à l’avance. Ils ont une longue liste de clients.
    Chacun, pour être sûr d’avoir loué, doit verser sur les dix à douze millions de location des murs, tables et chaises, deux à trois millions d’arrhes non remboursables en cas de désistement.

    Si un client trouve une autre salle ou qu’il annule la fête, aucun centime ne lui est rendu, mais du côté du patron tous les coups sont permis : il peut décaler quelqu’un pour satisfaire un ami ou tout autre client arrivé à la dernière minute avec une proposition de paiement intéressante. Si le client a payé les arrhes, on peut lui imposer des conditions inacceptables : pas d’enfants dans la salle, plus de fête après 18 h, si vous voulez aller au-delà, vous devez payer un supplément de 2 millions de centimes, si vous voulez utiliser la vaisselle de la salle vous devez payer une somme et vous êtes tenus de la rendre lavée,et s’il y a de la casse on doit payer sans discuter.

    D’autres conditions sont imposées lorsque vous devez cuisiner dans la salle : il faut payer le cuisinier et les serveurs, acheter les ingrédients. Les salles sont devenues à la mode et l’on peut trouver absurde que quelqu’un invite pour un repas et un spectacle musical à son domicile. C’est pour cela que les villes étant saturées, des salles se sont ouvertes même en pleine nature et proposées à des prix défiant toute concurrence. Ceux qui ont vécu dans l’isolement des champs parce qu’ils y ont construit une maison se sont découvert une nouvelle vocation : aménager un étage ou en construire d’autres pour créer des salles de fêtes. «Les amoureux du cadre naturel, se disent-ils, viendront ici joindre l’utile à l’agréable : célébrer un mariage loin des agressions de la ville et près des cris de tous les animaux sauvages. Chez nous, le modernisme a exclu définitivement le traditionalisme. Nos jeunes ne connaîtront rien de notre passé dont on ne peut que nous enorgueillir malgré la misère.

    Personne parmi nous ne fait l’effort de recréer quelques pratiques anciennes tel l’orchestre des femmes avec comme seul instrument musical le tambour ou les préparations culinaires traditionnelles, comme le «mezfouf» ou «meqfoul» aux fèves sèches additionnées de pois chiches et de grains de blé, bien cuits et bien huilés, le «berkoukes» aux œufs, «el-m’ssemè- ne, les beignets et les «makrouts» à l’ancienne. Toutes ces spécialités de grand-mère vont finir par s’oublier devant les gâteaux secs et la cuisine étrangère, lesquels semblent avoir pris le dessus.
    De plus, personne ne peut donner la moindre information sur les joutes oratoires accompagnées de sons musicaux comparables au «slam» ancrées dans les traditions courantes dans les fêtes de l’ancien temps où l’on appréciait les artisans du langage.

    Par la Nouvelle République

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