- Pourquoi Ben Boulaïd ?
- Pourquoi Ben Boulaïd ? Tout simplement parce que je pense que notre cinéma doit enfin s’intéresser aux illustres artisans de la Révolution algérienne. Après une longue étape, essentiellement consacrée à ce que la terminologie marxienne sacralisait sous le nom vague de « masses » et que nous, nous avons désignés sous le slogan générique de « un seul héros le peuple », ce qui a donné une histoire anonyme et sans visage, je crois, par delà toute polémique tardive et stérile, qu’il est temps et même grand temps, de remonter aux sources de la légende nationale. C’est une nécessité pour ne pas dire une urgence. Il suffit, pour se rendre à cette évidence, de parler avec les gens, particulièrement les jeunes, si vous leur demandez qui est Ben Boulaïd, ils l’ignorent. Ils savent tout au plus que c’est le nom d’une rue, d’une cité, bref d’une adresse, une plaque dans la ville. Pourquoi Ben Boulaïd ? C’est aussi, parce qu’il est atypique. Quand on chemine sur son parcours, on constate qu’il n’était pas mu par autre chose que des principes. Il était quelqu’un d’établi. Il n’était certes pas riche mais ont peut dire qu’il était aisé par rapport à beaucoup d’Algériens de la même époque que lui. Il était en outre respecté, c’est ce qu’on pouvait appeler une « notabilité » . Celui qui allait devenir le premier chef politico-militaire des Aurès avait la réputation d’être un homme d’une grande probité morale et d’une rigoureuse intégrité. Son expérience militante, sa connaissance de la situation, le contact permanent avec ses compatriotes de toutes origines et de toutes conditions et son analyse du margouillis glauque dans lequel pataugeaient l’Algérie et les Algériens, l’ont inéluctablement conduit à percevoir l’étendue limitée des solutions que proposait le mouvement national. Comme à d’autres militants de sa génération, tous aussi connus que lui, la lutte armée s’est imposée comme un appel millénariste, une évidence et l’unique moyen qui pouvait conduire à la liberté pour le peuple et le pays. Il était clair, pour eux, que l’intégration à la France, qui a fait de l’Algérie un territoire complètement cannibalisé par la puissance colonisatrice, allait fatalement mener à l’effacement total de l’esprit et de la culture de la résistance qui ont toujours singularisé l’Algérie, laquelle a, de tout temps, conjugué le verbe résister au présent. Depuis deux mille ans, ce pays s’arc-boute farouchement sur le sacro-saint principe de l’indépendance. Pourquoi Ben Boulaïd ? Parce que Ben Boulaïd n’était pas un révolutionnaire conventionnel, un militant formaté par un parti ou une idéologie. Pourtant, son engagement était entier. Le don de soi était tout aussi plénier et inconditionnel. Il y a mis son âme, sa vie, son patrimoine. Ce qu’il a fait, il l’a fait avec ses propres biens. Il a gagé tout ce qu’il possédait pour la cause. Il n’y a pas investi, il n’y a pas placé son argent. C’est une oblation pour l’organisation. En replaçant les faits dans leur contexte, on mesure le courage de ces hommes et l’ampleur du défi. Imaginez-vous, aller faire la guerre contre une des plus grandes puissances du monde ? Une puissance qui avait pris, depuis plus d’un siècle, possession de cette terre et de ses hommes. La France s’était implantée politiquement, économiquement, militairement, socialement et culturellement en Algérie. Elle lui inventait une histoire à sa convenance pour légaliser sa présence aux yeux du temps. C’était une colonie de peuplement. Un habitant sur huit, celui dont l’aïeul est venu d’ailleurs, jouissait de droits de supercitoyen. Les sept autres, parias et ilotes chosifiés, subissaient un pouvoir d’airain dont la brutalité n’a jamais connu l’apaisement même lorsque l’autochtone avait la face contre terre, une botte sur le cou. Les Algériens connaissaient parfaitement la puissance despotique militaire française. Tout comme ils s’étaient battus contre elle, ils avaient combattu pour la France dans toutes ses guerres, sur tous les fronts dans toutes les contrées, en Europe, en lointaine Asie, au fin fond de l’Afrique. Par milliers, leurs cadavres ont jonché des sols qui n’étaient pas les leurs, ils ont versé leur sang pour des mobiles qu’ils ignoraient, contre des ennemis étrangers qui ne leur ont rien fait. Mais un jour, comme Ben Boulaïd, ils se sont demandé pourquoi tout ce sang ne serait-il pas répandu sur et pour cette terre dont ils ont été spoliés ? Pourquoi toute cette énergie ne serait-elle pas consacrée pour une cause qui serait enfin la leur ? Je crois qu’en cela, Ben Boulaïd a été aussi précurseur. Pourquoi Ben Boulaïd ? Peut-être, me dis-je, et j’espère que ce film n’est qu’un début, qu’il sera le premier d’une série consacrée à toutes ces gloires prestigieuses de la Révolution algérienne qui sombrent inexorablement dans l’oubli. C’est vrai que ce n’est pas la mission du cinéma que d’écrire l’histoire, le cinéaste n’est pas un historien. Mais s’il peut apporter sa part de mémoire contre l’amnésie… J’ai beaucoup parlé, ces derniers mois, avec des gens qui ont connu Ben Boulaïd. Lorsque je leur dit que j’envisage de faire un film sur lui, ils me demandent immanquablement : « De quel Ben Boulaïd veux-tu traiter ? ».
- Justement, quel Ben Boulaïd allez-vous nous montrer ?
- Ce sera une œuvre de fiction complète qui respectera la chronologie et les faits vérifiés de l’histoire. Elle ne va pas raconter toute la vie de Ben Boulaïd mais une partie qui me parait très importante, la plus intéressante. Ben Boulaïd adulte déjà, donc déjà conscient de la dimension de son engagement. Plus nous ferons connaître ces héros de notre passé et plus clair nous verrons en nous-mêmes. Cela, j’en suis convaincu, nous conduira à une meilleure visibilité donc une meilleure lisibilité de notre histoire, une meilleure compréhension de la Révolution, une vue plus large sur l’étendue et la profondeur de cet engagement qui a fait que nous sommes, aujourd’hui, indépendants.
- Quel homme était Ben Boulaïd ?
- L’aspect qui m’a le plus séduit dans l’itinéraire de Ben Boulaïd, c’est qu’il se tenait volontairement en retrait par rapport aux autres. Il ne se cachait pas. Il ne cherchait pas à être un grand chef. C’est le regard porté sur lui et l’appréciation qu’avaient de lui ses compagnons qui en ont fait un chef. Il avait un charisme tel, qu’il imposait le respect et la considération. Pour moi, un chef ce n’est pas une statue d’albâtre. C’est quelqu’un qui fait que les statues de plâtre ou de pierre s’inclinent à son passage. Ce n’est pas quelqu’un qui élevait la voix. Il ne parlait pas beaucoup, il écoutait les gens. C’est ce qu’on appelle communément un sage. Loin des clichés de l’onirologie du révolutionnaire, il gérait les choses avec une certaine distance, un détachement. C’est ce qui fait que malheureusement, il n’a pas beaucoup vécu et si on en sait si peu sur lui, c’est parce que justement il était très discret, effacé non pas parce qu’il ne faisait pas confiance aux gens, mais parce qu’il préférait écouter pour mieux comprendre et analyser les choses intérieurement. Il n’affichait pas ses opinions. Ce n’était pas un leader politique. C’était un militant animé par une cause à laquelle il s’est consacré. Cette cause c’était la dignité. Pour elle, il a sacrifié sa famille, sa vie, son avenir, ses enfants, ses biens. On ne peut pas faire plus que cela. Au regard de ce qu’ils ont représenté, Ben Boulaïd comme bien d’autres parmi les « six historiques », si nous ne prenons que leur exemple, sont si peu connus. Ils ont pourtant tant et tant à nous dire et à nous enseigner. Ils n’ont, hélas, rien écrit, même ceux qui ont vécu après l’indépendance… Aucun d’entre eux n’a écrit.
- Cinquante ans après sa mort, ce n’est pas un simple hommage, vous revisitez l’histoire. Poursuivez-vous un but autre que pédagogique et bien sûr artistique ?
- Je retiens le mot revisiter parce que c’est exactement ça. Ce n’est pas du tout une lecture de l’histoire telle qu’elle a été écrite dans les livres. Encore moins une réécriture. Je vous disais que ce n’est pas là une mission dévolue au cinéaste. Il s’agit de revisiter ce passé récent avec les yeux de l’artiste. C’est un réalisateur de cinéma qui réexamine la réalité historique d’un personnage, mais pas n’importe quelle réalité. Qu’il soit bien clair, il ne s’agit pas d’une œuvre historique qui va définitivement fixer les esprits sur la vie et l’œuvre de Mostefa Ben Boulaïd. Je ne coule pas un bronze qui va immortaliser un personnage de l’histoire. Il s’agit plutôt de quelque chose d’approchant de la légende de Ben Boulaïd. Faire un film ce n’est pas dresser un inventaire. Le cinéma est un art qui a ses règles et ses contraintes. Celles-ci sont liées aux dimensions de temps, d’espace, de choix de situations, de continuité de l’histoire, de narration, d’écriture cinématographique... mais ça demeure un art. Si ce film peut contribuer à créer de l’appétence pour qu’on aille plus loin, pour approfondir la question, c’est que nous aurons atteint notre objectif. Mais ce n’est qu’un film. Il ne faut pas qu’on s’imagine que nous allons écrire l’histoire entière de Ben Boulaïd, de Ben M’hidi, de Krim, de Didouche, d’Ouamrane ou de Lotfi... L’artiste ne peut que saisir un moment de leur existence. Un film ne peut pas recréer la vie d’un personnage. Les Français ont fait près de 90 films sur Napoléon. Laquelle de ces 90 œuvres correspond le mieux à ce qu’il fut réellement ou ce que l’histoire a fait de lui ? Il s’agit bien souvent d’œuvres cinématographiques de fiction qui se sont inspirées du personnage. Le souci premier est de donner un visage à un personnage. Ainsi, lorsqu’on verra le visage de Ben Boulaïd du cinéma, il faut qu’il puisse correspondre au visage réel de Ben Boulaïd. Non pas un sosie physique mais une copie de ce qu’il fut.
- Pourquoi Ben Boulaïd ? Tout simplement parce que je pense que notre cinéma doit enfin s’intéresser aux illustres artisans de la Révolution algérienne. Après une longue étape, essentiellement consacrée à ce que la terminologie marxienne sacralisait sous le nom vague de « masses » et que nous, nous avons désignés sous le slogan générique de « un seul héros le peuple », ce qui a donné une histoire anonyme et sans visage, je crois, par delà toute polémique tardive et stérile, qu’il est temps et même grand temps, de remonter aux sources de la légende nationale. C’est une nécessité pour ne pas dire une urgence. Il suffit, pour se rendre à cette évidence, de parler avec les gens, particulièrement les jeunes, si vous leur demandez qui est Ben Boulaïd, ils l’ignorent. Ils savent tout au plus que c’est le nom d’une rue, d’une cité, bref d’une adresse, une plaque dans la ville. Pourquoi Ben Boulaïd ? C’est aussi, parce qu’il est atypique. Quand on chemine sur son parcours, on constate qu’il n’était pas mu par autre chose que des principes. Il était quelqu’un d’établi. Il n’était certes pas riche mais ont peut dire qu’il était aisé par rapport à beaucoup d’Algériens de la même époque que lui. Il était en outre respecté, c’est ce qu’on pouvait appeler une « notabilité » . Celui qui allait devenir le premier chef politico-militaire des Aurès avait la réputation d’être un homme d’une grande probité morale et d’une rigoureuse intégrité. Son expérience militante, sa connaissance de la situation, le contact permanent avec ses compatriotes de toutes origines et de toutes conditions et son analyse du margouillis glauque dans lequel pataugeaient l’Algérie et les Algériens, l’ont inéluctablement conduit à percevoir l’étendue limitée des solutions que proposait le mouvement national. Comme à d’autres militants de sa génération, tous aussi connus que lui, la lutte armée s’est imposée comme un appel millénariste, une évidence et l’unique moyen qui pouvait conduire à la liberté pour le peuple et le pays. Il était clair, pour eux, que l’intégration à la France, qui a fait de l’Algérie un territoire complètement cannibalisé par la puissance colonisatrice, allait fatalement mener à l’effacement total de l’esprit et de la culture de la résistance qui ont toujours singularisé l’Algérie, laquelle a, de tout temps, conjugué le verbe résister au présent. Depuis deux mille ans, ce pays s’arc-boute farouchement sur le sacro-saint principe de l’indépendance. Pourquoi Ben Boulaïd ? Parce que Ben Boulaïd n’était pas un révolutionnaire conventionnel, un militant formaté par un parti ou une idéologie. Pourtant, son engagement était entier. Le don de soi était tout aussi plénier et inconditionnel. Il y a mis son âme, sa vie, son patrimoine. Ce qu’il a fait, il l’a fait avec ses propres biens. Il a gagé tout ce qu’il possédait pour la cause. Il n’y a pas investi, il n’y a pas placé son argent. C’est une oblation pour l’organisation. En replaçant les faits dans leur contexte, on mesure le courage de ces hommes et l’ampleur du défi. Imaginez-vous, aller faire la guerre contre une des plus grandes puissances du monde ? Une puissance qui avait pris, depuis plus d’un siècle, possession de cette terre et de ses hommes. La France s’était implantée politiquement, économiquement, militairement, socialement et culturellement en Algérie. Elle lui inventait une histoire à sa convenance pour légaliser sa présence aux yeux du temps. C’était une colonie de peuplement. Un habitant sur huit, celui dont l’aïeul est venu d’ailleurs, jouissait de droits de supercitoyen. Les sept autres, parias et ilotes chosifiés, subissaient un pouvoir d’airain dont la brutalité n’a jamais connu l’apaisement même lorsque l’autochtone avait la face contre terre, une botte sur le cou. Les Algériens connaissaient parfaitement la puissance despotique militaire française. Tout comme ils s’étaient battus contre elle, ils avaient combattu pour la France dans toutes ses guerres, sur tous les fronts dans toutes les contrées, en Europe, en lointaine Asie, au fin fond de l’Afrique. Par milliers, leurs cadavres ont jonché des sols qui n’étaient pas les leurs, ils ont versé leur sang pour des mobiles qu’ils ignoraient, contre des ennemis étrangers qui ne leur ont rien fait. Mais un jour, comme Ben Boulaïd, ils se sont demandé pourquoi tout ce sang ne serait-il pas répandu sur et pour cette terre dont ils ont été spoliés ? Pourquoi toute cette énergie ne serait-elle pas consacrée pour une cause qui serait enfin la leur ? Je crois qu’en cela, Ben Boulaïd a été aussi précurseur. Pourquoi Ben Boulaïd ? Peut-être, me dis-je, et j’espère que ce film n’est qu’un début, qu’il sera le premier d’une série consacrée à toutes ces gloires prestigieuses de la Révolution algérienne qui sombrent inexorablement dans l’oubli. C’est vrai que ce n’est pas la mission du cinéma que d’écrire l’histoire, le cinéaste n’est pas un historien. Mais s’il peut apporter sa part de mémoire contre l’amnésie… J’ai beaucoup parlé, ces derniers mois, avec des gens qui ont connu Ben Boulaïd. Lorsque je leur dit que j’envisage de faire un film sur lui, ils me demandent immanquablement : « De quel Ben Boulaïd veux-tu traiter ? ».
- Justement, quel Ben Boulaïd allez-vous nous montrer ?
- Ce sera une œuvre de fiction complète qui respectera la chronologie et les faits vérifiés de l’histoire. Elle ne va pas raconter toute la vie de Ben Boulaïd mais une partie qui me parait très importante, la plus intéressante. Ben Boulaïd adulte déjà, donc déjà conscient de la dimension de son engagement. Plus nous ferons connaître ces héros de notre passé et plus clair nous verrons en nous-mêmes. Cela, j’en suis convaincu, nous conduira à une meilleure visibilité donc une meilleure lisibilité de notre histoire, une meilleure compréhension de la Révolution, une vue plus large sur l’étendue et la profondeur de cet engagement qui a fait que nous sommes, aujourd’hui, indépendants.
- Quel homme était Ben Boulaïd ?
- L’aspect qui m’a le plus séduit dans l’itinéraire de Ben Boulaïd, c’est qu’il se tenait volontairement en retrait par rapport aux autres. Il ne se cachait pas. Il ne cherchait pas à être un grand chef. C’est le regard porté sur lui et l’appréciation qu’avaient de lui ses compagnons qui en ont fait un chef. Il avait un charisme tel, qu’il imposait le respect et la considération. Pour moi, un chef ce n’est pas une statue d’albâtre. C’est quelqu’un qui fait que les statues de plâtre ou de pierre s’inclinent à son passage. Ce n’est pas quelqu’un qui élevait la voix. Il ne parlait pas beaucoup, il écoutait les gens. C’est ce qu’on appelle communément un sage. Loin des clichés de l’onirologie du révolutionnaire, il gérait les choses avec une certaine distance, un détachement. C’est ce qui fait que malheureusement, il n’a pas beaucoup vécu et si on en sait si peu sur lui, c’est parce que justement il était très discret, effacé non pas parce qu’il ne faisait pas confiance aux gens, mais parce qu’il préférait écouter pour mieux comprendre et analyser les choses intérieurement. Il n’affichait pas ses opinions. Ce n’était pas un leader politique. C’était un militant animé par une cause à laquelle il s’est consacré. Cette cause c’était la dignité. Pour elle, il a sacrifié sa famille, sa vie, son avenir, ses enfants, ses biens. On ne peut pas faire plus que cela. Au regard de ce qu’ils ont représenté, Ben Boulaïd comme bien d’autres parmi les « six historiques », si nous ne prenons que leur exemple, sont si peu connus. Ils ont pourtant tant et tant à nous dire et à nous enseigner. Ils n’ont, hélas, rien écrit, même ceux qui ont vécu après l’indépendance… Aucun d’entre eux n’a écrit.
- Cinquante ans après sa mort, ce n’est pas un simple hommage, vous revisitez l’histoire. Poursuivez-vous un but autre que pédagogique et bien sûr artistique ?
- Je retiens le mot revisiter parce que c’est exactement ça. Ce n’est pas du tout une lecture de l’histoire telle qu’elle a été écrite dans les livres. Encore moins une réécriture. Je vous disais que ce n’est pas là une mission dévolue au cinéaste. Il s’agit de revisiter ce passé récent avec les yeux de l’artiste. C’est un réalisateur de cinéma qui réexamine la réalité historique d’un personnage, mais pas n’importe quelle réalité. Qu’il soit bien clair, il ne s’agit pas d’une œuvre historique qui va définitivement fixer les esprits sur la vie et l’œuvre de Mostefa Ben Boulaïd. Je ne coule pas un bronze qui va immortaliser un personnage de l’histoire. Il s’agit plutôt de quelque chose d’approchant de la légende de Ben Boulaïd. Faire un film ce n’est pas dresser un inventaire. Le cinéma est un art qui a ses règles et ses contraintes. Celles-ci sont liées aux dimensions de temps, d’espace, de choix de situations, de continuité de l’histoire, de narration, d’écriture cinématographique... mais ça demeure un art. Si ce film peut contribuer à créer de l’appétence pour qu’on aille plus loin, pour approfondir la question, c’est que nous aurons atteint notre objectif. Mais ce n’est qu’un film. Il ne faut pas qu’on s’imagine que nous allons écrire l’histoire entière de Ben Boulaïd, de Ben M’hidi, de Krim, de Didouche, d’Ouamrane ou de Lotfi... L’artiste ne peut que saisir un moment de leur existence. Un film ne peut pas recréer la vie d’un personnage. Les Français ont fait près de 90 films sur Napoléon. Laquelle de ces 90 œuvres correspond le mieux à ce qu’il fut réellement ou ce que l’histoire a fait de lui ? Il s’agit bien souvent d’œuvres cinématographiques de fiction qui se sont inspirées du personnage. Le souci premier est de donner un visage à un personnage. Ainsi, lorsqu’on verra le visage de Ben Boulaïd du cinéma, il faut qu’il puisse correspondre au visage réel de Ben Boulaïd. Non pas un sosie physique mais une copie de ce qu’il fut.
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