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L’Algérie peut avoir sa place dans le Golfe Persique

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  • L’Algérie peut avoir sa place dans le Golfe Persique

    L’Iran propose une participation dans des projets dans le secteur du gaz

    « L’Algérie peut avoir sa place dans le Golfe Persique »

    L’Iran souhaite profiter de l’expérience de l’Algérie en matière de technologie gazière. Il projette d’aider l’Algérie à rendre performante son industrie pétrochimie.

    Téhéran. De notre envoyé spécial

    Ghanimi Fard, 56 ans, directeur exécutif pour les affaires internationales à la National Iranian Oil Company (NIOC, compagnie nationale du pétrole), est Monsieur énergie à Téhéran. Son point de vue fait autorité. Au quatorzième étage du bâtiment qui abrite le siège du ministère du Pétrole, il reçoit un groupe de journalistes algériens dans une salle décorée aux motifs chinois et coréens. Il est accompagné par deux hauts responsables de la NIOC, équivalent de Sonatrach, dont l’un, ancien ambassadeur, s’occupe spécialement du dossier Algérie. M. Fard se souvient de ses années d’études aux Etats-Unis où un ami algérien lui a appris à parler l’arabe et la lecture d’un livre sur une héroïne de la guerre de libération, Djamila Boupacha. Il apprécie la coordination entre l’Algérie et l’Iran au sein de l’Opep et n’arrive pas à concevoir cette organisation sans ces deux pays. Il estime que les deux pays peuvent encore aller à la création d’entreprises mixtes dans le secteur des hydrocarbures en renforçant celles qui existent déjà. Des entités qui activent dans l’extraction et la production du pétrole. L’Iran est intéressé, selon lui, par l’expérience algérienne en matière de gaz naturel liquéfié (GNL) qui est parmi les premières au monde. « Malgré que nous ayons de grandes réserves de gaz naturel, nous n’avons toujours pas d’industrie dans ce domaine. Nous pouvons avoir, grâce à la technologie acquise par l’Algérie, une bonne coopération. L’Algérie peut avoir sa place dans le golfe Persique », dit-il. Presque 15% des réserves mondiales de gaz naturel sont en Iran, ce qui le place en deuxième position derrière la Russie (27%) et avant le Qatar (14%). Les milieux informés évoquent la volonté de Sonatrach de participer au grand gisement gazier du Sud Pars, soumis à une concurrence internationale. Une immense affiche lumineuse fait la réclame pour ce projet dans les couloirs du ministre iranien du Pétrole. La firme algérienne est également intéressée par le projet du gazoduc transcontinental qui reliera l’Iran, le Pakistan et l’Inde. M. Fard parle aussi d’une éventuelle coopération dans le domaine du Gas to Liquid (GTL) avec l’Algérie. Développée à l’origine par l’Allemagne et l’Afrique du Sud, la technique du GTL permet d’avoir du carburant liquide (gasoil et essence) à partir du gaz naturel. L’américain Exxon travaille depuis plusieurs années sur le GTL au Qatar, pays producteur de gaz. Le responsable iranien souligne l’importance de la présence algérienne en Europe dans le secteur du gaz. Il est conscient que le rapprochement entre Sonatrach et la russe Gazprom a été perçu par les Européens comme « un danger ». « Notre prochaine présence en Europe va nous permettre d’avoir une bonne entente sans qu’il y ait un quelconque danger », précise-t-il. L’Iran, d’après lui, est disposé à travailler avec l’Algérie et la Russie pour fournir du gaz à l’Europe où s’est développée une certaine méfiance après la crise de l’hiver ukrainien (décision de Moscou d’augmenter les tarifs du gaz vendu à ce pays voisin). « Mais il faut attendre 5 ans pour que notre gaz puisse arriver en Europe », indique-t-il. Il y a un mois, l’Iran a conclu un accord avec la Turquie pour le passage d’un gazoduc de 3300 km transportant du gaz naturel iranien et turkmène vers l’Europe (presque 30 milliards de mètres cubes par an). M. Fard s’est dit favorable au développement de la coopération gazière entre l’Algérie et l’Iran avec le système Swap (échange de marchandise par zones géographiques). « En Afrique, en mer Caspienne et en mer du Nord, l’Algérie et l’Iran peuvent avoir des investissements communs dans le secteur des hydrocarbures pour éviter la présence des multinationales. » Estimant que la pétrochimie n’est pas encore développée en Algérie, M. Fard note que son pays est disposé à apporter son appui pour améliorer les performances de ce secteur. Il illustre son propos par les résultats obtenus par la pétrochimie iranienne : la production est passée de 500 000 t par an à vingt millions de tonnes. Une bonne partie de cette production est destinée à l’exportation. L’Iran envisage, d’ici novembre 2007, la privatisation de 9 complexes pétrochimie situés, entre autres, à Tabriz, à Qadir et à Khorassan. L’opération sera chapeautée par l’Iranian Privatization Organization (IPO) qui a tous les pouvoirs. L’Algérie, selon M. Fard, peut profiter de « l’immense » marché africain en donnant un coup d’accélérateur à son industrie pétrochimie. « Vous serez les seuls sur le marché », prévoit-il, soulignant que l’Europe peut être une autre destination des exportations. En juillet 2007, l’Algérie a annoncé la construction prochaine de deux complexes pétrochimiques, premiers d’un programme à long terme, dotés de 12 milliards de dollars et comprenant huit autres entités. M. Fard dit avoir apprécié le fait que l’Algérie ait augmenté ses capacités de raffinage à un million de tonnes. Cela induira des recettes supplémentaires puisque le prix du produit raffiné croît à chaque hausse sur le marché du pétrole brut (de 2 à 5 dollars). Sur un autre chapitre, M. Fard s’en prend à ceux qui parlent de « l’Opep du gaz » en termes de cartel. « Ceux-là sont contre l’Opep elle-même. Cartel signifie voleurs organisés », s’indigne-t-il. Il rappelle que l’Iran avait invité en 1978 les pays producteurs de gaz à se regrouper. Cela avait donné à la création du forum des producteurs du gaz qui a organisé sa sixième rencontre à Doha en avril 2007. M. Fard reste convaincu que le projet d’une organisation des pays producteurs de gaz va se réaliser à l’avenir. Ce projet est soutenu par la Russie et le Venezuela, l’Algérie demeure, elle, réservée. « Même avec cette organisation, le prix du gaz sera moins cher que celui de l’eau », rassure-t-il.
    Faycal Metaoui (El watan)
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