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L’efficacité des politiques économiques

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  • L’efficacité des politiques économiques

    La Tribune du Lundi 13 Aout 2007


    La politique économique désigne l’ensemble des décisions prises par les pouvoirs publics pour atteindre certains objectifs concernant la situation économique générale grâce à l’utilisation des différents moyens à disposition.

    Ces objectifs visés représentent des grandeurs susceptibles de quantification de trois types :

    primo, les objectifs économiques purs tels que le plein emploi et la stabilité des prix pour le court terme, la croissance et la redistribution des revenus pour le moyen et le long terme .secundo, les objectifs sociaux, entre autres, l’éducation et la santé et, tertio ce qu’on appelle les quasi-objectifs et à titre indicatif la balance des paiements, la réduction ou la hausse des taux d’intérêt et le solde de la balance commerciale.

    Pour l’évaluation de la politique économique, une grille a été mise au point par l’économiste N. Kaldor. Cette grille est connue sous le nom de carré magique, qui est une représentation des principaux objectifs de la politique économique selon quatre paramètres, à savoir la croissance économique évaluée par le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), la situation de l’emploi mesurée par le taux de chômage en pourcentage de la population active, la stabilité des prix (le taux d’inflation en pourcentage) et, enfin, l’équilibre des comptes extérieurs, c’est-à-dire le solde de la balance des paiements en pourcentage du produit intérieur brut (PIB).

    Revenons à l’efficacité de la politique économique en Algérie, selon les indicateurs du carré magique de Kaldor, en prenant en compte d’abord le paramètre de la croissance économique qui n’est devenu positif qu’à partir de 1995 et en se stabilisant autour de 4 % durant les cinq dernières années. Pour apprécier la dynamique de ce paramètre, il faut s’intéresser à son contenu, qui en réalité est généré par les hydrocarbures et dépendant du cours du baril.

    La structure de l’économie est composée à 50% par les énergies non renouvelables et les ressources agricoles et qui est passé de 28,6 % en 1985 à plus de 50 % en 2005 ; alors que l’industrie manufacturière ne dépasse pas 7% et que les services atteignent 37%. Cette configuration représente le schéma inverse des pays émergents ou, pour le cas de la Corée du Sud pour la même année, 56% pour les services, 41% pour l’industrie et 3% pour l’agriculture. En conclusion, cette croissance est obtenue grâce aux facteurs exogènes, indépendamment de toute réforme économique profonde ou superficielle.

    Pour le deuxième paramètre, celui de la balance commerciale, le solde s’est amélioré par le fait que les hydrocarbures constituent 97% des recettes d’exportation et la diminution de la demande interne due à la réduction du pouvoir d’achat des ménages suite à la rigueur monétaire et budgétaire ainsi que le remboursement de la dette extérieure par anticipation, ce qui a permis de dégriffer les ponctions correspondantes aux services de la dette. Ces mesures ont été accompagnées par une bonne pluviosité qui a permis des augmentations importantes de la production agricole. Des facteurs exogènes ont permis d’améliorer le solde de la balance commerciale, en l’occurrence les prix du baril et la pluviosité.

    Pour le troisième paramètre, l’inflation jugulée sous l’effet du programme d’ajustement structurel imposé par les institutions de Breton Woods, de ce constat, il faut noter que le taux d’inflation est passé de 28% en 1995 à 0,3% en 2000 et en surcroît durant ces dernières années, 2,6 % et 3,6% respectivement pour les années 2003 et 2004. Cette amplification de l’inflation est la conséquence, d’une part, de l’accroissement des dépenses publiques, ces dépenses par rapport au produit intérieur brut hors hydrocarbures sont passées de 47% en 2001 à 51% pour l’année 2004 et, d’autre part, à la hausse des prix sur les marchés mondiaux des matières premières, produits et denrées agricoles.

    Pour le quatrième et dernier paramètre, le chômage, il est demeuré à un niveau élevé (le plus élevé sur le Bassin méditerranéen). Pour stabiliser ce taux, le niveau minimum requis de la croissance devra être maintenu à un taux supérieur ou égal à 5%. Si on considère que le chômage a effectivement reculé ces dernières années, il est marqué par des emplois temporaires et précaires (306 000 emplois entre 2004 et 2007 selon l’ONS sur les ESIL, IAIG, TUPHIMO et CPE), et de la prédominance de l’informel de 23% en 2003 à 32% en 2004. L’Algérie dispose d’un secteur public important en termes d’emploi où l’administration représente à elle seule 1,3 million d’emplois salariés sur un total de salariés de 2,6 millions et une population occupée de 6,2 millions.

    Il y a lieu de noter que la population active s’accroît de 5 millions en 1980 à 15 millions en 2012, elle devra donc créer 10 millions d’emplois d’ici à 2012. Pour faire travailler les méninges de nos lecteurs, sachez que la création d’un emploi en Algérie nécessite un investissement de l’ordre de 5,6 millions de dinars, alors faites le calcul pour l’ensemble des investissements nécessaires pour éradiquer le chômage en Algérie.

    En conclusion, une croissance réelle est fondée sur une meilleure allocation des ressources et par conséquent génératrices d’emplois productifs. L’incontournable stabilité macrofinancière ne pourrait devenir un substitut à une politique économique basée sur la relance de l’offre (relance par la dépenses) qui débouche non sur une relance de l’activité mais sur une relance des importations.

    La politique économique la plus appropriée pour notre pays est celle qui s’emploie à renforcer la croissance économique qui entreprend des réformes structurelles en passant par l’amélioration de la performance du marché du travail, l’accélération de la productivité et le renforcement de la concurrence sur les marchés de produits, en d’autres termes des réformes qui visent à améliorer la compétitivité économique du pays.

    L’attente de ces réformes pour la prochaine décennie est de quadrupler le PIB entre 8 et 10% par an afin de faire face aux besoins socio-économiques du pays et de garantir la paix sociale. Ces réformes doivent viser en premier lieu la modification des structures des échanges extérieurs en faveur des produits manufacturés et de haute technologie ayant une valeur internationale de préférence comme pour le cas de la Malaisie où le taux de chômage est nul pour les travailleurs et de 2% pour les cadres.


    Par Hamidouche M’hamed
    (Expert auprès de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel )
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf
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