A l'évidence, le secteur du bâtiment, en général, et le programme du million de logements à l'horizon 2009, en particulier, n'en finissent pas d'entrer, de manière cyclique, dans de gros trous d'air en Algérie.
Aujourd'hui, au moment précis où les chantiers de construction, tous segments confondus, devraient entamer une phase de réalisation décisive, et plus sûrement ceux qui sont dédiés aux logements à l'enseigne de formules diverses, celles du social locatif, de l'habitat rural, de la location-vente, du LSP, du promotionnel, c'est une inquiétude généralisée qui a pris possession de tous les acteurs concernés, publics et privés réunis. Les retards, par ailleurs, étaient déjà notables et les délais rarement respectés, tous liés, il est vrai, à des problèmes endémiques à ce secteur dans notre pays et qui s'articulent principalement autour de diverses causes, dont l'insurmontable difficulté à s'approvisionner, l'année durant, en matériaux de construction est le point nodal, mais aussi l'absence de main-d'oeuvre qualifiée, sachant qu'il est désormais établi que les métiers de coffreurs, de ferrailleurs, de maçons et de personnel d'encadrement expérimentés sont plutôt des denrées rares. Si l'on ajoute à cet inventaire de points noirs celui des agrégats, le sable et le gravier de carrière notamment, qui ont connu une hausse des prix vertigineuse dans la foulée de l'interdiction d'exploiter le sable de mer et des lits d'oueds, le tour est fait du «casse-tête» chinois permanent auquel sont confrontés les professionnels du secteur.
Encore que pour l'exemple chinois, il serait plus séant pour nos entreprises de faire amende honorable, tellement ces derniers ont démontré de manière magistrale, par leurs performances, leur grande adaptation à un marché algérien complètement déstructuré. En attendant que le vrai bilan soit fait un jour, sans préjudice des comptes et mécomptes des uns et des autres, les champs d'immeubles dans plusieurs régions du pays se retrouvent encore une fois dans l'oeil du cyclone, où les «coup de chaud», pas seulement climatiques, n'ont pas manqué.
En vérité, au coeur de cet été 2007, c'est un terrible pic de fièvre sur le front des matériaux de construction qui vient de s'emparer de tout le secteur du bâtiment dans le pays, jusqu'à faire oublier les crises habituelles, nées souvent des distorsions entre l'offre et la demande, la tension organisée, etc. Les nouvelles, ont tout cas, ne sont pas bonnes et de nombreux chantiers, que le défi du million de logements a essaimé sur tout le territoire national, sont en difficultés avérées et les signaux de détresse nombreux.
La grosse alerte sur le sujet, dont nous faisions part au début du mois de juillet, déclinée à l'enseigne d'une interrogation largement partagée à l'époque par les professionnels, «Si le ciment venait à manquer» (Le Quotidien d'Oran du 10 juillet 2007) est, au jour d'aujourd'hui, plus que jamais d'actualité.
Depuis, la cote d'alerte a été assurément dépassée et toutes les appréhensions sur les chantiers du pays sont vérifiables avec toutes ces «norias» de grues qui ont réduit ou carrément cessé leurs mouvements, les congés donnés aux travailleurs et la mise au chômage technique pour d'autres.
L'équilibre si fragile a été assurément rompu en ce mois d'août, un mois où les fatalités négatives en tous genre se sont soudainement accumulées, la plus signifiante d'entre elles étant, bien sûr, l'approvisionnement en ciment. En effet, cet été, au moment précis où les chantiers de construction consomment les plus grosses quantités de ciment - au titre du coulage des fondations et des dalles, par exemple, sans préjudice des travaux de maçonnerie - que les arrêts en cascade d'ordre technique et les pannes du même nom, comme on a pu le vérifier, se sont multipliés et ont paralysé, chacune à son tour, les cimenteries pendant plus de trois semaines maintenant.
Dans la région Est par exemple, la tension est vive, étant entendu que le groupe de l'ERCE, du reste particulièrement sollicité avec 40% de parts du marché national, n'a pas échappé au «syndrome» de l'arrêt technique programmé ou de la panne sèche au niveau de ses unités performantes, avouons-le, de Aïn Touta (Batna), Aïn El-Kebira (Sétif), Hdjar Essoud (Annaba), Hamma Bouziane (Constantine), lesquelles pourvoient le marché régional et même national à des prix concurrentiels, le sac de ciment étant cédé sur les différents sites à 240 dinars (sorti d'usine).
La production nationale en berne, nettement en dessous des besoins, près de 12 millions de tonnes/an, a provoqué dès lors un véritable «clash», une rupture des stocks importante, et le prix du sac de ciment s'est envolé, atteignant des sommets insoupçonnés, jusqu'à culminer ces derniers jours sur le marché parallèle à 520 dinars, stoppant net toutes les velléités des entreprises à s'approvisionner, quitte à arrêter pour un temps les chantiers.
La cimenterie du groupe Orascom (wilaya de M'sila), dont la production est de 4 millions de tonnes/an, qui commercialise le sac de ciment à 311,8 dinars, est aujourd'hui submergée par une forte demande. Le ciment de la société Orascom, qui était donc largement disponible, est désormais sous tension et les camions allongent désormais leurs longues chaînes devant les portes de l'usine de M'sila.
Le marché noir et les spéculateurs sont sur un nuage, puisque même le ciment blanc est entré dans cette «danse du scalp»: le sac de 50 kg est négocié actuellement à 4.000 dinars, quand il ne coûtait que... 400 à 500 dinars il y a moins d'une année.
Sur ce produit, les causes sont liées essentiellement, nous dit-on, aux problèmes qu'a connus la société mixte algéro-tunisienne qui approvisionnait pour une grande part le marché national, et qui semble avoir perdu pied, après que notre pays se fut retiré du capital. Le fait avéré et qui ne soulève aucun doute est que le ciment blanc, lui aussi, s'est escamoté dans les filets du marché noir au prix fort !
Le paradoxe intégral, nous confient de nombreux opérateurs, pris dans la nasse du marché noir et de la spéculation, est que les chantiers à l'arrêt ont provoqué, à l'inverse, une chute sensible des prix sur des produits où la demande était grande, comme le rond à béton et les agrégats, le principe de l'offre et de la demande ayant joué, pour une fois, dans le sens de la baisse. En Algérie, décidément, le cycle de la pénurie s'autoalimente dans tous les cas de figure et en toute saison.
Par Le Quotidien d'Oran
Aujourd'hui, au moment précis où les chantiers de construction, tous segments confondus, devraient entamer une phase de réalisation décisive, et plus sûrement ceux qui sont dédiés aux logements à l'enseigne de formules diverses, celles du social locatif, de l'habitat rural, de la location-vente, du LSP, du promotionnel, c'est une inquiétude généralisée qui a pris possession de tous les acteurs concernés, publics et privés réunis. Les retards, par ailleurs, étaient déjà notables et les délais rarement respectés, tous liés, il est vrai, à des problèmes endémiques à ce secteur dans notre pays et qui s'articulent principalement autour de diverses causes, dont l'insurmontable difficulté à s'approvisionner, l'année durant, en matériaux de construction est le point nodal, mais aussi l'absence de main-d'oeuvre qualifiée, sachant qu'il est désormais établi que les métiers de coffreurs, de ferrailleurs, de maçons et de personnel d'encadrement expérimentés sont plutôt des denrées rares. Si l'on ajoute à cet inventaire de points noirs celui des agrégats, le sable et le gravier de carrière notamment, qui ont connu une hausse des prix vertigineuse dans la foulée de l'interdiction d'exploiter le sable de mer et des lits d'oueds, le tour est fait du «casse-tête» chinois permanent auquel sont confrontés les professionnels du secteur.
Encore que pour l'exemple chinois, il serait plus séant pour nos entreprises de faire amende honorable, tellement ces derniers ont démontré de manière magistrale, par leurs performances, leur grande adaptation à un marché algérien complètement déstructuré. En attendant que le vrai bilan soit fait un jour, sans préjudice des comptes et mécomptes des uns et des autres, les champs d'immeubles dans plusieurs régions du pays se retrouvent encore une fois dans l'oeil du cyclone, où les «coup de chaud», pas seulement climatiques, n'ont pas manqué.
En vérité, au coeur de cet été 2007, c'est un terrible pic de fièvre sur le front des matériaux de construction qui vient de s'emparer de tout le secteur du bâtiment dans le pays, jusqu'à faire oublier les crises habituelles, nées souvent des distorsions entre l'offre et la demande, la tension organisée, etc. Les nouvelles, ont tout cas, ne sont pas bonnes et de nombreux chantiers, que le défi du million de logements a essaimé sur tout le territoire national, sont en difficultés avérées et les signaux de détresse nombreux.
La grosse alerte sur le sujet, dont nous faisions part au début du mois de juillet, déclinée à l'enseigne d'une interrogation largement partagée à l'époque par les professionnels, «Si le ciment venait à manquer» (Le Quotidien d'Oran du 10 juillet 2007) est, au jour d'aujourd'hui, plus que jamais d'actualité.
Depuis, la cote d'alerte a été assurément dépassée et toutes les appréhensions sur les chantiers du pays sont vérifiables avec toutes ces «norias» de grues qui ont réduit ou carrément cessé leurs mouvements, les congés donnés aux travailleurs et la mise au chômage technique pour d'autres.
L'équilibre si fragile a été assurément rompu en ce mois d'août, un mois où les fatalités négatives en tous genre se sont soudainement accumulées, la plus signifiante d'entre elles étant, bien sûr, l'approvisionnement en ciment. En effet, cet été, au moment précis où les chantiers de construction consomment les plus grosses quantités de ciment - au titre du coulage des fondations et des dalles, par exemple, sans préjudice des travaux de maçonnerie - que les arrêts en cascade d'ordre technique et les pannes du même nom, comme on a pu le vérifier, se sont multipliés et ont paralysé, chacune à son tour, les cimenteries pendant plus de trois semaines maintenant.
Dans la région Est par exemple, la tension est vive, étant entendu que le groupe de l'ERCE, du reste particulièrement sollicité avec 40% de parts du marché national, n'a pas échappé au «syndrome» de l'arrêt technique programmé ou de la panne sèche au niveau de ses unités performantes, avouons-le, de Aïn Touta (Batna), Aïn El-Kebira (Sétif), Hdjar Essoud (Annaba), Hamma Bouziane (Constantine), lesquelles pourvoient le marché régional et même national à des prix concurrentiels, le sac de ciment étant cédé sur les différents sites à 240 dinars (sorti d'usine).
La production nationale en berne, nettement en dessous des besoins, près de 12 millions de tonnes/an, a provoqué dès lors un véritable «clash», une rupture des stocks importante, et le prix du sac de ciment s'est envolé, atteignant des sommets insoupçonnés, jusqu'à culminer ces derniers jours sur le marché parallèle à 520 dinars, stoppant net toutes les velléités des entreprises à s'approvisionner, quitte à arrêter pour un temps les chantiers.
La cimenterie du groupe Orascom (wilaya de M'sila), dont la production est de 4 millions de tonnes/an, qui commercialise le sac de ciment à 311,8 dinars, est aujourd'hui submergée par une forte demande. Le ciment de la société Orascom, qui était donc largement disponible, est désormais sous tension et les camions allongent désormais leurs longues chaînes devant les portes de l'usine de M'sila.
Le marché noir et les spéculateurs sont sur un nuage, puisque même le ciment blanc est entré dans cette «danse du scalp»: le sac de 50 kg est négocié actuellement à 4.000 dinars, quand il ne coûtait que... 400 à 500 dinars il y a moins d'une année.
Sur ce produit, les causes sont liées essentiellement, nous dit-on, aux problèmes qu'a connus la société mixte algéro-tunisienne qui approvisionnait pour une grande part le marché national, et qui semble avoir perdu pied, après que notre pays se fut retiré du capital. Le fait avéré et qui ne soulève aucun doute est que le ciment blanc, lui aussi, s'est escamoté dans les filets du marché noir au prix fort !
Le paradoxe intégral, nous confient de nombreux opérateurs, pris dans la nasse du marché noir et de la spéculation, est que les chantiers à l'arrêt ont provoqué, à l'inverse, une chute sensible des prix sur des produits où la demande était grande, comme le rond à béton et les agrégats, le principe de l'offre et de la demande ayant joué, pour une fois, dans le sens de la baisse. En Algérie, décidément, le cycle de la pénurie s'autoalimente dans tous les cas de figure et en toute saison.
Par Le Quotidien d'Oran
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