C'est peut-être le prix à payer pour passer du moyen âge à la modernité en un temps minimum.
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Les Émirats arabes unis, un pays cosmopolite du Golfe, se présente comme une oasis de prospérité dans un Moyen-Orient troublé, et Dubaï en est le fleuron. Mais pour les autochtones, cette réussite a un prix.
Les étrangers affluent aux Émirats en nombre croissant, et cette transformation démographique a conduit des analystes à dire que les indigènes risquaient de devenir étrangers dans leur propre pays.
Fin 2005, les Émirats comptaient 4,1 millions d'habitants, dont 825.000 Émiratis, soit 21,9%, selon des statistiques officielles. Avec quelque 1,3 million de ressortissants, les Indiens forment la plus grande communauté étrangère et l'on compte aussi nombre de Sud-asiatiques, Iraniens, Arabes et Occidentaux.
La langue utilisée est l'anglais, pas l'arabe. Et les ressortissants occidentaux se sentent tellement chez eux que certains se comportent d'une manière qui heurte la population locale musulmane largement conservatrice.
Bien que les étrangers n'aient pas tous le même statut social -aucune comparaison entre les ouvriers du bâtiment exploités et les cadres très bien lotis- ils ont tous un impact sur l'équilibre démographique.
Si la tendance actuelle continue, les autochtones des 7 membres de la riche fédération des Émirats ne représenteront plus que 2% de la population en 2025, a averti le directeur exécutif du Centre des statistiques de Dubaï, Aref al-Muhairi, dans le quotidien Al-Ittihad.
Les craintes des Émiratis se reflètent épisodiquement dans la presse locale, généralement proche du gouvernement. Ce dernier a récemment mis en place une commission pour régler la question du "déséquilibre démographique", tout en soulignant que la politique d'"émiratisation" de l'emploi devrait obéir aux règles du marché.
Pour l'analyste Mohammad al-Roken, les appels à un équilibre démographique, entamés dans les années 1980, ont tourné à "la rhétorique, comme en témoigne la réalité qui évolue dans un sens opposé". "Nous ne devrons pas être surpris si nous parvenons dans une décennie à une situation où l'on commence à accepter que cette société n'a pas d'identité spécifique mais qu'elle constitue un ensemble cosmopolite où la majorité impose sa loi", a ajouté M. Roken, avocat et défenseur des droits de l'homme. Les Émiratis sont déjà "sous pression pour renoncer à leur langue et à parler l'anglais comme l'un des moyens de s'en sortir", a-t-il argumenté.
Il a évoqué la perspective de futures pressions internationales sur les Émirats pour naturaliser les résidents de longue date. M. Roken a recommandé l'adoption d'un mécanisme de naturalisation préservant l'identité arabe des Émirats : ces naturalisations pourraient se faire dans une proportion de 10% de la croissance annuelle de la population autochtone.
En l'absence de signe sur une révision prochaine de la politique d'ouverture, tant pour les capitaux que pour les travailleurs, et avec l'arrivée quotidienne de 800 nouveaux résidents à Dubaï, selon la presse, la culture populaire est devenue l'un des moyens de préserver l'identité émiratie.
La télévision de Dubaï a ainsi diffusé une série, bien suivie, racontant l'histoire de 4 femmes émiraties qui incarnent l'héritage culturel. En juillet, une bande dessinée a été lancée : son personnage principal, "Ajaaj" (tempête de sable, en arabe) est un héros de contes populaires remis au goût du jour et dont les exploits se déroulent dans les Émirats des années 2020.
L'association "Watani", dont le but est de "conforter l'identité arabe", est à l'origine de cette initiative, a indiqué son coordinateur général, Ahmad Obaid al-Mansouri. Elle organise aussi des séminaires pour adultes et des animations pour enfants afin de faire découvrir aux autres communautés cette identité et de "favoriser l'harmonie" entre les cultures.
AFP (12/08/07)
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Les Émirats arabes unis, un pays cosmopolite du Golfe, se présente comme une oasis de prospérité dans un Moyen-Orient troublé, et Dubaï en est le fleuron. Mais pour les autochtones, cette réussite a un prix.
Les étrangers affluent aux Émirats en nombre croissant, et cette transformation démographique a conduit des analystes à dire que les indigènes risquaient de devenir étrangers dans leur propre pays.
Fin 2005, les Émirats comptaient 4,1 millions d'habitants, dont 825.000 Émiratis, soit 21,9%, selon des statistiques officielles. Avec quelque 1,3 million de ressortissants, les Indiens forment la plus grande communauté étrangère et l'on compte aussi nombre de Sud-asiatiques, Iraniens, Arabes et Occidentaux.
La langue utilisée est l'anglais, pas l'arabe. Et les ressortissants occidentaux se sentent tellement chez eux que certains se comportent d'une manière qui heurte la population locale musulmane largement conservatrice.
Bien que les étrangers n'aient pas tous le même statut social -aucune comparaison entre les ouvriers du bâtiment exploités et les cadres très bien lotis- ils ont tous un impact sur l'équilibre démographique.
Si la tendance actuelle continue, les autochtones des 7 membres de la riche fédération des Émirats ne représenteront plus que 2% de la population en 2025, a averti le directeur exécutif du Centre des statistiques de Dubaï, Aref al-Muhairi, dans le quotidien Al-Ittihad.
Les craintes des Émiratis se reflètent épisodiquement dans la presse locale, généralement proche du gouvernement. Ce dernier a récemment mis en place une commission pour régler la question du "déséquilibre démographique", tout en soulignant que la politique d'"émiratisation" de l'emploi devrait obéir aux règles du marché.
Pour l'analyste Mohammad al-Roken, les appels à un équilibre démographique, entamés dans les années 1980, ont tourné à "la rhétorique, comme en témoigne la réalité qui évolue dans un sens opposé". "Nous ne devrons pas être surpris si nous parvenons dans une décennie à une situation où l'on commence à accepter que cette société n'a pas d'identité spécifique mais qu'elle constitue un ensemble cosmopolite où la majorité impose sa loi", a ajouté M. Roken, avocat et défenseur des droits de l'homme. Les Émiratis sont déjà "sous pression pour renoncer à leur langue et à parler l'anglais comme l'un des moyens de s'en sortir", a-t-il argumenté.
Il a évoqué la perspective de futures pressions internationales sur les Émirats pour naturaliser les résidents de longue date. M. Roken a recommandé l'adoption d'un mécanisme de naturalisation préservant l'identité arabe des Émirats : ces naturalisations pourraient se faire dans une proportion de 10% de la croissance annuelle de la population autochtone.
En l'absence de signe sur une révision prochaine de la politique d'ouverture, tant pour les capitaux que pour les travailleurs, et avec l'arrivée quotidienne de 800 nouveaux résidents à Dubaï, selon la presse, la culture populaire est devenue l'un des moyens de préserver l'identité émiratie.
La télévision de Dubaï a ainsi diffusé une série, bien suivie, racontant l'histoire de 4 femmes émiraties qui incarnent l'héritage culturel. En juillet, une bande dessinée a été lancée : son personnage principal, "Ajaaj" (tempête de sable, en arabe) est un héros de contes populaires remis au goût du jour et dont les exploits se déroulent dans les Émirats des années 2020.
L'association "Watani", dont le but est de "conforter l'identité arabe", est à l'origine de cette initiative, a indiqué son coordinateur général, Ahmad Obaid al-Mansouri. Elle organise aussi des séminaires pour adultes et des animations pour enfants afin de faire découvrir aux autres communautés cette identité et de "favoriser l'harmonie" entre les cultures.
AFP (12/08/07)