La spéculation encouragé car on s'enrichit vite, très vite.
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Chaque année avec l’arrivée de la belle saison, aux chantiers publics de construction et de génie civil, viennent s’ajouter les nombreux projets de maisons individuelles de plus en plus ambitieux. Ce qui fait monter la tension sur les matériaux de construction qui atteignent des pics, sous le regard dolent des pouvoirs publics, cachés derrière l’économie de marché, à l’algérienne et la sacro sainte liberté des prix. Le plus curieusement remarquable, probablement typique des mœurs du pays, c’est que du temps de l’économie administrée, époque où l’Etat importait et fournissait la marchandise à vendre selon des prix fixés par l’administration du ministère du Commerce, les commerçants faisaient l’impossible pour pratiquer des prix différents, souvent plus élevés que ceux qui leur étaient impérativement imposés.
Or, en cette époque bénie (pour quelques élus) de libération des prix, tous les commerçants semblent s’ingénier à afficher des prix parfaitement identiques. La chose ne peut être due au hasard, tant elle semble d’une parfaite synchronisation. Il y a d’abord le fait qu’un certain nombre de lobbies d’importateurs se sont constitués et consolidés au point de défier l’Etat, en maîtrisant parfois la totalité d’une filière. Même si les pouvoirs publics tentent de nier les activités spéculatives qui atomisent le pouvoir d’achat des Algériens, on peut parfaitement déceler en ce qui concerne la pomme de terre, sans être expert, son passage dans des chambres froides fournies ou octroyées par l’administration.
Toutefois, le plus grand danger tient du cumul de la double fonction d’import-export chez la plupart des opérateurs, selon des experts au fait des mœurs économiques du pays : les mêmes opérateurs sévissent en exportant de la semence de pomme de terre parfaitement pourrie, à partir de Hollande, ou de Belgique, en la facturant très cher, et la réceptionnent en tant qu’importateurs en Algérie, pour la fourguer à des prix astronomiques, tout en se rendant complices des fabricants de pesticides qui disposent de produits déclassés, périmés ou interdits à l’usage en UE, ou en Amérique du Nord, pour les refiler aux indigènes. Bénéficiant de vigoureux soutiens de la part des amis bien placés, ils obtiennent en tant qu’opérateurs économiques (!), de leurs banques domiciliataires, des sommes colossales en dinars qu’ils convertissent en devises, des euros généralement, afin de payer des factures largement gonflées, pour se ménager des bénéfices juteux. La production de primeurs ? Ils s’en fichent comme de l’an quarante. Pourvu que les virements aboutissent dans des banques des Nouvelles Hébrides ou des Bahamas, parfois pour des opérations économiques fantômes. Il serait pourtant si facile pour la Banque centrale de vérifier des informations qu’un expert moyen peut dénicher sans peine.
Pourtant, en ce qui concerne les matériaux de construction, les choses ne datent pas d’aujourd’hui : même si les prix à la production et à la vente en gros, à la sortie d’usine, n’ont pas beaucoup progressé, en 5 ans (la moyenne des prix était de 2005 DA/tonne à la cimenterie de Meftah en 2002) les prix au détail ou même au niveau des entreprises grosses consommatrices, ont explosé, à la suite de la décision de bâtir le million de logements, de hâter la mise en chantier de l’autoroute Est-Ouest, des divers barrages, du métro, du tramway, etc. La priorité donnée aux entreprises étrangères chargées de la construction d’ensembles d’habitation a plongé dans une crise durable les petites et moyennes entreprises du bâtiment et des travaux publics, qu’elles soient publiques ou privées nationales, tout en ruinant les autoconstructeurs desquels on compte exiger, par la force d’une loi en chantier, plus de célérité dans la finition de leurs projets… alors que les trois tours de Mohammedia, qui devaient être achevées il y a de cela 5 ans, en septembre 2002, après une visite sur le terrain de l’ex-ministre de l’Habitat, du P-DG du CNRC et du ministre du commerce, sont toujours en souffrance, pour toutes sortes de raisons qui ne tiennent pas toutes de l’incompétence, puisque l’entreprise qui réalise n’est autre que Cosider. Il reste à réaliser le parking, la piscine, le parc, la clôture, etc. l’habillage intérieur à fignoler, tout cela faute de financement : les entreprises publiques sont les plus mal loties, et même Cosider, jadis classée parmi les 500 entreprises les plus fiables en Afrique, souffre du financement à terme et peut-être aussi des mécanismes induits par de forts dessous de table, au moment du recouvrement des créances, et de la liquidation des attachements, et même à cause du droit de préemption accordé aux entreprises étrangères dans l’approvisionnement en matériaux, etc.
Des dizaines d’entreprises algériennes ferment boutique et d’autres ne sont pas loin de mettre la clef sous le paillasson. On a bien liquidé “les fleurons de l’industrie algérienne”, et tout en désinvestissant massivement, “on” a mis à l’encan la totalité de l’industrie, au moment même où l’on prétendait mettre en place une stratégie. On achève bien les chevaux : par les temps qui courent, abrités sous des titres universitaires ronflants, le patriotisme à la boutonnière, les équarisseurs ne manquent pas et ils semblent très bien payés en ayant la tâche bien à cœur.
La mort programmée du reste des entreprises qui tiendront le coup face à l’adversité est affaire de temps. Car les diverses et multiples ponctions opérées par la bureaucratie sur les enveloppes des projets, et l’exigence des pots de vin, dont l’usage est bien entré dans les mœurs autochtones, obligent les entrepreneurs à tenter de faire des économies soit sur la main-d’œuvre devenue taillable et corvéable à merci, presque jamais déclarée, soit sur les matériaux, avec le risque de provoquer des catastrophes lorsqu’il s’agit d’ouvrages d’art ou d’immeubles d’habitation bâtis loin des normes parasismiques nationales.
La suite...
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Chaque année avec l’arrivée de la belle saison, aux chantiers publics de construction et de génie civil, viennent s’ajouter les nombreux projets de maisons individuelles de plus en plus ambitieux. Ce qui fait monter la tension sur les matériaux de construction qui atteignent des pics, sous le regard dolent des pouvoirs publics, cachés derrière l’économie de marché, à l’algérienne et la sacro sainte liberté des prix. Le plus curieusement remarquable, probablement typique des mœurs du pays, c’est que du temps de l’économie administrée, époque où l’Etat importait et fournissait la marchandise à vendre selon des prix fixés par l’administration du ministère du Commerce, les commerçants faisaient l’impossible pour pratiquer des prix différents, souvent plus élevés que ceux qui leur étaient impérativement imposés.
Or, en cette époque bénie (pour quelques élus) de libération des prix, tous les commerçants semblent s’ingénier à afficher des prix parfaitement identiques. La chose ne peut être due au hasard, tant elle semble d’une parfaite synchronisation. Il y a d’abord le fait qu’un certain nombre de lobbies d’importateurs se sont constitués et consolidés au point de défier l’Etat, en maîtrisant parfois la totalité d’une filière. Même si les pouvoirs publics tentent de nier les activités spéculatives qui atomisent le pouvoir d’achat des Algériens, on peut parfaitement déceler en ce qui concerne la pomme de terre, sans être expert, son passage dans des chambres froides fournies ou octroyées par l’administration.
Toutefois, le plus grand danger tient du cumul de la double fonction d’import-export chez la plupart des opérateurs, selon des experts au fait des mœurs économiques du pays : les mêmes opérateurs sévissent en exportant de la semence de pomme de terre parfaitement pourrie, à partir de Hollande, ou de Belgique, en la facturant très cher, et la réceptionnent en tant qu’importateurs en Algérie, pour la fourguer à des prix astronomiques, tout en se rendant complices des fabricants de pesticides qui disposent de produits déclassés, périmés ou interdits à l’usage en UE, ou en Amérique du Nord, pour les refiler aux indigènes. Bénéficiant de vigoureux soutiens de la part des amis bien placés, ils obtiennent en tant qu’opérateurs économiques (!), de leurs banques domiciliataires, des sommes colossales en dinars qu’ils convertissent en devises, des euros généralement, afin de payer des factures largement gonflées, pour se ménager des bénéfices juteux. La production de primeurs ? Ils s’en fichent comme de l’an quarante. Pourvu que les virements aboutissent dans des banques des Nouvelles Hébrides ou des Bahamas, parfois pour des opérations économiques fantômes. Il serait pourtant si facile pour la Banque centrale de vérifier des informations qu’un expert moyen peut dénicher sans peine.
Pourtant, en ce qui concerne les matériaux de construction, les choses ne datent pas d’aujourd’hui : même si les prix à la production et à la vente en gros, à la sortie d’usine, n’ont pas beaucoup progressé, en 5 ans (la moyenne des prix était de 2005 DA/tonne à la cimenterie de Meftah en 2002) les prix au détail ou même au niveau des entreprises grosses consommatrices, ont explosé, à la suite de la décision de bâtir le million de logements, de hâter la mise en chantier de l’autoroute Est-Ouest, des divers barrages, du métro, du tramway, etc. La priorité donnée aux entreprises étrangères chargées de la construction d’ensembles d’habitation a plongé dans une crise durable les petites et moyennes entreprises du bâtiment et des travaux publics, qu’elles soient publiques ou privées nationales, tout en ruinant les autoconstructeurs desquels on compte exiger, par la force d’une loi en chantier, plus de célérité dans la finition de leurs projets… alors que les trois tours de Mohammedia, qui devaient être achevées il y a de cela 5 ans, en septembre 2002, après une visite sur le terrain de l’ex-ministre de l’Habitat, du P-DG du CNRC et du ministre du commerce, sont toujours en souffrance, pour toutes sortes de raisons qui ne tiennent pas toutes de l’incompétence, puisque l’entreprise qui réalise n’est autre que Cosider. Il reste à réaliser le parking, la piscine, le parc, la clôture, etc. l’habillage intérieur à fignoler, tout cela faute de financement : les entreprises publiques sont les plus mal loties, et même Cosider, jadis classée parmi les 500 entreprises les plus fiables en Afrique, souffre du financement à terme et peut-être aussi des mécanismes induits par de forts dessous de table, au moment du recouvrement des créances, et de la liquidation des attachements, et même à cause du droit de préemption accordé aux entreprises étrangères dans l’approvisionnement en matériaux, etc.
Des dizaines d’entreprises algériennes ferment boutique et d’autres ne sont pas loin de mettre la clef sous le paillasson. On a bien liquidé “les fleurons de l’industrie algérienne”, et tout en désinvestissant massivement, “on” a mis à l’encan la totalité de l’industrie, au moment même où l’on prétendait mettre en place une stratégie. On achève bien les chevaux : par les temps qui courent, abrités sous des titres universitaires ronflants, le patriotisme à la boutonnière, les équarisseurs ne manquent pas et ils semblent très bien payés en ayant la tâche bien à cœur.
La mort programmée du reste des entreprises qui tiendront le coup face à l’adversité est affaire de temps. Car les diverses et multiples ponctions opérées par la bureaucratie sur les enveloppes des projets, et l’exigence des pots de vin, dont l’usage est bien entré dans les mœurs autochtones, obligent les entrepreneurs à tenter de faire des économies soit sur la main-d’œuvre devenue taillable et corvéable à merci, presque jamais déclarée, soit sur les matériaux, avec le risque de provoquer des catastrophes lorsqu’il s’agit d’ouvrages d’art ou d’immeubles d’habitation bâtis loin des normes parasismiques nationales.
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