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Spéculation internationale : l’heure de vérité ?

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  • Spéculation internationale : l’heure de vérité ?

    Spéculation internationale : l’heure de vérité ?

    Les crises économiques se succèdent, presque toujours nourries par des engouements spéculatifs. La déréglementation financière lancée au cours des années 1980 ainsi que la fin des parités fixes de change ont déjà provoqué le scandale des « junk bonds » (affaire Michael Milken (1)), le krach de Wall Street en octobre 1987, la (longue) agonie des caisses d’épargne américaines, la crise du système monétaire européen de 1993, la débâcle russe ainsi que celle de nombreux Etats d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine (1997-1998), enfin l’éclatement de la « bulle Internet » en 2001-2002. La faillite de l’immobilier aux Etats-Unis annonce-t-elle de nouvelles secousses pour l’économie mondiale ?

    Chaque fois, le mécanisme semble identique. Pour pallier le risque de crise systémique et préserver le taux de croissance économique sans rien remettre en cause d’essentiel, les gouvernements et les banques centrales alimentent une bulle spéculative ; ils encouragent les prêts les plus risqués, en particulier grâce à des taux d’intérêts exagérément attractifs.

    Un jour, le risque, qui a contaminé des secteurs toujours plus étendus de l’économie et de la société (aux Etats-Unis, l’université Harvard vient de perdre 350 millions de dollars après avoir investi une partie de ses énormes actifs dans un fonds spéculatif), se retourne contre elles à mesure que les dettes impayées s’empilent. Les propriétaires de logements qui se sont endettés inconsidérément (conformément aux encouragements des banques et des entreprises de prêts qui prolifèrent) font faillite, ils revendent leurs logements au moment où leur valeur se tasse ou s’écroule, les institutions financières ne savent plus comment récupérer leurs créances, les taux d’intérêts se tendent pour apprécier plus justement les risques encourus, la facture des propriétaires d’immobilier qui ont souscrit des emprunts à taux variables s’alourdit...

    Bien sûr, dans une première période, tout allait bien : les prêts les plus irresponsables alimentaient l’inflation immobilière ou le rachat spéculatif d’entreprises, ce qui nourrissait la hausse des cours. Aujourd’hui les bulles (immobilière, boursière) éclatent.

    Il ne manque pourtant pas de précepteurs d’économie, d’experts et de responsables du lobby immobilier qui, semblables à Pangloss (le spécialiste de métaphysico-théologo-cosmolonigologie précepteur de Candide), professent un optimisme d’autant plus béat qu’il est intéressé. Comment ne pas mentionner, dans le cas de la France, la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) toujours présente pour expliquer aux journalistes (bien accommodants) que les prix de l’immobilier vont continuer à augmenter, mais à un rythme plus raisonnable, que le marché du logement est sain, que la pratique des prêts risqués (ces fameux taux de « subprime » concédés à des emprunteurs insolvables) ne concernerait que les Etats-Unis (là-bas, ils étaient au départ destinés aux acheteurs de caravanes...). Seul problème de ces ritournelles apaisantes destinées à soutenir les cours (et les affaires des agences immobilières) : l’île heureuse abritée des vents contraires n’existe guère dans un marché financier - mais aussi immobilier - mondial parce que largement décloisonné au cours des ans. Les prix des appartements français ont d’ailleurs baissé de 1,5% en juillet et, le 9 août 2007, la BNP-Paribas a annoncé qu’elle suspendait la cotation de trois de ses fonds, victimes de la crise du « subprime ». En Allemagne, la déroute de la banque IKB a déjà été assimilée par le régulateur boursier lui-même à la « plus grave crise bancaire depuis 1931 ».

    (1) Michael Milken, coupable de délits d’initié et d’extorsions qui ont ruiné nombre de caisses d’épargne et de fonds de retraite, a été condamné en 1990 à dix ans de prison (lire Ibrahim Warde, « Michael Milken, ange et martyr », Le Monde diplomatique, août 1993).

    Le Monde diplomatique
    Août 2007
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