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Le 20 août 1956

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  • Le 20 août 1956

    Plus d’un demi-siècle après le Congrès de la Soummam qui a fixé le cadre théorique de la Révolution- révolution démocratique et sociale et primat du civil sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur-, qui a organisé le territoire en régions pour s’adapter aux nécessités de la guerre et qui a fourni à la Révolution les structures et les énergies humaines appropriées, le nom de son concepteur, de son architecte et de son ‘’cerveau’’, Abane Ramdane, n’est pas totalement sorti de l’ambiance et de la culture d’inquisition qui a prévalu depuis son assassinat par ses frères d’armes.

    Pour certains, il est toujours un hérétique. Pour preuve, les immondes réquisitoires posthumes de pleutres ou de vieux canassons par lesquels on a essayé, pendant ces deux dernières années, de traîner dans la fange la figure la plus emblématique de la Révolution de novembre. Pour les autres, la majorité des intellectuels, de la société civile, des partis démocratiques, des historiens et de tous ceux qui sont animés de probité et de bonne foi, Abane Ramdane demeure un repère indélébile, un phare qui ne se ternit jamais et qui fait converger toutes les énergies et toutes les volontés saines que compte notre pays pour non seulement explorer des horizons nouveaux, mais aussi et surtout pour décider de la marche à suivre pour asseoir définitivement la liberté, la justice, le développement, la démocratie et la modernité sur la terre d’Algérie.

    ‘’Heureux les martyrs qui n’ont rien vu !’’, s’est écrié dès les premières années de l’Indépendance Bessaoud Mohand Arab, officier de l’ALN et l’un des fondateurs de l’Académie berbère. Car, malheureux, ils le seraient sûrement à la vue du triste spectacle qu’offre la scène des anciens combattants de la guerre de Libération, leurs frères d’armes qui ont survécu à l’une des plus atroces et, en même temps, l’une des plus exaltantes tragédies du XXe siècle ayant abouti à l’indépendance du pays.

    Comme l’ensemble du peuple algérien spolié de sa souveraineté à l’aube de la nouvelle ère qui devait consacrer l’œuvre de reconstruction nationale, la mémoire des martyrs et là ceux qui restent de vrais moudjahidine ont été entraînés dans les errements de la gestion chaotique du pays. Au nom de l’ ’’historicité’’ et des constantes nationales- lesquelles comprenaient même le socialisme ‘’spécifique’’-, beaucoup de tort a été fait à l’image de la Révolution de novembre 1954 et aux idéaux censés justement être défendus et promus par les survivants de ce grand mouvement de l’histoire du pays. Le clientélisme, la corruption et le copinage installés par le pouvoir politique rentier comme mode de gouvernance n’a pas épargné les supposés porteurs de la mémoire de la Révolution de novembre si bien que l’image du moudjahid a été malmenée, froissée et, pour tout dire, dénaturée.
    Le silence autour de cette question a duré ce que durent les dictatures et les tyrannies ayant installé soumission et phobie au sein de la société. Ce n’est qu’au début des années 90 que des bruits et chuchotements commencèrent à sourdre chez quelques bonnes âmes touchées par ce qui a fini par prendre la tournure de grave dérive historique. Ce n’est qu’à ce moment-là que ce qui était notoirement connu comme étant un assassinat –dont les auteurs, le lieu et la manière étaient également un secret de Polichinelle-fut timidement admis dans l’historiographie officielle.

    Quelles que soient les limites de l’avancée de ces vérités longtemps tues et qui constituaient la hantise des princes et des puissants du moment, le véritable pas de géant en la matière est sans aucun doute accompli par la société civile et les réseaux informels qui animent et alimentent la mémoire immarcescible de la société. Il s’agit, comme l’ont montré les initiatives des aârchs au début des années 2000 et des autres acteurs par la suite, de s’approprier sereinement, naturellement et sans fausse solennité l’histoire du pays et ses prolongements obligés qui prennent racine dans la dure actualité algérienne. En se recueillant sur les lieux de la mémoire collective, à Ifri Ouzallaguène ou à Ighil Imoula, les associations et les personnalités tels que feu Ali Zammoum, Ferhat Mehenni, la délégation des aârchs,… ont, au cours de ces dernières années, permis une nouvelle immersion dans l’épopée de l’exaltante Histoire de l’Algérie. Puissent ces premiers pas contribuer à la réhabilitation de toutes les figures historiques oubliées, escamotées ou dénaturées par les errements politiques et les intérêts rentiers.

    - Le Jeune Independant
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