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Sous le signe de la déferlante boursière

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  • Sous le signe de la déferlante boursière

    Une rentrée sociale bouillonnante

    Hausse des prix d’aliments de première nécessité, pénuries, fardeau de la rentrée scolaire accentué par la saignée que provoquera le mois sacré de ramadan qui commence début septembre, augmentation annoncée du tarif du gasoil, le tout aggravé par le report de l’augmentation des salaires pour juillet 2008 sont autant d’ingrédients d’un bouillon social qui s’annonce très agité, voire explosif, notamment pour les bourses ménagères au bord d’une faillite en cet automne qui sera inévitablement et exceptionnellement brûlant à plus d’un titre.

    Jamais un automne ne fut appréhendé comme celui qui se profile, au seuil d’une rentrée dont les prémices annoncent des situations sociale, professionnelle et politique tendues et affichent de mauvais présages depuis que l’UGTA a annoncé, lors de sa dernière session, une bipartite pour le début du mois prochain. Une annonce qui a fait couler beaucoup de salive chez les pères des familles de la couche prolétaire qui avaient tout bonnement cru aux agréables surprises attendues pour l’automne et promises en plein été par le patron de la Centrale, Sidi Said.

    En fait, l’été algérien a apporté plein de surprises fâcheuses, désagréables et des moins attendues. Pour parler alimentation, les Algériens aux bourses modestes en ont vu de toutes les couleurs. Ils se remettront, sans doute très difficilement de ce tournis causé par la flambée des prix ; ceux qui auront survécu à une saison caniculaire peu ordinaire qui, habituellement, est un moment d’apaisement pour des millions de bourses qui ne se permettent pas, durant l’année, de déguster du poulet ou du poisson. Les prix de la tomate et de l’oignon connaissent une chute significative mais temporaire, c'est-à-dire le temps de la saison estivale, avant de reprendre leur envolée à l’avant-veille du mois sacré.

    La mercuriale a étonnamment refusé de fléchir en dépit de la chaleur torride aggravée par les feux de forêts qui ont ravagé 146 000 hectares d’arbres fruitiers. Elle annonçait pour l’aubergine, la courgette et le concombre des prix stressants, de même que pour les poires, les haricots verts et la pomme de terre. Cette dernière a pris des allures de légume royal après avoir longtemps fait la joie des riches et pauvres à la fois(1). La menace de transformer le lait et le pain en denrées alimentaires “ulcéreuses” ne fait qu’empirer un régime alimentaire dont le ratio est loin de satisfaire le minimum exigé par les besoins physiologiques.

    En dégringolade exponentielle, le pouvoir d’achat s’aggrave évidemment. En l’absence d’une structure qui régule les prix, voire les contrôle, à défaut d’une autorité capable d’organiser les marchés et en l’absence de soutien des prix à la production, les spéculateurs tirent doublement profit en imposant leur logique mercantile dans une confusion provoquée pour maintenir leur diktat et assurer le gain facile.

    Actions et facteurs aggravants

    Les discours du gouvernement et les promesses de la puissante Centrale syndicale ne nourrissent plus les Algériens qui ne savent plus à quel marché se vouer. Celui des offices(2) qui ne résistent hélas que peu de temps devant l’offensive de la hausse des prix où le libre marché est synonyme d’anarchie en Algérie. A l’image de l’impuissance du gouvernement à casser le monopole des nouveaux cartels ayant réussi leur mainmise sur les goûts et sentiments des Algériens. Les jours qui viennent s’annoncent très pénibles. Après les sonnettes d’alarme tirées, la pauvreté qui ronge un large pan de la société, la menace de la sous-alimentation frappe à nos portes si le gouvernement ne peaufine pas une stratégie palliative à ce choc alimentaire menaçant l’Algérie.

    A commencer par une politique salariale compatible avec la réalité des prix qu’on brandit à chaque fois que les représentations socioprofessionnelles opèrent des manœuvres pour rappeler leurs revendications. Plus impuissants sont les retraités qui se battent pour faire valoir les sacrifices consentis en temps d’exercice(3). L’agitation plane à l’ombre des futures actions des sociétés de participation qui devaient trancher le cas des entreprises privatisables afin de précipiter leur processus de cessions, au prix de compressions qui mettent en péril le devenir de milliers de familles qui viennent amplifier les voix de protestataires déjà inscrits dans les rangs des démunis.

    Le dilemme de la distribution de la fameuse allocation des 2 000 DA attribuée chaque année aux nécessiteux pèsera de son poids dans un dialogue social de sourds.

    Les syndicats autonomes(4) menacent pour leur part de débrayer en raison du renvoi de l’application des augmentations de salaires promises pour juin passé. Cet ajournement, entériné de concert avec le partenaire social qu’est l’UGTA ne fait, selon des spécialistes, qu’alourdir les charges des modestes bourses familiales qui frôlent la faillite en septembre 2007 et échauffer de plus en plus les esprits en effervescence.

    Et en politique ?

    La fin des congés est aussi annonciatrice de chaud débat entre partis politiques et le gouvernement à propos de l’entrée en vigueur des dernières introductions dans la loi portant régime électoral. Treize partis se trouvent, en vertu de la nouvelle loi amendée par le Parlement au printemps dernier, exclus d’une participation d’office au prochain rendez-vous électoral. Les candidatures risquent de faire couler, sous un fond de polémique, beaucoup de salive et de bile aux états-majors et aux futurs candidats.

    La classe politique est, par ailleurs, mise en alerte pour en découdre avec leurs bases respectives. Pendant le ramadan, les journées risquent d’être plus longues que prévu au niveau des partis regroupés en Alliance pour la sauvegarde de la démocratie (ASD) et ce, pour défendre leur appel au boycott des élections. Un sérieux dilemme pour les pouvoirs publics. Le casse-tête électoral n’épargne pas les électeurs abstentionnistes et le département de l’Intérieur n’avoue pas ses véritables desseins. Politiquement parlant, les bases du FFS, FLN et d’El Islah sont en passent d’ajouter de l’huile sur le feu. Un cafouillage qui ajoutera immanquablement de l’eau à la marmite sociale déjà bouillonnante.

    Les nuits ramadanesques risquent également d’être fatidiques dans les arcanes de l’APN et le Sénat à l’occasion des débats autour du projet de loi de finances pour 2008 qui promet, en sus des révisions de certaines taxes, des augmentations des tarifs de gasoil et autres lubrifiants.

    Un débat qui ne laisse pas indifférent le commun des Algériens en attente de bonnes nouvelles venant des institutions(5). Les débats autour de la loi sur les partis, les codes communal et de wilaya et la loi portant procédure civile et juridique constituent à la fois un laborieux volet de débats houleux entre le gouvernement, la classe politique et l’électorat. Le sempiternel verrouillage des canaux de communication et l’absence de débats d’idées ouverts risquent de provoquer l’irréparable. Les experts prédisent des pressions externes dictées par la logique des réajustements structurels. Ce qui augure d’un retour de manivelle d’une situation qui rappelle la mauvaise gouvernance des années 1990. Elle rappelle, et c’est là la grande crainte, les conditionnalités des institutions de Bretton Wood et de Wall Street(6) qu’on croyait oubliées à jamais avec le remboursement par anticipation des dettes auprès des clubs de Paris et de Londres, en attendant l’extinction définitive de la dette d’ici 2008(7). Ceci soulève moult interrogations dont la plus importante est de savoir que peut-on cacher aux Algériens qui croyaient en des améliorations qui ne tiennent plus la route avant de se rendre à l’évidence, générant des agitations multidimensionnelles. Lesquelles agitations plongent la société dans une panique qui aggrave son vécu déjà chargé. Des réformes porteuses de promesses tiennent en haleine une société en perte d’espoir. Des promesses à prendre désormais avec modération…

    Salah Bey

    ______________________________


    1. le prix du poulet n’a pas quitté cet été la fourchette des 170-180 DA, il risque d’atteindre record en frôlant les 250-270 DA, alors que le kilo de la sardine est cédé à 100-140 DA contre 50-70 DA. La tomate, pourtant produit périssable sous la chaleur, se vendait à 15-20 DA est laissée à 30-35 DA le kg et la pomme de terre qui se vendait à la criée en 2005 à 25 DA le kg est actuellement imposée à pas moins de 55 DA au plus bas de son prix depuis plus d’une année déjà.
    2. La preuve est donnée par les offices des céréales et du lait, qui n’ont pu atteindre les objectifs assignés. On envisage la création d’un troisième office pour la pomme de terre.
    3. La déchéance a atteint son paroxysme au point que les retraités menacent de sortir dans la rue pour manifester leur désarroi et leur désespoir face aux piètres augmentations introduites de leurs pensions de retraites qui, de plus, n’arrivent pas à temps.
    4. Ceux affiliés à la CNSL, à leur tête le SNAPAP et le CNES.
    5. La décision des augmentations salariales survenue en 2006 fut prise par le président de la République.
    6. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) en l’occurrence.
    7. La dette s’élève, début 2007, à quelque cinq milliards de dollars seulement.


    Source: Les Débats
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf
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