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Colony : les lois du capitalisme global

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  • Colony : les lois du capitalisme global

    Colony , un fond dégageant un taux annuel moyen supérieur à 21 %.
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    Les fonds d'investissement sont-ils à l'origine de la nouvelle crise ? En seront-ils les victimes ou les bénéficiaires ? Un roi du secteur nous explique sa philosophie

    Tout a commencé en Californie, dans l'épicerie de mon père, à Culver City. Ce n'est pas lui qui m'a enseigné le calcul des performances financières, mais il m'a appris les valeurs qui font le succès à long terme : intégrité, réputation, persévérance...» Ainsi parle Tom Barrack - voix douce et sourire enjôleur - dans la vidéo de présentation de son fonds d'investissement. Colony Capital, créé en 1991 à Los Angeles, est soutenu par 120 investisseurs institutionnels qui lui ont confié 536 milliards de dollars de fonds propres. Grâce à ce solide matelas, il peut emprunter et investir à tour de bras aux quatre coins de la planète : bureaux, hôtels de luxe, casinos, bars, restaurants... mais aussi vignobles, hypermarchés ou stades de football. De Taipei à Las Vegas, de Paris à Tripoli, Colony Capital a mis plus de 18,6 milliards de dollars dans 127 opérations ces quinze dernières années, dégageant un taux annuel moyen de retour sur investissement supérieur à 21 %. Et paradoxalement la crise boursière ne lui fait pas peur. «Franchement, je préfère ce marché à celui d'il y a un an ! dit Tom Barrack. Cela fait un moment qu'on attendait cela. On était en surchauffe : c'est une correction nécessaire... pas un krach !» Tout de même, cette méfiance ne risque-t-elle pas de compliquer son boulot ? «Cela éliminera les amateurs ! Mais les acteurs sérieux, comme Colony, pourront au contraire saisir de nouvelles opportunités. La base de notre métier, c'est d'acheter quand tout le monde vend...» Un bon résumé du métier de ces financiers, à la réussite jusqu'ici spectaculaire.

    «Mon histoire, c'est la success story d'une famille immigrée : mon éducation est américaine, mais mes origines sont libanaises», explique Tom Barrack; dont les parents sont venus s'installer aux Etats-Unis. L'histoire de cet entrepreneur - 374e fortune américaine avec un patrimoine de 1 milliard de dollars, selon le dernier classement «Forbes» - est aussi celle de la formidable accélération de la mondialisation financière depuis la fin des années 1980. Colony Capital s'est rapidement internationalisé, contribuant ainsi à exporter les exigences du capitalisme financier anglo-saxon. Aujourd'hui, ces quelques centaines de gros fonds de capital investissement, ou private equity (voir lexique), dictent leur loi à tous les patrons d'entreprise.
    L'homme a d'abord fait ses classes auprès de la très riche famille Bass pendant dix ans, au Texas. Il cherchait des sociétés industrielles qui ne marchaient plus, et il les redressait en leur fournissant capitaux et management. Puis il s'est mis à son compte, en reprenant les leçons familiales. Son père avait réussi en vendant des oranges à contre-saison, à l'époque où on ne trouvait pas encore n'importe quel fruit n'importe quand. Tom, lui, a fait fortune en achetant des immeubles quand le prix du mètre carré baissait, puis des portefeuilles de mauvaises créances, et des entreprises en crise... «La base du métier, explique ce stratège pragmatique, c'est de travailler à contre-cycle : de voir des dysfonctionnements que les autres n'ont pas vus, ou des opportunités que les autres n'ont pas pu - ou osé - saisir...»
    Selon les périodes, ces pépites cachées se trouvent sur des continents et dans des secteurs différents. «Quand j'ai créé Colony en 1991, c'était la grande crise de l'immobilier, entraînée par la faillite des caisses d'épargne américaines.» Alors va pour l'immobilier. Puis, tels des alchimistes de la finance, les équipes de Colony ont réinventé d'autres formules gagnantes : une fois la crise immobilière passée aux Etats-Unis, elle éclate en Grande-Bretagne et en France. Alors que les fonds américains restaient encore timides hors de leurs frontières, Colony s'est - au milieu des années 1990 - porté acquéreur des actifs que soldait le Crédit lyonnais pour rembourser ses dettes...

    «Alors que nos concurrents sont tous bien installés à New York ou à Los Angeles, nous sommes italiens en Italie, français en France, japonais au Japon...», résume Barrack dans la vidéo promotionnelle de Colony. Tom Barrack, lui-même, passe une bonne moitié de son temps entre l'Europe et l'Asie. Et l'été on le croise le plus souvent entre Saint-Tropez et ses hôtels de luxe de Costa Smeralda, en Sardaigne «En ce moment, nous sommes plutôt vendeurs sur le continent américain : 70% de nos actifs se trouvent hors Etats-Unis.»
    Le secret de son internationalisation, souligne Tom Barrack, c'est la qualité de ses équipes : «Si nous avons une position si solide en France, c'est grâce à Sébastien.» Sébastien Bazin, directeur général exécutif de Colony Capital Europe, a rejoint le fonds en 1997. Au fil des années, Colony Europe, étroitement associé à Eurazeo (le fonds des familles actionnaires de Lazard), est devenu une entité quasi indépendante du siège américain. «Nous levons nous-mêmes nos fonds : pour Colyzeo II - 1 milliard d'euros - les capitaux sont à 62% d'origine européenne», dit Sébastien Bazin, devenu l'un des six membres du comité exécutif mondial de Colony. «Nous identifions et négocions nous-mêmes nos transactions : il me suffit d'un simple feu vert de Tom...»
    Dans la besace de Colony France, il y a beaucoup d'immobilier de bureau, notamment à la Défense, et des sociétés opérationnelles : les restaurants Buffalo Grill, les casinos Lucien Barrière ou les vignobles Château Lascombes, et un ticket stratégique dans Accor. Mais aussi 60% du club de foot PSG (avec Butler Capital et Morgan Stanley), et 9,1% de Carrefour aux côtés de Bernard Arnault... «Nous sommes plus éclectiques dans nos choix. Mais toutes nos acquisitions ont des actifs immobiliers sous-jacents, que nous estimons mal valorisés», explique Sébastien Bazin, dont la petite équipe parisienne ne comporte aucun expatrié américain.

    N'ayant pas les mêmes moyens que ses gros concurrents, les équipes de Barrack se différencient en ayant toujours une idée d'avance. Après l'immobilier, Colony est donc passé aux hôtels de luxe, aux complexes touristiques puis aux casinos, «dont le potentiel était bridé par les réglementations». Son dernier pari est presque sulfureux : l'acquisition, pour 2,6 milliards d'euros, de 65% du groupe public libyen de raffineries et de stations-service Tamoil. Barrack y a vu les ingrédients qui l'attirent : «La Libye normalise ses relations avec les Etats-Unis, le secteur énergétique est prometteur, le deal était complexe.» Et demain ? «On regarde des nouvelles pistes, comme l'acquisition de terrains pollués par l'armée ou les industries pétrolière et chimique», dit Sébastien Bazin.
    Les acquisitions de Colony ont beau être enracinées dans le tissu économique local, elles doivent suivre la logique du capitalisme financier global, autrement dit assurer un retour sur investissement maximal aux actionnaires ( fonds de pension, compagnie d'assurances, banques... ). Comme les autres sociétés de ce type, Colony achète ses cibles en empruntant l'argent (effet de leverage), mais tente de respecter un niveau d'endettement raisonnable. Il s'agit ensuite de gérer ces sociétés avec rigueur, de les développer puis de réaliser une belle plus-value à la revente... pour le plus grand profit du fonds et de ses dirigeants. L'enrichissement individuel des «partners» est tellement sorti de la norme que même l'opinion publique américaine commence à s'en émouvoir.
    Stephen Schwarzman, gérant de Blackstone, vient de récolter quelque 7 milliards de dollars en introduisant son fonds en Bourse ! Bien évidemment, Tom Barrack trouve, lui, que cette polémique est parfaitement déplacée : «On prend des risques; on aide les entreprises à se développer; les investisseurs sont contents... Où est le problème ?» A l'entendre, les problèmes n'existent jamais. Moins en tout cas que l'inexorable montée du continent asiatique. «Qu'on le veuille ou non, l'avenir est chez eux : en Chine, en Inde, constate le patron de Colony Capital. Mais on n'a pas encore trouvé comment y transposer notre savoir-faire.»

    Petit lexique des fonds

    Les fonds de pension(pension funds, mutual funds) gèrent à long terme les retraites (par capitalisation dans le monde anglo-saxon) des salariés du public et du privé. Ils forment - avec les banques et les compagnies d'assurances - les investisseurs institutionnels. Ils sont les principaux pourvoyeurs de capitaux aux fonds à gestion dite «alternative», à haut risque et à haut rendement.Les fonds de capital-investissement(private equity) ont récemment défrayé la chronique avec leurs opérations de plus en plus gigantesques de LBO(leveraged buy out ou rachat avec effet de levier financier). Cela consiste à racheter - puis à garder pendant trois à cinq ans - des entreprises par un recours massif (60 à 80%) à l'endettement. Le cash-flow de l'entreprise permet ensuite de rembourser les prêteurs, avant sa revente, qui permet souvent aux financiers de faire plusieurs fois la culbute.Les fonds d'arbitrage ou spéculatifs(hedge funds) investissent à court terme pour réaliser des plus-values rapides. Ils n'ont en général pas vocation à prendre le contrôle de leurs cibles, mais les plus agressifs influencent leur stratégie.

    Dominique Nora
    23 Août 2007. Le Nouvel Observateur
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    est ce qu'il s'agit du groupe qui investit a la station Taghazoute Agadir?*
    .
    .
    ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
    Napoléon III

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