Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La secrétaire d'Etat américaine, Mme Rice, prépare une visite à Tripoli

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La secrétaire d'Etat américaine, Mme Rice, prépare une visite à Tripoli

    Les Etats-Unis ont franchi un nouveau pas vers la normalisation de leurs relations avec la Libye, mardi 21 août, en dépêchant à Tripoli leur émissaire pour le Proche-Orient, David Welch, venu préparer une visite de la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Le diplomate américain a notamment rencontré le chef de la diplomatie libyenne, Abdelrahman Chalgham, et devait évoquer les relations commerciales, culturelles et diplomatiques entre les deux pays, ainsi que la crise du Darfour.

    La visite de Mme Rice, prévue avant la fin de l'année, serait la première d'un secrétaire d'Etat américain depuis 1953. Elle marquerait l'apogée d'une réconciliation amorcée en décembre 2003, lorsque le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a accepté de renoncer à ses armes de destruction massive. En mai 2006, les Etats-Unis ont retiré la Libye de la liste des Etats soutenant le terrorisme et ont salué "son excellente coopération" dans la lutte antiterroriste. Les relations diplomatiques entre les deux pays, rompues pendant plus de vingt ans, sont rétablies et en voie de normalisation.

    "J'espère sincèrement que je vais pouvoir me rendre bientôt à Tripoli", avait déclaré Condoleezza Rice le 25 juillet, au lendemain de la libération des infirmières et du médecin bulgares emprisonnés en Libye. Le pays "s'est mis sur un chemin qui mène à des investissements par des entreprises occidentales qui ne pouvaient investir auparavant", a-t-elle déclaré.

    Les projets de contrats franco-libyens dans l'armement et le nucléaire civil ont, selon Dirk Vandewalle, professeur au Dartmouth College, donné l'impression aux milieux d'affaires américains de s'être fait "doubler" par la France. "Ce pourrait être un énorme marché pétrolier pour les Etats-Unis", affirme le docteur en sciences politiques, qui juge toutefois que "les ventes d'armes et l'énergie nucléaire sont hors de question". Depuis décembre 2003, les échanges commerciaux entre Washington et Tripoli ont déjà été décuplés.

    Mais le régime libyen suscite "beaucoup plus de scepticisme à Washington qu'à Paris", explique le chercheur, qui cite "beaucoup d'éditoriaux très critiques de l'administration Bush" pour son attitude perçue comme "conciliante avec la dictature libyenne". Si Mme Rice va à Tripoli, ce sera pour le régime "une épée à double tranchant", car elle ne manquera pas de faire "des déclarations fortes sur les libertés politiques", prédit M. Vandewalle, auteur d'ouvrages sur la Libye.

    Le Congrès américain reste le principal frein à une normalisation complète. Il a récemment gelé les fonds nécessaires à l'ouverture d'une ambassade américaine à Tripoli, en attendant que les victimes américaines de l'attentat de Lockerbie, en 1988, soient entièrement dédommagées par la Libye, qui a reconnu sa responsabilité. L'attentat de 1986 contre une discothèque fréquentée par des soldats américains à Berlin, attribué à Tripoli, reste une source de tension. Dans ce contexte, le processus de confirmation de Gene Cretz, le premier ambassadeur américain nommé en Libye depuis 1972, s'annonce difficile.

    Les Etats-Unis semblent par ailleurs préparer l'avenir. Mardi soir, selon l'AFP, David Welch s'est rendu à Benghazi, à 1 000 km à l'est de Tripoli, pour s'entretenir avec le fils du dirigeant libyen, Saïf Al-Islam. "Les Etats-Unis pensent toujours qu'un réformateur potentiel, comme lui, sera le sauveur d'un pays et servira les intérêts américains", explique M. Vandewalle, qui juge que le fils de Mouammar Kadhafi "n'est pas nécessairement un grand réformateur".

    Philippe Bolopion (Le Monde)
Chargement...
X