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Emprunt saoudien à l’actualité française

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    Emprunt saoudien à l’actualité française
    La nouvelle république du 23/08/07


    «Chirac, pourquoi ?». En première lecture, on pourrait croire à un article humoristique écrit au premier degré dans le journal saoudien Al-Madina du 20 mai 2007 (source MEMRI). L’auteur, Jamil Farsi, fait semblant de ne pas comprendre comment le président français a pu quitter le pouvoir sans résistance, comme cela aurait été le cas dans les dictatures arabes.
    «Nous avons été choqués de vous voir à la télévision mercredi (9 mai 2007) quitter l’Elysée et passer à Sarkozy la présidence de l’Etat… Comment lui avez-vous permis d’entrer à l’Elysée à votre place ? Comment pouvez-vous quitter la nation en cette période historique ? Vous n’êtes resté qu’une seule décennie au palais de l’Elysée - qu’est-ce qu’une seule décennie par rapport à l’âge des peuples ? Où est la stabilité ? Pourquoi privez-vous la nation française du privilège de la stabilité ? Et [en outre] vous quittez l’Elysée sur vos deux jambes, sans canne, jouissant de santé et de sagesse. Comment pouvez-vous respecter [le verdict] des urnes ? «Pourquoi n’avez-vous pas annulé les résultats des élections ?…»
    Sous couvert d’humour, la plume est pourtant acerbe et laisse émerger une critique virulente des pratiques démocratiques du monde arabe, et plus particulièrement de l’Arabie Saoudite.
    «…O Chirac, vous auriez dû nous consulter dès le début ; le monde arabe aurait pu vous envoyer une équipe pour arranger les élections afin que la victoire vous soit acquise, et ce bien que vous ne vous soyez pas présenté aux élections…»
    «…Voyez, Chirac : la constitution française vous autorise à déclarer l’état d’urgence en cas de menace contre la nation française, et y aurait-il une menace plus grande que celle-ci ? C’est pourquoi vous auriez dû manifester des réserves face à la personne de Sarkozy ; nous pouvons vous envoyer du monde arabe des docteurs en droit constitutionnel pour vous trouver une solution juridique…»
    «…Nous avons souffert d’entendre à la télévision que vous avez quitté [le pouvoir] sans domicile [fixe], à part un appartement offert par vos amis. L’Assemblée nationale qui se réunit aurait pu faire de l’Elysée, un domicile permanent pour vous et choisir un autre palais pour le nouveau Président. Pour chaque Président un palais, et pour la nation les huttes. «Et puis, comment avez-vous pu partir sans domicile ? Franchement, pourquoi n’avez-vous pas ouvert un portefeuille d’investissements - comme cela se fait dans notre monde arabe [chez les dirigeants] - dont la valeur grimpe lorsque le marché s’effondre…»
    Jamil Farsi n’est d’ailleurs pas humoriste, ni même journaliste, c’est un homme d’affaire saoudien. C’est aussi un intellectuel et un réformiste engagé et derrière son emprunt à l’actualité française émergent ses engagements.
    En 2002, il était l’un des intellectuels saoudiens signataires du manifeste : «How we can coexist», écrit en réponse à l’appel «What we’re fighting for», publié par l’ Institute for american values et signé par soixante intellectuels américains, dont Samuel Huntington (père de la théorie du choc des civilisations), Michael Novak, Francis Fukuyama, Jean B. Elsthain, Michael Walzer, Mary Ann Glendon, Daniel Patrick Moynihan et Robert Putnam.
    «What we’re fighting for», affirmait, après le 11 septembre, la nécessité d’un renouvellement des critères d’évaluation de la décision d’emploi de la force sur la base de ceux de la Doctrine de guerre juste, afin d’apporter un confort moral à la «guerre contre la terreur», lancée par l’administration Bush.
    «How we can coexist», appelait à une coexistence pacifique avec l’Ouest et à une volonté de dialogue entre civilisations, tout en affirmant les spécificités saoudiennes et islamiques de ses signataires.
    En 2003, Jamil Farsi était l’un des signataires d’une lettre, «Vision for the present and the future of the Homeland», adressée au roi Abdullah, lettre par laquelle un groupe d’«intellectuels Islamo-libéraux réformistes», Sunnites et Chiites, demandaient au roi et à une douzaine de membres importants de la famille royale le rejet de l’extrémisme et l’instauration de réformes constitutionnelles, économiques, sociales et politiques dans le royaume.
    Le journal saoudien Al-Madina a, quant à lui, déjà été soumis à la répression du royaume contre la liberté de la presse. Le 18 mars 2002, le ministre de l’Intérieur, Prince Nayef, ordonnait de limoger son rédacteur en chef, Mohamed Al-Mokhtar Al Fal. Les autorités lui reprochaient d’avoir publié un poème d’Abdel Mohsen Mossalam très critique à l’égard de la justice islamique et de certains juges, accusés de corruption. Le 10 juillet 2002, le directeur d’Al-Madina, Ahmed Mohamed Mahmoud, était à son tour obligé de démissionner pour «violations répétées du code de la presse». Il était tenu pour responsable de la publication d’écrits jugés offensants pour les autorités, tel un article sur la démolition d’un bidonville à Djedda. Selon ses collègues, les autorités lui reprochaient également d’avoir autorisé l’ancien rédacteur en chef, limogé en mars, Mohamed Al-Mokhtar Al Fal, à écrire un article par semaine dans le journal. Le rédacteur en chef, Mohamed Hosni Mahjoub, était quant à lui rétrogradé au poste de rédacteur en chef adjoint. Fin juillet 2003, le Grand Mufti interdisait à l’auteur réformiste, Abdul Aziz Al Qasim, d’exprimer ses vues dans Al-Madina. Cette interdiction s’inscrivait dans une large campagne d’intimidation des médias saoudiens engagée après l’attentat du 12 mai à Riyad. Si la presse paragouvernementale se félicitait, timidement, des quelques réformes politiques annoncées par les autorités, celles-ci et l’establishment religieux ultra conservateur n’avaient de cesse de réduire au silence les voix contestatrices qui jugent ces réformes trop restreintes et leur adoption trop lente. D’après Ali Al-Ahmad, un dissident saoudien basé à Washington, une centaine de journalistes, écrivains et intellectuels réformateurs auraient été censurés ou interdits d’écrire dans les journaux du royaume entre juillet et novembre 2003.
    L’Arabie saoudite reste encore aujourd’hui l’un des pays les plus répressifs au monde en matière de liberté de la presse et les autorités saoudiennes exercent un contrôle sans faille sur l’information. A une censure rigoureuse s’ajoute une autocensure massive. Les journalistes entreprenants paient cher la moindre critique du régime et de ses hauts dignitaires.



    23-08-2007
    Jean-Philippe Miginiac
    Curriculum vitæ : "Je suis né et depuis... j'improvise !!"

  • #2
    Le type il blague c'est pas possible une enormité pareille xD

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    • #3
      c'est un témoignage édifiant. Sauf qu'en arabie saoudite c'est une monarchie et non une république alors que vise-t-il par cet article caustique!

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