La musique algérienne comprend le asri ou la musique moderne, le charqi ou la chanson de variétés et d’inspiration orientale, le chaâbi ou la musique citadine, l’andalou et ses noubates qui étaient réservées à la caste bourgeoise jadis, le chant bédouin, l’achewwiq venant des plus hautes montagnes de la Kabylie, qui divulgue les mélancolies à travers ces cris qui donnent "la chair de poule" en les écoutant, l’ahellil de Timimoune, le tindé de l’Ahaggare, sans parler du raï oranais qui a déferlé sur l’Algérie et sur le monde dans les années 90, ainsi que le hawzi un style de répertoire considéré comme intermédiaire entre la musique classique et la musique populaire.
Voici quelques-uns des genres de musique pratiqués collectivement ou en soliste, chez nous, la musique en Algérie est un immense répertoire, conservé jalousement par des hommes qui ont veillé à sa transmission depuis des génération.
Parmi ces villes algériennes celle que traduit la richesse et la diversité des genres musical reste Alger qui est, un chant pour ceux qui savent écouter sa musique. Elle est une ville musicale où les femmes d’abord, chantent depuis toujours, derrière des volets clos ou sur les terrasses discrètes, des comptines sans âges, des complaintes datant, parfois, de l’ancienne guerre et des berceuses venues de temps immémoriaux. Ces femmes qui lancent un défi à la situation de la femme dans la société et tenter d’arracher sa liberté. L’histoire de la culture algérienne, sur tout sur le plan musical, témoigne du talent et la réussite de ces femmes telle que la grande et magistrale diva du style Hawsi dit aroubi, Fadhéla Dziria.
Fadhéla Dziria, grande cantatrice, à la voix divine et unique, née le 25 juin 1917 à Djnan Beit El Mel du côté de notre Dame D’Afrique, à Alger, dans une famille conservatrice. Fadhéla Dziria, de son vrai nom Fadhéla Madani, est l’une des figures les plus marquantes de la chanson traditionnelle citadine dite "hawzi". Son père s’appelait Mehdi Ben Abderrahmane et sa mère Fettouma Khelfaoui. Son unique sœur de même parents, Goucem, fut musicienne en son temps, tandis que les autres sœurs et un frère, Amar, ont la même mère seulement. Elle avait le soutien de sa famille sur le plan matériel. Fadhéla s’était mariée une seule fois, en 1930, à l’âge de 13 ans, avant même de prendre conscience qu’elle était femme, enfant projetée sans ménagement dans la vie adulte, avec un chômeur qui avait trente ans. De cette union naquit une fille qui ne survécut pas. Sa mésentente avec son mari, qui décéda quelque temps après, lui a donné une grande ambition et une soif de vivre. Fadhéla Dziria apprit comment on tresse les fils de la douleur quand on n'a même pas le droit de lever le regard sur ses parents. L'échec de la vie conjugale est vite consommé.
Mutilée au plus profond de son être par une tradition travestie, sourde et muette à l'innocence de l'âge et aux appels du coeur, la jeune femme nourrissait secrètement une ambition autrement plus grande. Certainement la plus douée de sa génération, elle sut imprégner aux plaintes esseulées leur raison d'être et aux rebellions tenaces, un cadre d'expression efficace. Fadhéla Madani, qui portera plus tard, avec le quitus de la célébrité, le pseudonyme de Dziria, comprit que l'institution du mariage, qu'elle a traversée à la vitesse d'un météore, avait quelque chose de pourri dans sa nature.
Dès son plus jeune âge, elle s’adonna à la chanson, en imitant la grande cheikha Yamna Bent El Hadj El Mahdi, au sommet de sa carrière et en assistant à toutes les fêtes qu’elle animait. Le chant sur son chemin, et c’est de là qu’elle rencontra sur les "stouh" (espaces réservés exclusivement à la gent féminine), une fée : El Maâlma Yamna, un échappatoire que le destin accorde une seule fois dans la vie : un voyage à Paris "la capitale de l'ange et du démon" en 1935, elle subjugua l'Algéroise d’à peine 18 ans. Fadhéla Dziria est fascinée par les brassages qui s'opèrent dans la ville lumière.
La communauté maghrébine, à laquelle elle appartient, cherche un miroir de sa situation malmenée à toutes les vies consumées qui la composent "quand le silence enveloppe les hommes". Fadhéla Dziria tente d'y répondre par sa voix algérienne et sa sensibilité de femme plus d'une fois meurtrie dans sa chair. Elle chantait dans les quartiers à forte concentration d’émigrés et plus particulièrement au cabaret "El Djazair". Elle chantait du "asri" (moderne), et rencontrait par la suite Abdelhamid Ababsa qui lui a apprison plusieurs mélodies en vogue à l’époque, et lorsque sa mère la fit revenir, elle restera chanteuse tant sa voix plaisait au public.
Elle atteint la dimension du repère identitaire, en empruntant les méandres des sonorités délaissées, et élargit des horizons culturels en explorant les liens de parenté authentifiés entre les genres musicaux qui lui étaient accessibles quand elle n'avait pas le droit de dire non. Après son retour en Algérie, elle fut engagée pendant les soirées de Ramadhan au café des Sports géré par Hadj Mahfoud, situé à la rue Bruce, dans La Casbah. Une troupe de théâtre et de variétés la pris en charge par la suite. Elle travaillait avec le directeur de la troupe qui lui conseillait de changer de genre. Mustapha Skandrani et Mustapha Kechkoul, bien introduits dans le cercle musical algérois vont beaucoup l’influencer et elle a fini par adopter l’Algérois en entrant dans le groupe de Meriem Fekkaî qui animait les soirées de fêtes du tout- Alger. Pour son premier enregistrement professionnel, elle reprend une chanson que tous les Algérois connaissaient bien déjà Rachiq el Qalb un morceau genre du mode araq faisant partie de la structure musicale arabo-andalouse.
Cheikh Ababsa la soutient dans ses choix musicaux. "le haouzi" algérois est accompagné de genres sahraoui, oranais, kabyle et chaoui. La démarche est empreinte de rigueur et d'ouverture bien menée. L'interprète de Men houa Rouhi passe d'une gamme à l'autre avec une relative aisance. Elle réhabilite, par une voix maîtrisée, des morceaux de musique traditionnelle, jusque-là quelque peu négligés, par des compositions volatiles : Sidi Men Yssel Da Tallet Del Lil est mieux sentie, mieux située. L'amour, ce sentiment commun à l'humanité, qu'elle développe dans toutes ses chansons, est un thème lancinant. Ses partitions musicales sont l'expression fidèle d'un être qui n'a jamais cessé de rêver, même dans ses moments d'immense déprime. En 1949, enfin affranchie, sûre de son option, elle enregistre à Alger Mel Hbibi Malou, (paroles de Kechkoul et musique de Skandrani), chez "Pacific", avec la complicité, pleine et entière, de Mustapha Skandrani et Mustapha Kechkou. L'artiste a le vent en poupe. Meriem Fekkaï, bien assise sur les différentes places andalouses (Tlemcen, Mostaganem, Miliana, Alger, Constantine et Annaba) l'intègre dans son orchestre féminin. Fadhéla Dziria, qui avait auparavant chanté avec beaucoup d'allant Rachid El Qad, jouait de ses prestations, aussi réussies les unes que les autres, prennent l'allure d'une seconde carrière pleine de promesses.
Dans sa voix, le dire poétique n'a plus la même frilosité d'antan. Le style "aroubi", propre à la région du Centre, n'est plus orphelin. Ana Touiri marque une présence tangible et un talent original.
Mahieddine Bachetarzi, mélomane averti et chef de troupe intransigeant, fait appel à elle pour faire partie de sa troupe musicothéatrale itinérante. Il l’engagea alors pour animer la partie concert de ses tournées. Fadéla Dziria étale encore une fois de grands talents de comédienne. Elle participait aussi aux pièces qu’il présentait à travers toute l’Algérie et notamment dans Ma Yenfâa ghir Essah, Othmane en Chine et Mouni Radjel en 1949.
Cette carrière de comédienne si elle n’a pas été longue lui valut tout de même de vaincre le trac du public et surtout de travailler aux côtés d’artistes consacrés comme Ksentini, Touri, Bachdjarrah, Keltoum et bien d’autre. Habituée enfin au succès durable, et quittant les planches, elle revient à la chanson, sa véritable passion et ce retour lui valut au moins trois grands succès : Malou Hibi, Ena Toueiri (paroles des M. E. Hachelafet, musique de Djilali Haddad) et Houni Kanou. Un zendali exécuté sur un rythme typiquement féminin de l’Algérois. Elle enregistre, entre 1950 et 1955, des quinzaines de chansons chez les maisons d’éditions de disque Pacific et Dounia. Dans Ya Oualbi khali Elhal âla Halou, Mel Hbibi Malou et Kahl El Aïn, les oeuvres sont puisées du terroir.
Voici quelques-uns des genres de musique pratiqués collectivement ou en soliste, chez nous, la musique en Algérie est un immense répertoire, conservé jalousement par des hommes qui ont veillé à sa transmission depuis des génération.
Parmi ces villes algériennes celle que traduit la richesse et la diversité des genres musical reste Alger qui est, un chant pour ceux qui savent écouter sa musique. Elle est une ville musicale où les femmes d’abord, chantent depuis toujours, derrière des volets clos ou sur les terrasses discrètes, des comptines sans âges, des complaintes datant, parfois, de l’ancienne guerre et des berceuses venues de temps immémoriaux. Ces femmes qui lancent un défi à la situation de la femme dans la société et tenter d’arracher sa liberté. L’histoire de la culture algérienne, sur tout sur le plan musical, témoigne du talent et la réussite de ces femmes telle que la grande et magistrale diva du style Hawsi dit aroubi, Fadhéla Dziria.
Fadhéla Dziria, grande cantatrice, à la voix divine et unique, née le 25 juin 1917 à Djnan Beit El Mel du côté de notre Dame D’Afrique, à Alger, dans une famille conservatrice. Fadhéla Dziria, de son vrai nom Fadhéla Madani, est l’une des figures les plus marquantes de la chanson traditionnelle citadine dite "hawzi". Son père s’appelait Mehdi Ben Abderrahmane et sa mère Fettouma Khelfaoui. Son unique sœur de même parents, Goucem, fut musicienne en son temps, tandis que les autres sœurs et un frère, Amar, ont la même mère seulement. Elle avait le soutien de sa famille sur le plan matériel. Fadhéla s’était mariée une seule fois, en 1930, à l’âge de 13 ans, avant même de prendre conscience qu’elle était femme, enfant projetée sans ménagement dans la vie adulte, avec un chômeur qui avait trente ans. De cette union naquit une fille qui ne survécut pas. Sa mésentente avec son mari, qui décéda quelque temps après, lui a donné une grande ambition et une soif de vivre. Fadhéla Dziria apprit comment on tresse les fils de la douleur quand on n'a même pas le droit de lever le regard sur ses parents. L'échec de la vie conjugale est vite consommé.
Mutilée au plus profond de son être par une tradition travestie, sourde et muette à l'innocence de l'âge et aux appels du coeur, la jeune femme nourrissait secrètement une ambition autrement plus grande. Certainement la plus douée de sa génération, elle sut imprégner aux plaintes esseulées leur raison d'être et aux rebellions tenaces, un cadre d'expression efficace. Fadhéla Madani, qui portera plus tard, avec le quitus de la célébrité, le pseudonyme de Dziria, comprit que l'institution du mariage, qu'elle a traversée à la vitesse d'un météore, avait quelque chose de pourri dans sa nature.
Dès son plus jeune âge, elle s’adonna à la chanson, en imitant la grande cheikha Yamna Bent El Hadj El Mahdi, au sommet de sa carrière et en assistant à toutes les fêtes qu’elle animait. Le chant sur son chemin, et c’est de là qu’elle rencontra sur les "stouh" (espaces réservés exclusivement à la gent féminine), une fée : El Maâlma Yamna, un échappatoire que le destin accorde une seule fois dans la vie : un voyage à Paris "la capitale de l'ange et du démon" en 1935, elle subjugua l'Algéroise d’à peine 18 ans. Fadhéla Dziria est fascinée par les brassages qui s'opèrent dans la ville lumière.
La communauté maghrébine, à laquelle elle appartient, cherche un miroir de sa situation malmenée à toutes les vies consumées qui la composent "quand le silence enveloppe les hommes". Fadhéla Dziria tente d'y répondre par sa voix algérienne et sa sensibilité de femme plus d'une fois meurtrie dans sa chair. Elle chantait dans les quartiers à forte concentration d’émigrés et plus particulièrement au cabaret "El Djazair". Elle chantait du "asri" (moderne), et rencontrait par la suite Abdelhamid Ababsa qui lui a apprison plusieurs mélodies en vogue à l’époque, et lorsque sa mère la fit revenir, elle restera chanteuse tant sa voix plaisait au public.
Elle atteint la dimension du repère identitaire, en empruntant les méandres des sonorités délaissées, et élargit des horizons culturels en explorant les liens de parenté authentifiés entre les genres musicaux qui lui étaient accessibles quand elle n'avait pas le droit de dire non. Après son retour en Algérie, elle fut engagée pendant les soirées de Ramadhan au café des Sports géré par Hadj Mahfoud, situé à la rue Bruce, dans La Casbah. Une troupe de théâtre et de variétés la pris en charge par la suite. Elle travaillait avec le directeur de la troupe qui lui conseillait de changer de genre. Mustapha Skandrani et Mustapha Kechkoul, bien introduits dans le cercle musical algérois vont beaucoup l’influencer et elle a fini par adopter l’Algérois en entrant dans le groupe de Meriem Fekkaî qui animait les soirées de fêtes du tout- Alger. Pour son premier enregistrement professionnel, elle reprend une chanson que tous les Algérois connaissaient bien déjà Rachiq el Qalb un morceau genre du mode araq faisant partie de la structure musicale arabo-andalouse.
Cheikh Ababsa la soutient dans ses choix musicaux. "le haouzi" algérois est accompagné de genres sahraoui, oranais, kabyle et chaoui. La démarche est empreinte de rigueur et d'ouverture bien menée. L'interprète de Men houa Rouhi passe d'une gamme à l'autre avec une relative aisance. Elle réhabilite, par une voix maîtrisée, des morceaux de musique traditionnelle, jusque-là quelque peu négligés, par des compositions volatiles : Sidi Men Yssel Da Tallet Del Lil est mieux sentie, mieux située. L'amour, ce sentiment commun à l'humanité, qu'elle développe dans toutes ses chansons, est un thème lancinant. Ses partitions musicales sont l'expression fidèle d'un être qui n'a jamais cessé de rêver, même dans ses moments d'immense déprime. En 1949, enfin affranchie, sûre de son option, elle enregistre à Alger Mel Hbibi Malou, (paroles de Kechkoul et musique de Skandrani), chez "Pacific", avec la complicité, pleine et entière, de Mustapha Skandrani et Mustapha Kechkou. L'artiste a le vent en poupe. Meriem Fekkaï, bien assise sur les différentes places andalouses (Tlemcen, Mostaganem, Miliana, Alger, Constantine et Annaba) l'intègre dans son orchestre féminin. Fadhéla Dziria, qui avait auparavant chanté avec beaucoup d'allant Rachid El Qad, jouait de ses prestations, aussi réussies les unes que les autres, prennent l'allure d'une seconde carrière pleine de promesses.
Dans sa voix, le dire poétique n'a plus la même frilosité d'antan. Le style "aroubi", propre à la région du Centre, n'est plus orphelin. Ana Touiri marque une présence tangible et un talent original.
Mahieddine Bachetarzi, mélomane averti et chef de troupe intransigeant, fait appel à elle pour faire partie de sa troupe musicothéatrale itinérante. Il l’engagea alors pour animer la partie concert de ses tournées. Fadéla Dziria étale encore une fois de grands talents de comédienne. Elle participait aussi aux pièces qu’il présentait à travers toute l’Algérie et notamment dans Ma Yenfâa ghir Essah, Othmane en Chine et Mouni Radjel en 1949.
Cette carrière de comédienne si elle n’a pas été longue lui valut tout de même de vaincre le trac du public et surtout de travailler aux côtés d’artistes consacrés comme Ksentini, Touri, Bachdjarrah, Keltoum et bien d’autre. Habituée enfin au succès durable, et quittant les planches, elle revient à la chanson, sa véritable passion et ce retour lui valut au moins trois grands succès : Malou Hibi, Ena Toueiri (paroles des M. E. Hachelafet, musique de Djilali Haddad) et Houni Kanou. Un zendali exécuté sur un rythme typiquement féminin de l’Algérois. Elle enregistre, entre 1950 et 1955, des quinzaines de chansons chez les maisons d’éditions de disque Pacific et Dounia. Dans Ya Oualbi khali Elhal âla Halou, Mel Hbibi Malou et Kahl El Aïn, les oeuvres sont puisées du terroir.
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