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Retour sur la mystérieuse maladie de Sidi Bel abbès

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  • Retour sur la mystérieuse maladie de Sidi Bel abbès

    Sorecor, un quartier envahi par les rats

    On l’appelle « la maladie mystérieuse ». Cette infection rénale aiguë généralement transmise par des rongeurs, selon des médecins, a déjà envoyé dare-dare une centaine de personnes, dont une trentaine du quartier Sorecor, à l’hôpital de la ville.
    Sidi Bel Abbès. De notre correspondant
    Le manque d’hygiène et les problèmes d’assainissement dans ce quartier parmi les plus défavorisés de la ville sont de nouveau mis à l’index. Tout comme les responsables locaux qui peinent à expliquer un phénomène qui ne cesse d’intriguer les citoyens et qui, plus grave, s’emmurent dans un silence aux allures d’une fuite en avant. Minuit. La fraîcheur de la nuit invite progressivement dans la rue les habitants du quartier populeux de Sorecor à développer quelques commentaires au sujet d’une maladie qui décidément attise toutes les craintes. A l’entrée de cette cité érigée au début des années 1980 et largement touchée par la maladie depuis la déclaration du premier cas (le 12 août), de frêles silhouettes s’agitent autour d’une table basse sur laquelle se dispute une partie de dominos. Le claquement sec des pièces rectangulaires et le brouhaha qui flottait un instant au-dessus du groupe s’atténuent au fur et à mesure que s’engage la discussion. « Ce n’est pas contagieux, j’espère ! », nous interpelle Kamel, grand amateur de foot. L’un de ses voisins souffrant d’hypertension, d’œdèmes du visage et des membres inférieurs est toujours à l’hôpital, dit-il, sans que les médecins parviennent à expliquer l’origine de ce mal. De nombreuses hypothèses sont avancées, certaines avec fortes convictions par ses copains de jeu. De la pastèque irriguée par des eaux usées aux moustiques tenaces face à toutes sortes d’insecticides en passant par l’eau douteuse ramenée de barrages pollués, aucune piste n’est écartée par ces jeunes chômeurs – mais excellents joueurs de dominos – dont le lexique s’est enrichi ces derniers jours de quelques nouveaux concepts scientifiques : néphrite aiguë, hantavirus, œdèmes… N’allez pas chercher loin. Je suis sûr que c’est une maladie provoquée par ces milliers de bestioles qui se terrent dans les caves d’immeubles », atteste notre interlocuteur en pointant le doigt vers le bloc B, un immeuble de cinq étages mal éclairé. Dans ce quartier où coexistent plus de 15 000 âmes, les caves inondées constituent des foyers de prolifération de germes bactériens, de moustiques, d’insectes et de rongeurs. L’été, toute cette faune nuisible est encore plus visible. Célibataire endurci, la trentaine presque achevée, Miloud résume tout le ras-le-bol des habitants du Sorecor : « Nous vivons oubliés de tous. Des voies entières sont pratiquement infranchissables à cause des égouts qui débordent l’été et des flaques d’eau qui se reconstituent chaque hiver. Ici, les rats paradent jour et nuit, une véritable fantasia. » « Personne ne s’en inquiète, c’est désolant », soupire-t-il. Plus loin, l’odeur pestilentielle que laisse échapper l’oued Mekerra prend à la gorge. Ce cours d’eau asséché aux humeurs incertaines se révèle être un véritable dépotoir à ciel ouvert malgré les sommes colossales allouées pour son assainissement. Il pénètre dans la ville du côté du parc d’attractions et s’étale jusqu’à sa sortie ouest. Un ancien employé des services de la voirie, qui réside dans le quartier depuis une vingtaine d’années, nous fait remarquer que le curage du lit de l’oued, entrepris en 2005 par une entreprise privée, n’a donné aucun résultat. C’est donc de l’argent jeté par les fenêtres ? « Non, plutôt dans les poches de ceux savent exactement ce qu’il faut faire pour le puiser », rectifie-t-il, avant de se plaindre des ordures qui envahissent le quartier, des lampadaires qui ne s’allument plus pour éclairer les ruelles, des toxicomanes qui s’amusent à les saboter et des caves inondées qui augurent d’une imminente catastrophe sanitaire.
    Craintes
    Contrairement aux années précédentes, les services concernés de la commune n’ont pas lancé de programme de prévention contre les risques sanitaires durant la période estivale. Sauf cette récente campagne de dératisation effectuée à la hâte suite à des suspicions concernant une infection virale à l’origine du syndrome néphrétique révélé par la presse, presque une semaine après son apparition non seulement dans la ville de Sidi Bel Abbès mais dans une vingtaines d’autres localités de la wilaya. « L’assèchement des caves inondées et leur désinfection se font au gré des conjonctures », s’indigne pour sa part Djelloul, handicapé habitant le quartier, avant de lancer sèchement : « Même pour se prémunir contre les dangers que peuvent engendrer les petits rongeurs, il vous faut du piston. » Aux yeux de cet ancien comédien du théâtre régional, les véritables rongeurs sont « forcément bipèdes et accessoirement humains ». Au sujet de la maladie qui frappe bon nombre de ses voisins, il craint sa propagation malgré les assurances diffusées en boucle sur la radio locale par les autorités sanitaires. Selon lui, le système d’alerte et de riposte, la surveillance épidémiologique des cas suspects, la désinfection immédiate et ciblée des zones à risque, la lutte antiréservoir et la lutte antivectorielle n’ont pas été actionnés à temps. Pourtant, ajoute-t-il, des comités de quartier ont de tout temps réclamé des mesures d’urgence pour Sorecor, en vain. Le silence entourant ce phénomène révélé une semaine après la confirmation du premier cas l’inquiète sérieusement. « Il faut au plus vite faire la lumière sur cette histoire », dit-il.
    ... « La douleur m’a brisée, la fraternité m’a relevée, de ma blessure a jailli un fleuve de liberté » Mémorial de Caen .
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