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L'économie au pays de Saad et Djaaboub

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    L'économie au pays de Saad et Djaaboub


    Pénurie de lait, de pomme de terre, d'argent... mais plus que tout, l'Algérie souffre d'une grave pénurie d'idées.

    L'été, la rentrée sociale et le Ramadhan. L'Algérie va vivre, en deux mois, trois moments révélateurs de sa mauvaise gestion et de sa non gouvernance. Cela ne signifie nullement que le pays est bien géré le reste de l'année, bien au contraire, mais confirme que le système de gestion du pays est désormais incapable de répondre autrement qu'en essayant d'éteindre le feu, avec le recours systématique à des solutions ruineuses, parfois pires que le mal auquel elles sont supposées répondre.

    Deux exemples montrent comment des solutions partielles, fragmentaires, prises dans l'urgence et la précipitation, sans concertation ni réflexion, vont causer un grave préjudice à l'économie du pays, alors que l'objectif affiché est de résoudre une crise conjoncturelle. Le premier concerne la pénurie, désormais chronique, d'argent dans les agences postales et autres centres de paiement. Dans un premier temps, responsables de la poste et de la banque centrale se sont rejeté la responsabilité, chacun essayant de sauver sa peau et son poste. Mais cela n'a évidemment pas résolu le problème.

    La banque centrale est cependant tenue par certaines règles. Elle doit notamment assurer la disponibilité de l'argent, d'une part, et, d'autre part, éviter des surliquidités, qui traduiraient une forte inflation. La tension actuelle traduit en fait une forte hausse des prix et une inflation largement supérieure aux chiffres farfelus avancés par les responsables du pays. En langage simple, il faut plus d'argent pour acheter les mêmes produits, alors que la masse monétaire en circulation devrait rester stable.

    La solution préconisée par les responsables des centres de distribution est inadéquate. Ils demandent à la banque centrale de leur fournir plus d'argent, ce qui produirait automatiquement une dévalorisation de la monnaie. La poste s'est ensuite lancée dans une grande opération de lancement de cartes de retrait. Cela aura un premier effet, celui d'éviter l'encombrement des bureaux de poste. Mais cela ne réglera pas pour autant le problème, car les distributeurs automatiques seront saturés à leur tour, et ne pourront répondre à la demande. D'ici là, les clients risquent de perdre confiance dans la carte bancaire, ce qui constituerait un coup très grave pour l'avenir du système financier. La solution consisterait alors à généraliser le paiement par chèque et par carte bancaire. Il est en effet inutile de distribuer des cartes bancaires et des chéquiers à des particuliers si leur usage se limite au retrait d'argent. Par contre, le paiement par carte bancaire accélérera le fonctionnement du circuit, allégera les procédures, diminuera fortement la demande de liquidités et augmentera la sécurité de l'argent. Rappeler ces évidences donne l'impression qu'on redécouvre le fil à couper le beurre, mais en Algérie, cela semble nécessaire...

    Une telle situation nécessite une action coordonnée de tous les partenaires : banques, poste, entreprises, commerçants, etc. Elle impose aussi un développement gigantesque du système de communication nécessaire pour prendre en charge les transactions électroniques, un allégement des procédures pour l'obtention de cartes de paiement ainsi qu'une campagne d'information auprès des citoyens. Mais plus que tout, ceci demande une action coordonnée de la part de tous les acteurs, car il suffirait qu'un seul élément de la chaîne soit défaillant pour que tout l'édifice s'écroule. Ainsi, la poste s'est-elle lancée dans une opération visant à distribuer plusieurs millions de cartes. Mais si l'épicier du coin ne dispose pas du terminal nécessaire pour le paiement, l'usage de la carte se limitera au retrait d'argent, ce qui n'a aucun effet sur la pénurie actuelle de liquidités.

    Le second exemple qui confirme la non gouvernance du pays est celui de la pomme de terre, déjà largement évoqué. Sur ce terrain, le gouvernement a fait le choix le plus ruineux pour l'économie du pays. Il a décidé de supprimer les taxes pour la pomme de terre de consommation.

    Il est évident qu'il est de la responsabilité des pouvoirs publics de préserver la paix sociale. Toutefois, l'option choisie ne fait que différer le problème, et risque de l'aggraver à moyen terme, pour plusieurs raisons. La promesse de faire baisser les prix risque de ne pas être tenue, d'abord parce qu'il est difficile d'importer un demi-million de tonnes de pomme de terre en un mois, ensuite parce qu'une telle annonce d'importation massive va provoquer une flambée des prix sur le marché international, et alourdit inutilement la facture des importations.

    D'autre part, le recours massif à l'importation constitue, à l'évidence, un signal puissant adressé aux producteurs, leur signifiant qu'on peut se passer d'eux. Il signifie également que le pays n'a ni les moyens, ni l'intention, ni le savoir-faire nécessaires pour s'attaquer aux vrais problèmes, ceux des terres agricoles, des infrastructures d'irrigation, de la recherche et de la production de la semence.

    Par ailleurs, la question du prix de la pomme de terre date d'il y a un an. Le ministre du Commerce d'alors avait promis une baisse du prix pour le Ramadhan. On sait ce qu'il en fut. Il y eut ensuite une polémique entre les ministres du Commerce et de l'Agriculture, qui se rejetaient mutuellement la responsabilité de la flambée des prix. Les deux hommes sont toujours là, mais entre-temps, nombre de produits, comme le lait, ont connu de graves crises. Peut-il en être autrement dans un pays qui confie son agriculture et son commerce à Saad et Djaaboub ?

    par Abed Charef - QO
    La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !
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