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Sid-ahmed-ghozali sort de son silence

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  • Sid-ahmed-ghozali sort de son silence

    Sid Ahmed Ghozali, ancien chef de gouvernement, sort de son silence et livre son avis sur la scène algérienne dans cette longue interview au Jeune Indépendant. Il pense notamment qu'un système fondé sur la séparation de l'autorité et de la responsabilité ne peut mener qu'à l'échec.
    par Abdelhalim Mouhou .

    L'nterview , assez longue mais interessante ,dans le lien ci apres.

    http://benchicou.**********/2007/08/...e-son-silence/

  • #2
    Le lien semble ne pas marcher , ci apres l'integralité de l'interview.

    Le Jeune Indépendant : Commençons par le commencement. Doit-on vous considérer comme un témoin ou comme un acteur de ce qui s’était passé en janvier 1992 ? Sid Ahmed Ghozali : Je suis un acteur du service public depuis le premier jour de l’indépendance jusqu’au jour où j’ai quitté la fonction publique à la fin de 1993.
    En 1992, j’étais un acteur, en tout cas, dans mon sentiment. Comment pouvez-vous imaginer qu’un chef de gouvernement en poste lors de cette période très difficile que nous avons vécue puisse accéder à la tête du gouvernement pour être un simple témoin ?
    Des témoignages affirment que l’armée vous a proposé, en premier, la présidence du HCE et que vous auriez rejeté l’offre en rétorquant que vous vouliez accéder à la présidence de la République par la voie des urnes ?
    Ce n’est pas exact ! Il y avait, disons, entre l’interruption du processus électoral, plus exactement depuis la démission de Chadli, jusqu’à la mise en place du HCE, beaucoup de discussions au sein du gouvernement, avec des représentants de la société civile et la classe politique.
    Et c’est au cours de cette période et devant le vide politique laissé par la démission du président Chadli, qu’il y avait eu des idées avancées çà et là pour voir comment combler le vide institutionnel. Parmi les nombreuses idées qui ont été émises, il y a eu effectivement celle qui consistait à dire qu’étant donné que le plus haut responsable de l’Etat n’est plus à sa place, ses prérogatives passeraient provisoirement au niveau de la plus haute autorité à l’époque qui était le chef du gouvernement.
    Il ne s’agissait donc pas du HCE. Vous voyez que c’est très différent ! Bon, il se trouve que j’avais écarté une telle idée pour des raisons très précises. C’est une solution qui risque d’accréditer l’idée qui avait été émise dès ma nomination, à savoir que j’avais été amené à la tête du gouvernement dans le cadre d’un mini-coup d’Etat pour remplacer Chadli.
    C’étaient, bien évidemment, les partants qui avaient dit cela. Mais si, six mois après, le Président démissionnait et que c’est le chef du gouvernement qui le remplaçait, cela ne pourra qu’accréditer cette thèse. Bien sûr, nous sommes passés, dans cette histoire, pour certains, et surtout pour ceux à qui ça ne plaisait pas de ne plus être au pouvoir, pour des putschistes.

    Nous avons pris la décision, en notre âme et conscience, parce que nous considérions que c’était le devenir même du pays qui était en jeu. C’était notre unique souci, et laissez-moi vous dire que ce n’était pas la décision d’une seule personne… Dans notre conviction de l’époque – et cette conviction n’a pas changé 16 ans après – c’était la fin de l’Algérie en tant que nation, et nous ne pouvions permettre cela.
    Vous estimez que le départ de Chadli n’était pas un coup d’Etat même si, par exemple, M. Belaïd Abdesselam l’a qualifié de coup d’Etat et M. Khaled Nezzar reconnaît que c’était une «démission provoquée», ce qui revient presque au même… Un chef d’Etat, que ce soit Chadli, Bush ou n’importe qui, est toujours soumis à des pressions, toujours ! Les décisions les plus déterminantes se font toujours sur la base de pressions extérieures et/ou intérieures.
    Certaines d’entre elles sont plus fortes que d’autres, mais cela veut-il dire que parce qu’il y a pressions, il y a coup d’Etat ?
    Se baser, ou se fonder sur le fait que des pressions aient été exercées, en tout cas, je ne fais pas partie de ceux qui auraient exercé de telles pressions, pour parler de coup d’Etat.
    Le fait d’établir qu’il y a eu des pressions ne signifie absolument pas qu’il y a eu démission forcée. Je dis que quand on parle de pressions, on n’apporte pas la preuve qu’on «a démissionné» Chadli.
    A votre avis, avec le recul, pensez-vous que tout ce qui s’était passé en janvier 1992 était juste, mais qui a dérapé, ou c’était carrément une erreur puisqu’ayant coûté la vie à des dizaines de milliers de citoyens ?
    Il s’est passé beaucoup de choses en janvier 1992.
    Mais, là aussi, il y a des forces politiques en Algérie qui ont effectivement voulu faire croire que le bain de sang dans lequel l’Algérie est tombée était une conséquence de l’arrêt du processus électoral. On a mis dans la tête des Algériens qu’en fin de compte, ceux qui se sont engagés dans la violence l’ont fait à cause de l’interruption du processus électoral.
    Ceux-là ne s’étaient pas engagés dans la violence uniquement après l’arrêt de ce processus, mais bien avant. La violence n’était pas aussi massive, mais les égorgements et les assassinats ont commencé bien avant l’arrêt du processus électoral.
    Elle a commencé avant même ma propre nomination, 7 mois avant l’arrêt du processus électoral, ma nomination a été précédée par une situation insurrectionnelle, je le rappelle, et par l’instauration de l’état de siège.
    Comment la tragédie dite nationale peut-elle être la conséquence de l’arrêt du processus électoral ?
    Ce serait admettre, notamment et en d’autres termes, que le FIS s’était lancé dans la violence pour défendre la démocratie ! Je ne laisserai pas le monopole de la parole à ceux qui, précisément dès le départ et jusqu’à maintenant, ont voulu occulter les vraies raisons de la violence qui s’est instaurée en Algérie.
    Cette violence était un aboutissement et non point due à l’arrêt du processus électoral, mais à une crise politique très grave dont les racines remontaient à plus de dix ans. Elle était née de facteurs politiques mais aussi de facteurs économiques.
    Le pouvoir, dès la mort de Boumediene, ne s’est pas occupé, en tout cas pas correctement, des problèmes des Algériens. Ce qui fait que ces problèmes économiques se sont mus en une crise financière, ensuite en une crise sociale et morale et le point d’orgue, l’exacerbation en une crise politique ! Je l’avais dit en juillet 1991 lors de la présentation de mon programme devant l’Assemblée populaire nationale.
    J’avais dit aux députés que notre problème à nous est que depuis l’indépendance aucun gouvernement, y compris le mien, ni aucune institution, y compris la votre, n’a été l’émanation de la volonté populaire. A cette occasion, j’avais dit que la situation qui s’est développée et la violence qui s’est instaurée ne sont qu’une réponse à une autre violence qui s’était instaurée avant.
    Il y avait des forces politiques agrippées au pouvoir sans pour autant vouloir changer les choses et négligeant en plus les problèmes quotidiens du pays et des gens. A ces forces s’est ajoutée une autre force pour accaparer le pouvoir profitant de la situation qui s’était créée.
    J’avais dit aussi, et c’était suffisamment grave sortant de la bouche d’un chef de gouvernement, qu’il y avait un antagonisme apparent entre ces deux forces. Mais que c’était un écran de fumée qui visait à couvrir une entreprise de partage de pouvoir.
    Tout le monde sait maintenant que bien avant que je vienne au gouvernement, il y avait eu négociation et compromis entre le bureau politique du parti (FLN, NDLR) et le FIS pour arranger les élections afin de partager le pouvoir entre eux.
    .

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    • #3
      5(suite)
      Après les résultats du premier tour, j’avais dit à la télévision : «Ces élections ont-elles été propres et honnêtes ?
      Oui, de la part du gouvernement parce que celui-ci n’a pas triché. Et non, de la part du FIS parce qu’il tient toutes les communes et il a triché.» Mais, avais-je ajouté : «Cela ne signifie nullement que ce résultat n’a aucune signification, au contraire, ce vote est un cri de la part du peuple algérien qui rejette les responsables politiques qu’il regardait comme cause de son malheur.» Ce qu’on appelle la tragédie n’est pas dû à l’arrêt du processus électoral.
      Elle était inscrite dans un processus long de 13 années durant lequel le pouvoir politique a été défaillant et a laissé se développer une situation favorable à la violence. Concernant la direction du FIS, quand elle a vu que son plan était bouleversé, elle décida de passer à l’action violente bien avant mon arrivée au gouvernement.
      C’est donc une violente défiguration historique que de suggérer que ce que nous avons connu comme horreurs pendant 10 ans serait le résultat de l’arrêt du processus électoral. Que les dirigeants politiciens du FIS le soutiennent, c’est de bonne guerre, mais que les autres le disent, et surtout ceux qui ont participé au pouvoir pendant cette période, est une assertion mensongère inacceptable.
      Vous savez, nous sommes dans un pays étrange, très étrange. Souvenez-vous de l’affaire des 26 milliards de dollars. Un certain jour de 1990, un ancien Premier ministre, Abdelhamid Brahimi, ancien et unique patron de l’économie algérienne durant 10 années, prend le micro et déclare que pendant ces 10 ans, il y a eu 26 milliards de dollars qui ont été perdus par l’économie algérienne par la voie de la corruption, par la voie des commissions.
      Qui dit ça !? C’est le responsable et le plus grand patron de l’économie pendant cette même période (sourire). C’est un pays très étrange ! Les choses n’ont pas beaucoup changé depuis. Sur ce plan-là, on peut toujours réviser sa position, il y a des choses dont lesquelles j’étais convaincu à l’époque et avec le temps j’en suis moins convaincu aujourd’hui… Mais pour ce qui concerne l’arrêt du processus électoral, les conditions dans lesquelles il a eu lieu, et sur le fait qu’il n’a rien à voir avec la tragédie nationale, ça, je n’ai pas changé de conduite.
      Parmi ce que je regrette, c’est qu’il y avait une leçon à tirer de 1991, eh bien par la faute des choses, cette leçon n’a pas été tirée du tout. Nous nous retrouvons dans une situation qui est pire si à Dieu ne plaise. 1991 avait un prix et il fallait que la nation on tire bénéfice.
      Le pouvoir politique en entier devait tirer une leçon et il ne l’a pas fait.
      Pouvez-vous être plus explicite. Qu’est-ce qu’il y avait lieu de faire et qu’on n’avait pas fait et qu’est-ce qu’il n’y avait pas lieu de faire et qu’on a fait ?
      Ce qu’il y avait à faire c’est ce que nous n’avons pas réussi à faire depuis l’Indépendance, à savoir construire des instituions.
      Des institutions réelles et non pas virtuelles. Ce que nous avons vécu en 1991 était dû à une absence d’institutions. Depuis 1962, on a vécu par des coups d’Etat et on n’a pas été capable de mettre en place des institutions. Et il faut le dire carrément, on n’a pas fini de mentir aux gens ! Il est clair que la contradiction totale qui existe entre la loi, le discours politique d’un côté et ce qui se fait de l’autre côté sur le terrain, non seulement elle n’a pas diminué mais elle s’est aggravée.
      Nous continuons à être un pays qui fait le contraire de ce qu’il dit, de ce qu’il légifère, un pays qui ne respecte pas ses propres lois. C’est une des choses que je regrette beaucoup. Le choix qui s’offre à nous n’est pas entre changer et ne pas changer, c’est la manière de faire ce changement.
      Le seul choix qui reste pour le moment, c’est entre changer dans l’ordre de manière consciente et organisée, ou bien, à force de refuser le changement, celui-ci nous sera imposé dans le désordre. Et cela n’est jamais le meilleur choix.
      En 1991, le FIS voulait faire un changement dans le désordre, cette fois ce sera une autre force. Cela pourra être la rue, dans le désordre. Mon inquiétude vient du fait que nous nous approchons de cette échéance. Parce que nous n’avons pas tiré les leçons ni d’octobre 1988 ni de janvier 1991.
      Le cas que vous venez de citer concernant Abdelhamid Brahimi qui parle d’une grosse affaire de corruption dont il n’aurait pas été au courant, alors qu’il était censé le savoir puisqu’étant le Premier ministre à l’époque, soulève une question sur les centres «réels» de la décision politique dans notre pays… En parlant de centres de décision, j’ai cité le cas d’Abdelhamid Brahimi comme exemple.
      Il n’y a pas eu un seul responsable algérien dans le domaine économique depuis l’Indépendance qui a eu autant de pouvoirs que lui. Il a eu le pouvoir absolu pendant 10 ans. Si ce n’est qu’après avoir quitté le pouvoir qu’il s’est aperçu qu’il y avait 26 milliards de dollars de corruption, cela veut dire que, soit il a été complice, soit il a été incapable.
      A l’époque j’étais membre du bureau politique du FLN, j’avais dit qu’il faut le sommer d’apporter la preuve, et quand il apportera la preuve de ce qu’il avance, il faudra qu’il explique pourquoi a-t-il laissé faire ça. Est-ce par négligence ou par complicité ? Cela s’est traduit par une commission d’enquête à l’Assemblée populaire nationale devant laquelle Brahimi avait essuyé le couteau sur Chadli, laissant entendre que le plus gros de ces 26 milliards c’était Chadli et sa famille qui l’avaient pris.
      Pour le centre de décision, c’est cela le grand problème.
      Qu’est-ce que vous appelez centre de décision ?
      Là où se prend réellement la décision ou, pour reformuler la question, où se situent les centres les plus influents sur la prise de décision dans le système algérien, du moins, lors de votre expérience à la tête du gouvernement ? Du temps où j’ai été à la tête du gouvernement, c’était le même système, le même régime et il n’a pas changé.
      Mais moi, je ne suis pas un exemple significatif, je n’ai pas duré pour faire les changements nécessaires.
      Mais permettez-moi de vous retourner la question, vous parlez des centres de décision du point de vue de la loi ou de celui de la réalité ? Du point de vue de la réalité…
      Du point de vue de la loi, l’Assemblée populaire nationale et les députés sont souverains et ils ont des pouvoirs très importants.
      Cela aurait été réellement le cas s’ils avaient été élus dans des élections démocratiques. Une élection où l’on interdit à des gens de se présenter n’est pas une élection libre. Le fait même de se taire et de ne donner aucun papier fait que le gouvernement interdise mon parti (le Front démocratique, FD) comme c’est aussi le cas de Wafa de Taleb El-Ibrahimi.
      Ne serait-ce que pour cela, ces élections n’ont rien de démocratique ! Voilà pour l’Assemblée populaire nationale.
      Le président de la République a-t-il été élu dans le cadre d’une véritable compétition ?
      Vous savez que ce n’est pas indubitable.
      Il ne faut pas qu’on se mente à soi-même. Je ne suis pas contre l’idée de la désignation, mais qu’on le dise ouvertement. Mais contre le fait de dire une chose et de faire son contraire. Le pas à faire c’est de se diriger petit à petit mais résolument vers l’application de la loi et de la Constitution.
      Me concernant, j’avais formé mon gouvernement tout seul, ni l’armée ni aucune autre partie n’est jamais intervenue pour m’imposer tel ou tel ministre, jamais ! Bien évidemment, pour certains postes importants comme celui de l’Intérieur, j’ai bien pris la précaution de consulter ces parties.
      Je peux vous le dire, et je défie n’importe qui pour venir me dire le contraire. Sur ce plan-là, et sans «contorsion» ni quoi que ce soit, j’ai formé mon gouvernement moi-même. Dans le choix du programme économique aussi, jamais quelqu’un ne m’a imposé quoi que ce soit.
      J’ai choisi mon propre programme économique. Sur le plan de l’accident de l’arrêt du processus électoral, je vous ai dit comment cela s’est passé. Mais encore une fois, ce qui s’est passé en six mois ne reflète pas nécessairement la réalité permanente du pouvoir.

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      • #4
        ( Suite)
        Vous avez dit que pour rendre aux institutions leur souveraineté, il faut aller vers l’application de la loi. Qui ou qu’est-ce qui empêche son application ? Ne cherchez surtout pas des noms de personnes, ce ne sont pas des personnes.
        C’est un système qui s’est constitué. Disons que c’est une sorte de parti clandestin composé d’Algériens qui prennent des décisions, mais ils les font endosser à des civils.
        Vous parlez donc des militaires ?
        Quand on parle des militaires, c’est par commodité de langage, c’est plus compliqué que ça.
        D’abord, les militaires sont à 98 % dans la même situation que les civils. On est dans un régime où celui qui décide vraiment n’est pas «visible» et ne rend pas compte de ses décisions et celui qui, officiellement, décide n’a pas l’autorité pour exercer ses responsabilités ! C’est un système qui est fondé sur la séparation dans les faits entre les deux concepts d’autorité et de responsabilité.
        Il faut que nous sortions de cette situation qui, de toute façon, ne peut mener qu’à l’échec. Le pourquoi des choses et le comment surtout restent problématiques. Là on tombe sur l’absence de débats publics. C’est un pays où le débat public est interdit et parmi les victimes, il y a les journalistes eux-mêmes.
        Le pouvoir est défaillant sur le plan de l’information de l’opinion. Depuis l’Indépendance, il gère l’opinion par la rumeur, et nous nous retrouvons tous suspendus à un froncement de sourcils de l’un ou à ceux de l’autre pour essayer de nous guider dans ce tunnel noir qu’est l’Algérie de l’information.
        Le sens critique des Algériens a été démoli par le rouleau compresseur de l’intoxication pendant des décennies.
        Restons toujours dans la période de l’après-janvier 1992. On a parlé de parties influentes qui auraient voulu se débarrasser de vous et que si vous aviez été maintenu à votre poste, c’est uniquement grâce à la solidarité du président Boudiaf ?
        Au moment où j’ai été nommé chef de gouvernement, le FLN, plus exactement une faction du bureau politique et pour la première fois de son histoire, s’est déclaré ouvertement dans l’opposition.
        Je ne parle pas du FLN ou de son bureau politique. Je ne dis pas qu’ils voulaient se débarrasser de moi après la venue de Boudiaf ; pire, ils n’ont jamais accepté que je sois nommé chef de gouvernement. Cette faction du bureau politique m’a combattu dès ma nomination et n’a pas attendu la venue du président Boudiaf.
        Au départ, ils ont insisté en disant que c’était un gouvernement provisoire. Abassi Madani qui était en prison m’avait fait la grève de la faim quand j’ai parlé de la loi pétrolière disant lui aussi que je n’étais là que pour organiser les élections et que je n’avais rien à voir avec le pétrole.
        Le simple fait de distiller chaque semaine des rumeurs suggérant que le gouvernement était sur le départ a contribué à affaiblir énormément mon gouvernement. Ce sont ceux qui considéraient à tort ou à raison que le pouvoir c’étaient eux et pas quelqu’un d’autre.
        J’avais proposé ma démission à trois reprises à Boudiaf qui l’avait refusée. Je lui avais dit : «Vous n’avez pas intérêt à avoir un chef de gouvernement, dont on pourrait dire qu’il vous a été imposé et (que) ça ne servait à rien de démentir, car le mal est fait.
        Mais, n’oublions pas que lui aussi avait été accueilli comme «un chien dans un jeu de quille.» Boudiaf avait écarté tout ça d’un geste méprisant et rejeté l’idée de ma démission. Est-ce à dire qu’il entendait me garder pour longtemps, seul lui le savait.
        Il voulait peut-être se donner le temps et c’est normal. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il avait refusé de me laisser partir. Pourquoi, me diriez-vous, je ne suis pas parti quand même ? Comment ? En somme après que l’Algérie eut fait appel à un homme comme lui pour assumer une situation épouvantable, le premier acte du chef de gouvernement en place irait lui dire «je m’en vais» ? C’eut été au minimum de la lâcheté ! Donc, cette histoire de qui voulait me faire partir est plus vraie que cela : ils n’ont jamais voulu de moi et ils m’ont combattu.

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        • #5
          (suite)
          Vous démentez par là les assertions selon lesquelles c’est l’armée, incarnée par Khaled Nezzar, qui voulait à l’époque vous faire partir ?
          Dans le discours que m’avait tenu Khaled Nezzar, qui était le plus haut responsable militaire à l’époque, jamais il n’a été question de ça.
          Au contraire, j’ai essayé de démissionner deux fois et ils m’en ont dissuadé. J’avais essayé d’abord de démissionner du temps de Chadli quand j’avais reçu la gifle de la loi électorale. On était d’accord avec tous les partis, à l’exception d’Abdelahmid Mehri, du choix de la proportionnelle aux législatives.
          Mais comme l’APN était à majorité FLN, elle retint le scrutin majoritaire. J’ai voulu démissionner… sans succès, auprès du Président comme de l’armée. Dire si je regrette ou pas, c’est de la politique fiction. Ou alors s’il fallait absolument parler de regrets, c’est vraiment d’avoir accepté la position de chef de gouvernement.
          Ça, oui ! Si j’avais su en juin 1991 ce que j’ai appris depuis 1992 jusqu’à nos jours, je n’aurais jamais accepté le poste. Mais cela aussi c’est de la politique fiction. Abordons maintenant un cas qui est le résultat de ce fameux janvier 1992, à savoir l’état d’urgence décrété en février de la même année… Rappelons d’abord les faits.
          Quand j’avais été nommé chef de gouvernement, l’Algérie était sous l’état de siège. Cet état de siège nous lui avions diminué le degré pour devenir en septembre l’état d’urgence. Avant les élections, en octobre-novembre, nous avons recommencé.
          C’est à ce moment que des gendarmes commençaient à être assassinés à droite et à gauche, il y avait eu Guemmar aussi, et ce, en application d’un plan écrit du FIS pour la mise à feu et à sang de l’Algérie. En réaction à l’arrêt du processus électoral, l’action violente du FIS a redoublé de férocité.
          Là on a réinstauré l’état d’urgence. C’est une prérogative du chef de l’Etat après consultation du Haut conseil de sécurité et une mesure de sauvegarde absolument nécessaire prise dans le cadre et selon la procédure constitutionnelle.
          Quant aux mesures d’internement en découlant, nous avons vécu les dérives inhérentes à de telles situations (abus locaux, règlements de comptes, etc.)
          Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce document du FIS ?
          C’est un plan écrit composé de 22 points, où il y avait toutes les actions à mener, les assassinats, les destructions d’infrastructures, etc.
          C’était écrit noir sur blanc par les dirigeants du FIS. C’était la décision du FIS.
          Pourquoi des gens comme Saïd Guechi, Bachir Fquih, que Dieu ait leurs âmes, Ahmed Merani et les 4 ou 5 autres membres de la direction fondatrice du FIS en sont-ils sortis bien avant juin 1991 si ce n’est par refus de la solution violente ?
          Le maintien de l’état d’urgence veut-il dire que les raisons de son instauration sont toujours d’actualité ? Il est clair que jusqu’à la fin des années 1990, il ne pouvait pas y avoir autre chose que l’état d’urgence.
          Maintenant, l’état d’urgence n’a plus de raison d’être dès lors que les hauts responsables politiques disent que la concorde civile a réussi, que les problèmes de sécurité sont réglés et qu’il y a même un chef militaire qui a dit que le problème des maquis était réglé.
          Et puis, quelques années après, il y a eu la réconciliation nationale comme si, en fait, ces problèmes n’étaient pas réglés. Si l’on veut prendre au mot les responsables politiques, l’état d’urgence n’a plus raison d’être. Je ne suis pas au fait de la réelle situation sur le plan de la sécurité, sauf que je ne crois pas, à mon avis, que les problèmes de sécurité sont derrière nous.
          Si c’était le cas, l’état d’urgence effectivement n’a plus de sens. L’état d’urgence peut être aussi utilisé pour maintenir une restriction légale des libertés. Il y a peut-être des forces à l’intérieur du pouvoir, qui sont très peu attachées à l’exercice des libertés qui sont pour le maintien de l’état d’urgence.
          Au stade de l’analyse, je ne crois pas que la question de la sécurité a été résolue, mais sur le plan politique je vis comme un citoyen et comme un homme public une situation qui me prouve qu’il y a un abus dans les restrictions des libertés.
          L’état d’urgence n’a de raison d’être que lorsque la sécurité du pays est menacée. L’est-elle encore ? C’est bien possible. Mais moi, je dis qu’elle est menacée parce que précisément la situation sociale et politique ne s’améliore pas.
          autres le disent, et surtout ceux qui ont participé au pouvoir pendant cette période, est une assertion mensongère inacceptable. Vous savez, nous sommes dans un pays étrange, très étrange. Souvenez-vous de l’affaire des 26 milliards de dollars.
          Un certain jour de 1990, un ancien Premier ministre, Abdelhamid Brahimi, ancien et unique patron de l’économie algérienne durant 10 années, prend le micro et déclare que pendant ces 10 ans, il y a eu 26 milliards de dollars qui ont été perdus par l’économie algérienne par la voie de la corruption, par la voie des commissions.
          Qui dit ça !? C’est le responsable et le plus grand patron de l’économie pendant cette même période (sourire). C’est un pays très étrange ! Les choses n’ont pas beaucoup changé depuis. Sur ce plan-là, on peut toujours réviser sa position, il y a des choses dont lesquelles j’étais convaincu à l’époque et avec le temps j’en suis moins convaincu aujourd’hui… Mais pour ce qui concerne l’arrêt du processus électoral, les conditions dans lesquelles il a eu lieu, et sur le fait qu’il n’a rien à voir avec la tragédie nationale, ça, je n’ai pas changé de conduite.
          Parmi ce que je regrette, c’est qu’il y avait une leçon à tirer de 1991, eh bien par la faute des choses, cette leçon n’a pas été tirée du tout. Nous nous retrouvons dans une situation qui est pire si à Dieu ne plaise. 1991 avait un prix et il fallait que la nation on tire bénéfice.

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          • #6
            (suite)
            Le pouvoir politique en entier devait tirer une leçon et il ne l’a pas fait.
            Pouvez-vous être plus explicite. Qu’est-ce qu’il y avait lieu de faire et qu’on n’avait pas fait et qu’est-ce qu’il n’y avait pas lieu de faire et qu’on a fait ?
            Ce qu’il y avait à faire c’est ce que nous n’avons pas réussi à faire depuis l’Indépendance, à savoir construire des instituions.
            Des institutions réelles et non pas virtuelles. Ce que nous avons vécu en 1991 était dû à une absence d’institutions. Depuis 1962, on a vécu par des coups d’Etat et on n’a pas été capable de mettre en place des institutions. Et il faut le dire carrément, on n’a pas fini de mentir aux gens ! Il est clair que la contradiction totale qui existe entre la loi, le discours politique d’un côté et ce qui se fait de l’autre côté sur le terrain, non seulement elle n’a pas diminué mais elle s’est aggravée.
            Nous continuons à être un pays qui fait le contraire de ce qu’il dit, de ce qu’il légifère, un pays qui ne respecte pas ses propres lois. C’est une des choses que je regrette beaucoup. Le choix qui s’offre à nous n’est pas entre changer et ne pas changer, c’est la manière de faire ce changement.
            Le seul choix qui reste pour le moment, c’est entre changer dans l’ordre de manière consciente et organisée, ou bien, à force de refuser le changement, celui-ci nous sera imposé dans le désordre. Et cela n’est jamais le meilleur choix.
            En 1991, le FIS voulait faire un changement dans le désordre, cette fois ce sera une autre force. Cela pourra être la rue, dans le désordre. Mon inquiétude vient du fait que nous nous approchons de cette échéance. Parce que nous n’avons pas tiré les leçons ni d’octobre 1988 ni de janvier 1991.
            Le cas que vous venez de citer concernant Abdelhamid Brahimi qui parle d’une grosse affaire de corruption dont il n’aurait pas été au courant, alors qu’il était censé le savoir puisqu’étant le Premier ministre à l’époque, soulève une question sur les centres «réels» de la décision politique dans notre pays… En parlant de centres de décision, j’ai cité le cas d’Abdelhamid Brahimi comme exemple.
            Il n’y a pas eu un seul responsable algérien dans le domaine économique depuis l’Indépendance qui a eu autant de pouvoirs que lui. Il a eu le pouvoir absolu pendant 10 ans. Si ce n’est qu’après avoir quitté le pouvoir qu’il s’est aperçu qu’il y avait 26 milliards de dollars de corruption, cela veut dire que, soit il a été complice, soit il a été incapable.
            A l’époque j’étais membre du bureau politique du FLN, j’avais dit qu’il faut le sommer d’apporter la preuve, et quand il apportera la preuve de ce qu’il avance, il faudra qu’il explique pourquoi a-t-il laissé faire ça. Est-ce par négligence ou par complicité ? Cela s’est traduit par une commission d’enquête à l’Assemblée populaire nationale devant laquelle Brahimi avait essuyé le couteau sur Chadli, laissant entendre que le plus gros de ces 26 milliards c’était Chadli et sa famille qui l’avaient pris.
            Pour le centre de décision, c’est cela le grand problème. Qu’est-ce que vous appelez centre de décision ? Là où se prend réellement la décision ou, pour reformuler la question, où se situent les centres les plus influents sur la prise de décision dans le système algérien, du moins, lors de votre expérience à la tête du gouvernement ? Du temps où j’ai été à la tête du gouvernement, c’était le même système, le même régime et il n’a pas changé.
            Mais moi, je ne suis pas un exemple significatif, je n’ai pas duré pour faire les changements nécessaires. Mais permettez-moi de vous retourner la question, vous parlez des centres de décision du point de vue de la loi ou de celui de la réalité ? Du point de vue de la réalité… Du point de vue de la loi, l’Assemblée populaire nationale et les députés sont souverains et ils ont des pouvoirs très importants.
            Cela aurait été réellement le cas s’ils avaient été élus dans des élections démocratiques. Une élection où l’on interdit à des gens de se présenter n’est pas une élection libre. Le fait même de se taire et de ne donner aucun papier fait que le gouvernement interdise mon parti (le Front démocratique, FD) comme c’est aussi le cas de Wafa de Taleb El-Ibrahimi.
            Ne serait-ce que pour cela, ces élections n’ont rien de démocratique ! Voilà pour l’Assemblée populaire nationale.
            Le président de la République a-t-il été élu dans le cadre d’une véritable compétition ?
            Vous savez que ce n’est pas indubitable.
            Il ne faut pas qu’on se mente à soi-même. Je ne suis pas contre l’idée de la désignation, mais qu’on le dise ouvertement. Mais contre le fait de dire une chose et de faire son contraire. Le pas à faire c’est de se diriger petit à petit mais résolument vers l’application de la loi et de la Constitution.
            Me concernant, j’avais formé mon gouvernement tout seul, ni l’armée ni aucune autre partie n’est jamais intervenue pour m’imposer tel ou tel ministre, jamais ! Bien évidemment, pour certains postes importants comme celui de l’Intérieur, j’ai bien pris la précaution de consulter ces parties.
            Je peux vous le dire, et je défie n’importe qui pour venir me dire le contraire. Sur ce plan-là, et sans «contorsion» ni quoi que ce soit, j’ai formé mon gouvernement moi-même. Dans le choix du programme économique aussi, jamais quelqu’un ne m’a imposé quoi que ce soit.
            J’ai choisi mon propre programme économique. Sur le plan de l’accident de l’arrêt du processus électoral, je vous ai dit comment cela s’est passé. Mais encore une fois, ce qui s’est passé en six mois ne reflète pas nécessairement la réalité permanente du pouvoir.
            Vous avez dit que pour rendre aux institutions leur souveraineté, il faut aller vers l’application de la loi. Qui ou qu’est-ce qui empêche son application ? Ne cherchez surtout pas des noms de personnes, ce ne sont pas des personnes.
            C’est un système qui s’est constitué. Disons que c’est une sorte de parti clandestin composé d’Algériens qui prennent des décisions, mais ils les font endosser à des civils.
            Vous parlez donc des militaires ?
            Quand on parle des militaires, c’est par commodité de langage, c’est plus compliqué que ça.
            D’abord, les militaires sont à 98 % dans la même situation que les civils. On est dans un régime où celui qui décide vraiment n’est pas «visible» et ne rend pas compte de ses décisions et celui qui, officiellement, décide n’a pas l’autorité pour exercer ses responsabilités ! C’est un système qui est fondé sur la séparation dans les faits entre les deux concepts d’autorité et de responsabilité.
            Il faut que nous sortions de cette situation qui, de toute façon, ne peut mener qu’à l’échec. Le pourquoi des choses et le comment surtout restent problématiques. Là on tombe sur l’absence de débats publics. C’est un pays où le débat public est interdit et parmi les victimes, il y a les journalistes eux-mêmes.
            Le pouvoir est défaillant sur le plan de l’information de l’opinion. Depuis l’Indépendance, il gère l’opinion par la rumeur, et nous nous retrouvons tous suspendus à un froncement de sourcils de l’un ou à ceux de l’autre pour essayer de nous guider dans ce tunnel noir qu’est l’Algérie de l’information.
            Le sens critique des Algériens a été démoli par le rouleau compresseur de l’intoxication pendant des décennies.
            Restons toujours dans la période de l’après-janvier 1992. On a parlé de parties influentes qui auraient voulu se débarrasser de vous et que si vous aviez été maintenu à votre poste, c’est uniquement grâce à la solidarité du président Boudiaf ?
            Au moment où j’ai été nommé chef de gouvernement, le FLN, plus exactement une faction du bureau politique et pour la première fois de son histoire, s’est déclaré ouvertement dans l’opposition.

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            • #7
              Si t'as lu l'interview, je pense qu'un petit résumé serait le bien venu pour tes lecteurs.
              Un chemin de mille lieues commence toujours par un premier pas.
              Lap-tzu

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              • #8
                (suite)Je ne parle pas du FLN ou de son bureau politique. Je ne dis pas qu’ils voulaient se débarrasser de moi après la venue de Boudiaf ; pire, ils n’ont jamais accepté que je sois nommé chef de gouvernement. Cette faction du bureau politique m’a combattu dès ma nomination et n’a pas attendu la venue du président Boudiaf.
                Au départ, ils ont insisté en disant que c’était un gouvernement provisoire. Abassi Madani qui était en prison m’avait fait la grève de la faim quand j’ai parlé de la loi pétrolière disant lui aussi que je n’étais là que pour organiser les élections et que je n’avais rien à voir avec le pétrole.
                Le simple fait de distiller chaque semaine des rumeurs suggérant que le gouvernement était sur le départ a contribué à affaiblir énormément mon gouvernement. Ce sont ceux qui considéraient à tort ou à raison que le pouvoir c’étaient eux et pas quelqu’un d’autre.
                J’avais proposé ma démission à trois reprises à Boudiaf qui l’avait refusée. Je lui avais dit : «Vous n’avez pas intérêt à avoir un chef de gouvernement, dont on pourrait dire qu’il vous a été imposé et (que) ça ne servait à rien de démentir, car le mal est fait.
                Mais, n’oublions pas que lui aussi avait été accueilli comme «un chien dans un jeu de quille.» Boudiaf avait écarté tout ça d’un geste méprisant et rejeté l’idée de ma démission. Est-ce à dire qu’il entendait me garder pour longtemps, seul lui le savait.
                Il voulait peut-être se donner le temps et c’est normal. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il avait refusé de me laisser partir. Pourquoi, me diriez-vous, je ne suis pas parti quand même ? Comment ? En somme après que l’Algérie eut fait appel à un homme comme lui pour assumer une situation épouvantable, le premier acte du chef de gouvernement en place irait lui dire «je m’en vais» ? C’eut été au minimum de la lâcheté ! Donc, cette histoire de qui voulait me faire partir est plus vraie que cela : ils n’ont jamais voulu de moi et ils m’ont combattu.
                Vous démentez par là les assertions selon lesquelles c’est l’armée, incarnée par Khaled Nezzar, qui voulait à l’époque vous faire partir ?
                Dans le discours que m’avait tenu Khaled Nezzar, qui était le plus haut responsable militaire à l’époque, jamais il n’a été question de ça.
                Au contraire, j’ai essayé de démissionner deux fois et ils m’en ont dissuadé. J’avais essayé d’abord de démissionner du temps de Chadli quand j’avais reçu la gifle de la loi électorale. On était d’accord avec tous les partis, à l’exception d’Abdelahmid Mehri, du choix de la proportionnelle aux législatives.
                Mais comme l’APN était à majorité FLN, elle retint le scrutin majoritaire. J’ai voulu démissionner… sans succès, auprès du Président comme de l’armée. Dire si je regrette ou pas, c’est de la politique fiction. Ou alors s’il fallait absolument parler de regrets, c’est vraiment d’avoir accepté la position de chef de gouvernement.
                Ça, oui ! Si j’avais su en juin 1991 ce que j’ai appris depuis 1992 jusqu’à nos jours, je n’aurais jamais accepté le poste. Mais cela aussi c’est de la politique fiction. Abordons maintenant un cas qui est le résultat de ce fameux janvier 1992, à savoir l’état d’urgence décrété en février de la même année… Rappelons d’abord les faits.
                Quand j’avais été nommé chef de gouvernement, l’Algérie était sous l’état de siège. Cet état de siège nous lui avions diminué le degré pour devenir en septembre l’état d’urgence. Avant les élections, en octobre-novembre, nous avons recommencé.
                C’est à ce moment que des gendarmes commençaient à être assassinés à droite et à gauche, il y avait eu Guemmar aussi, et ce, en application d’un plan écrit du FIS pour la mise à feu et à sang de l’Algérie. En réaction à l’arrêt du processus électoral, l’action violente du FIS a redoublé de férocité.
                Là on a réinstauré l’état d’urgence. C’est une prérogative du chef de l’Etat après consultation du Haut conseil de sécurité et une mesure de sauvegarde absolument nécessaire prise dans le cadre et selon la procédure constitutionnelle.
                Quant aux mesures d’internement en découlant, nous avons vécu les dérives inhérentes à de telles situations (abus locaux, règlements de comptes, etc.)
                Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce document du FIS ?
                C’est un plan écrit composé de 22 points, où il y avait toutes les actions à mener, les assassinats, les destructions d’infrastructures, etc.
                C’était écrit noir sur blanc par les dirigeants du FIS. C’était la décision du FIS.
                Pourquoi des gens comme Saïd Guechi, Bachir Fquih, que Dieu ait leurs âmes, Ahmed Merani et les 4 ou 5 autres membres de la direction fondatrice du FIS en sont-ils sortis bien avant juin 1991 si ce n’est par refus de la solution violente ?
                Le maintien de l’état d’urgence veut-il dire que les raisons de son instauration sont toujours d’actualité ? Il est clair que jusqu’à la fin des années 1990, il ne pouvait pas y avoir autre chose que l’état d’urgence.
                Maintenant, l’état d’urgence n’a plus de raison d’être dès lors que les hauts responsables politiques disent que la concorde civile a réussi, que les problèmes de sécurité sont réglés et qu’il y a même un chef militaire qui a dit que le problème des maquis était réglé.
                Et puis, quelques années après, il y a eu la réconciliation nationale comme si, en fait, ces problèmes n’étaient pas réglés. Si l’on veut prendre au mot les responsables politiques, l’état d’urgence n’a plus raison d’être. Je ne suis pas au fait de la réelle situation sur le plan de la sécurité, sauf que je ne crois pas, à mon avis, que les problèmes de sécurité sont derrière nous.
                Si c’était le cas, l’état d’urgence effectivement n’a plus de sens. L’état d’urgence peut être aussi utilisé pour maintenir une restriction légale des libertés. Il y a peut-être des forces à l’intérieur du pouvoir, qui sont très peu attachées à l’exercice des libertés qui sont pour le maintien de l’état d’urgence.
                Au stade de l’analyse, je ne crois pas que la question de la sécurité a été résolue, mais sur le plan politique je vis comme un citoyen et comme un homme public une situation qui me prouve qu’il y a un abus dans les restrictions des libertés.
                L’état d’urgence n’a de raison d’être que lorsque la sécurité du pays est menacée. L’est-elle encore ? C’est bien possible. Mais moi, je dis qu’elle est menacée parce que précisément la situation sociale et politique ne s’améliore pas.
                H. M.
                Dernière modification par chicha51, 31 août 2007, 11h15.

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                • #9
                  Si t'as lu l'interview, je pense qu'un petit résumé serait le bien venu pour tes lecteurs.
                  __________________

                  ......................................

                  Bnk

                  Mes excuses!


                  Je pensais que le lien allait marcher.

                  Un resumé ne serait jamais fidele pour rapporter les propos d'un ex responsable qui rapporte des faits assez interessants à connaitre.

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