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Le Pakistan s'essaie au partage du pouvoir

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    MUSHARRAF ferait n'importe quoi pour rester au pouvoir au Pakistan, affirme Rasul Bakhsh Rais, professeur de sciences politiques à Lahore. Y compris renoncer à l'uniforme ? De cela, l'universitaire n'est en revanche pas certain. Le général-président n'affirmait-il pas, il y a quelques semaines encore, que son uniforme était comme « une seconde peau » ? Hier, le ministre de l'Information, Muhammad Ali Durrani, a déclaré que Musharraf n'avait encore pris aucune décision, et qu'il s'en tiendrait à la Constitution. Ce qui ne manque pas de sel venant d'un homme qui a malmené la loi fondamentale plus souvent qu'à son tour. « Le président prendra sa décision sur la base de ce que dit la loi, et il ne l'a pas encore fait », a indiqué Durrani.

    Musharraf tente-t-il de reprendre l'initiative après les déclarations en rafales de Benazir Bhutto ? L'ex-premier ministre, qui continue de diriger le PPP, le Parti du peuple pakistanais, de son exil doré, a affirmé à Londres que le « problème de l'uniforme », qui constitue la clé de son alliance avec Musharraf, avait été résolu. « Nous sommes très proches d'un accord, mais nous n'en sommes pas encore là », a-t-elle cependant ajouté, précisant qu'elle attendait une réponse du général-président, « au plus tard ce week-end », sur une foule d'autres questions.

    Dès mercredi, pourtant, Cheikh Rashid Ahmed, le ministre des Transports d'Islamabad, un proche de Pervez Musharraf, indiquait que « le problème de l'uniforme avait été résolu ». Selon le quotidien pakistanais anglophone Dawn, Musharraf serait prêt à renoncer à son poste de chef des armées « avant même l'élection présidentielle, à condition que tous les partis politiques acceptent de le réélire à son poste de président pour cinq ans supplémentaires ». Prévues entre la mi-septembre et la mi-octobre, ces élections n'ont pas encore été clairement inscrites au calendrier. Nul ne sait vraiment non plus si Musharraf réussira à se faire réélire par l'Assemblée sortante, qui lui est plutôt favorable, ou s'il lui faudra passer par les fourches Caudines de celle qui sortira des urnes, au plus tard début 2008.

    Le leader pakistanais exigerait aussi que les pouvoirs présidentiels, tels que définis par lui-même, restent inchangés. Et pour cause, relève l'analyste politique Hasan Askari Rizvi, « au Pakistan, en situation normale, le pouvoir du président n'est pas plus important que celui du président indien ». En clair, un rôle honorifique et « moral ». Si accord il y a, « il sera annoncé dans les prochains jours, mais 95 % seulement des questions ont été résolues », confie à Islamabad Farhat Ullah Babar, le porte-parole du PPP. Pour Benazir Bhutto, il est essentiel, entre autres, que la justice renonce à la poursuivre pour corruption si elle rentre au Pakistan. Son retour au poste de premier ministre exige aussi un amendement de la Constitution, car celle-ci lui interdit de briguer un troisième mandat. Après avoir servi deux fois en qualité de chef du gouvernement, Bhutto avait été destituée en 1996 par Nawaz Sharif, qui l'avait accusée de détournement de fonds. En 1999, Sharif avait été renversé à son tour par le général Musharraf, jeté en prison, puis exilé.

    Pour les juges, qui veulent aujourd'hui arborer une intégrité sans faille, il pourrait être difficile de faire accepter aux Pakistanais que leurs futurs leaders soient des « corrompus », amnistiés sans autre forme de procès. « C'est la dictature de Musharraf et ses pressions sur Benazir et Nawaz qui ont donné à ces deux-là la popularité dont ils jouissent pour le moment, affirme ainsi Rasul Bakhsh Rais. Le vent pourrait vite leur être contraire. »

    source : le Figaro
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