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Le devenir de la poésie arabe ?

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  • Le devenir de la poésie arabe ?

    Pourquoi ce relâchement désastreux? Pourquoi la poésie devrait-elle, aujourd'hui, donner sa bénédiction au premier écrivaillon venu? Est-ce parce que, sans eux, il n'y aurait point de poésie? Les maisons d'édition s'inquiètent-elles, à ce point, pour le devenir de la poésie arabe ? Ou n'est-ce qu'une affaire de business, de connaissances et d'intérêts?

    Aussi fascinante que les vieux palais de Baghdad, la poésie arabe reste fidèle à son lieu de culte le plus connu et entame avec lui une longue et atroce ère de décadence. Baghdad est morte depuis que le premier pied américain s'y est posé et la poésie arabe agonise depuis que le premier nullard venu a eu le droit de "commettre" des incongruités linguistiques, les nommer "poésie" et, ensuite, les publier!

    Les maisons d'éditions qui ne se font plus prier pour éditer, encouragent et propagent cette épidémie accablante de mauvaise qualité, de mauvais goût et surtout de mauvaise foi. Il suffit maintenant qu'un pseudo-poète se montre généreux et prêt à tâter son portefeuille pour publier ses insanités. Il suffit que ça rime, que ça chante et que ça plaise aux ados en mal d'identité, en mal d'amour, en mal de mâle ou de n'importe quelle futilité. Il suffit de bien maîtriser la langue, et encore! On peut bien trouver des ingénieux qui trouvent le moyen de publier des horreurs linguistiques sans aucune cohérence et avec autant de fautes d'orthographe que le brouillon d'un enfant de six ans.

    Pourquoi ce relâchement désastreux? Pourquoi la poésie devrait-elle, aujourd'hui, donner sa bénédiction au premier écrivaillon venu? Est-ce parce que, sans eux, il n'y aurait point de poésie? Les maisons d'édition s'inquiètent-elles, à ce point, pour le devenir de la poésie arabe ? Ou n'est-ce qu'une affaire de business, de connaissances et d'intérêts? Suffit-il pour qu'une poétesse arrive à publier ses "horreurs" qu'elle sache balancer ses rondeurs et bien se déhancher devant le bureau de l'éditeur en prenant soin bien sûr, d'ouvrir les deux premiers boutons de son chemisier? Ou qu'un homme connaisse un ministre par-là, un éditeur par-ci pour que ses "catastrophes poétiques" paraissent dans les rayons de la foire et ceux des librairies? Ou bien faut-il seulement que leurs "strabismes littéraires" traitent de sujets qui intéressent les lecteurs; par exemple: un recueil de poésie spécial "prix de patates" avec un titre éponyme aura tout de suite son droit à la publication, de nos jours, ou mieux encore: un recueil qui, loin d'être à la hauteur de Nizar Kabani, fasse l'éloge de la gent féminine avec, avant tout, leurs qualités "spirituellement sexuelles"?!
    Les noms de ceux qui ont placé la poésie arabe au même niveau et, parfois, au-dessus de toutes les poésies du monde, sont aujourd'hui oubliés, ignorés comme qui dirait un maître que son disciple évite de regarder dans les yeux de peur d'y voir le mépris et la déception de ce qu'il est devenu.

    On oublie que les premiers poètes arabes préislamiques ont tracé pour les générations à venir, non pas un style poétique ou une structure esthétique à suivre impérativement mais seulement l'adoration et le dévouement que l'on doit à la poésie et à la beauté des vocables avant d'oser se prétendre poète . On oublie que depuis Oumrou Al Kais, la poésie n'a cessé d'éclore et de s'ennoblir au fil des siècles, en passant par l'époque Omeyyade avec ses immenses Farazdak et Djarir, l'ère Abbasside avec ses inégalables Al Mutanabbi, Abou Nawass et Abou Firass Al Hamadani sans omettre l'époque de la décadence qui n'enfanta pas, pour autant, des poètes décadents et enfin, l'époque moderne à commencer par la renaissance arabe, les poètes en exil et les tout derniers: Mahmoud Darwiche et Adonis…

    Pourtant, quand chacun de ces pseudo-poètes ait la miraculeuse opportunité de parler à la presse de ses lectures, il n'oublie jamais de citer ces noms flamboyants qui l'ont marqué et inspiré. Mais il n'ose jamais dire, (ou refuse-t-il de l'admettre?), que ce qu'il fait est loin d'être un hommage à ces grands poètes disparus mais, bien au contraire, ce n'est qu'un blasphème, une insulte, une diffamation à leur mémoire. Combien de poètes arabes actuels ont-ils eu des surnoms évoquant les disparus: "le nouveau Nizar Kabani", "Al Mutanabbi Moderne", etc. Ce n'est pas uniquement là la faute aux enfants indignes de la poésie mais aussi celle des critiques et du public.

    Et comme si cela ne suffisait pas, on ose aussi qualifier de poètes ces gens qui composent les paroles de chansons, comme quoi, même les arabes ont leurs Ferré, Brel, Brassens et Trenet! Des chansons aussi ignobles que les gens qui les interprètent sur nos chaînes satellites et qui, sans les vidéos clips dévoilant leurs charmes et leurs attributs érotiques, ne valent absolument rien! Des poèmes chantés, des poèmes écrits, des poèmes jetés après consommation sans trace aucune dans l'esprit ou même le corps, des poèmes jetables et surtout des poèmes à jeter….!
    Comme un poème touchant à sa fin, comme Omar Khayam caressant l'ultime quatrain, la poésie pousse ses derniers râles… Y aurait-il une renaissance? L'Irak redeviendra-t-il souverain? Le poème redeviendra-t-il Roi ? Comme pour l'un, l'autre a besoin d'une révolution pour revivre!

    - Par la depeche de la Kabylie
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