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L'Ingouchie, remake du scénario tchétchène?

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  • L'Ingouchie, remake du scénario tchétchène?

    L'Ingouchie n'en avait pas encore terminé avec les funérailles du mari et des fils de Vera Dragontchouk [tués le 31 août], l'enseignante russe de Karaboulak, qu'il fallait déjà préparer de nouveaux enterrements, selon le rite musulman cette fois : quatre policiers de Nazran, la capitale ingouche, avaient été victimes d'une bombe [le même jour].

    L'explosion a retenti alors qu'ils allaient examiner une Lada sans plaques d'immatriculation abandonnée devant la Maison de la culture de Nazran. Cet attentat spectaculaire et audacieux, perpétré en plein jour, avait été précédé d'appels lancés sur des forums de discussion ingouches sur Internet à "suivre l'exemple de nos frères tchétchènes", afin de venger la mort d'Islam Garakoiev.

    Ce jeune homme de 17 ans a été tué le 30 août par des forces de l'ordre, sur le marché de pièces détachées automobiles d'Ekajev, où il travaillait comme vendeur. D'après le parquet d'Ingouchie, Islam Garakoiev aurait été un combattant rebelle, éliminé au cours d'une opération spéciale après avoir tiré des coups de feu avec un pistolet sur des hommes du ministère de l'Intérieur russe et de la Direction du service fédéral de sécurité [FSB] d'Ingouchie.

    Toutefois, en Ingouchie même, une version "alternative" circule, selon laquelle les agents n'auraient même pas cherché à appréhender le jeune homme, qui aurait été en train de marcher dans la rue avec son baladeur, des écouteurs dans les oreilles. Ils l'auraient abattu sans sommation.

    Il est possible que ce garçon ait été lié au terrorisme clandestin, mais cela n'a plus d'importance aujourd'hui. La "résistance ingouche" a enfin le martyr dont elle avait besoin. Les événements suivent un schéma bien connu et dangereux : provocation des rebelles, représailles des forces fédérales contre la population civile, augmentation du nombre des "frères de la forêt" [qui entrent en clandestinité]. Dans le cas présent, l'action irréfléchie des services secrets a rendu un fier service aux idéologues du djihad. Un des opposants ingouches en vient déjà à dire que l'Ingouchie ressemble désormais à "la Tchétchénie des débuts".

    Outre les "émirs" criminels, la déstabilisation de l'Ingouchie pourrait également intéresser, bizarrement, des gentlemen caucasiens tout à fait respectables. Tout le monde sait que l'arrivée au pouvoir du président Mourat Ziazikov [en 2002] a lésé les intérêts de plusieurs clans ingouches puissants. Ils n'ont rien pu faire contre lui, car Ziazikov est soutenu par sa chère administration du FSB [dont il est général]. Il leur restait donc à espérer qu'il se compromette lui-même aux yeux du Kremlin. Les forces hostiles à Ziazikov ont tout intérêt à ce qu'il se montre incapable de contrôler la situation, mais elles ne vont évidemment pas jusqu'à souhaiter que l'Ingouchie se transforme vraiment en une seconde Tchétchénie.

    Il n'est pas rare, au Caucase, que le frère, le neveu ou l'ami d'enfance d'un respectable gentleman coure les montagnes une arme à la main. Ces liens sont sans cesse utilisés dans des règlements de comptes politiques et de business. Mais il n'y a pas loin entre les provocations par jeu, les échanges de tirs "pour de faux", et une catastrophe pour de vrai.


    Par Marina PerevozkinaMoskovski , Komsomolets, Courrier International
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