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La Tunisie a accueilli plus d'un million de touristes Algériens

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  • La Tunisie a accueilli plus d'un million de touristes Algériens

    la déferlante des vacanciers algériens sur la Tunisie a bien eu lieu. Le record d’affluence a été certainement pulvérisé si l’on se base sur ce que nous avons constaté sur place. Pour la presse tunisienne, la barrière mythique du million de touristes algériens a été allègrement dépassée à la grande satisfaction des hôteliers et petits commerçants locaux. Dans ce pays voisin, le ton n’est plus aux réticences par rapport aux visiteurs algériens. Aussi bien chez la population que parmi les commerçants et même les services officiels comme la police des frontières et la douane, on ressent une réelle prise de conscience sur l’apport de ces touristes pas comme les autres. Hormis quelques cercles d’irréductibles, on a enfin compris que ce n’étaient ni les Hollandais, ni les Français, ni mêmes les Allemands qui faisaient bouillir la marmite, mais bien nos compatriotes ainsi que les Libyens et les Russes, grands dépensiers devant l’éternel. Jadis très courtisés, les Occidentaux, qui bénéficient des largesses des agences de voyages et de tarifs bradés et qui ont tendance à s’enfermer dans leurs hôtels-pensions souvent sans beaucoup de contacts avec les autochtones, ne suscitent plus le même intérêt. Cela revient-il à dire que les Algériens ont passé des vacances agréables qui leur ont permis de décompresser et d’évacuer le stress accumulé durant l’année ?

    La réponse est, hélas, négative. Partis par monts et par vaux, ils ont eu toutes les difficultés du monde à arriver à bon port, c’est le cas de le dire notamment de ceux qui ont opté pour le charme discret de la traversée par voie maritime. Il convient de remarquer que malgré une palette de moyens de transport assez exhaustive, nos compatriotes ont bien souvent souffert le martyre pour rallier leurs lieux de villégiature. Que ce soit par air, par route ou par mer, la galère fut, dans la majorité des cas, totale. Parfois ça a carrément viré au cauchemar. Durant la première quinzaine d’août, la situation a failli tourner à l’émeute au poste-frontière tunisien de Melloula (Tabarka), quand le responsable de la PAF excédé a balancé par terre un paquet de passeports algériens. Il aura fallu l’intervention des autorités des deux côtés de la frontière pour ramener le calme. Concernant les dessertes aériennes, les retards faramineux sont devenus la caractéristique principale, sinon le signe particulier de la compagnie nationale au point où les gens avisés préfèrent se rabattre sur sa rivale tunisienne réputée plus ponctuelle. Mais l’événement qui a défrayé la chronique cette semaine aura certainement été le calvaire enduré par les clients de la compagnie maritime «Maghreb Lines» qui a ouvert une ligne «Alger- Tunis-Alger» pour la période estivale. La formule en elle-même est assez séduisante. Pour beaucoup de familles, c’était l’occasion de joindre l’utile à l’agréable, d’autant que pour ceux qui étaient véhiculés, il était loisible d’embarquer sa voiture afin de pouvoir en disposer en Tunisie sans avoir à accomplir le fastidieux trajet du centre ou de l’ouest du pays jusqu’à Tunis. D’autre part, c’était également l’occasion pour ceux qui n’avaient jamais pris le bateau de s’offrir et d’offrir éventuellement à leur progéniture une mini-croisière, dans des conditions, somme toute, acceptables, pensait-on. Cela pour la théorie.

    Dans la pratique, les choses étaient loin, très loin d’être aussi idylliques, car il faut, malheureusement, intégrer la part de l’homme et ses problèmes de comportement. A l’aller, nous devions embarquer le 19 août sur un navire grec le Lato, affrété donc par Maghreb Lines. Le départ préalablement fixé pour quatorze heures fut ramené pour de mystérieuses raisons à midi. A coups de communiqués à la radio et dans certains médias écrits, la compagnie tenta tant bien que mal d’aviser ses clients. Malgré cela, le départ eut effectivement lieu après quatorze heures. Les raisons ? Les lenteurs bureaucratiques et l’esprit tâtillon des services de la PAF et des douanes. Il n’y avait que deux ou trois guichets ouverts pour plusieurs centaines de passagers. A l’arrivée en Tunisie, vingt-deux heures plus tard, nous pûmes apprécier la célérité et l’efficacité des services de police et des douanes tunisiens. Pour chacun d’eux, il y avait une douzaine de guichets ouverts. En outre, les passagers étaient orientés et canalisés dans des conditions idéales. Après plusieurs heures d’attente, nous devions enfin embarquer. Sur le bateau, nous pûmes constater le manque d’organisation du personnel qu’il fut grec ou algérien, notamment dans la minuscule salle de restaurant où il fallait ronger son frein durant plus d’une heure avant de pouvoir manger une cuisine insipide. Nous ne savions pas alors que nous n’étions qu’au horsd’œuvre. Le plat de résistance nous allions le déguster et drôlement pendant le retour. Le retour était prévu pour le lundi 3 septembre à 16 heures. Arrivés au port de Tunis, on nous demande d’aller enregistrer notre départ dans les bureaux de Maghreb Lines et là, première surprise de taille : le départ est reporté pour… vingtdeux heures ! Le Lato qui devait nous ramener à Alger a eu une panne de moteur. La compagnie a dû affréter en catastrophe un autre navire qui aurait appareillé depuis la Grèce et qui serait donc en mer. Nous étions face à un cas de force majeure et il fallait bien s’en accommoder. Pour la plupart d’entre eux, les passagers étaient fauchés comme les blés et beaucoup avaient des enfants en bas âge.

    Fort heureusement entre compagnons d’infortune, la solidarité existe. Pour meubler les longues heures d’attente, certains optent pour une sieste dans la voiture et les plus fortunés décident d’aller se promener dans Tunis. Vers 19 heures, retour au bercail. Dans son infinie mansuétude, la compagnie nous a offert un ticket pour un repas composé d’un morceau de pain rassis contenant du fromage et des tranches de salami hallal, un paquet de biscuit et une bouteille d’eau minérale. Une heure après, nous sommes invités à accomplir les formalités de départ. L’espoir revient, mais il sera vite atténué par les policiers et les douaniers tunisiens qui nous apprennent qu’il est quasiment impossible que nous partions à 22 heures. «Dans le meilleur des cas, vous embarquerez au minimum à une heure du matin !» Pour étayer leurs allégations, ils nous informent que le navire attendu a appareillé de Grèce en début d’après-midi. L’info est répercutée sur tous les véhicules et c’est alors que le découragement s’installe. On essaye de faire dormir les enfants en bas âge. En pure perte ; ils sont trop excités pour daigner se coucher. En fin de compte, on essaye de faire contre mauvaise fortune bon cœur et on attend. A l’étage plus haut, dans la salle d’embarquement des passagers sans véhicules, c’est une vision insoutenable. Abrutis de fatigue, hommes, femmes et enfants sont étalés pêle-mêle à même le sol, serrant leurs bagages et les souvenirs ramenés pour ceux qui sont restés au pays. Le bateau que d’aucuns ont qualifié de «navire fantôme» accostera au port de Tunis vers quatre heures trente du matin.

    Après plus de treize heures de galère, repus de fatigue, puant le bouc pour la plupart d’entre eux, les passagers de cette traversée Tunis-Alger purent enfin accéder au bateau. Dans la pagaille qui eut lieu lors de l’embarquement, les membres de l’équipage furent complètement dépassés par les événements. On assista même à un vol de clefs de cabines et c’est ainsi que des familles qui avaient payé le prix fort pour disposer d’une cabine en furent réduits à dormir dur des fauteuils, prolongeant ainsi le cauchemar. Il est dit que les Algériens même en vacances doivent supporter les pires tracasseries. Beaucoup ont été satisfaits de leur séjour, d’autres moins. Tous ont eu à subir une fin en queue de poisson, un «happy end» tout à fait original qui marquera les esprits pour longtemps. Et ce, par la grâce de nos opérateurs qui sont décidément les mêmes. Qu’ils soient publics ou privés, ils ont les mêmes défauts congénitaux. Ceux qui font que chez nous la croisière s’amuse intensément.

    source : le soir d'Algérie
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