LE MONDE | 08.09.07 | 13h47 • Mis à jour le 09.09.07 | 15h26
ISLAMABAD CORRESPONDANTE
quarante-huit heures de son retour annoncé, les portraits de l'ex-premier ministre Nawaz Sharif, renversé en octobre 1999 par l'actuel président et chef de l'armée, le général Pervez Musharraf, ont fleuri à Islamabad.
Le gouvernement tente encore d'empêcher un retour qui menace les projets de réélection du général Musharraf par les assemblées sortantes alors que des élections législatives sont prévues à la fin de l'année. Saad Hariri, fils du premier ministre libanais assassiné Rafik Hariri, qui avait joué un rôle déterminant dans l'accord qui avait permis, en 2000, à Nawaz Sharif et sa famille de quitter le Pakistan contre une promesse de dix ans d'exil en Arabie saoudite, est arrivé, samedi 8 septembre, à Islamabad. D'après le ministère de l'information, il a délivré "un message spécial" au président Musharraf. Toutefois, selon la presse pakistanaise, M. Sharif et son frère Shabaz, ex-ministre en chef de la province du Pendjab, qui ont rencontré à Londres Saad Hariri, lui auraient dit que leur décision de rentrer était irrévocable.
Les accusateurs de Nawaz et Shabaz Sharif se sont aussi réveillés. Vendredi, une cour antiterroriste de Lahore, capitale de la province du Pendjab, a lancé un mandat d'arrêt contre Shabaz Sharif, dont le retour est également prévu lundi. Celui-ci est accusé d'avoir ordonné, en 1998, à la police l'assassinat de cinq hommes au cours d'un échange de coups de feu. D'autre part, une cour anticorruption de Rawalpindi a de nouveau, vendredi, entendu un procureur du National Accountability Bureau (organisme gouvernemental qui traite des cas de corruptions) à propos de défaut de remboursements de prêts bancaires de la famille Sharif. Les faits remontent à 2000 et 2001, et les auditions ont été reportées pendant des années, avant qu'à la fin du mois d'août le gouvernement ne saisisse de nouveau la justice. Le cas a été ajourné au 13 septembre.
Enfin, les autorités procèdent depuis quelques jours à des arrestations massives des fidèles de l'ex-premier ministre, en particulier dans son fief du Pendjab. Selon Ahsan Iqbal, porte-parole du parti présidé par Nawaz Sharif, plus de 1 300 militants ont été interpellés en trois jours au Pendjab. La police de Lahore chiffre à 350 le nombre des arrestations.
"Les actions du gouvernement montrent une panique complète chez les officiels", affirme M. Iqbal. Les autorités, qui tentent de prévenir tout rassemblement à l'aéroport d'Islamabad, où l'avion de Nawaz Sharif et son frère doit se poser lundi, envisagent de bloquer les voies d'accès à la capitale. Pour l'instant, le gouvernement laisse entendre que les frères Sharif seront arrêtés dès leur arrivée.
Le retour de Nawaz Sharif, dont la popularité a grandi proportionnellement à son opposition à toute entente avec le régime de M. Musharraf, est un coup sévère pour ce dernier et met aussi dans l'embarras l'ex-premier ministre Benazir Bhutto, qui tente de conclure un accord avec le général Musharraf pour rentrer elle aussi et briguer de nouveau le poste de premier ministre. La présence de Nawaz Sharif au Pakistan, où il entend mener une campagne d'envergure, avec le soutien des partis religieux et de petits partis régionaux, contre le régime militaire et pour le rétablissement de la démocratie, serait une menace pour les espoirs électoraux des partisans du Parti du Peuple pakistanais (PPP) de Mme Bhutto et ceux du général Musharraf.
Françoise Chipaux.
Les aéroports pakistanais en état d'alerte
Les autorités pakistanaises ont placé en état d'alerte l'ensemble des aéroports du pays, samedi, alors que Nawaz Sharif est attendu à Islamabad ou à Lahore, selon son parti, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N). Selon les partisans de M. Sharif, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées jusqu'à maintenant par la police. -(avec AFP)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,...-895309,0.html
ISLAMABAD CORRESPONDANTE
quarante-huit heures de son retour annoncé, les portraits de l'ex-premier ministre Nawaz Sharif, renversé en octobre 1999 par l'actuel président et chef de l'armée, le général Pervez Musharraf, ont fleuri à Islamabad.
Le gouvernement tente encore d'empêcher un retour qui menace les projets de réélection du général Musharraf par les assemblées sortantes alors que des élections législatives sont prévues à la fin de l'année. Saad Hariri, fils du premier ministre libanais assassiné Rafik Hariri, qui avait joué un rôle déterminant dans l'accord qui avait permis, en 2000, à Nawaz Sharif et sa famille de quitter le Pakistan contre une promesse de dix ans d'exil en Arabie saoudite, est arrivé, samedi 8 septembre, à Islamabad. D'après le ministère de l'information, il a délivré "un message spécial" au président Musharraf. Toutefois, selon la presse pakistanaise, M. Sharif et son frère Shabaz, ex-ministre en chef de la province du Pendjab, qui ont rencontré à Londres Saad Hariri, lui auraient dit que leur décision de rentrer était irrévocable.
Les accusateurs de Nawaz et Shabaz Sharif se sont aussi réveillés. Vendredi, une cour antiterroriste de Lahore, capitale de la province du Pendjab, a lancé un mandat d'arrêt contre Shabaz Sharif, dont le retour est également prévu lundi. Celui-ci est accusé d'avoir ordonné, en 1998, à la police l'assassinat de cinq hommes au cours d'un échange de coups de feu. D'autre part, une cour anticorruption de Rawalpindi a de nouveau, vendredi, entendu un procureur du National Accountability Bureau (organisme gouvernemental qui traite des cas de corruptions) à propos de défaut de remboursements de prêts bancaires de la famille Sharif. Les faits remontent à 2000 et 2001, et les auditions ont été reportées pendant des années, avant qu'à la fin du mois d'août le gouvernement ne saisisse de nouveau la justice. Le cas a été ajourné au 13 septembre.
Enfin, les autorités procèdent depuis quelques jours à des arrestations massives des fidèles de l'ex-premier ministre, en particulier dans son fief du Pendjab. Selon Ahsan Iqbal, porte-parole du parti présidé par Nawaz Sharif, plus de 1 300 militants ont été interpellés en trois jours au Pendjab. La police de Lahore chiffre à 350 le nombre des arrestations.
"Les actions du gouvernement montrent une panique complète chez les officiels", affirme M. Iqbal. Les autorités, qui tentent de prévenir tout rassemblement à l'aéroport d'Islamabad, où l'avion de Nawaz Sharif et son frère doit se poser lundi, envisagent de bloquer les voies d'accès à la capitale. Pour l'instant, le gouvernement laisse entendre que les frères Sharif seront arrêtés dès leur arrivée.
Le retour de Nawaz Sharif, dont la popularité a grandi proportionnellement à son opposition à toute entente avec le régime de M. Musharraf, est un coup sévère pour ce dernier et met aussi dans l'embarras l'ex-premier ministre Benazir Bhutto, qui tente de conclure un accord avec le général Musharraf pour rentrer elle aussi et briguer de nouveau le poste de premier ministre. La présence de Nawaz Sharif au Pakistan, où il entend mener une campagne d'envergure, avec le soutien des partis religieux et de petits partis régionaux, contre le régime militaire et pour le rétablissement de la démocratie, serait une menace pour les espoirs électoraux des partisans du Parti du Peuple pakistanais (PPP) de Mme Bhutto et ceux du général Musharraf.
Françoise Chipaux.
Les aéroports pakistanais en état d'alerte
Les autorités pakistanaises ont placé en état d'alerte l'ensemble des aéroports du pays, samedi, alors que Nawaz Sharif est attendu à Islamabad ou à Lahore, selon son parti, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N). Selon les partisans de M. Sharif, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées jusqu'à maintenant par la police. -(avec AFP)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,...-895309,0.html
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