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Faut-il opérer les anévrismes préventivement?

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  • Faut-il opérer les anévrismes préventivement?

    Faut il proposer une intervention à une personne porteuse d'un anévrisme cérébral découvert fortuitement, à l'occasion d'un scanner ou d'une IRM pour des vertiges ou une chute, pour éviter tout risque de rupture ?

    Alors que cette technique est elle-même entachée d'un certain pourcentage de complications. Un sacré dilemme, car cette petite poche remplie de sang peut se rompre même si ce risque est très faible. Cette dilatation localisée d'une artère du cerveau, qui s'agrandit sous les à-coups répétés de la pression sanguine concerne de 1 à 5 % des plus de 18 ans. Mais la majorité des anévrismes ne se rompra jamais (1 % de risque par année).

    Cette rupture, souvent précédée de maux de tête inhabituels d'une violence extrême résistant aux antalgiques classiques, va provoquer une hémorragie cérébrale source de nombreuses complications. Un patient sur deux décède. Les trois quarts des survivants souffrent de séquelles importantes : paralysie, troubles de la parole, de la vision, de la marche, de la mémoire. Seulement un quart des victimes d'un tel accident s'en sortent sans séquelles.

    Face à un tel danger potentiel, même s'il est minime, quelle est la meilleure solution à proposer s'interrogent les spécialistes ? Intervenir ou se contenter de surveiller ?

    Ils sont de plus en plus enclins à proposer un traitement endovasculaire, car il existe depuis près de quinze ans, grâce aux techniques de neuroradiologie interventionnelle (mise au point au début des années 1980 par de brillants spécialistes français), la possibilité de traiter « sans ouvrir » la boîte crânienne. Cette pose d'endoprothèse vasculaire a fait ses preuves sur les anévrismes déjà rompus par rapport aux techniques neurochirurgicales plus classiques où l'on pose un clip au niveau du collet reliant l'anévrisme à l'artère.

    Cette obturation sous contrôle radiologique consiste à introduire un tube souple (un cathéter) par l'artère fémorale au niveau de l'aine, à le faire remonter jusqu'à l'artère cérébrale touchée par cette dilatation ponctuelle. Les neuroradiologues font ensuite glisser au travers du cathéter plusieurs petites spirales métalliques (des coils, en anglais) en fil de platine jusque dans la poche anévrique. En se déployant, ces coils vont la combler entièrement.

    « Intervention préventive »

    « Mais cette technique n'est pas non plus exempte de complications : un malade sur cent va mourir et deux sur cent auront des séquelles (paralysie, trouble de la vision, troubles neuropsychologiques », prévient le Pr Christophe Cognard, chef du service de neuroradiologie à Toulouse. « Il nous faut donc en permanence résister à la pression des patients qui, se sachant porteurs d'un anévrisme, nous demandent à tout prix une intervention préventive. »

    C'est la raison pour laquelle une vaste étude internationale vient d'être mise en place à l'initiative du Canada, il y a un an, avec le concours de la Société française de neuroradiologie. Baptisée TEAM, elle devrait recruter 2002 patients (un groupe traité comparé à un groupe simplement surveillé) dans 60 centres hospitaliers dont 24 français, très en pointe dans ce domaine. Les deux groupes seront traités pour une éventuelle hypertension et seront incités à réduire leurs facteurs de risque (tabac et alcool). Un tel travail de longue haleine sur dix ans sera financé à hauteur de cinq millions de dollars (pour la première phase de cinq ans) par les instituts de recherche en santé du Canada. Il sera donc parfaitement indépendant des industriels.

    « Nous avons besoin de cette étude, car pour l'heure nous ne savons pas répondre scientifiquement aux interrogations ou aux demandes de nos patients », soutient le Pr Jacques Moret, chef de service de neuroradiologie à la Fondation Rothschild à Paris, l'un des pionniers de cette technique.

    Dans certains cas - gros anévrisme chez un individu jeune - la décision de traiter s'impose aisément. Dans d'autres cas - petit anévrisme chez un individu âgé - celle de s'abstenir est la plus forte. D'autant que plus un anévrisme est petit, plus il est compliqué à traiter par voie endovasculaire. Mais il existe de très nombreuses situations intermédiaires où il est très difficile aux spécialistes de trancher.

    Par le Figaro
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