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Le retour de Benazir Bhutto au Pakistan souhaité par Washington

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  • Le retour de Benazir Bhutto au Pakistan souhaité par Washington

    L'ancien Premier ministre Nawaz Sharif [rentré au Pakistan le 10 septembre après huit ans d'exil mais immédiatement arrêté puis expulsé] n'avait pas sa place la guerre contre le terrorisme ni dans l'avenir du Pakistan tels que les envisagent les pontes du département d'État américain. Ni ami ni ennemi, Sharif, un conservateur, est considéré comme trop proche des mollahs fondamentalistes et trop imprévisible.

    La partition écrite par Washington prévoit plutôt de sauver le président Musharraf, acculé, et de faire appel à un autre ancien Premier ministre en exil, Benazir Bhutto. Celle-ci devrait faire son grand retour après dix ans d'absence. Mais les policiers qui ont interpellé Sharif le 10 septembre dernier l'accueilleront les bras ouverts et la laisseront faire une arrivée triomphale à Karachi, sa ville natale.

    L'Occident n'a en fait de cesse de chercher à unir Musharraf et Benazir Bhutto dans un mariage de raison où le chef de l'Etat pourrait combattre les terroristes et Bhutto défendre la démocratie. Cela pourrait prolonger de quelques années la vie de ce régime militaire agonisant, au moins jusqu'à ce qu'on mette la main sur Oussama Ben Laden dans les Zones tribales du Waziristan. Or, c'est là que le bât blesse, car il y a désormais trop de voies d'eau dans ce pays au bord du naufrage. La cote de popularité de Bhutto s'est effondrée. Plus son action semble faire partie du plan de Bush, plus la population, aussi hostile aux militaires qu'aux Américains, se méfie d'elle.

    Sans oublier la loyauté déclinante de l'armée. Dans les régions désertiques contrôlées par les talibans et Al-Qaida, les soldats désertent ou refusent d'ouvrir le feu. Les talibans se déplacent librement dans une grande partie du pays. Le 9 septembre dernier, ils ont même publié une lettre avertissant les législateurs appartenant au parti au pouvoir que plus de 300 kamikazes étaient prêts à mourir si les députés accordaient un nouveau mandat présidentiel de cinq ans à Musharraf. Autre inconnue, la Cour suprême qui pourrait juger, dans les jours qui viennent, que Sharif est en droit de rentrer au Pakistan et que le président ne peut pas rester à la fois président et chef des armées. Le cas échéant, Musharraf n'aurait d'autre choix que d'imposer la loi martiale et de renvoyer à nouveau le président de la Cour suprême [déjà limogé en mars, il a été rétabli dans ses fonctions en juillet], ce qui ne manquerait pas de plonger le pays dans le chaos.

    L'Occident souhaiterait une transition en douceur vers une sorte de démocratie diluée dirigée par Musharraf et Benazir Bhutto afin de garantir la poursuite de ses deux principaux objectifs : la traque des talibans par l'armée et le maintien sous surveillance de l'arme nucléaire pakistanaise. Reste que la partie est loin d'être gagnée. En renvoyant Sharif à son exil, le président et ses alliés occidentaux ont certes gagné un peu de temps, mais ils ont peut-être aussi accéléré la dégradation du Pakistan.

    Par Ahmed Rashid The Daily Telegraph
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