5 réunions marathons et près de 20 heures de débats souvent enflammés. Voilà ce qu'il a fallu à la rédaction de TelQuel pour dégager cette liste des “100 qui font bouger le Maroc”. Il y avait un précédent : le palmarès portant le même nom, dressé par la magazine français L'Express, en 2000. Sept ans plus tard, beaucoup de choses ont changé, suffisamment pour que nous ressentions le besoin de réactualiser la liste. Et de fait, peu parmi ceux qui y figuraient à cette époque, y figurent encore aujourd'hui. En 7 ans, le royaume a beaucoup changé, et ceux qui ne brillaient que par leurs déclarations d'intention ont largement eu le temps de démontrer que parler n'est pas agir…
“Faire bouger”, ça veut dire quoi ? C'était le premier sujet de débat de la rédaction. Les kamikazes de mars-avril 2007, par exemple, ont fait indéniablement bouger ce pays. Mais dans le mauvais sens. Ce dossier, avons-nous tranché, ne sera pas uniquement une enquête journalistique, mais aussi un acte de foi envers notre pays. Faire bouger le Maroc, avons-nous donc décidé, signifie le faire avancer. Et dans le bon sens : celui d'un royaume plus moderne, ouvert, entreprenant et décomplexé. à cette aune-là, il faut avouer que trouver 100 profils convaincants n'a pas été chose facile. Ne serait-ce que parce que beaucoup parmi eux préfèrent travailler dans l'ombre.
L'équipe de TelQuel a donc mobilisé tous ses réseaux, et a finalement réussi à dresser une belle liste, faite de Marocaines et de Marocains (dont un de cœur) dont l'action est non seulement bénéfique, mais salutaire pour ce pays. Nous les avons classé(e)s en 14 sections mais pas, comme c'est l'usage dans ce genre d'exercice, en fonction de leurs catégories socio-professionnelles. Nous avons préféré les distinguer en fonction du sens de leur action, et de ce qu'ils apportent de nouveau à notre pays. Reste à préciser que nous avons délibérément choisi de ne pas inclure les journalistes de la presse écrite dans ce palmarès, histoire de ne pas être juges et parties.
Bonne lecture, et bonne découverte !
Mohammed VI hors concours
Certains sursauteront en découvrant que Mohammed VI ne fait pas partie, pour TelQuel, des “100 qui font bouger le Maroc”. Qu’ils ne se méprennent pas sur nos intentions. Que le roi fasse bouger le Maroc, il n'y a aucun doute sur cela. Mais, primo, dans quelle catégorie le classer ? Celle de “roi”, dans laquelle il serait le seul à figurer ? Ce serait étrange… Celle des “décideurs” ? Il est le décideur suprême, et quels que soient les mérites (réels) de ceux que nous avons nominés dans cette section, le champ de leur action, et donc sa portée, n'ont aucune commune mesure avec ceux du roi. Secundo, et c'est là la différence fondamentale entre Mohammed VI et “les 100”, faire bouger le Maroc est son métier, alors que pour les autres, c'est une dimension additionnelle qu'ils apportent à leur vie et à leur action publique. Raison de plus pour décréter le monarque “hors concours”.
Les icônes Lalla Salma
Son apparition publique a été une première révolution. Son activité sociale et protocolaire en est une deuxième. Incontestablement, Lalla Salma est pour beaucoup dans le changement de la perception qu'ont les Marocains du Palais, devenu grâce à elle plus humain. Après s'être engagée dans le domaine social, la voilà qui commence à avancer dans le champ diplomatique, mais à pas feutrés, histoire de ne pas bousculer les traditions makzéniennes. Ainsi, en pleine discussion du plan d'autonomie du Sahara, c'est Lalla Salma qui a ouvert la semaine de l'Algérie au Maroc. Et dans les réceptions officielles, elle est presque toujours aux côtés de son mari. Faut-il voir sa touche dans l'interview et la séance photo accordée à des magazines marocains par la famille royale, pour la première fois, à l'occasion de la naissance de son second enfant ? Sans doute…
Assia El Ouadie
Infatigable et incontournable. Quasi sexagénaire, la magistrate casablancaise, militante de la première heure, née dans une famille d'opposants politiques, poursuit ses combats, discrète mais omniprésente. Droits des femmes, de l'homme et des jeunes en bandoulière, Assia El Ouadie a, tour à tour, été membre fondatrice et cheville ouvrière de l'OMDH, de l'Observatoire marocain des prisons, de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et de l'Association des amis des centres de réforme. La voix cassée à force de la faire entendre, on doit également à “Mamma Assia”, telle que l'appellent les mineurs détenus en l'embrassant sur le front lors de ses visites presque quotidiennes, d'avoir désamorcé la grève de la faim des détenus islamistes à Outita (prison de Sidi Kacem) en 2005 et, un an avant, d'avoir pesé pour la grâce des détenus d'opinion (Chriî, Lmrabet…).
Abdellah Taïa
Sa voix douce trahit sa fragilité et cache ce qui fait sa force : son obstination… à être lui-même, en permanence. Abdellah Taïa est homosexuel. Il écrit pour se raconter et, quelque part, pour porter la voix d'un certain Maroc, différent, singulier et - surtout - silencieux. En opérant son coming out, le jeune écrivain s'est affranchi des pressions familiales, sociales, culturelles, religieuses, etc. Il a donné libre cours à un talent fou qui fait de lui, probablement, le meilleur écrivain marocain de la jeune génération. Un auteur complet, donc, qui n'hésite pas à monter au créneau et à s'exprimer sur des sujets chauds, sur un ton éminemment personnel (“Je suis un kamikaze” écrira-t-il en commentant les attentats terroristes de mars-avril 2007). Un grand bonhomme.
“Faire bouger”, ça veut dire quoi ? C'était le premier sujet de débat de la rédaction. Les kamikazes de mars-avril 2007, par exemple, ont fait indéniablement bouger ce pays. Mais dans le mauvais sens. Ce dossier, avons-nous tranché, ne sera pas uniquement une enquête journalistique, mais aussi un acte de foi envers notre pays. Faire bouger le Maroc, avons-nous donc décidé, signifie le faire avancer. Et dans le bon sens : celui d'un royaume plus moderne, ouvert, entreprenant et décomplexé. à cette aune-là, il faut avouer que trouver 100 profils convaincants n'a pas été chose facile. Ne serait-ce que parce que beaucoup parmi eux préfèrent travailler dans l'ombre.
L'équipe de TelQuel a donc mobilisé tous ses réseaux, et a finalement réussi à dresser une belle liste, faite de Marocaines et de Marocains (dont un de cœur) dont l'action est non seulement bénéfique, mais salutaire pour ce pays. Nous les avons classé(e)s en 14 sections mais pas, comme c'est l'usage dans ce genre d'exercice, en fonction de leurs catégories socio-professionnelles. Nous avons préféré les distinguer en fonction du sens de leur action, et de ce qu'ils apportent de nouveau à notre pays. Reste à préciser que nous avons délibérément choisi de ne pas inclure les journalistes de la presse écrite dans ce palmarès, histoire de ne pas être juges et parties.
Bonne lecture, et bonne découverte !
Mohammed VI hors concours
Certains sursauteront en découvrant que Mohammed VI ne fait pas partie, pour TelQuel, des “100 qui font bouger le Maroc”. Qu’ils ne se méprennent pas sur nos intentions. Que le roi fasse bouger le Maroc, il n'y a aucun doute sur cela. Mais, primo, dans quelle catégorie le classer ? Celle de “roi”, dans laquelle il serait le seul à figurer ? Ce serait étrange… Celle des “décideurs” ? Il est le décideur suprême, et quels que soient les mérites (réels) de ceux que nous avons nominés dans cette section, le champ de leur action, et donc sa portée, n'ont aucune commune mesure avec ceux du roi. Secundo, et c'est là la différence fondamentale entre Mohammed VI et “les 100”, faire bouger le Maroc est son métier, alors que pour les autres, c'est une dimension additionnelle qu'ils apportent à leur vie et à leur action publique. Raison de plus pour décréter le monarque “hors concours”.
Les icônes Lalla Salma
Son apparition publique a été une première révolution. Son activité sociale et protocolaire en est une deuxième. Incontestablement, Lalla Salma est pour beaucoup dans le changement de la perception qu'ont les Marocains du Palais, devenu grâce à elle plus humain. Après s'être engagée dans le domaine social, la voilà qui commence à avancer dans le champ diplomatique, mais à pas feutrés, histoire de ne pas bousculer les traditions makzéniennes. Ainsi, en pleine discussion du plan d'autonomie du Sahara, c'est Lalla Salma qui a ouvert la semaine de l'Algérie au Maroc. Et dans les réceptions officielles, elle est presque toujours aux côtés de son mari. Faut-il voir sa touche dans l'interview et la séance photo accordée à des magazines marocains par la famille royale, pour la première fois, à l'occasion de la naissance de son second enfant ? Sans doute…
Assia El Ouadie
Infatigable et incontournable. Quasi sexagénaire, la magistrate casablancaise, militante de la première heure, née dans une famille d'opposants politiques, poursuit ses combats, discrète mais omniprésente. Droits des femmes, de l'homme et des jeunes en bandoulière, Assia El Ouadie a, tour à tour, été membre fondatrice et cheville ouvrière de l'OMDH, de l'Observatoire marocain des prisons, de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et de l'Association des amis des centres de réforme. La voix cassée à force de la faire entendre, on doit également à “Mamma Assia”, telle que l'appellent les mineurs détenus en l'embrassant sur le front lors de ses visites presque quotidiennes, d'avoir désamorcé la grève de la faim des détenus islamistes à Outita (prison de Sidi Kacem) en 2005 et, un an avant, d'avoir pesé pour la grâce des détenus d'opinion (Chriî, Lmrabet…).
Abdellah Taïa
Sa voix douce trahit sa fragilité et cache ce qui fait sa force : son obstination… à être lui-même, en permanence. Abdellah Taïa est homosexuel. Il écrit pour se raconter et, quelque part, pour porter la voix d'un certain Maroc, différent, singulier et - surtout - silencieux. En opérant son coming out, le jeune écrivain s'est affranchi des pressions familiales, sociales, culturelles, religieuses, etc. Il a donné libre cours à un talent fou qui fait de lui, probablement, le meilleur écrivain marocain de la jeune génération. Un auteur complet, donc, qui n'hésite pas à monter au créneau et à s'exprimer sur des sujets chauds, sur un ton éminemment personnel (“Je suis un kamikaze” écrira-t-il en commentant les attentats terroristes de mars-avril 2007). Un grand bonhomme.
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