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Les 100 qui font bouger le Maroc de 2007

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  • Les 100 qui font bouger le Maroc de 2007

    5 réunions marathons et près de 20 heures de débats souvent enflammés. Voilà ce qu'il a fallu à la rédaction de TelQuel pour dégager cette liste des “100 qui font bouger le Maroc”. Il y avait un précédent : le palmarès portant le même nom, dressé par la magazine français L'Express, en 2000. Sept ans plus tard, beaucoup de choses ont changé, suffisamment pour que nous ressentions le besoin de réactualiser la liste. Et de fait, peu parmi ceux qui y figuraient à cette époque, y figurent encore aujourd'hui. En 7 ans, le royaume a beaucoup changé, et ceux qui ne brillaient que par leurs déclarations d'intention ont largement eu le temps de démontrer que parler n'est pas agir…
    “Faire bouger”, ça veut dire quoi ? C'était le premier sujet de débat de la rédaction. Les kamikazes de mars-avril 2007, par exemple, ont fait indéniablement bouger ce pays. Mais dans le mauvais sens. Ce dossier, avons-nous tranché, ne sera pas uniquement une enquête journalistique, mais aussi un acte de foi envers notre pays. Faire bouger le Maroc, avons-nous donc décidé, signifie le faire avancer. Et dans le bon sens : celui d'un royaume plus moderne, ouvert, entreprenant et décomplexé. à cette aune-là, il faut avouer que trouver 100 profils convaincants n'a pas été chose facile. Ne serait-ce que parce que beaucoup parmi eux préfèrent travailler dans l'ombre.
    L'équipe de TelQuel a donc mobilisé tous ses réseaux, et a finalement réussi à dresser une belle liste, faite de Marocaines et de Marocains (dont un de cœur) dont l'action est non seulement bénéfique, mais salutaire pour ce pays. Nous les avons classé(e)s en 14 sections mais pas, comme c'est l'usage dans ce genre d'exercice, en fonction de leurs catégories socio-professionnelles. Nous avons préféré les distinguer en fonction du sens de leur action, et de ce qu'ils apportent de nouveau à notre pays. Reste à préciser que nous avons délibérément choisi de ne pas inclure les journalistes de la presse écrite dans ce palmarès, histoire de ne pas être juges et parties.
    Bonne lecture, et bonne découverte !

    Mohammed VI hors concours

    Certains sursauteront en découvrant que Mohammed VI ne fait pas partie, pour TelQuel, des “100 qui font bouger le Maroc”. Qu’ils ne se méprennent pas sur nos intentions. Que le roi fasse bouger le Maroc, il n'y a aucun doute sur cela. Mais, primo, dans quelle catégorie le classer ? Celle de “roi”, dans laquelle il serait le seul à figurer ? Ce serait étrange… Celle des “décideurs” ? Il est le décideur suprême, et quels que soient les mérites (réels) de ceux que nous avons nominés dans cette section, le champ de leur action, et donc sa portée, n'ont aucune commune mesure avec ceux du roi. Secundo, et c'est là la différence fondamentale entre Mohammed VI et “les 100”, faire bouger le Maroc est son métier, alors que pour les autres, c'est une dimension additionnelle qu'ils apportent à leur vie et à leur action publique. Raison de plus pour décréter le monarque “hors concours”.

    Les icônes
    Lalla Salma
    Son apparition publique a été une première révolution. Son activité sociale et protocolaire en est une deuxième. Incontestablement, Lalla Salma est pour beaucoup dans le changement de la perception qu'ont les Marocains du Palais, devenu grâce à elle plus humain. Après s'être engagée dans le domaine social, la voilà qui commence à avancer dans le champ diplomatique, mais à pas feutrés, histoire de ne pas bousculer les traditions makzéniennes. Ainsi, en pleine discussion du plan d'autonomie du Sahara, c'est Lalla Salma qui a ouvert la semaine de l'Algérie au Maroc. Et dans les réceptions officielles, elle est presque toujours aux côtés de son mari. Faut-il voir sa touche dans l'interview et la séance photo accordée à des magazines marocains par la famille royale, pour la première fois, à l'occasion de la naissance de son second enfant ? Sans doute…

    Assia El Ouadie
    Infatigable et incontournable. Quasi sexagénaire, la magistrate casablancaise, militante de la première heure, née dans une famille d'opposants politiques, poursuit ses combats, discrète mais omniprésente. Droits des femmes, de l'homme et des jeunes en bandoulière, Assia El Ouadie a, tour à tour, été membre fondatrice et cheville ouvrière de l'OMDH, de l'Observatoire marocain des prisons, de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et de l'Association des amis des centres de réforme. La voix cassée à force de la faire entendre, on doit également à “Mamma Assia”, telle que l'appellent les mineurs détenus en l'embrassant sur le front lors de ses visites presque quotidiennes, d'avoir désamorcé la grève de la faim des détenus islamistes à Outita (prison de Sidi Kacem) en 2005 et, un an avant, d'avoir pesé pour la grâce des détenus d'opinion (Chriî, Lmrabet…).

    Abdellah Taïa
    Sa voix douce trahit sa fragilité et cache ce qui fait sa force : son obstination… à être lui-même, en permanence. Abdellah Taïa est homosexuel. Il écrit pour se raconter et, quelque part, pour porter la voix d'un certain Maroc, différent, singulier et - surtout - silencieux. En opérant son coming out, le jeune écrivain s'est affranchi des pressions familiales, sociales, culturelles, religieuses, etc. Il a donné libre cours à un talent fou qui fait de lui, probablement, le meilleur écrivain marocain de la jeune génération. Un auteur complet, donc, qui n'hésite pas à monter au créneau et à s'exprimer sur des sujets chauds, sur un ton éminemment personnel (“Je suis un kamikaze” écrira-t-il en commentant les attentats terroristes de mars-avril 2007). Un grand bonhomme.




  • #2
    Les décideurs
    Nabil Benabdellah
    Libéralisation de l'audiovisuel, contrat-programme pour la presse écrite, révision du Code de la presse… Si les réformes majeures amorcées ou simplement accompagnées par l'actuel ministre de la Communication n'ont pas toutes abouti, et si certaines restent plus que contestables (notamment celle du Code de la presse), elles ont eu au moins le mérite de lancer une réelle dynamique dans un champ médiatique marocain trop longtemps figé, formalisant au passage une forme inédite de dialogue entre la presse et le Pouvoir. On se rappellera surtout de Nabil Benabdellah comme le premier à avoir donné une vraie substance au ministère de la Communication, auparavant cantonné dans des prérogatives purement symboliques.

    Chakib Benmoussa
    La majeure partie de la carrière de ce polytechnicien s'est faite au ministère des Travaux publics, où il a activement participé au lancement du programme autoroutier. Chakib Benmoussa a aussi occupé nombre de hauts postes dans le public et le privé, mais c'est certainement depuis qu'il a été nommé ministre de l'Intérieur, en février 2006, qu'il a marqué le pays. Ses deux hauts faits d'armes : le “fichage” général et sans violence des membres d'Al Adl Wal Ihsane, ce qui les a neutralisés sans leur donner le bénéfice du martyre, la campagne de procès contre les députés corrupteurs de la Deuxième chambre du Parlement, qui va sans doute en faire réfléchir beaucoup avant les prochaines élections. Dans l'hypothèse où Mohammed VI ne nommerait pas un premier ministre partisan en octobre, le nom de Benmoussa commence à circuler.

    Anis Birou
    Il est à la tête d'un département vital pour l'avenir du pays, qu'il dirige avec autant d'énergie que de discrétion. Après quatre ans au poste de secrétaire d'Etat à l'Alphabétisation, Anis Birou, peut se flatter d'avoir ramené le taux national de 43% à 38%. Une performance obtenue avec une stratégie novatrice, basée sur la flexibilité des cours d'alphabétisation, auxquels chaque bénéficiaire “peut aller quand il veut”. Non seulement le pilotage des opérations d'alphabétisation se fait au niveau régional, mais il associe également des ONG et le ministère des Habous. Récemment, Birou a publié une étude aux résultats surprenants. “Quand j'ai annoncé que 76% des électeurs en 2002 étaient analphabètes, tous mes collègues ministres ont sursauté”, témoigne cet ingénieur statisticien. Qu'ont-ils dit à propos des 130 000 fonctionnaires analphabètes ?

    Mohamed Boussaïd
    Lui, c'est monsieur DVD, qui est enfin arrivé à dégraisser le mammouth. Le programme de départs volontaires lancé par Mohamed Boussaïd, ministre de la Modernisation des secteurs publics, a permis à l'administration de se délester de 7,6% de ses fonctionnaires, avec, à la clé, une économie de 4,8 milliards de DH sur la masse salariale publique, soit environ 1% du PIB. Au passage, l'opération a permis de resserrer l'étau sur les fameux fonctionnaires fantômes. À 46 ans, Boussaïd a également hâté l'introduction de l'horaire continu, un projet qui moisissait dans les tiroirs de plusieurs ministres avant que ce "pontiste", membre du bureau exécutif du RNI, que l'on dit proche de Meziane Belfqih, ne décide de l'appliquer. Comme prévu, le projet a créé un effet boule de neige : une grande partie du privé s'est même trouvée dans l'obligation de s'y conformer.

    Adil Douiri
    Il est encore jeune (pour un ministre), il est compétent et il n'en finit pas de surprendre. Peu misaient, au début, sur la stratégie 2010 pour le tourisme qu'il a mise en place. Aujourd'hui que les résultats commencent à être tangibles (6 millions de touristes en 2006 et lancement effectif des stations balnéaires entrant dans le cadre du Plan Azur), Douiri s'attaque à un dossier économique des plus sensibles : l'artisanat, désormais doté d'une stratégie jusqu'à 2015 et d'un budget de 240 millions de DH. Véritable porte-parole du Parti de l'Istiqlal sur les questions économiques, lauréat de l'Ecole des Ponts et Chaussées de Paris, il porte les espoirs de son parti et a sans aucun doute encore de beaux jours devant lui en tant que haut commis de l'Etat. Confirmation au prochain gouvernement ?

    Taïb Fassi-Fihri
    Il est, sans conteste, le vrai patron des Affaires étrangères. Et il est sur tous les fronts : négociations avec l'Union Européenne, accord de libre-échange avec les Etats-Unis… Depuis quelques temps, surtout, il est l'une des chevilles ouvrières du plan d'autonomie du Sahara. Membre influent de la “dream team” chargée du dossier, Fassi-Fihri parle, s'engage et ferraille au nom du roi. Réservé de nature, il fuit autant que possible les feux des projecteurs et affectionne plutôt les rencontres informelles et les briefings officieux, qui se tiennent souvent chez lui à Rabat. Ses relations avec Mohamed Benaïssa, ministre “officiel” des Affaires étrangères, sont “purement protocolaires”. “Quand Fassi Fihri planche sur un dossier décisif pour l'avenir du pays, Benaissa est toujours en train de faire de la figuration dans un sommet arabe ou africain, quelque part dans le monde”, affirme ce cadre aux AE. Sera-t-il nommé ministre de plain-pied au prochain gouvernement ?

    Abdelaziz Meziane Belfqih
    Sa discrétion en tant que conseiller du roi n'a d'égal que l'étendue et la pertinence de ses actions sur le terrain. Il est l'homme de tous les grands chantiers d'infrastructure. Ingénieur des Ponts et chaussées, longtemps ministre de l'Equipement, Abdelaziz Meziane Belfqih est aussi le recruteur en chef de bon nombre de “jeunes technos”, dont certains sont aujourd'hui ministres (Adil Douiri, Karim Ghellab…). C'est aussi sous sa direction que le rapport du cinquantenaire a été élaboré. Sans oublier les grands investisseurs du Golfe qu'il a œuvré personnellement à convaincre de l'opportunité de miser sur le Maroc (Dubaï Holding pour l'aménagement du Bouregreg, Jebel Ali pour Tanger Free Zone). On lui doit également la Charte de l'enseignement et, plus récemment, la stratégie de formation de 10 000 ingénieurs par an.

    Karim Ghellab
    En décrochant le portefeuille de l'Equipement et des Transports en novembre 2002, Karim Ghellab entrait de plain-pied dans le club très sélect des premiers de la classe. Dès ses premiers mois d'activité, le jeune ministre étonne par son dynamisme. Sous son mandat, le Maroc a, par exemple, construit 160 km d'autoroutes par an, contre 40 avant lui. Ghellab est également derrière des projets comme la libéralisation du ciel, la réforme portuaire, ou le port obligatoire de la ceinture de sécurité. En 2006, il peaufine le projet de son mandat : un Code de la route révolutionnaire qui dérange fortement l'ordre établi, c'est-à-dire les syndicats de routiers. Ghellab ne se laisse pas faire et défend son projet bec et ongles, et pratiquement en solitaire, mais il finit par y laisser des plumes… sans que le nouveau Code ne soit voté au Parlement. Peu importe, “l'intérêt général passe avant ma popularité”, se plaît-il à répéter. Seule question : son Code lui survivra-t-il ?


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    • #3
      Mohamed Hassad
      Des artères réaménagées, des espaces verts de plus en plus nombreux, des constructions illégales rasées, une corniche relookée… Tanger est devenue méconnaissable depuis la nomination de Mohamed Hassad au poste de wali. Surnommé “le bétonneur” depuis qu'il a réussi à transformer Marrakech, il est à Tanger sur tous les fronts : investissements, tourisme, promotion de la candidature à l'Expo internationale… Et quand il le faut, le wali va jusqu'à payer de sa personne : quand le ministère de l'Aménagement du territoire a annoncé en 2006 que les plages tangéroises étaient inaptes à la baignade, Hassad n'a pas hésité à piquer une tête sous l'œil des caméras, histoire de rassurer les estivants. “C'est un fonceur qui fait ce qu'il faut pour atteindre ses objectifs”, commente un des proches.

      Taoufiq Hjira
      Connu pour être un travailleur infatigable à l'humeur égale, Taoufiq Hjira n'a pourtant pas la tâche facile. Mais le jeune Istiqlalien, archétype du technocrate, a incontestablement réussi son passage au ministère de l'Habitat. D'abord en donnant un sérieux coup de fouet au rythme de construction de logements sociaux, atteignant pour la première fois le chiffre de 100 000 logements par an. Ensuite en menant au pas de charge le programme “Villes sans bidonvilles”, avec des succès probants. Idem pour les ERAC, établissements publics moribonds, dont le ministre a conduit l'épineuse restructuration avant de les regrouper au sein du groupe Al Omrane, aujourd'hui premier promoteur immobilier public. Seul bémol : Hjira n'a pas réussi à endiguer la hausse vertigineuse des prix des terrains. Mais on parle quand même de lui pour le prochain gouvernement…

      Yassine Mansouri
      Plus discret que lui, tu meurs. Jamais d'interviews, aussi peu de photos que possible... Ceux qui l'ont rencontré en sont tous ressortis avec l'impression qu'il n'a rien dit de précis tout en…
      faisant parler ses interlocuteurs un maximum ! Yassine Mansouri est tout à fait dans son rôle de patron de la DGED, le service d'espionnage marocain. Intelligence économique, participation active à la lutte contre le terrorisme et, plus surprenant, une implication sans limites dans le dossier Sahara (il a défendu le plan d'autonomie depuis le début). Ancien camarade de classe du roi et incarnant l'aile modérée de son entourage, on dit qu'il multiplie les rencontres secrètes avec l'ennemi, histoire de mieux préparer les prochains rounds de négociations à Manhasset, auxquel il participe.


      Salaheddine Mezouar
      Ceux qui l'ont côtoyé au cours de ses missions d'affaires disent tous qu'il est infatigable, et le premier ministre Driss Jettou, qu'il lui a “tapé dans l'œil”. Enchaînant réunion sur réunion, le ministre du Commerce et de l'Industrie s'agite dans tous les sens pour promouvoir l'économie marocaine, ou pour dénicher des formules gagnantes à dupliquer. Le plan Emergence, qu'il a commandé à un cabinet de conseil international, constitue une feuille de route assez fiable pour le développement des secteurs les plus prometteurs au Maroc. La formule fonctionne dans certaines activités comme l'offshoring, qui a le vent en poupe ces derniers mois. D'autres initiatives comme le plan Rawaj, pour le développement du commerce intérieur, sont aussi à mettre à son actif.
      Les politiques
      Hassan Aourid
      Dans la fournée des anciens camarades de classe de Mohammed VI, Hassan Aourid est un cas atypique. Ce docteur en sciences politiques, intellectuel reconnu et militant engagé de la culture amazighe, qui fut le premier à être nommé au poste, inédit dans l'histoire du Maroc, de porte-parole officiel du Palais a, depuis, connu une carrière en demi-teinte. Mais avec sa nomination au poste de wali de Meknès, l'homme semble avoir trouvé un challenge à sa mesure : développer l'une des régions les plus pauvres du pays… et faire contrepoids à l'unique mairie islamiste du pays. Entre autres réalisations et chantiers ambitieux, on retiendra surtout ses efforts pour le lancement de deux événements majeurs : le Salon de l'agriculture à Meknès et le Festival des musiques du désert à Errachidia, sa ville natale.

      Abdelkrim Benatik
      Bien qu'il traîne un bilan en demi-teinte, du temps où il était secrétaire d'Etat dans le gouvernement Youssoufi, Abdelkrim Benatik a le mérite d'avoir secoué le cocotier du paysage politique à l'approche des élections législatives. À la tête du Parti travailliste, qu'il a créé après avoir claqué la porte de l'USFP, Benatik a confirmé son premier talent : communiquer et faire parler de lui. Après avoir rassemblé des milliers de jeunes dans un meeting géant, l'homme a récidivé en rameutant, cette fois-ci, autant de femmes. Objectif non avoué : narguer des formations politiques plus importantes, mais encore peu rompues à l'art de “se vendre”. Rien que pour cela, il mérite d'être applaudi. Même si souvent, l'on a l'impression que le Parti travailliste n'existe que par (et pour) lui.

      Mustapha Khalfi
      Défenseur d'un islam libéral, Mustapha Khalfi est une des figures islamistes les plus appréciée par les laïcs. Après un séjour d'un an aux Etats-Unis (il avait bénéficié d'une bourse pour étudier l'avenir des mouvements islamistes dans le monde), ce jeune homme de 34 ans, bardé de diplômes (notamment en sciences politiques), est l'auteur du volet politiques publiques du programme de son parti, le PJD, pour les besoins duquel il a coordonné le travail de nombreux experts. Ancien rédacteur en chef d'Attajdid (avant que ça ne dérape), Khalfi est également conseiller éditorial d'Array, le nouvel hebdomadaire du parti. Le PJD compte sur lui pour aider à lisser son image aux yeux d'une élite toujours méfiante à l'égard des islamistes, même s'ils se déclarent “soft”.

      Mohamed Sassi
      Ne nous y trompons pas : le grand leader de gauche, celui qui a les mots et les attitudes de gauche, c'est bien lui. Grand producteur d'idées, orateur inspiré, très écouté, Mohamed Sassi n'a pourtant jamais été ministre, ni même chef de parti. Il lui manque peut-être une “qualité”, pourtant répandue dans la classe politique : le sens du consensus. Sa force vient, paradoxalement, de ce handicap. Sassi peut dire non, mais sans jamais verser dans le négativisme, un non objectif, serein, et dans tous les cas percutant. Non à une monarchie absolue, non au baisemain royal, non… au refus de dialoguer avec ceux d'en face, les hommes du Pouvoir. Ancien de la Chabiba ittihadie, Sassi est le numéro un bis du meilleur représentant de la gauche marocaine : le PSU. Avec de la chance, il devrait se retrouver au Parlement dès la rentrée 2007. Pour commencer ?




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      • #4
        Les nouveaux acteurs publics
        Ahmed Abbadi
        À la tête de la Rabita mohammadia des oulémas, Ahmed Abbadi mène une révolution tranquille dans le milieu religieux. Son objectif : former des experts religieux “modernes”, de leur époque. Depuis quelques mois, ce docteur de la Sorbonne, à qui l'on doit la sortie de la première promotion de morchidate (une première dans le monde musulman), s'attaque aux interprétations religieuses figées des oulémas. Abbadi a ainsi troqué les antédiluviens livres du Fiqh contre des manuels de sciences sociales, d'environnement et de droit international. Parfait anglophone, apprécié dans les cercles intellectuels américains, il n'hésite pas à sensibiliser les oulémas sur la sexualité et les MST, quitte à choquer. Sa grande ambition : organiser un séminaire sur la relecture du Coran. Courage !

        Anas Alami
        Rien ne prédestinait ce fils de postier à être propulsé, en février 2006, directeur général de… la Poste ! Cofondateur de la banque d'affaires Upline Securities, Anas Alami était auréolé de la réputation de meilleur analyste financier de la Bourse de Casablanca, dont il fut également le président du conseil de surveillance. Son talent et son expertise, il les met aujourd'hui au service d'un établissement public qui devra se positionner en tant que banque. Pour cela, le postier en chef décide d'aller au-delà de la simple activité de collecte de dépôts, pour s'attaquer aussi à la distribution de crédits. La consolidation de l'activité courrier, qui a toujours, selon lui, un grand potentiel de croissance, est l'autre axe de sa stratégie, censée donner un nouveau visage à Poste Maroc.

        Salim Cheikh
        Au bout d'un an à la tête du vénérable Service autonome de publicité (SAP, régie de la SNRT), ce jeune leader de 33 ans a réussi là où tout le monde s'était cassé les dents avant lui : refonte du système d'information et de l'organigramme, mais aussi croissance du chiffre d'affaires de 30% (pour atteindre 200 millions de dirhams). La filialisation qui donnera naissance à Maroc Publicité Médias (nouvelle dénomination du SAP) est attendue dans les prochains mois. Un pas de plus pour redorer l'image de la structure par laquelle transitent toutes les recettes de l'audiovisuel public, hormis le gros morceau 2M. Cheville ouvrière des projets OJD (contrôle de la diffusion de la presse) et MarocMétrie (contrôle d'audimat), Cheikh, qui avait quitté un poste plus que confortable à Paris, est en voie de réussir son challenge : transformer un poussiéreux office public en entreprise moderne et performante.

        Saïd El Hadi
        Inauguré tout récemment, le port Tanger Méditerranée est tout simplement le projet d'infrastructure le plus ambitieux jamais réalisé au Maroc. L'enjeu : 20 milliards de dirhams d'investissement et un fort positionnement du pays sur la carte maritime internationale. Saïd El Hadi, président du directoire de l'Agence spéciale Tanger Méditerranée, est la cheville ouvrière de cet énorme chantier. Ce diplômé de Ponts et Chaussées, qui a longtemps roulé sa bosse dans le secteur privé, a rassemblé autour de lui une “dream team” qui a démontré son efficacité en livrant le projet dans les délais impartis. Au Maroc, c'est suffisamment rare pour être applaudi. Et le meilleur reste à venir : Tanger Med vient déjà d'entamer un projet d'extension, ce qui va pratiquement lui permettre de tripler sa capacité.

        Rabie Khlie
        Ingénieur d'Etat de l'Ecole mohammadia, Rabie Khlie est un pur produit de l'Office national des chemins de fer (ONCF). Une entreprise où il a fait ses armes en tant que directeur de l'exploitation et bras droit de l'ancien DG, Karim Ghellab, avant d'en prendre les rênes. Depuis, et ayant retrouvé sa bonne santé financière (2,4 milliards de DH de chiffre d'affaires en 2006), l'Office a fait du chemin. Les projets se multiplient, boostés par une démarche de contrat-programme avec l'Etat qui a montré son efficacité. A l'extension du réseau ferroviaire s'ajoutent la modernisation et la création de nouvelles gares, ainsi que l'acquisition d'une nouvelle génération de matériel roulant, dont 24 rames automotrices à double étage. Ne jurant que par le MBO (management par objectifs), Rabie Khlie est aussi un homme de grands projets. Le plus ambitieux : le TGV, dont les études sont désormais finalisées.

        Younès Maâmar
        Peu disert ingénieur en automatisme et robotique, on aurait pu le croire renfermé et mal à l'aise dans les contacts humains. On se serait trompé. Sitôt nommé directeur général de l'Office national de l'électricité (ONE), il prend son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des hommes et femmes de l'Office aux quatre coins du pays. Riche d'une expérience professionnelle dans le domaine de l'énergie au sein de la Banque mondiale, c'est sur lui que repose aujourd'hui la conduite d'une nouvelle stratégie énergétique pour le pays. Une stratégie davantage en adéquation avec le contexte actuel, marqué par le renchérissement des prix des combustibles et la croissance de la demande. Et Maâmar prend son rôle au sérieux : il a été le premier à tirer la sonnette d'alarme sur le risque imminent de pénurie… et à mettre l'option nucléaire sur la table.

        Khalid Zerouali
        Nommé en 2005 gouverneur-directeur de la Migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur, Khalid Zerouali, diplômé de l'Ecole mohammadia des ingénieurs, s'est notamment distingué par son franc-parler lors de la crise des clandestins subsahariens de l'automne 2005. Sur ce dossier épineux, cet expert des migrations, dont les supérieurs louent l'éloquence, n'a pas hésité à aller au devant de la presse internationale pour expliquer la complexité du phénomène et la position délicate des autorités marocaines. Résultat, les reportages télé occidentaux se sont moins focalisés sur les brutalités de nos garde-frontières que sur le moyen d'aider le Maroc à affronter la vague de migrants illégaux. On doit aussi à Zerouali des succès notables dans la réduction des surfaces cultivées de cannabis, qui fait partie de ses missions.

        Les lobbyistes et médiateurs
        Noureddine Ayouch
        “Il a toujours été un pionnier malgré lui”. C'est ainsi que l'un de ses proches résume le parcours pour le moins atypique de Noureddine Ayouch. Fondateur en 1983 du magazine Kalima, en avance sur son temps, l'un des premiers à se lancer dans la publicité avec l'agence Shem's, Ayouch est aussi celui qui a introduit le micro-crédit au Maroc, avec la fondation Zakoura, également active dans la lutte contre l'analphabétisme, la santé et la formation professionnelle. Mais c'est dans la politique qu'il s'est illustré cette année. L'Association 2007 Daba et l'action de marketing politique pour la mobilisation des électeurs pour les prochaines législatives, c'est lui. Véritable chef d'orchestre de toutes les initiatives entrant dans ce cadre, c'est à lui que les partis politiques doivent l'engagement des agences de communication dans l'élaboration de leurs campagnes respectives.



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        • #5
          Kamal Lahbib
          D'une ouverture d'esprit remarquable, cet ancien prisonnier politique unanimement respecté a su admirablement se reconvertir dans l'action associative. C'est dans le sillage du premier Forum social mondial de Porto Alegre, en 2001, que Kamal Lahbib a lancé, avec l'aide d'une poignée d'amis, le premier Forum social maghrébin (FSM) qui stigmatise l'aggravation des fractures sociales, la détérioration des conditions de vie de la classe ouvrière, le chômage grandissant des jeunes… Mais le FSM n'est que la dernière facette de ses foisonnantes activités, puisque Kamal est sur quasiment tous les fronts, de la sensibilisation citoyenne pour 2007 Daba au lobbying discret (et porteur) auprès des autorités pour la défense des libertés publiques.

          Ilyass Omari
          Il s'occupe de tout, et plutôt bien. “Mais qui est-il, que fait-il, qui sert-il exactement ?”, s'interrogent en permanence ses détracteurs. Bonne(s) question(s). Réponse : c'est un trait entre les hommes de gauche et ceux du Pouvoir. Proche d'un Fouad Ali El Himma (et même, dit-on, du roi), Ilyass a longtemps été le confident d'un Driss Benzekri, au point qu'il a recueilli ses mémoires et testaments. Il a multiplié les médiations à tous les niveaux, toujours dans l'ombre. Très impliqué dans l'INDH, proche des milieux des droits de l'homme, à l'écoute de la problématique des MRE, source (très) généreuse pour une bonne partie de la presse marocaine, il a aussi monté une association au Rif, sa région natale, pour défendre la mémoire des victimes des armes chimiques. La dynamo (cachée) du nouveau règne, en quelque sorte.
          Les militants et combattants
          Azzeddine Akesbi
          “Transparency Maroc, c'est lui”, se plaît à dire un de ses amis et fervents supporters au sein de l'association. Lui, se contente de se définir comme un simple acteur parmi d'autres au sein de l'association anti-corruption. Mais ce combat, Azzeddine Akesbi en fait sa cause, sa raison d'être. Si cette année, tous les textes sur la déclaration de patrimoine ont été adoptés, la création de l'instance anti-corruption amorcée et les conventions internationales en la matière adoptées, c'est en grande partie grâce à son engagement et à la pression exercée par Transparency Maroc. Une action qui en fait désormais un interlocuteur incontournable - bien que, souvent, il ne soit pas le bienvenu…

          Abdelhamid Amine
          C'est un excessif, mais un nécessaire poil à gratter du régime. Président sortant de l'AMDH, Abdelhamid Amine revient par la fenêtre en tant que vice-président, omniprésent et incontournable, maîtrisant l'art de se faire toujours autant matraquer lors des sit-in et autres manifestations. En priorité, même. Car bien qu'il s'en défende, l'AMDH est devenue sous sa houlette l'association la plus “politique” du Maroc. Un réseau de refuzniks, à la fois bureau des plaintes, agence de presse officieuse avec correspondants locaux, et troupes de manifestants où se retrouvent les membres de l'extrême gauche marocaine. Se situer au bout de l'échiquier politique marocain a déjà valu à Amine 14 ans de prison, sous Hassan II, pour appartenance à l'organisation marxiste Ilal Amam. Aujourd'hui, ses convictions ne semblent quasiment pas avoir varié : Amine continue à demander des excuses publiques au nouveau roi, au nom de l'Etat coupable.

          Le réseau Anaruz
          Grâce au réseau Anaruz, une ONG qui regroupe 40 centres d'écoute implantés un peu partout au Maroc, il est désormais possible de dresser un portrait-robot de la femme victime de violence et de son agresseur (les trois quarts du temps, son propre mari !). Elle, c'est une femme au foyer plutôt jeune, mariée il y a à peine un an, ayant tout au plus un enfant et sans aucune instruction. Lui, c'est un homme entre 30 et 40 ans, marié et au niveau d'instruction tout aussi basique. En réalisant son enquête, le réseau ne s'attendait pas à ce résultat. En un an, de septembre 2005 à octobre 2006, ses centres de proximité ont reçu 3500 plaintes pour violence, soit une moyenne de 8 par jour. De plus en plus de femmes, aujourd'hui, savent qu'elles sont en droit de réclamer justice. Bravo !

          Najat Anouar
          Dans sa tête, le déclic s'est produit pendant l'été 2004. Choquée par la clémence d'un verdict prononcé contre un pédophile, responsable de la mort d'un jeune garçon de 3 ans, Najat Anouar, juriste et mère de famille, décide de réagir. Elle crée la première association marocaine dédiée à la lutte contre un phénomène jusque-là tabou. Forte de son réseau d'avocats et de bénévoles, Touche pas à mon enfant se porte partie civile dans la plupart des procès de pédophilie qui sont intentés au Maroc. Sa stratégie : mobiliser les médias et l'opinion publique pour faire bouger les autorités et la justice contre cette déviance criminelle, trop longtemps tue par convenance sociale. La jeune mais très dynamique association gagne très vite en crédibilité. Son influence grandit d'année en année, et son réseau de bénévoles s'étoffe chaque jour, ralliant de nouveaux “chasseurs de pédophiles”. Hélas, il y a du boulot !



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          • #6
            Lhoussaïn Azergui
            C'est la nouvelle coqueluche des défenseurs de la cause amazighe. Son premier roman a reçu de nombreux prix internationaux. Aghrum n Ihaqqaren (Le pain des corbeaux) représente une forme de résistance de la culture amazighe. Journaliste indépendant à ses heures (il a claqué la porte de la MAP), l'auteur s'intéresse notamment à la censure exercée sur les journalistes d'une manière générale et sur ceux qui revendiquent leur amazighité en particulier. Installé en France, il est à l’originede la mobilisation pour abroger la fameuse circulaire du ministère de l'Intérieur, qui défend l'inscription sur les listes de l'état civil marocain de prénoms à connotation amazighe.

            Amina Bouayach
            C'est avant tout la première femme à présider une organisation des droits de l'homme au Maroc. Mais c'est aussi celle qui a fait sortir l'Organisation marocaine des droits de l'homme d'une certaine torpeur. Avec Amina Bouayach à sa tête, l'OMDH communique davantage, et se montre surtout moins conciliante qu'auparavant… En 2006, des membres du défunt corps des GUS sont impliqués dans la mort d'un citoyen à Salé. Avec son équipe, Bouayach se rend sur place, enquête, établit un rapport accablant… et arrive à faire traduire les policiers en justice. “À l'OMDH, nous avons toujours privilégié la recherche de solutions. La protestation n'est qu'un moyen de pression qu'il faut utiliser à bon escient, jamais une fin en soi”, répète à l'envi Bouayach qui, il y a quelques mois, a gravi un autre échelon en se faisant élire vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l'homme.

            Saïd Essoulami
            Depuis près d'un quart de siècle, ce diplômé en sciences politiques est de tous les combats en faveur des médias dans les pays arabes. Après une quinzaine d'années à Londres, où il a dirigé la branche Moyen-Orient et Afrique du Nord chez Article 19 (association internationale pour la liberté d'expression), il crée en 1998 le Center for Media Freedom in the Middle East and North Africa (CMF-MENA), “un centre de recherche, de promotion et de plaidoyer pour la liberté des médias”, dont le siège londonien est transféré à Casablanca en Octobre 2005. Depuis cette date, le CMF-MENA, financé par des organisations internationales, a produit un rapport très critique sur le projet de réforme du Code de la presse, des études très intéressantes sur l'accès des femmes aux postes de responsabilités dans les médias, le droit d'accès à l'information, la gouvernance de l'Internet et les médias arabes…

            Khalil Jemmah
            Il est depuis une dizaine d'années l'un des militants associatifs les plus actifs du pays. Son nom reste étroitement lié à l'Association des familles des victimes de l'immigration clandestine (AFVIC), une ONG qu'il a créée en 2001 et qui est très vite devenue un acteur incontournable en la matière. Le 13 avril 2007, cet assureur de Khouribga cède la présidence de l'AFVIC “pour laisser la place à la relève”, mais également pour se lancer un nouveau défi : la création d'une section droits de l'homme de son ONG. Elle aura pour objectif “la vulgarisation des droits de l'homme tels qu'universellement connus” et la mise en place, dans les semaines à venir, de deux centres de vigilance, l'un à Casablanca et l'autre à Khouribga. Objectif : élaborer des rapports sur les exactions sous-médiatisées des petites villes et de la campagne.

            Youssef Madad
            A 50 ans, Youssef Madad a fait de l'abolition de la peine de mort plus qu'un objectif, un véritable leitmotiv. “Il y a huit ans, ce sujet était tabou. Aujourd'hui, tout le monde en parle”, indique ce diplômé en philosophie (et en ingénierie informatique). Sit-in, congrès internationaux, pétitions… le militant associatif fait feu de tout bois pour mettre la pression sur le gouvernement et le pousser à abroger la peine capitale, qui maintient aujourd'hui encore 130 personnes dans le couloir de la mort. L'abolition n'est pas encore acquise mais il en est officiellement question, ce qui est déjà un grand succès. Peut-être le prochain gouvernement le fera-t-il ? En 2006, Madad a aussi créé l'association “Relais société-prisons”, dont l'objectif est de combattre la récidive chez les anciens détenus.

            Abderrahim Mouhtad
            C'est l'un des acteurs associatifs les plus en vue du moment. Depuis 2004, Abderrahim Mouhtad est le remuant président de l'association Annasir, qui regroupe les familles des détenus islamistes post-6 mai. Coordination entre détenus, aide matérielle aux familles, sit-in de protestation… Mouhtad est derrière toutes les initiatives qui touchent aux barbus maudits du royaume. “Le dossier des Salafistes intéresse toutes les composantes de la société marocaine. Que fera-t-on de leurs enfants, par exemple ? Comment gérer les tensions dans les prisons ?”, interroge-t-il. Fort de son passé de dirigeant de la Chabiba Islamia, Mouhtad a réussi à sensibiliser une bonne partie de la presse nationale et internationale à la question des détenus islamistes. Mais pour l'Etat, il reste toujours infréquentable…

            Abdelaziz Nouaydi
            Son combat est celui de tout le Maroc moderne : l'indépendance de la justice. Cela tombe bien pour Abdelaziz Nouaydi, puisqu'il est avocat, membre fondateur de l'OMDH (Organisation marocaine des droits de l'homme), dirigeant de Transparency Maroc, etc. De toutes ses casquettes, c'est celle d'ancien conseiller de Noubir Amaoui, et surtout de Abderrahmane Youssoufi (1998-2002), qui marque le plus. C'est là que Nouaydi, confronté de très près à l'exercice du (supposé) pouvoir, a compris la faillite de l'appareil judiciaire, rongé par la corruption et l'inféodation au (vrai) Pouvoir. C'est avec Adala, l'ONG qu'il a fondée en 2005, que l'homme mène désormais son combat. Adala, donc, comme justice, ou équité. Deux “étoiles” qui devraient, normalement, accompagner tout justiciable marocain…

            Khadija Rebbah
            Depuis quelques semaines, Khadija Rebbah a pris son bâton de pèlerin pour aller prêcher la bonne parole auprès des associations féminines des quatre coins du Maroc. Objectif : encourager la participation des femmes à la chose politique, à commencer par les prochaines élections. Un volet quasi absent dans les missions des ONG féminines, malgré leur grand nombre sur le terrain. “Nous avons pu constituer une commission dans chaque ville qui prendra le relais au niveau de la sensibilisation”, affirme cette sociologue de formation, également présidente d'une association féminine. Une mobilisation qui a dépassé l'axe Rabat-Casablanca pour aller vers les campagnes reculées “parce que c'est là-bas que les femmes ont le plus besoin de sensibilisation”.

            Abderrahim Jamaï
            Il fait partie de cette génération de grands avocats, farouchement attachés aux principes universels des droits de l'homme. Plusieurs causes le passionnent : liberté d'expression, libertés publiques, action syndicale, lutte contre la pédophilie… “Il se fait rarement payer pour ce genre d'affaires, même si ça lui prend beaucoup de temps”, affirme l'un de ses collègues au barreau de Rabat. Militant de la première heure et avocat chevronné, il bouillonne d'idées nouvelles, et nourrit la noble utopie de “faire respecter la dignité du Marocain au commissariat, devant le tribunal ou en prison”. Malgré ses positions tranchées, Abderrahim Jamaï arrive à conserver de bonnes relations avec les hauts responsables de l'Etat. Ses responsabilités au sein de l'Observatoire des droits de l'enfant le rapprochent même des (plus qu'influentes) sœurs de Mohammed VI…

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            • #7
              Les dérangeurs publics
              Najib Bachiri
              Si Robin des Bois vivait à Berkane, il s'appellerait Najib Bachiri. Ecologiste du cru, il donne des sueurs froides au géant espagnol de l'immobilier Fadesa, adjudicataire de l'aménagement de la station balnéaire de Saïdia. Bachiri dénonce depuis des années les répercussions sur l'écosystème de la construction du gigantesque ensemble touristique. Et à force de s'agiter, il a fini par attirer l'attention des caméras de la chaîne française M6 qui lui a donné, il y a quelques semaines, la parole dans le cadre de l'émission Capital. Résumé : la vision 2010 du tourisme ne passera pas par Bachiri… pas plus que la vision “tolérance zéro” vis-à-vis des clandestins subsahariens. L'homme a en effet créé une association d'aide aux immigrants d'Afrique subsaharienne, installée dans une ancienne église de Berkane. Un petit havre de paix pour les clandestins, jugés indésirables à Melilia l'Espagnole, dans l'Algérie voisine et au Maroc.

              Abderrahmane El Yazidi
              Ce capitaine de pêche gadiri s'est taillé une réputation de refuznik et de grande gueule. Son hobby : dénoncer toutes les formes d'injustice, et pas uniquement dans son secteur. Ça a commencé par des sit-in répétitifs contre les situations de rente dans le secteur de la pêche, les licences accordées sans cahiers des charges et les accords de pêche bradés avec l'Europe. Puis El Yazidi s'est diversifié. Le mouvement de défense des victimes de Philippe Servaty, le pornographe d'Agadir, c'est lui. Dans la capitale du Souss, El Yazidi s'est fait l'avocat de “tous les damnés d'une société hypocrite”. Récemment, l'homme s'est même lancé dans la défense de la liberté d'expression, en s'associant aux mouvements de protestation contre l'arrestation des journalistes d'Al Watan. En attendant une nouvelle cause…

              Lahbib Hajji
              Lahbib Hajji et ses camarades arriveront-il à décrocher le prix annuel de Transparency international pour l'intégrité, qui honore le courage d'individus qui se sont illustrés dans la lutte contre la corruption ? C'est ce que souhaitent beaucoup de Marocains, séduits par le courage de ces avocats radiés du barreau après avoir publié une “lettre pour l'Histoire”, qui dénonce la corruption dans les rouages de la justice locale du Nord, gangrenée par la mafia de la drogue. Pour la petite histoire, Hajji, qui est aussi membre actif de l'Association marocaine des droits de l'homme, avait aussi, avec ses collègues Abdellatif Kenjaa et Khalid Bourheil, adressé la fameuse “lettre” à Mohammed VI. Sans réponse, à aujourd'hui.

              Chakib Khyari
              Le président de l'Association du Rif pour les droits de l'homme est sur tous les fronts. Pas une manifestation ni une action de protestation publique ne se tient dans la région de Nador sans que Chakib Khyari ne l'ait initiée ou qu'il n'y ait, au moins, activement participé. Début 2007, il s'est même offert le luxe de faire vaciller la mafia de la drogue après avoir aidé des journalistes espagnols à réaliser un reportage explosif sur le trafic dans la lagune de Mar Chica. Depuis, ce militant iconoclaste est devenu la bête noire des trafiquants et des ripoux de tout bord. L'activisme de Khyari, qui est également membre de la Fondation Abdelkrim Khattabi (toujours interdite), lui attire bien entendu des menaces à la pelle. Il répond que “ce sont des risques à prendre”…

              Mohamed Laghdaf Eddah
              Trois ans après son lancement, la télévision régionale qu'il dirige dérange toujours autant. Créée presque par accident en novembre 2004, Laâyoune TV est aujourd'hui l'une des stations les plus regardées au Sahara. Dès ses premiers reportages, la chaîne étonne par son indépendance et sa liberté de ton. Ses plateaux accueillent d'anciens dirigeants du Polisario ou des ex-détenus à Mgouna et à Agdz. Ses reportages couvrent toutes les manifestations sociales de Guelmim à Dakhla. Une performance qui fait forcément grincer des dents les notables de la région, qui réclament la tête du directeur, souvent accusé de “traîtrise”. “C'est exactement ce dont m'accusent les Sahraouis de Tindouf. Cela veut simplement dire que je fais bien mon travail”, se contente-t-il de répondre.

              Tarik Sbaï
              Cet avocat rbati est également le président de l'Instance nationale de défense des biens publics. Créée en 2006, cette association s'est particulièrement illustrée lors des manifestations contre la vie chère, qu'elle a encadrées aux quatre coins du pays. L'instance n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, avec la publication (bientôt) d'une liste des “dilapidateurs des biens publics”. “J'ai participé à l'élaboration et à la publication par l'AMDH de la liste des responsables impliqués dans les atteintes graves aux droits de l'homme. Cette nouvelle liste n'en est que la continuation”, affirme Tarik Sbaï. Détournement de fonds, abus de pouvoir ou fautes graves de gestion… l'instance de Sbaï a été à l'origine de plusieurs poursuites engagées contre certains responsables de l'administration territoriale

              Réda Taoujni
              Quasiment pas un jour sans que son nom apparaisse dans la presse. Et pour cause, Réda Taoujni, ancien pilote automobile reconverti dans le militantisme pour la marocanité du Sahara, multiplie les effets d'annonce, osés pour les uns, fantaisistes pour les autres : voyage collectif à Tindouf, construction d'une réplique des camps du Polisario pour les besoins d'un documentaire, marche populaire vers Tifariti… Pourtant, “il est l'une des principales sources d'information sur le Sahara de toute notre profession”, ajoute ce journaliste. Si Taoujni a mis plus d'une fois les voisins algériens dans l'embarras, il ne ménage pas plus les responsables marocains. L'ASM a ainsi été la seule ONG marocaine à rejeter le plan d'autonomie du Sahara qui, selon Taoujni, pèche par manque de… concertation nationale !

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              • #8
                Les entrepreneurs
                Othman Benjelloun
                Symbole d'un nouveau capitalisme marocain, Othman Benjelloun continue à tenir tête au tentaculaire holding ONA. Le président du groupe Finance.com est de fait le seul concurrent sérieux du groupe royal dans le secteur bancaire et des assurances, tout en gardant une bonne avance dans celui des télécoms. Et des velléités d'indépendance, Othman Benjelloun en a de plus en plus. C'est ainsi que le développement de la BMCE Bank à l'international aurait pour but final de donner les coudées franches au groupe financier face à l'ONA, mastodonte surprotégé au Maroc. Certains proches de Othman Benjelloun n'hésitent d'ailleurs pas à le présenter comme “le deuxième homme le plus riche du royaume après Sa Majesté”. Une manière de dire que leur boss a l'arsenal financier pour boxer même dans les plus hautes catégories.

                Fouad Abdelmoumni
                Brillant économiste et observateur lucide du champ politique et de la société marocaine, Fouad Abdelmoumni est un homme qui joint parfaitement l'action à la parole. Le militant a été un relais important dans la dénonciation des années de plomb, dont il a lui-même été victime. L'homme d'affaires a pris les rennes d'une institution de micro-crédit ,Al Amana, devenue en 10 ans l'acteur principal au Maroc dans ce secteur : 220 salariés, 430 points de vente quadrillant l'ensemble du territoire, mais surtout 1,7 million de crédits distribués à des nécessiteux, totalisant 5 milliards de dirhams (!!). Et avec tout ça, il continue à militer à l'AMDH, dont il reste un membre influent, sans hésiter, au besoin, à en critiquer la «dérive politicienne». Abdelmoumni est un expert ès économie et politique, régulièrement consulté par les organismes internationaux (dont la Banque mondiale), qui font confiance à ses diagnostics cinglants. À très juste titre.

                Aziz Akhennouch
                En un temps record, il s'est fait une place au soleil, celui qui brille sur la tête des grands capitaines d'industrie. Pour cela, il a su faire fructifier l'héritage paternel, transformant la vieillotte Afriquia SMDC en Akwa Holding, aujourd'hui l'acteur principal du secteur énergétique marocain. Akhennouch a su jouer de sa proximité avec le premier cercle royal dans son ascension vers les sommets, réussissant au passage à faire oublier sa relative proximité avec l'ex-homme fort du régime, Driss Basri. Un exploit en soi. Akhennouch préside également aux destinées de la région du Souss, la deuxième plus riche du Maroc. Il y a notamment créé le festival Timitar et délocalisé le défilé Caftan du magazine Femmes du Maroc (qui lui appartient aussi). C'est qu'Akennouch est également un homme de médias, puisqu'il possède le groupe Caractères, l'un des plus importants groupes de presse du royaume. Son empire pourrait bientôt accueillir une station radio.

                Miloud Chaâbi
                “L'Haj Miloud”, comme l'appelle tout le personnel d'Ynna Holding (BTP, industrie, distribution…) vient de mettre la barre très haut en annonçant un programme d'investissement de 11 milliards de dirhams dans la région de la Chaouia. Une annonce qui sonne comme une réponse à ses détracteurs, qui lui reprochaient d'avoir diversifié ses investissements à l'étranger (notamment en Afrique) au détriment de l'investissement national. Le self-made man septuagénaire est également connu pour son audace. Sa sortie médiatique fracassante contre les avantages accordés à Addoha ou encore la concurrence qu'il livre avec pugnacité au tout puissant groupe ONA font de lui un véritable baromètre de la confiance des milieux d’affaires. Ynna Holding reste en effet un des rares champions nationaux qui sortent du moule confectionné par les gestionnaires des affaires royales.

                Samir El Omari
                Dans les milieux scientifiques et industriels, Samir El Omari est une petite célebrité. Et pour cause, ce Marocain installé au Canada, diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), est derrière une invention révolutionnaire : un alliage métallique plus léger que l'aluminium et plus résistant que l'acier, qui laisse entrevoir des changements majeurs dans les domaines de l'industrie aérospatiale et de l'automobile, et dont le potentiel de commercialisation avoisine les deux milliards de dollars rien qu’au Canada ! Pourtant, l'histoire aurait pu se terminer autrement, sachant que l'agence spatiale canadienne, l'ancien employeur d’El Omari, revendiquait la paternité de l'invention. Il a fallu se tourner vers la justice canadienne qui a tranché, au terme d'un procès qui a duré des années, en faveur du Khouribgui.

                Mohamed Horani
                En 2006, ce discret patron casablancais a été consacré meilleur investisseur dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, lors d'une réunion interministérielle tenue en Jordanie. Fort de plus de 23 ans de métier, Horani est aujourd'hui l'un des plus grands spécialistes de la monétique dans le monde. Le logiciel développé par son entreprise (HPS) fait tourner plus de 80 institutions bancaires et financières sur trois continents. En 2006, son chiffre d'affaires a atteint 127 millions de dirhams… dont 87% réalisés à l'export ! En 2003, Horani a ouvert une première succursale au cœur de la fameuse “Internet Dubaï City”, un des “hubs” où se dessine l'avenir numérique de la planète. Il est à ce jour l'un des rares opérateurs à avoir développé des solutions adaptées aux… produits bancaires islamiques !

                Karim Tazi
                Tout au long de son mandat (achevé récemment) à la tête de l'Association marocaine de l'industrie textile et de l'habillement (AMITH), Karim Tazi n'a eu cesse de défendre un secteur en mauvaise passe il y a à peine quelques années, mais qui fait désormais office de locomotive des exportations marocaines. Son franc-parler et son pragmatisme lui ont valu le respect de tous ses interlocuteurs, y compris ceux qui lui reprochent ses envolées lyriques, parfois coléreuses. Patron de Richbond, et riche d'un réseau familial et professionnel étoffé, il est l'un des initiateurs du contrat-programme pour le développement du secteur. Ne jurant que par l'impérative modernisation du secteur et par le fast-fashion, il a entamé, en commun accord entre l'AMITH et le ministère de l'Industrie, une véritable conquête de marchés et de donneurs d'ordre. Si l'Espagne est devenue le premier client du Maroc, c'est notamment grâce à lui.

                Brahim Zniber
                Considéré comme une véritable icône dans le milieu très fermé de la viticulture marocaine, Brahim Zniber préfère plutôt se définir comme un simple fermier. En réalité, ce grand propriétaire terrien, doublé d'un homme d'affaires prospère, est à la tête d'un empire financier aux ramifications multiples : assurances, distribution, textile... Mais il est évident que la viticulture reste sa véritable passion. Les Celliers de Meknès, société créée au début des années soixante, produit 85% des vins consommés au Maroc, avec une production annuelle de 28 millions de bouteilles. Surtout, Zniber a inauguré le premier (et unique) château d'Afrique, où s'épanouissent quelques fleurons de l'oenologie marocaine tels que les Coteaux de l'Atlas, premier grand cru classé du royaume, et le tout récent Perle du Sud, un mousseux 100% marocain produit selon les méthodes ancestrales de la Champagne.

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                • #9
                  Les figures de l'audiovisuel
                  Latifa Akherbach
                  Après un passage remarqué à la tête de l'Institut supérieur de l'information et de la communication (ISIC), Latifa Akherbach est depuis trois mois à la tête de la Radio Marocaine. Sa mission : lui donner un coup de jeune et la repositionner dans un paysage audiovisuel chamboulé depuis la libéralisation des ondes. “Je trouve cela passionnant de venir à un moment où la Radio Marocaine a compris qu'elle n'était plus seule, et où elle doit développer son identité de radio fédératrice”, explique l'intéressée. Akherbach n'en oublie pas pour autant sa première passion : l'enseignement. En effet, même si elle n'est plus directrice de l'ISIC, elle continue d'y donner des cours (section presse écrite), au grand bonheur de ses étudiants, qui la regrettent toujours.

                  Younès Alami
                  Depuis sa nomination à la tête d'Arriyadia en février 2005, Younès Alami, ancien journaliste dans la presse écrite, a réussi à apporter un sérieux coup de jeune à un paysage médiatique sportif qui en avait grandement besoin. La nouvelle chaîne propose, au grand bonheur du téléspectateur marocain, un produit plus fouillé, une couverture géographique plus large, offrant ainsi une visibilité inespérée à nombre de clubs et de sportifs souffrant de sous-médiatisation chronique, et une plus grande place à des sports jusqu'ici trop longtemps snobés (rugby, volley-ball, handball…). Mieux encore, le team Alami s'est improvisé créateur d'évènements, en participant à la relance du Tour du Maroc cycliste et en organisant de nouvelles compétitions dont le Circuit international Mohammed VI de tennis ou le championnat du Maroc de football en salle.

                  Mostapha Benali
                  Cet homme se prête sans doute à beaucoup de commentaires. Il fait plus jeune sans moustache, par exemple. Et en effet, le directeur de 2M ressemble moins à un fonctionnaire depuis qu'il se rase de près. Et davantage à un homme de médias, dont la première mission est d'écouler du divertissement en gros. C'est le principe de la télé : plaire au plus grand nombre. Ce premier commandement (ou d'annonceurs, point tu n'auras !), Benali l'applique à la lettre en adaptant des recettes qui ont fait leurs preuves ailleurs. Studio 2M, 15 ans 15 talents et autres Challengers font rêver les téléspectateurs comme les participants. On peut crier à l'absence d'originalité, mais ça plaît au public. Le contrat est respecté… quoiqu'en disent les rumeurs persistantes quant à son prochain départ.

                  Younès Boumehdi
                  Tout vient à point à qui sait attendre. Younes Boumehdi, le fondateur de Hit Radio, a fait de cet adage sa devise ! Après avoir passé plus d'une dizaine d'années à essayer d'obtenir une autorisation pour lancer sa radio musicale, son rêve s'est enfin concrétisé depuis un an, avec la libéralisation des ondes. Et très vite, Hit Radio s'est taillé une jolie place dans le cœur des jeunes auditeurs marocains. Pas étonnant lorsqu'on sait que 40% de sa programmation sont consacrés aux artistes de la nouvelle scène, et que ses émissions privilégient fun et interactivité. En attendant la diffusion nationale, Younès a lancé sa radio sur Internet. Depuis, les MRE ne jurent plus que par elle !

                  Ali Essafi
                  Réalisateur de documentaires, il aime semer des graines dans la tête des cinéastes en herbe. C'est ainsi que Ali Essafi est à l'origine, avec ses compères Hakim Belabbès et Khalid Benkirane, des master class qui se sont tenues en marge du Festival international du film de Marrakech en 2005. Pendant une dizaine de jours, Martin Scorsese et Abbas Kiarostami sont venus y exposer leur vision du cinéma à un parterre de réalisateurs marocains en devenir. Deux ans plus tard, Essafi se retrouve propulsé à la tête de la direction artistique de la SNRT. Il y est chargé du respect des règles élémentaires de la prise de vues par le mammouth de la rue Brihi, et plus si affinités. Si les premiers résultats commencent à faire leur apparition, nul doute que cette master-class là sera bien longue…

                  Ahmed Ghazali
                  À la tête de la Haute autorité de la communication audiovisuelle, Ahmed Ghazali est l'homme qui aura le plus marqué le paysage audiovisuel marocain. Discret, ce juriste et militant associatif (il est président du conseil d'administration de l'association Al Amana pour la promotion des micro-entreprises) est l'un des principaux artisans de la libéralisation des ondes. Il navigue pour cela à merveille entre les arcanes du Pouvoir et l'indépendance de son instance, dont le budget est directement payé par le Palais. On lui doit l'arrivée de nouvelles radios et de Médi1 Sat, la confection des cahiers des charges pour les opérateurs tant publics que privés et la réglementation des temps d'antenne et de parole des partis politiques en période électorale comme en dehors. Encore une nouveauté

                  Noureddine Karam
                  Son arrivée sur Rabat Chaîne Inter a sonné le renouveau de la radio publique. C'était en juillet 2006. Lui-même enfant de l'immigration, Noureddine Karam, fraîchement diplômé en sociologie, est recruté pour animer une émission ponctuelle destinée aux MRE. Trois mois plus tard, il devenait la star de la radio rbatie grâce à VIP, une émission quotidienne qui fait parler les auditeurs d'amour (une première au Maroc), dans un mix de darija et de français, avec un humour décomplexé et beaucoup d'indiscrétions “sociologiques”. Le succès est immédiat… comme la réaction de la presse conservatrice, qui accuse l'émission et son animateur d'“incitation à la débauche”. Pas de quoi stopper l'élan de Karam, qui vient de lancer une émission hebdomadaire d'actualité intitulée “ça reste entre nous”.

                  Fayçal Laraïchi
                  Président du pôle audiovisuel public, Fayçal Laraïchi est la véritable dynamo de la cure de jouvence du champ audiovisuel marocain. Un chantier débuté avec le relookage de la première chaîne, poursuivi par la gestion du dossier des départs volontaires au sein du média public, le passage de la TVM du statut de service public à celui de SA, sa reconversion vers le numérique et le renouvellement de ses équipements. Laraïchi est partout, désormais présent jusque dans les séances de visionnage des commandes et productions des chaînes de la SNRT. Sous son mandat, la vieille dame de la rue Brihi, rebaptisée Al Aoula, aura même réussi à devancer 2M pour accueillir la nouvelle scène musicale. Aux dernières nouvelles, ses équipes se penchent sur la création d'une chaîne en tamazight.

                  Mohamed Khatem
                  Tahqiq (enquête) est l'une des rares émissions d'information de 2M à drainer une audience fidèle, et élevée. Chaque mois, le magazine de Mohamed Khatem, qui a commencé comme simple reporter au service d'information de 2M, aborde des thèmes sociétaux forts avec une remarquable liberté de ton, qui tranche sur la ligne éditoriale souvent lisse de la deuxième chaîne publique. La peine de mort, le trafic de cannabis ou encore le commerce de psychotropes, autant de sujets signés Khatem qui ont marqué cette neuvième saison Tahqiq, et qui ont valu au journaliste de nombreuses récompenses dans des festivals régionaux et continentaux.

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                  • #10
                    Les artistes et créateurs
                    Réda Allali
                    Avec “Blad schizophrène”, il a sans doute écrit la chanson qui résume le mieux le “profil” de notre société. Toujours en prise avec son temps, le nôtre, le bouillant Réda Allali a déjà mis au point, avec son Hoba Hoba Spirit, trois albums largement au-dessus de la moyenne, du rock saignant, mâtiné de chaâbi, plaqué sur des textes crus, inspirés, faisant feu de tout bois. Mais notre Réda national, Zakaria Boualem pour les intimes et les lecteurs de TelQuel, ne s'est pas contenté de propulser son groupe aux premières loges du show-biz marocain. Il a d'autres saillies, d'autres faits d'armes à son actif : directeur artistique de l'excellent Festival Casa Music, chroniqueur impénitent pour la télévision comme pour la presse écrite, l'artiste ne recule devant rien quand il s'agit de s'opposer, de vive voix, à l'oral comme à l'écrit, à la montée de tous les fanatismes. Exemplaire.

                    Daoud Aoulad Syad
                    D'abord (re)connu en tant que photographe, Daoud Aoulad Syad s'est glissé tout naturellement dans la peau d'un cinéaste de qualité, filmant avec classe des sujets tabous : la vie d'un travesti (Adieu forain), le hrig à partir du sud (Tarfaya), le parcours tumultueux d'un cinéaste à la personnalité fort singulière (Sur les traces de Pasolini, son prochain film, pratiquement en boîte). Aoulad Syad, surtout, a eu l'intelligence de comprendre ses limites, en s'en tenant à la réalisation de ses films, laissant le soin de l'écriture à un auteur hors-pair, le grand Ahmed Bouanani. Chacun son rôle, en somme, et celui de Daoud, ancien reporter-photographe de presse, est de témoigner, tout en sobriété, d'un Maroc à la fois lointain et proche : le pays des forains, des petits pêcheurs, des charmeurs de serpents, des policiers paumés, des vieux qui attendent la mort, de toutes ces femmes et hommes en exil intérieur.

                    Hakim Belabbès
                    C'est aux Etats-Unis, où il a choisi de s'installer, qu'il a compris l'utilité de revenir, en images, sur sa terre natale. Cinéaste et artiste par désir de comprendre et de partager, Hakim Belabbès a une patte, une marque de fabrique : “Les fibres de l'âme” et “Why O Sea”, les deux superbes films qu'il a mis en scène, ont quelque chose d'anthropologique. Mais l'anthropologie, ici, n'est pas tant scientifique qu'humaine, elle s'adresse autant à la tête qu'au cœur. Filmer le rituel lié à la mort ou les longues journées mornes et inutiles d'un pêcheur, d'un coup, n'a plus rien d'exotique. Il a fallu attendre Belabbès pour qu'on le comprenne. Témoigner sans trahir, montrer pour comprendre, voilà la spécialité de cet artiste proche du documentariste, qui continue d'apprendre son métier… et aussi de l'enseigner, puisque Belabbès a animé, avec bonheur, de nombreux ateliers d'écriture et de réalisation.

                    Faouzi Bensaïdi
                    On le savait talentueux, depuis ses premiers courts-métrages jusqu'à son premier long, le superbe Mille mois. Avec What a wonderful world, il a ajouté une autre corde à son arc : le culot. Faouzi Bensaïdi n'a pas hésité une seconde avant de choisir une chanson de Louis Armstrong pour donner un titre et un concept à son dernier film, en plus de multiplier les références à Tati, Fellini, au western, au cinéma asiatique, etc. Il a fait ce que les cinéastes marocains n'osent pas, du moins pas encore : se comporter comme de vrais grands. Son cinéma à la fois décomplexé et maîtrisé fait de lui l'un des meilleurs ambassadeurs artistiques du royaume. Moderne et sophistiqué, à l'image (du meilleur) de notre époque.

                    Bigg
                    Tout le monde se l'arrache ! Organisateurs d'événements, annonceurs ou encore partis politiques… tous veulent associer Bigg à leurs projets. Pourquoi ? Tout simplement parce que L'Khasser, de son vrai nom Tawfik Hazeb, est le rappeur, pour ne pas dire le chanteur le plus populaire du Maroc, et qu'il a un véritable impact sur son public. Grâce à son album solo, Mgharba Tal Moute, sorti en 2006, il a réussi à se frayer un chemin dans le cœur d'une jeunesse marocaine depuis trop longtemps à la recherche d'icônes auxquelles s'identifier. Bigg, qui se fait rare sur scène ces derniers temps, pour cause d'exigences financières très élevées, travaille actuellement sur son deuxième album, “qui risque de prendre du temps, vu qu'(il est) très perfectionniste”. Réussira-t-il à faire oublier son phénoménal premier album ? Pari à suivre.

                    Assâad Bouab
                    Non, Assâad Bouab n'est pas l'homme d'un seul film. Celui qui s'est fait connaître grâce à son rôle de Mao, dans le désormais film culte Marock, a prouvé cette année qu'il était bien plus qu'une belle gueule. Après des interprétations remarquées dans Indigènes et Zaïna, cavalière de l'Atlas, Assâad sera bientôt à l'affiche du dernier Nabil Ayouch, Whatever Lola Wants, mais aussi de Qandisha, de Jérome Cohen-Olivar. Des rôles plutôt éclectiques, qui prouvent l'étendue de son talent et de son ambition. À 27 ans, ce jeune diplômé du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris est de plus en plus sollicité pour de grosses productions. De très bon augure pour la suite de sa carrière, autant au Maroc que sur les écrans étrangers.

                    Youssef Daoudi
                    Il y a un seul Marocain dans le monde qui fait de la Bande dessinée à un niveau professionnel, et il fallait qu'il le fasse chez la mythique maison Casterman, éditrice de Tintin. Illustrateur de la Trilogie noire, une œuvre de Léo Malet (le père de Nestor Burma), Youssef Daoudi, 37 ans, réalise là un rêve de gosse. Petit, son grand truc était de dessiner des maquettes de voitures ou d'avions particulièrement futuristes. Un talent particulier que ce Rbati d'origine s'apprête à mettre en œuvre pour la réalisation de son prochain album, un “thriller technologique” qu'il dessine et écrit, toujours chez Casterman (sortie prévue, fin 2008). Illustrateur de presse à ses heures perdues (principalement chez TelQuel sous la signature de Yoz, voir p.56), il a été directeur artistique dans des agences de pub à Casa et Tunis, avant de bifurquer sur Paris pour se consacrer à la
                    BD. Il est aujourd’hui le seul Marocain à en vivre.

                    Hassan Darsi
                    Il se bat pour apporter “l'art dans la ville”. Ce plasticien, fondateur du collectif artistique La Source du lion, doit son premier coup d'éclat à son projet de réhabilitation du parc de l'Ermitage à Casablanca, lancé en 2002. Depuis, chaque année, le jardin public abrite “La Passerelle artistique”, une manifestation culturelle urbaine qui a rallié, à cette date, une trentaine d'artistes plasticiens. A la dernière édition de la Passerelle, en juillet 2007, chacun d'eux a fait don d'une de ses œuvres - encore exposées à la Fondation actua - pour participer au financement du nouveau projet de Darsi : la création d'un centre de réflexion et d'échanges artistiques à Casablanca.


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                    • #11
                      Hassan El Fad
                      C'est le maître incontesté de l'humour tranchant, des parodies et autres gags capables de vous faire rire aux larmes sans pour autant insulter votre intelligence. Star des sitcoms télévisés et du cinéma, notamment dans Rahma, c'est avec son dernier One man show, Docteur Escargot, que Hassan El Fad a atteint le sommet de son art - et l'apogée de son succès - puisque le spectacle se joue toujours à guichets fermés depuis 2006. Devenu depuis quelque temps la mascotte marketing de l'opérateur de téléphonie Méditel, il n'a cependant rien perdu de sa modestie et de son joyeux cynisme. Au programme cette année, une stand-up à l'américaine, dans lequel le comédien promet encore plus de surprises, à la grande joie de son armée d'aficionados.

                      Le trio Hmar ou bikheer
                      Hmar ou bikheer, ou comment une simple idée lancée par trois copains “pour rigoler” s'est transformée en phénomène de la contre-culture urbaine. En à peine quelques mois d'existence, ce curieux mélange de “protest-movement” alternatif et de gamme de Streetwear (T-shirts, pour commencer) a réussi à s'imposer comme un symbole de branchitude, mais aussi de rébellion contre le conformisme ambiant. Un coup double qu'on doit au trio Mohamed Smyej, Achraf El Cohen et Amine Bendriouech, respectivement ingénieur d'État, créatif publicitaire et styliste. Leur recette : une bonne dose d’humour décapant, quelques pincées d'autodérision, le tout saupoudré d'un militantisme bon enfant... Il n'en fallait pas plus pour séduire une partie de la jeunesse marocaine qui aspire, désormais, a se vêtir engagé.

                      Fouad Laroui
                      Même s'il habite aux Pays-Bas, Fouad Laroui garde toujours un œil sur le Maroc. Un œil d'ingénieur, de chroniqueur et d'écrivain. Diplômé des Ponts et Chaussées en 1982, Laroui aurait facilement pu pantoufler dans un grand office public, comme nombre de ses camarades de promo marocains. En 1999, il abandonne pourtant une carrière toute tracée, pour atterrir à Amsterdam et y vivre de la littérature et de l'enseignement. Depuis, Laroui publie régulièrement des reportages et des chroniques sur Jeune Afrique ou sur différentes stations de radio. Ses romans sont autant de radioscopies, légères et décalées, de la société marocaine. Il a récemment publié De l'islamisme, une réfutation personnelle du totalitarisme religieux, ouvrage qui démonte les mécanismes de la pensée fondamentaliste. Le Maroc le fascine, l'obsède. “Je suis un matheux et ça m'embête qu'il y ait un espace rebelle aux formulations simples. Dès qu'on prétend résumer le Maroc, on se trompe. Même après autant d'années, je n'ai pas encore réussi à mettre en équation ce pays”, affirme-t-il.

                      DJ Key
                      A la fois DJ, réalisateur de clips vidéos, et (depuis peu) producteur, DJ Key - de son vrai nom Khalid Douache - est celui avec qui tous les musicos du royaume rêvent de travailler. Pas étonnant quand on connaît le parcours de ce véritable homme-orchestre. À 27 ans à peine, il a déjà plusieurs mix-tapes à son actif, et également un documentaire, intitulé Maroc Street Life, sur le mouvement hip hop au Maroc. C'est aussi à lui qu'on doit le premier clip pro de l'histoire de la nouvelle scène, F'mo Hadak du groupe H-Kayne, sorti en 2005. La même année, il fonde sa société de production Funky Noise, et se lance également dans l'enseignement du DJing. Depuis quelque temps, Key anime aussi une émission, “Deejay Party”, diffusée chaque semaine sur Radio 2M. Mais où s'arrêtera-t-il ?

                      Driss Roukhe
                      Comédien, auteur et metteur en scène, son terrain de jeu habituel est sur les planches. Sa dernière pièce, prophétiquement intitulée “La dernière danse”, avait remporté le prix de la mise en scène au Festival national de théâtre de Meknès en 2006. Driss Roukhe a aussi derrière lui plus d'une décennie de rôles secondaires à la télé. Mais c'est au cinéma, sous la casquette d'acteur, qu'il a trouvé la consécration. En 2005, il tourne dans Babel en compagnie de Brad Pitt, un film plusieurs fois nominé aux Oscars et un rôle qui lui ouvre les portes des productions internationales. Au Maroc, Roukhe a aussi un joli tableau de chasse : Les Anges de Satan d'Ahmed Boulane, Parfum de mer de Abdelhay Laraki, Abdou chez les Almohades de Saïd Naciri et plus récemment Casa Negra, de Noureddine Lakhmari. Il est actuellement sur le plateau de Number One, le long-métrage de Zakia Tahiri. Boulimique…

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                      • #12
                        Les sauveurs du patrimoine
                        Yto Barrada
                        Révolution de béton, monoculture touristique, modernisme anti-mémoire ? Yto Barrada, 35 ans, n'en veut point. A la Cinémathèque de Tanger qu'elle dirige, dans les murs du vieux cinéma Rif ressuscité depuis six mois sur la place du Grand Socco, la photographe tangéroise fait de la résistance à coups de courts-métrages, d'art et d'essai, de documentaires et de grands classiques. En espérant réhabiliter le 7ème art dans le cœur et les habitudes des Tangérois, Yto clame et réclame la place indispensable du socioculturel dans la vision d'avenir de la Ville du Détroit, après l'avoir si souvent photographiée abandonnée à ses fantasmes, les yeux rivés sur des frontières fermées. Une recherche qui lui a valu le prix de l'Académie des Arts de Berlin, une exposition à la Villa Médicis de Rome, à la Brickhouse de Londres et au MoMA de New-York. Si.

                        Abdeljalil Bouzouggar
                        Abdeljalil Bouzouggar est un scientifique heureux. Il a mis au jour la plus vieille parure au monde sur un site préhistorique près de Tafoghalt, dans l'Oriental. Le bijou, composé de coquillages, a plus de 80 000 ans, selon les datations scientifiques. Un âge canonique qui a fait sensation dans le milieu des paléontologues. Jusque-là, on pensait que les plus vieilles parures fabriquées par l'homme étaient apparues en Europe et au Proche-Orient, il y a 40 000 ans. La découverte de ce bijou pousse ainsi la communauté scientifique mondiale à réviser les thèses sur le lieu d'apparition de l'homme moderne… Et ça pourrait bien être chez nous !

                        Casa Mémoire
                        “Tout faire pour préserver le patrimoine casablancais”. C'est le leitmotiv que se sont assigné une poignée d'architectes, urbanistes, intellectuels et simples citoyens, amoureux de la Ville blanche qui se sont rassemblés au sein de Casa Mémoire. Créée en 1994 avec des moyens très limités, l'association a réussi quelques jolis coups, dont le plus récent concerne l'hôtel Lincoln. Après un long bras de fer opposant la ville au propriétaire de ce bâtiment datant du début du siècle dernier, le premier ministre Driss Jettou a enfin ordonné l'expropriation. Mais Casa Mémoire ne fait pas uniquement dans le sauvetage. Elle conseille également la Communauté urbaine chaque fois que celle-ci reçoit des demandes d'aménagement ou de destruction de bâtiments historiques. Dernier projet en date : inciter le gouvernement à inscrire Casablanca au Patrimoine mondial, et à en cartographier les bâtiments historiques.

                        Salima Naji
                        Voix douce, geste théâtral, caractère souple mais trempé, Salima Naji, 36 ans, mène une véritable petite révolution culturelle. Architecte et anthropologue passionnée de culture amazighe, la jeune femme arpente le Sud marocain depuis dix ans pour découvrir, révéler et restaurer son patrimoine. Dans la lignée de son mentor égyptien Hassan Fathy, Salima veut “construire avec le peuple”, privilégiant les matériaux locaux dans le respect des techniques ancestrales de construction, grâce au savoir-faire des maâlmine. Dignité, lien social, développement… autant d'enjeux que symbolise son chantier actuel : la restauration du Ksar Assa, l'une des plus vieilles citadelles sacrées du royaume. Prix “Jeune architecte” de la Fondation EDF en 2004 pour son travail sur les greniers de l'Anti-Atlas, Salima Naji met en garde contre le modernisme éradicateur de mémoire et se bat pour sauver la culture.

                        Les e-pionniers
                        Ali Benchekri
                        Proposer aux Marocains une alternative à Microsoft, c'est le défi pour le moins osé que s'est lancé Ali Benchekri depuis 2001, en créant Solinux, entreprise spécialisée dans la conception et la commercialisation de logiciels libres. Comme pour les médicaments génériques, les licences de ces logiciels sont nettement moins chères que celles des grands éditeurs. Surtout, Solinux offre à ses clients, développeurs ou simples utilisateurs, la possibilité de copier, distribuer, étudier, modifier et améliorer leurs logiciels… sans aucune contrainte légale. Depuis l'arrivée de Solinux dans le paysage informatique marocain, les entreprises privées comme le secteur public prennent de plus en plus conscience de l'attractivité de ce type de logiciels, davantage adaptés aux réalités économiques des pays du Sud.

                        Larbi El Hilali
                        Très peu connaissent son nom de famille, mais des milliers d'internautes le connaissent par son prénom. Lui, c'est Larbi Hilali, alias Larbi, le plus célèbre des blogueurs marocains. À 32 ans, cet ingénieur, qui travaille comme consultant dans une entreprise parisienne, est devenu un acteur incontournable du cyberespace rouge et vert grâce à son blog, créé en octobre 2004 et sobrement intitulé **********. S'il est devenu si populaire, c'est grâce à un clavier bien pendu et au contenu varié de son site : politique, droits humains, débats sociétaux… “Mais je ne m'inscris pas dans une démarche militante, tient à préciser Larbi. Il m'arrive aussi de poster des billets d'humour ou sur l'art et la culture, parfois même sur la sexualité et l'érotisme. J'aime beaucoup le mélange des genres”. Visiblement autant que les internautes marocains…

                        Driss Kettani
                        C'est en se frottant à la lourdeur administrative au Maroc, après une douzaine d'années passées au Canada (où il a accumulé les diplômes en ingénièrie informatique), que Driss Kettani découvre sa seconde vocation (après l'enseignement) : utiliser son savoir pour dépoussièrer une administration d'un autre âge. L'enseignant-chercheur de l'Université Al Akhawayn, qui défend (et pratique) “une recherche scientifique orientée vers les priorités du développement social et économique du pays”, décide alors de se lancer dans le bain. Aujourd'hui, il dirige trois laboratoires de recherche consacrés à des disciplines de pointe (e-gouvernement, géolocalisation et e-business), financés par des ONG et autres organismes d'aide au développement. Et si leur fait d'armes le plus médiatisé reste le projet d'e-gouvernement à Fès, facilitant l'obtention de divers documents administratifs via une borne interactive (dite “e-caïd”), Driss Kettani et ses équipes regorgent de projets à forte valeur ajoutée technologique. “Participer au développement de son pays, c'est bien. Le faire avec les outils qu'on maîtrise, c'est mieux”, conclut-il.

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                        • #13
                          Les scientifiques
                          Merieme Chadid
                          En février 2006, le sourire givré par le froid glacial, Merieme Chadid, 35 ans, plantait pour la première fois le drapeau marocain dans la banquise du Pôle sud, choisie par l'Institut Paul Emile Victor pour y tester un futur observatoire du ciel. Partie de loin, l'astronome casablancaise a tracé sa route telle une comète, au prix parfois d'un ascétisme courageux : enfance populaire au quartier casablancais de Derb Soltane, Fac de Casa, DEA d'astrophysique à Nice, thèse à l'Observatoire de la Haute Provence, CNRS, naissance de ses enfants… sans oublier quatre ans d'isolement dans le rocailleux désert d'Atacama au Chili, à l'Observatoire de Paranal, au milieu des plus grands télescopes du monde. Aujourd'hui investigateur principal sur le satellite spatial Corot, Merieme poursuit ses recherches sur la RR Lyrea, “son” étoile. Sa bonne étoile.

                          Nadia Kadiri
                          Professeur de psychiatrie et praticienne au CHU Ibn Rochd à Casablanca, Nadia Kadiri dirige, avec le Pr Driss Moussaoui, l'un des plus grands centres de soins psychiatriques du pays, plus connu sous le nom de “Pavillon 36”. Régulièrement, la psychiatre mène des enquêtes et des études de terrain qui questionnent l'état psychiatrique des Marocains. Dernier exemple en date : l'étude commandée par le ministère de la Santé sur la prévalence des troubles mentaux au Maroc. Elle a révélé qu'un Marocain sur deux a souffert, au moins une fois dans sa vie, d'un trouble mental. Dépression, schizophrénie, phobies diverses… Nadia Kadiri multiplie les communications scientifiques et les interventions médiatiques pour vulgariser un mal encore tabou au Maroc.

                          Driss Moussaoui
                          Le patron de la psychiatrie marocaine n'est pas qu'un homme de médecine. Membre du Collectif démocratie & modernité, il est un parfait acteur associatif. Et un infatigable travailleur. La fameuse enquête sur la santé mentale des Marocains, enfin rendue publique en 2007, c'est lui et son équipe du Centre psychiatrique Ibn Rochd à Casablanca. Un centre qui a hissé la psychiatrie marocaine à un niveau international et qui lui doit pratiquement tout. Enseignant et chercheur, celui qu'on appelle “Le Professeur” milite pour une cause juste : celle de sortir “la folie” du ghetto des maladies honteuses. Dans un pays à forte domination schizophrénique, le professeur a un rôle intéressant à jouer : celui de nous aider à comprendre (guérir ?) notre société.

                          Kamal Oudghiri
                          Jeune cadre au sein de l'agence spatiale américaine, la NASA, et membre de l'équipe qui a lancé le robot Pathfinder sur Mars, ce Marocain fait partie du cercle réduit de champions, phénomènes et autres surdoués généralement brandis en exemple pour chanter la grandeur du Maroc dans le concert des nations. Ce qui le fait, au mieux, sourire avec indulgence. Car Kamal Oudghiri n'est pas qu'un “cerveau-alibi”. En plus de ses qualités professionnelles, il s'est également engagé sur le champ associatif, en fondant Grove of Hope, une association qui a pour vocation de promouvoir l'apprentissage scientifique en Afrique, et plus particulièrement au Maroc. Ce passionné d'histoire a aussi monté aux Etats-Unis, avec un groupe d'amis, un Centre culturel maroco-américain dans le but de faire mieux connaître l'histoire de son pays... et notamment celle de Fès, sa ville natale.


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